Le campus universitaire était déjà en effervescence ce matin-là. Dès l'aube, les étudiants avaient commencé à affluer, leurs valises traînant derrière eux, remplissant les dortoirs pour une nouvelle année. Le hall principal, lieu de rencontre incontournable, débordait de vie. Chaque coin était occupé par de petits groupes cherchant un endroit pour s'asseoir et reprendre leur souffle après leur long voyage.
Il faisait encore bon pour un mois d'août à Boston. Le climat n'était ni trop chaud ni vraiment frais, ce qui avait poussé la majorité des jeunes à sortir en tenues légères : shorts, jupes, débardeurs... Les tables extérieures du hall étaient prises d'assaut, et une enceinte crachait des rythmes entraînants, transformant le lieu en une sorte de festival improvisé. Le rire, la musique et les conversations se mêlaient dans un joyeux brouhaha.
Dans ce chaos, Pablo Kincaid observait la scène avec une attention particulière. Ses yeux perçaient à travers la foule, notant chaque visage, chaque forme. Cela faisait trois ans qu'il parcourait ces mêmes lieux, et il était certain d'une chose : il avait déjà couché avec la plupart des filles qui étaient là. Celles qu'il avait évitées, c'était soit parce qu'elles n'étaient pas à son goût, soit parce qu'elles semblaient trop désespérées à son goût. Il avait une règle simple, mais ferme : jamais de deuxième fois avec la même femme. C'était un principe auquel il ne dérogeait sous aucun prétexte.
S'appuyant négligemment contre une chaise, Pablo étudiait ses options du jour. Une petite rouquine au regard perdu attira un instant son attention, mais son regard fut bientôt capté par une blonde audacieuse qui le fixait avec un désir évident. Un sourire en coin s'esquissa sur ses lèvres. Il savait exactement quel effet il produisait sur les femmes. Ses cheveux noirs, ses yeux sombres remplis de promesses... il jouait de son physique comme d'un instrument. Un don, ou plutôt une malédiction, comme sa grand-mère aimait le dire.
Il aimait séduire, c'était aussi simple que ça. Et il ne comptait pas changer. Pourquoi se priver de tant de plaisir ?
Alors qu'il se préparait à s'avancer vers la blonde, une voix familière l'interrompit. Morgan Conway, son ami d'enfance, leva un sourcil.
« Elle n'est pas en première année », déclara-t-il d'un ton calme.
« De qui tu parles ? » répondit Pablo, même s'il savait parfaitement de qui son ami faisait allusion.
Morgan tourna légèrement la tête vers une brune qui discutait non loin avec un groupe de sportifs. Ses longs cheveux brillaient sous le soleil, et son rire cristallin se distinguait du bruit ambiant. Ses yeux bleus pétillants fixaient l'un des joueurs avec une aisance désarmante. Pablo n'avait jamais vu une telle assurance chez une femme, encore moins chez une fille comme elle.
« C'est Maryse Payne, » précisa Morgan. « Tu ferais mieux de pas t'en approcher, Pablo. »
Maryse Payne. Ce nom n'était pas inconnu à Pablo. Il avait entendu des tas de rumeurs à son sujet, des récits racontés par les membres de son équipe de foot, certains vantant son intelligence, d'autres son habileté à les sortir des situations délicates en classe. Même Morgan lui devait un service. Pablo se demanda brièvement comment il avait pu passer trois ans sur ce campus sans la remarquer.
« Ils te casseront la gueule si tu la blesses, tu sais », ajouta Morgan.