Dans un village pittoresque entouré de collines verdoyantes, Viviane, une jeune femme orpheline et talentueuse couturière, rêve de liberté et de succès. Sa vie prend un tournant inattendu lorsqu'elle se retrouve impliquée dans un contrat de mariage arrangé avec le mystérieux et riche héritier, Adrien Beaumont. Pour Viviane, c'est une occasion en or d'échapper à la pauvreté, mais cela signifie aussi renoncer à ses rêves d'indépendance. Adrien, connu pour son charme énigmatique et son attitude distante, a accepté ce mariage par obligation familiale. Ses parents souhaitent qu'il consolide l'héritage familial en épousant une femme respectée du village. Toutefois, Adrien cache un secret : il est amoureux de sa meilleure amie d'enfance, Eléa, qui a toujours été à l'écart en raison des conventions sociales.
La lumière de l'aube glissait à travers les volets usés de l'atelier de Viviane, peignant de longues ombres sur les étoffes éparpillées. Le ronronnement de sa vieille machine à coudre s'était tu depuis des heures, laissant place à un silence oppressant. Elle n'avait pas dormi de la nuit, hantée par les mots de Madame Beaumont et ce qu'ils impliquaient. Un mariage arrangé. Avec Adrien.
Viviane effleura le tissu entre ses doigts, un lin beige qu'elle travaillait pour une cliente du village, mais ses pensées restaient ailleurs. Elle n'était pas une femme naïve ; elle savait que l'opportunité qu'on lui offrait était rare, presque un conte de fée dans ce monde où tout semblait joué d'avance. Mais l'idée de devenir une pièce sur l'échiquier des Beaumont la rebutait. Pire, ce "sacrifice" qu'elles évoquaient, Adrien allait-il réellement l'accepter ? Ou bien allait-elle devoir affronter une humiliation supplémentaire si ce mariage échouait avant même de commencer ?
Le bruit de pas pressés à l'extérieur l'arracha à ses pensées. À travers la fenêtre entrouverte, elle aperçut Jeanne, la voisine du bout de la rue, s'arrêter devant sa porte avec une expression inquiète.
- Viviane ! cria Jeanne en frappant contre le bois. Ouvre ! C'est important !
Viviane se précipita pour ouvrir. Jeanne, une femme robuste à l'allure toujours un peu brouillonne, s'engouffra à l'intérieur sans attendre d'être invitée.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Viviane, fronçant les sourcils.
- Tout le village en parle ! Madame Beaumont est venue en personne hier soir. Elle a été vue près de la mairie.
- Et alors ?
- Tu sais très bien ce que ça veut dire ! Ils préparent quelque chose, et ça te concerne, non ?
Viviane sentit un nœud se former dans son estomac. Si Madame Beaumont avait vraiment commencé à officialiser leurs plans, cela signifiait qu'elle n'avait plus beaucoup de temps pour réfléchir. Mais pouvait-on vraiment réfléchir à une proposition pareille ?
- Tu devrais te méfier, reprit Jeanne en posant une main sur son bras. Ces gens-là... ils ne font jamais rien sans arrière-pensée.
Viviane hocha la tête, sans vraiment répondre. Elle était bien consciente que les Beaumont ne faisaient rien par charité.
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L'après-midi, après avoir pris un moment pour rassembler ses idées, elle se rendit à l'immense demeure des Beaumont. Chaque pas sur le chemin de gravier semblait la rapprocher d'un destin qu'elle n'avait pas choisi, et pourtant, son instinct lui disait de ne pas fuir. La porte massive s'ouvrit presque immédiatement après qu'elle eut frappé, révélant Mélisande.
- Ah, vous voilà, fit la gouvernante avec une moue qui oscillait entre le mépris et l'amusement. Madame vous attend dans le salon.
Viviane suivit Mélisande à travers les couloirs opulents, ses yeux captant des détails qu'elle n'avait pas remarqués lors de sa première visite : les portraits de famille aux cadres dorés, les meubles anciens qui semblaient presque trop précieux pour être utilisés. Quand elles atteignirent enfin le salon, Madame Beaumont était déjà assise, un thé fumant posé devant elle.
- Viviane, dit-elle en levant à peine les yeux de sa tasse. Prenez place.
Elle obéit, les mains crispées sur ses genoux.
- Vous avez réfléchi à ma proposition ? demanda Madame Beaumont, sa voix froide mais posée.
Viviane hésita. Avouer qu'elle n'avait pas encore de réponse risquait de passer pour un affront.
- C'est une décision importante, répondit-elle enfin. J'ai besoin de temps.
- Du temps ? répéta Madame Beaumont, ses sourcils arqués avec une touche d'impatience. Vous savez aussi bien que moi que les opportunités comme celle-ci ne se présentent pas deux fois.
Viviane baissa les yeux, cherchant ses mots.
- Je ne veux pas manquer de respect, mais... est-ce que votre fils est au courant ?
Le silence qui suivit fut glacial. Madame Beaumont posa sa tasse avec une lenteur calculée avant de croiser les mains sur ses genoux.
- Adrien est... réticent, admit-elle. Mais il comprendra. Nous avons tous des responsabilités dans cette famille, et parfois, elles surpassent nos désirs personnels.
Ces mots résonnèrent comme un avertissement. "Il comprendra." Mais Viviane ne pouvait s'empêcher de se demander si elle aussi allait devoir sacrifier ses désirs au nom de cette obligation.
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Après leur entretien, Viviane erra un moment dans les jardins impeccables de la propriété, espérant trouver un peu de clarté. Elle s'arrêta près d'une pergola ornée de glycines, où les conversations des domestiques atteignaient ses oreilles sans qu'elle n'ait à tendre l'oreille.
- ...Je te dis que ça va mal finir, disait une voix féminine, pressante. Adrien n'acceptera jamais ça.
- Madame pense qu'il n'a pas le choix, répondit une autre voix, plus grave. Mais tu sais bien qu'il est têtu.
Viviane retint son souffle. Elle n'avait pas osé imaginer qu'Adrien puisse refuser catégoriquement. Était-ce une mauvaise chose ou, au contraire, une chance pour elle d'échapper à ce mariage ?
- Et puis, continua la première voix, il y a cette histoire avec la femme à Paris...
La phrase fut interrompue par des pas approchant, et les domestiques se dispersèrent. Viviane resta figée un instant. Une femme à Paris ? Qui était-elle, et quelle place occupait-elle dans la vie d'Adrien ? Cette question s'ajouta à la multitude d'autres qui tournaient déjà dans son esprit.
Elle quitta les jardins peu après, troublée. Si Adrien avait une autre femme dans sa vie, cela compliquait tout davantage. Et pourtant, une part d'elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de curiosité, presque d'excitation. Qui était vraiment cet homme qu'on lui imposait comme époux ?
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Ce soir-là, de retour dans son atelier, Viviane tenta de se concentrer sur son travail, mais les mots qu'elle avait entendus lui tournaient dans la tête. Elle s'interrompit finalement pour fixer son reflet dans un vieux miroir. Sa silhouette mince, ses mains usées par les aiguilles et le fil. Était-elle vraiment prête à affronter ce monde auquel elle n'appartenait pas ?
Un coup frappé à la porte la tira de ses pensées. Elle ouvrit pour trouver Mélisande, qui semblait presque gênée d'être là.
- Puis-je entrer ? demanda la gouvernante.
- Bien sûr, répondit Viviane, étonnée.
Mélisande posa un paquet sur la table, un sourire crispé sur les lèvres.
- Madame m'a demandé de vous apporter ceci. Une robe, pour un événement à venir. Vous êtes censée la porter si... vous acceptez.
Viviane ouvrit le paquet avec une certaine appréhension. La robe était magnifique, d'un bleu profond, brodée d'argent. Un contraste frappant avec ses vêtements simples et pratiques.
- Est-ce que... Adrien sait que tout cela se prépare ? osa-t-elle demander.
Mélisande hésita, évitant son regard.
- Ce n'est pas à moi de répondre à cette question, finit-elle par dire avant de se diriger vers la porte. Mais je vais vous dire une chose, mademoiselle Viviane : Adrien n'est pas facile à convaincre. Et parfois, ce qui semble être un cadeau peut être une malédiction.
Viviane resta seule avec ces mots lourds de sens, ses doigts caressant distraitement le tissu de la robe. Cette proposition de mariage n'était pas seulement une opportunité ou un piège ; c'était une énigme complexe qu'elle devait résoudre avant qu'il ne soit trop tard.
Et quelque part, dans l'obscurité grandissante de cette nuit, elle ne pouvait s'empêcher de se demander : *Que ferait Adrien lorsqu'il découvrirait ce qu'on attendait de lui ?*
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