L'air froid et humide entre par la fenêtre de la salle de garde. Il pleut depuis ce matin, pour le premier jour de printemps la météo aurais pu faire beaucoup mieux.
Je suis fatiguée de ma garde, et je pourrais tuer pour un café.
Marie- Paule est déjà là, ses cheveux sont en bataille et es lunettes sont accrochés à sa blouse blanche.
Nous travaillons ensemble depuis 6 ans, elle m'as prise sous son aile dès mon arrivée dans le service.
- Tu finis à quelle heure?
-Dans deux heures
-Méfie-toi des bouchons, un carambolage à eu lieu sur l'autoroute.
Qu'elle chance! Mon lit m'attends et peut être Renaud aussi.
Mince, j'ai oublier de l'appeler pour m'excuser. Il nous avais préparer un Week end champêtre sans m'en parler. Tu parles d'une surprise... Je n'aime ni les surprises, ni la campagne.
J'ai un peut exagéré et ça aurais été plus facile de dire que je remplaçais une collègue qui faisais la communion de son petit dernier. Mais j'ai préféré être cassante.
Son air amoureux m'agace. Je ne veut pas qu'il m'aime, son désir me suffit.
- A quoi penses-tu? demande ma collègue en déballant son diner.
- Je me suis disputée avec Renaud...
Elle secoue la tête. Pour elle, je suis le problème. Nous avons déjà aborder le sujet, inutile de recommencer.
Je lui téléphonerai en entrant. Il ne boude jamais longtemps.
En un clin d'œil, Marie-Paule avait englouti son plat et attaque sa grosse part de tarte au pomme. Elle croise mon regard écœuré et un éclair de panique la foudroie:
-Tu trouve que je mange mal?
Je m'efforce de sourire, mais elle n'est pas convaincue.
-Dis-le moi si j'ai grossis? Tu as la chance de pouvoir avaler tout ce que tu veux sans prendre un gramme!
Elle froisse l'emballage du gâteau.
-Avant j'était comme toi.
Avant quoi ? Elle ne va tout de même pas m'imposer son chapitre sur la grossesse qui change le corps d'une femme! Ce n'est ni l'heure, ni le moment. Si elle ose, je ne la remplace pas le week end prochain.
Trop tard, elle se lance. Je n'écoute pas. Je suis fatiguée de m'entendre dire qu'à mon âge, il serais temps que je prête une oreille attentive à mon horloge biologique.
-Tu as trente ans Clarisse.
En trois mois exactement. Mais je n'envisage nullement de faire des enfants. Ma vie me plaît telle qu'elle est. L'autre moitié de mon lit n'est jamais défait, à part quand j'invite Renaud. L'abattant des toilettes est toujours baissé, aucune paire de chaussures n'encombre l'entrée de mon appartement, et surtout personne pour me demander pourquoi je rentre si tard.
- Un jour tu le regretteras, termine-t-elle en se dirigeant vers la cafetière.
J'en doute. J'ai choisi. J'ai zappé de ma vie toutes les petites contrariétés que l'amour nous inflige. J'ai opté pour un célibat raisonné et réfléchi. Ma dernière en date se prénomme Renaud et il sais murmurer: '' J'ai envie de toi'' dans quartes langues différentes. J'adore quand il dit en finnois ''Minä haluan sinut''. Je déteste lorsqu'il évoque la possibilité de vivre ensemble et achève sa tirade par l'inévitable '' Je t'aime''.
Marie-Paule n'est pas convaincue.
- Et demain, quand tu seras vieille et moche!