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La tour des certitudes

La tour des certitudes

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Chapitres

Une tour isolée à la périphérie de la ville abrite quatorze résidents de 4 à 90 ans. Leur vécu est différent, leur avenir et leur ressenti le seront tout autant. Cependant, ils se croisent et apprennent à se connaître. D’un lieu étrange où régnait l’indifférence naissent l’entraide, l’amitié et l’écoute. Cette tour représente le microcosme d’une société riche par sa diversité d’individus où chacun porte en lui le secret de sa propre histoire. À PROPOS DE L'AUTEURE Marie Jat-Belle-Isle couche sur le papier les mots d’une vie passée à voyager, à observer, à comprendre les autres et à aimer leurs différences. Tous ses voyages ont aiguisé sa curiosité, lui ont appris le sens relationnel avec les personnes de divers horizons et la richesse qui en découle.

Chapitre 1 No.1

À mes enfants.

I

La fête des voisins

Ils étaient tous arrivés maintenant. Comme toutes les années précédentes, tous les résidents avaient répondu présents à l’invitation de M. Gérézon, le plus nanti de tous. Cette dernière affirmation était le leitmotiv de tous ses voisins et aucun ne se demandait si c’était une vérité ou une supposition. Étant donné qu’il imposait à tous son diktat en matière de connaissances sur tous les sujets, personne ne trouvait à redire et tous acceptaient de venir s’alimenter et boire aux frais de la princesse, du prince en l’occurrence. Et pour certains, cette soirée était une aubaine. Le buffet était copieusement garni et la boisson n’était pas en reste. En fait, peu leur importait le caractère parfois emporté de leur hôte, et ses certitudes indiscutables, ils continuaient à avoir leur propre avis, et voulaient conserver des rapports de bon voisinage.

Le premier arrivé fut le voisin du dessous, M. Saivrai, trop content de montrer à M. Gérézon qu’il était son plus fidèle disciple, toujours prêt à soutenir ses thèses et surtout ne jamais le contrarier. En fait, M. Saivrai ne contrariait jamais personne et s’empressait d’acquiescer le plus convaincu et pas forcément convaincant. Il n’avait jamais d’avis, n’écoutait pas toujours la totalité de l’argumentaire mais cela n’avait aucune importance. Le principe était de dire oui.

La deuxième sonnerie fut activée par son vieux voisin M. Weiss. Il était toujours à l’heure, comme l’aurait été un ancien militaire de carrière mais personne ne connaissait réellement son parcours. Il attirait plus d’antipathie que de sympathie mais on l’acceptait tel qu’il était. Il faisait partie du tableau et aucun des locataires de la tour n’accordait vraiment d’importance à ses discours très souvent xénophobes mais surtout dénués de sens.

Les représentants du quatrième étage arrivèrent ensemble, engagés dans une discussion très animée. Le bien-nommé Platon, ancien professeur de philosophie et lettres classiques et Mme Aksakov la descendante d’une famille de Russes blancs qui avait fui la révolution communiste en 1914, certains de leur descendance s’étaient ensuite illustrés comme résistants pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces deux personnages étaient considérés comme les intellectuels un peu planants du groupe.

Puis une nouvelle vague se présenta avec par ordre d’étages du plus haut au plus bas, M. Neau, celui qui contredisait par principe ou par provocation selon les sujets abordés, M. Briand, l’artisan indépendant qui rendait de grands services à la communauté. Puis, Mme Lecat, la vieille fille originale du 1erétage, et ses jeunes voisins Sébastien et Ludivine, tous les deux étudiants, et enfin, les occupants du rez-de-chaussée, Camille et sa fillette de cinq ans Léa, fille mère rejetée par sa famille et le dernier de la liste, Georges, le réfugié sénégalais qui croyait trouver l’eldorado en quittant son pays pour se rendre en France.

Manquait à l’appel l’habitant du troisième étage, l’éternel rêveur plongé dans ses palettes de peinture et ses sculptures sur cire, sa grande particularité. Il oubliait les heures, les jours, les semaines, le temps n’avait pas d’emprise sur cet homme. Ce fut Platon qui descendit au troisième étage pour lui rappeler qu’il était attendu et l’accompagner jusqu’au sixième étage. Il fallait le conduire sur le lieu festif comme un enfant par la main pour être sûr de le voir arriver à bon port.

L’Artiste étant arrivé, la fête put commencer. L’ambiance était légère, tous les participants prenaient beaucoup de plaisir à se retrouver autour d’un buffet varié, et appétissant, et de quelques bulles pour ceux qui appréciaient le champagne. Les discussions s’engageaient, se faisaient, se défaisaient de manière enjouée, et les rires fusèrent de nombreuses fois. Bien évidemment, M. Gérézon demanda quelques minutes de silence pour déclamer, car c’était bien le mot, son traditionnel discours qui changeait peu d’une année sur l’autre. Il était l’hôte et tout le monde se tut.

— Bon appétit à tous. Je suis heureux de vous recevoir chez moi comme toutes ces années.

Notre cohabitation se passe très bien et j’espère qu’il en sera ainsi encore pendant très longtemps. Je me souviens quand… et la liste des je me souviens se déroula inexorablement pendant de très longues minutes, pour finir sur l’accueil du dernier arrivant, Georges. Sa présence n’était pas forcément acceptée par tous, seulement admise par certains mais la majorité était en sa faveur. Malgré l’animosité de quelques-uns, particulièrement de M. Weiss, Georges s’était bien intégré au groupe et se sentait en sécurité dans cette tour très spéciale habitée par des individus très spéciaux.

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