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L'obscurité était omniprésente, un voile oppressant qui ne se levait jamais. Ici, le temps n'avait plus de sens. Il n'y avait ni soleil ni lune, seulement la lueur rougeâtre des torches qui vacillaient sur les murs de pierre, projetant des ombres difformes sur le sol humide. L'air était saturé d'une odeur de sang, de chair et de peur. Un parfum de mort qui s'accrochait à la peau, aux os, à l'âme.
Les cages s'alignaient les unes après les autres, étroites, glaciales, rouillées par l'humidité. Elles contenaient ce qui restait de l'humanité soumise. Des corps recroquevillés, affaiblis, usés par l'attente. Des murmures, parfois des pleurs étouffés, parfois rien du tout. Le silence régnait la plupart du temps, un silence chargé de résignation et d'effroi.
J'étais là, parmi elles. Une silhouette de plus dans cet enfer souterrain. Mon corps s'était habitué à l'inconfort, à la douleur sourde des positions immobiles trop longtemps maintenues. Mon esprit, lui, refusait encore de se briser complètement. Je survivais en me raccrochant à mes souvenirs, à une époque où le ciel existait encore, où mes pieds foulaient la terre et non ces dalles froides et souillées. Mais ces souvenirs s'effaçaient peu à peu, se mêlant à la poussière et au néant.
Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir. Lourds. Réguliers. Ma cage vibra sous l'impact d'un passage proche. Un claquement de bottes, une voix grave échangeant quelques mots avec un autre garde. Puis le silence revint, encore plus lourd qu'avant. Quelqu'un allait être choisi ce soir. Quelqu'un allait partir.
Je fermai les yeux, espérant ne pas être celle-là.
Les secondes s'étiraient, étouffantes, rythmées par les battements erratiques de mon cœur. Je gardai les yeux fermés, priant pour que leur regard ne s'arrête pas sur moi. Autour, d'autres filles faisaient de même, réduites à l'instinct primaire de l'animal traqué.
Un grincement de porte déchira le silence. Des pas lourds pénétrèrent dans la pièce, suivis d'un bruissement de papier. Ils lisaient les registres, ces listes froides où nos vies étaient réduites à des numéros, des caractéristiques physiques, une simple marchandise.
- Celle-là.
Ma gorge se serra. J'entendis le cliquetis métallique d'une serrure qui s'ouvrait. Un cri étranglé s'éleva, puis le bruit sourd d'un corps traîné sur le sol. Une autre avait été choisie. Une autre partait vers un destin inconnu.
Je ne bougeai pas. J'attendis, comptant mentalement, respirant à peine. Puis les pas s'éloignèrent, la porte se referma, et le silence retomba comme une chape de plomb.
Un sanglot étouffé résonna quelque part dans l'ombre. Une fille venait de perdre sa dernière compagne de cellule. Une autre se recroquevilla davantage sur elle-même.
Je n'éprouvais plus rien. Ni soulagement, ni peur. Juste cette torpeur froide, cette résignation qui s'insinuait jour après jour. J'étais encore là. Pour combien de temps, je l'ignorais. Mais je savais une chose : tôt ou tard, mon tour viendrait.
Le silence devint mon seul compagnon. J'avais appris à ne plus compter les jours, à ne plus attendre d'issue. L'espoir était une chose dangereuse dans cet endroit. Il vous rongeait plus sûrement que la faim, vous laissait vide, brisé, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une coquille, une ombre de ce que vous aviez été.
Les autres filles étaient comme moi. Des corps fatigués, des âmes éteintes. Certaines murmuraient encore des prières, d'autres parlaient seules, répétant sans cesse des fragments de souvenirs d'un passé révolu. Je ne parlais plus depuis longtemps. À quoi bon ? Personne n'écoutait.
Parfois, nous avions droit à de l'eau et un peu de nourriture, juste assez pour nous maintenir en vie. Mourir ici n'était pas une option. Nous étions précieuses, pas en tant qu'êtres humains, mais comme du bétail.
Le grincement familier de la porte me fit tressaillir. Je n'eus pas besoin d'ouvrir les yeux pour comprendre ce qui allait suivre. Les pas lourds, l'odeur métallique du sang qui flottait dans l'air, l'aura oppressante qui se répandait dans la pièce. Un vampire.
- Faites-les se lever.
Une voix glaciale, autoritaire. Pas comme celle des gardes humains. C'était un maître. Un de ceux qui pouvaient décider de notre sort en un simple regard.
Des mains rudes me saisirent, me forçant à me redresser malgré la raideur de mes membres. J'ouvris les yeux et me retrouvai face à un homme drapé de noir, immobile au centre de la pièce. Son visage était partiellement masqué par l'ombre de sa cape, mais je devinais des traits d'une perfection irréelle, une beauté aussi envoûtante que terrifiante.
Son regard balaya la pièce, glissant sur chaque fille comme s'il évaluait un simple objet. Puis il s'arrêta sur moi.
- Celle-là.
Mon estomac se noua.
Le garde tira sur ma chaîne et je fus arrachée de ma cage avec une violence qui me coupa le souffle. Ma respiration devint erratique, mes jambes tremblantes refusant de me porter. Je voulais fuir, hurler, me débattre, mais à quoi bon ? Il n'y avait pas d'échappatoire.
J'étais à lui, désormais.
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