Mariage avec un zillionnaire secret
Elle a tout pris, même mon cœur
Retour de l'héritière de la mafia
Le Prince est une fille : Esclave captive d'un roi vicieux
Reviens mon amour
Les regrets de mon ex-mari
Divorcée et mariée à un chef de guerre
L'alpha tout-puissant reconquiert sa compagne
L'héritière de génie brille après le divorce
Ex-mari, je ne t'aime plus
À Isabelle P.- L.,
sorcière de la Rance,
initiatrice du récit.
I
Premier dimanche de printemps.
Pluie obstinée.
Morosité.
Ennui.
Paresser.
Déjeuner sans enthousiasme.
Sieste.
Traîner jusqu’à l’atelier. Y déployer une fois de plus les plans de la jonque, vaisseau plus de trois cents fois centenaire.
Relever la tête. Regarder par la fenêtre la lande mauve et rose qui semble faire le gros dos sous le déluge.
Rêver.
Peindre
Jonques
Voiles déployées en chauve-souris
Sous une lune pleine
Mer de Chine.
Pareille image a poussé Blaise vers ce type de bateau pour réaliser ce qu’il considère comme sa dernière maquette.
Mémoire
Rouge écarlate, laque noire, or des décorations géométriques
dominées par le cercle et le carré.
Meubles massifs contrastant avec les délicates peintures de bambous,
de grues aux vols élégants, d’arbres torturés par le vent,
de montagnes perdues dans les nuages.
Raffinement de l’art oriental.
Blaise s’est engagé dans la voie hasardeuse de l’art : la peinture. Parallèlement, parce qu’il faut vivre, celui de l’enseignement des arts plastiques.
Curieux tout de même comme les Chinois semblent apprécier le voisinage du noir et de l’écarlate, de l’or et de la nacre.
Merde !
Brusquement, arrêt du programme de musique classique qui tourne en boucle. Silence brutal.
Enfiler le ciré, quitter la maison pour rejoindre la plage par le chemin creusé dans la lande par l’antique charroi des goémoniers.
Pas d’horizon.
La pluie fusionne ciel et mer. Son murmure étouffe toute autre rumeur.
Seul mouvement, seule permanence, les vaguelettes qui s’acharnent à grignoter la grève.
Immobile. Regard perdu dans la grisaille aux mille nuances.
Trois goélands s’abattent en criaillant sur une probable et maigre charogne.
Danse d’intimidation, battements d’ailes, coups de bec.
Envol.
Retour de la quiétude, de l’indifférence.
Peindre !
Vent d’ouest
Fuite de nuages
Chargés de grains
Malgré le ciré, l’eau s’est infiltrée. Le moment de rentrer.
Sous l’appentis, Blaise se défait de son ciré afin qu’il y dégoutte.
Zia l’y attendait. La pluie, très peu pour une chatte. Elle profite de l’ouverture de la porte pour se glisser si vivement dans la maison qu’elle donne l’impression de craindre qu’on l’abandonne sous l’averse.
À l’intérieur, Blaise frissonne, se débarrasse de tous ses vêtements, même ceux qui sont encore secs. Totalement nu, il allume le feu de cheminée, apprécie la chaleur des flammes vives sur sa peau.
Feu.
Volage, colérique, bienfaisant.
Adoré, prié et craint.
Urgence de s’offrir un café pour revenir auprès des vivants.
Comme elle était belle, la mer. Comme toujours.
Rêver.
Réchauffer au micro-ondes le repas apporté hier par Maryse. La silhouette boulotte de la femme surgit devant les yeux de Blaise. Elle débarque tous les jours de son vieux break pour lui remettre la boîte frigo. Sourit toujours en la présentant comme un présent. C’en est un chaque jour.
Manger sous le velours du regard de Zia.
Vaisselle ce soir ou demain ?
Demain. Demain, il faudra aussi choisir le bois pour la quille, l’étrave et l’étambot de la jonque. Les tracer, les découper.
Ou… ou envisager une nouvelle toile.
Le temps s’écoule devant le feu. Zia somnole sur les genoux de Blaise, ronronne sous une caresse distraite.
Demain…
Demain : croquettes de Zia.
Thé.
Bacon frit, œuf sur le plat.
Toasts. Marmelade d’orange.
Souvenirs d’un petit déjeuner. 1980
Lydmington, face à l’île de Wight, Angleterre
Un hôtel en bord de route, en bord de ville.
Un Japonais au breakfast.
— Morning ! Morning !
Silence. Masticage.
Échange de regards furtifs terminés en sourire de circonstance.
— Vous connaissez Basho ?
— Tout le monde au Japon.
Un croquis.
— Celui-là ?
« Un vieil étang
Une grenouille saute
Plouf ! »
Sourire. Oui.
Départ.
— Take care.
— You too.
Pas d’échange d’adresse. Inutile.
Les routes se croisent.
Vaisselle.
Toilette.
L’atelier. Plan de la jonque déployé sur la table.
Par la fenêtre : ciel du bleu des crayons de son enfance, nuages gris et roses.
Belle journée envisageable.
Entamer un travail consacré traditionnellement aux « longues soirées d’hiver » ?