La vérité n'est pas le bout du chemin. Elle est le chemin même. Elle est à construire, comme l'amour que l'on partage et l'intelligence que l'on acquiert. Quiconque arrive à bien cerner le sens de cette phrase en fera son cheval de bataille. Car, c'est souvent lorsqu'elle est est la plus désagréable à entendre qu'une vérité est le plus utile à dire. Dans un monde où chacun se laisse tenter par la facilité et la fourberie, elle reste le seul arme pouvant parvenir à bout de tout. Et elle était de son côté à elle.
Lucia Monica J. Fabien
Les néons de New York brillaient intensément, illuminant les rues en contrebas, scintillaient comme des diamants, reflétant la froideur qui régnait dans mon cœur. Assise dans le salon opulent d'Emiliano, je contemplais les silhouettes imposantes des gratte-ciel qui perçaient le ciel nocturne, réfléchissant à mon passé douloureux. Les années de souffrance, de trahison et de séparation semblaient s’étirer à l’infini.
Cela faisait deux années que je n'avais pas foulé le sol américain. Des années depuis que j'avais été vendue comme une marchandise, loin de ma famille, loin de tout ce que je connaissais. Et de surcroît enceinte. Les révélations d'Emiliano avaient bouleversé mes certitudes. La vérité sur le père de mon fils et l’implication de Maëlle dans la destruction de ma vie avaient réveillé une rage ancienne et insatiable.
Malgré la confusion et la douleur, j'étais déterminée à venger toutes les injustices que j'avais subies. Emiliano, bien qu’il m'ait caché certaines vérités, se révélait être un allié dans cette quête de justice.
- Tu es prête, Lucia ?
La voix grave d'Emiliano me tira de mes rêveries. Je me retournai vers lui. L'homme, d'une beauté sombre et troublante, m'offrit un sourire énigmatique.
- Plus que jamais, répondis-je, d'une voix ferme. Maëlle paiera pour tout ce qu'elle m'a fait.
Emiliano hocha la tête, ses yeux pétillant d'une lueur sombre.
- Je le sais, Lucia. Et je serai là pour t'aider à obtenir ta vengeance.
Je me levai et m'approchai de la fenêtre. Puis, je posi une main sur la vitre froide et regardai les rues animées en contrebas.
- Tu sais, Emiliano, au début, je te détestais. Je t'ai maudit chaque jour de ma vie. Je n'avais pas encore compris comment fonctionne les choses dans ce monde. Mais tu m'as donné une chance, une famille. Et pour ça, je te serai éternellement reconnaissante.
Emiliano s'approcha de moi et prit ma main dans la sienne.
- Tu as surmonté l'enfer, Lucia. Tu es plus forte que tu ne le penses. Tu es une reine. Et tu mérites que le monde tremble lorsque ta voix résonne.
Je lui souris faiblement.
- Peut-être. A commencer par Maëlle. Elle ne s'en sortira pas si facilement. Elle a sous-estimé ma détermination. Elle ne me verra pas arriver
- Elle a sous-estimé la nôtre, corrigea Emiliano. Nous allons mettre fin à son petit manège et faire tomber son masque.
Je sentis un frisson parcourir mon échine. Le moment de la vengeance était enfin arrivé. J'étais prête à affronter le passé et à faire payer Maëlle pour tous ses crimes.
- Tu penses encore à lui ? demanda-t-il doucement, sa voix brisant la tranquillité de la pièce.
La question fit vibrer quelque chose en moi. Mais je ne répondis pas immédiatement. Les souvenirs de Mathis, le père de mon fils, ressurgirent dans mon esprit. Ce que, par sa faute, j'avais vécu avec lui. La douleur d’avoir été trahie, et les espoirs déçus faisaient maintenant partie d’une histoire que j'essayais de dépasser.
- La vérité est que tout ce que je veux, c’est faire payer Maëlle, je réponds enfin, ma voix tremblant sous le poids de mes émotions. Mathis est loin de mes préoccupations maintenant.
Emiliano me regarda intensément, comme s’il cherchait à percer le mystère de mon âme. Sa dévotion était claire, mais les mensonges qu’il avait entretenus pesaient lourdement sur notre relation.
- L'aimes tu encore ? Il me demande.
Sa question est ridicule.
- Cet homme... Celui là même qui n'a pas cherché la vérité avant de se faire une opinion de toi, ajoute t-il. L'aimes tu Lucia ?
- C'est...
- Le père de ton fils, tu allais dire ? Je sais que tu as porté son enfant Lu. Son seul enfant d'ailleurs, il souffle plus bas. Que cela ne te sert pas d'excuses pour lui retomber dans les bras.
Le "seul enfant" résonne dans la tête de Lucia et elle ignore le reste.
- Sa femme est enceinte Emiliano, je soutiens la voix tremblante, ayant trop peur d'avoir compris ce que cela pouvait signifier.
- Si je te dis qu'il n'est pas de lui, cela changerait-il quelque chose pour toi ?
A cet instant, son regard sur moi est intense. Comme s'il espérait être en mesure de lire le fond de mon âme.
- Co... comment ?
- Le bébé qu'elle porte est ce qui a accéléré leur mariage. Et il n'est même pas de lui.
- Qu...
- Est ce que cela change ta manière de le voir Lucia ?
Ma bouche s'ouvre et se referme. Bien sur que cela change quelque chose. Pas pour revenir avec Mathis bien entendu. Quand on pense que sa mère ne m'a jamais acceptée parce qu'elle avait toujours préféré Maëlle à moi. Et ceci même après avoir su que son fils m'avait épouser.
Je ris jaune.
- Il n'y avait pas que Sebastien et ta sœur dans le coup, il m'avait avoué. Pas sur la fin en tout cas. C'est d'ailleurs elle qui a engagé ta sœur pour briser ton mariage.
- Depuis quand t'es au courant de tout ça ?