—James ! James, tu m’entends ?! Pourquoi as-tu fait ça ?!
—Parce que je ne pouvais pas te perdre ! Tu m'as dit de faire un choix. Je l'ai fait ! Alors...
***
Les rayons de soleil filtrant au travers de mes longs rideaux gris me tirèrent doucement du sommeil. Dernièrement, Je n'avais cessé de faire un rêve étrange. J'étais à terre, gisant mon sang et j'avais mal. Horriblement mal. Un homme légèrement plus âgé que moi se tenait au-dessus de mon corps et hurlait, des larmes plein le visage. Pourtant, j'avais beau faire et refaire ce même rêve, je n'arrivais jamais à entendre la fin de la phrase. "Alors..." quoi ? Et qui était cet homme ?
Las de mes questionnements habituels, je sortis péniblement des draps chauds et allai prendre une douche. Aujourd'hui était mon premier jour de repos depuis des lustres. Je décidai donc de me rendre dans un petit café du coin qui venait d'ouvrir et qui avait déjà très bonne réputation. Je m'habillai en vitesse et enfilai ma veste ainsi que mes lunettes de soleil.
En sortant de mon appartement, je fourrai ma capuche devant mon visage pour cacher celui-ci. Cela évitait les fans collants et les paparazzis casse-pieds. Ils fouinaient tellement dans ma vie que j'avais dû déménager quatre fois ce semestre-ci. Ne me voyaient-ils pas suffisamment dans les rues, sur les pancartes, les bus et dans les magazines ? Ma tête était partout. Même dans les téléphones des filles, rêvant de tromper leur mec avec moi. Mais fallait-il encore qu'elles commencent par s’en trouver un. Ou que je ne préfère pas ceux-ci, justement. En passant devant une papeterie, juste à côté du café, je vis mon visage, en gros plan sur la couverture d'un magazine. "JAMES KRIEGER ! Le mec avec qui vous avez envie de passer la nuit !", disait-il, en grosse lettres flashy et tape-à-l'œil. Franchement, si j'avais su que je deviendrais le mannequin le plus en vogue, lorsque j'avais commencé le métier... j'aurais choisi un autre métier !
Poussant un petit soupir d'exaspération, j'entrai dans le petit établissement. Les vitres étaient tintées pour qu'on ne voie pas à l'intérieur et l'endroit offrait une ambiance cosy. Il était tôt et j'étais pratiquement seul dans la salle. Je décidai donc de m'asseoir dans un coin et d'enlever capuche et lunettes de soleil. Un serveur de petite taille vint prendre ma commande presque instantanément.
—Alors gamin, qu'est-ce que je te sers ? demanda-t-il.
Il était petit et avait de courts cheveux noirs. De fines mèches lui tombaient devant des yeux tout aussi noirs. Que ce soit dans leur couleur ou leur façon de me regarder... Il était terrifiant mais il me disait quelque chose.
—Pas très agréable..., murmurai-je.
—Pas très discret, répondit-il. Tch! J'ai pas toute la journée et pas qu'un seul client, alors grouille-toi de choisir ou je t'envoie Hansi !
—Un cappuccino, s'il vous plait, commandai-je.
Il s'apprêtait à prendre congé lorsque je lui demandai qui était Hansi. Il me répondit que moins j'en savais, mieux je me portais. Sauf que je ne me portais pas bien du tout ! Je voulais savoir, moi ! La porte s'ouvrit alors, coupant court à notre échange. Un homme en costume gris clair, un appareil photo accompagné d'un badge accrochés autour du cou entra. Un paparazzi. A force, j'avais appris à les reconnaître. Je mis ma capuche, avant de m'enfoncer dans la banquette de cuir rouge.
—Qu'est-ce que tu fous, gamin ? T'es un fugitif ou quoi ? demanda le serveur aux cheveux d'ébène.
—Pire que ça..., répondis-je. Alors tenez ce fouineur à la con loin de moi, s'il vous plait. S'il se rends compte que je suis là, je vais encore devoir déménager et ça va me saouler.
—Pire ? C'est-à-dire ?
J'empoignai sa cravate et le rapprochai de moi.
—Je suis James Krieger, soufflai-je dans son oreille, pour ne pas que l'autre nuisible m'entende.
—Connais pas, répondit-il froidement.
—Oui, c'et compréhensible, ironisai-je. C'est pas comme si ma tête était placardée PARTOUT dans TOUTES les villes d’Allemagne voir du monde...
—Donne-moi une bonne raison de t'aider.
—T'as pas l'air d'apprécier ma gueule. Donc t'appréciera sans doute de moins la voir dans la rue... Sauf que ça n'arrivera pas s'il me voie !
—Ok, je vais t'aider.