GrĂące Muta, 26 ans, a tout perdu Ă cause de l'amour. Orpheline de mĂšre, son pĂšre l'a rejetĂ©e aprĂšs son remariage avec Martha. AbandonnĂ©e, elle a trouvĂ© refuge chez son petit ami, Florian, croyant en son amour. Mais aprĂšs ĂȘtre tombĂ©e enceinte, il l'a quittĂ©e, emportant toutes ses Ă©conomies et brisant ses rĂȘves d'Ă©tudes. Parti au Canada, il l'a dĂ©finitivement abandonnĂ©e deux ans plus tard, mariĂ© Ă une autre femme qui lui a donnĂ© un fils. Aujourd'hui, GrĂące travaille comme cuisiniĂšre et serveuse pour subvenir aux besoins de sa fille, BĂ©nĂ©dicte, ĂągĂ©e de quatre ans. Sa prioritĂ© est son Ă©ducation. Mais les Ă©preuves continuent : Roland, un nouvel homme dans sa vie, vient de raviver sa douleur. Est-ce une malĂ©diction d'ĂȘtre mĂšre cĂ©libataire ? Trouvera-t-elle enfin l'amour ? Elle n'y croit plus. Ses rĂȘves se sont Ă©vanouis, et elle ne peut plus se permettre d'espĂ©rer l'impossible. Natacha Ouedraogo, 24 ans et mĂšre de deux enfants de pĂšres diffĂ©rents, raconte son parcours marquĂ© par des choix audacieux et des dĂ©sillusions. TombĂ©e enceinte Ă 17 ans alors qu'elle entretenait plusieurs relations, elle n'a jamais su qui Ă©tait le pĂšre de son premier enfant. RejetĂ©e par les trois hommes concernĂ©s, elle a Ă©levĂ© son fils seule, sous le regard sĂ©vĂšre de sa famille. AprĂšs avoir abandonnĂ© l'Ă©cole par honte, elle a suivi une formation en coiffure grĂące Ă sa mĂšre. Plus tard, elle s'est installĂ©e avec un homme qui l'a soutenue, mais l'a chassĂ©e aprĂšs qu'elle ait eu une liaison avec son frĂšre. Aujourd'hui, elle profite de la vie sans chercher l'amour, vivant des relations Ă©phĂ©mĂšres. Seul Pascal l'a poussĂ©e Ă envisager une relation stable, mais l'absence de satisfaction intime la fait douter. Peut-elle rĂ©ellement ĂȘtre en couple ou se ment-elle Ă elle-mĂȘme ?
La nuit a Ă©tĂ© plus courte qu'Ă l'accoutumĂ©e. GrĂące passe le week-end chez Roland, cet homme avec qui elle entretient une relation depuis un mois et une semaine. Depuis qu'ils se sont mis ensemble, il ne reste jamais loin d'elle, ni mĂȘme de son corps.
AllongĂ©s sous les draps froissĂ©s, ils profitent encore de la chaleur du lit lorsque le tĂ©lĂ©phone de Roland vibre soudainement sur la table de nuit. Il Ă©merge doucement du sommeil, tend le bras et jette un coup d'Ćil Ă l'Ă©cran. Son cĆur rate un battement en voyant le nom affichĂ© « Lydia »
Sa fiancée.
D'un bond, il se lĂšve, le tĂ©lĂ©phone serrĂ© dans sa main moite. Il jette un regard rapide par la fenĂȘtre, scrutant la rue avec inquiĂ©tude. Aucun signe de Lydia. Ni voiture, ni silhouette suspecte. SoulagĂ© mais nerveux, il s'Ă©clipse discrĂštement vers la salle de bains avant de dĂ©crocher.
- AllĂŽ, ma reine...
- Mon amour, tu es toujours au lit ? » demande Lydia d'une voix douce.
- Oui... c'est ton appel qui m'a réveillé. J'espÚre que tout va bien ?
- Oui, mais je veux que tu viennes me chercher à l'aéroport.
Roland se fige. Son souffle se coupe un instant.
- Quoi ?! Tu es déjà au pays ? Mais... hier encore, tu m'as dit que tu devais rester une semaine de plus...
- C'était pour te faire une surprise !» rit Lydia. « Ma mission est terminée plus tÎt que prévu, et maintenant, on va enfin pouvoir planifier notre mariage.
Roland passe une main nerveuse dans ses cheveux et tente de maĂźtriser sa voix.
- D'accord, ma reine... Je vais me préparer tout de suite et venir te chercher.
- Chéri, tu es sûr que tout va bien ? Ta voix est étrange...
- Oh oui, tout va bien !» Il force un sourire qu'elle ne peut pas voir. « Juste un peu de fatigue.
- D'accord... Je vais en profiter pour faire quelques achats au centre commercial avant ton arrivée. Une fois à la maison, je te préparerai ton plat préféré et on passera une belle soirée ensemble.
- Ăa me fait tellement plaisir que tu sois enfin de retour...» souffle Roland, les yeux fixĂ©s sur la porte de la salle de bain.
- Je sais que tu es en manque de moi » susurre Lydia. « Mais ne t'inquiÚte pas, je suis là maintenant... et je compte bien combler toutes tes envies.
Roland déglutit difficilement.
- Je n'en doute pas...
- Ă tout Ă l'heure, mon roi. Bisous.
- Ă tout de suite, ma reine...
Lydia raccroche.
Roland prend une grande inspiration, tentant de calmer les battements affolĂ©s de son cĆur. Avant mĂȘme qu'il ne touche le robinet pour se rincer le visage, la porte de la salle de bains s'ouvre brusquement.
GrĂące est lĂ .
- Tu viens de parler avec qui au téléphone ? » demande-t-elle d'une voix posée, mais trahissant une pointe de méfiance.
Roland l'ignore délibérément. Il ouvre le robinet, laisse couler l'eau et commence à se rafraßchir le visage comme si elle n'existait pas ou qu'il n'a rien entendu.
GrĂące ne bouge pas. Elle reste debout derriĂšre lui, immobile, les bras croisĂ©s. Lorsqu'il finit et tente de quitter la piĂšce sans mĂȘme lui accorder un regard, elle rĂ©pĂšte, cette fois plus fermement :
- C'est qui, cette « ma reine » ? Tu veux aller rencontrer qui, Roland ?
Il s'arrĂȘte net. Pris au piĂšge. Il sait qu'il ne peut plus esquiver la question. Soupirant, il se retourne lentement vers elle et lĂąche froidement :
- DĂ©pĂȘche-toi de t'habiller. Je vais te dĂ©poser avant d'aller lĂ oĂč je dois me rendre. Je n'ai pas le temps pour tes stupides questions.
Grùce plisse les yeux, le dévisage avec incrédulité.
- Quoi ? Tu veux me déposer ? Oh... donc, je ne peux plus passer le week-end avec toi parce que ta reine arrive ?
Roland, déjà en train de fouiller son armoire pour choisir quoi porter, se retourne brusquement. Son regard est dur, glacial.
- Oui, tu as bien compris. Et n'oublie pas de ramasser toutes tes affaires : vĂȘtements, effets personnels, tout. » Il marque une pause avant d'ajouter, d'un ton tranchant « Ma fiancĂ©e est de retour. Notre mariage aura lieu dans quelques semaines, alors, s'il te plaĂźt, ne me cause pas de problĂšmes.
GrĂące Ă©carquille les yeux.
- Ta quoi ? Ta fiancée ? Depuis quand ?!
Roland esquisse un sourire sarcastique.
- Oh... je vois. Tu as cru Ă tout ce que je t'ai racontĂ© ? Ma pauvre... » Il ricane avant de balancer, sans la moindre once de remords « Je t'ai menti. Je voulais juste goĂ»ter Ă ce que tu avais entre les jambes, rien de plus. Tu ne penses quand mĂȘme pas qu'un jeune homme comme moi, qui s'est battu pour rĂ©ussir, va se marier avec une mĂšre cĂ©libataire ?
Il la scrute avec mépris avant d'asséner le coup fatal :
- Un « camion avec bagages » ? Quelque chose qu'un autre homme a déjà consommé au point d'en faire un enfant ? Jamais.
GrĂące recule comme si elle venait de recevoir une gifle en plein visage.
- Quoi ?! C'est à moi que tu oses dire ça ?
Les larmes lui montent aux yeux, brûlantes, incontrÎlables. Mais elle refuse de lui donner le plaisir de la voir s'effondrer. Sans un mot de plus, elle tourne les talons et commence à rassembler ses affaires avec des gestes rapides et nerveux. La chambre, qui était encore un cocon de plaisir quelques heures plus tÎt, est soudainement devenue une prison suffocante.
AprÚs avoir tout rangé, elle se dirige vers la salle de bains pour faire sa toilette, ignorant royalement Roland, qui s'habille à la hùte, pressé de quitter les lieux. Lorsqu'elle revient dans la chambre, habillée, elle prend son sac contenant ses affaires, elle se dirige vers la porte.
- Tu ne veux pas attendre que je te dépose ? » demande Roland, d'un ton presque détaché.
Elle le regarde, un sourire amer sur les lĂšvres.
- Non, merci.
- D'accord. Je vais te faire un transfert d'argent... Et sache que je suis désolé pour tout. » Il s'approche légÚrement, sa voix prenant une intonation plus douce. « Je pourrai toujours te contacter de temps en temps... quand j'aurai besoin de sentir ta chaleur. Tu es vraiment délicieuse au lit. Mais le problÚme, c'est que je ne peux pas me voir avec une mÚre célibataire.
Grùce éclate d'un rire froid. Un rire rempli de douleur et de mépris.
- Si tu ne veux pas d'ennuis, je te conseille de ne pas envoyer ce transfert. » Elle le fixe droit dans les yeux, sa voix vibrante de colÚre. « Je ne suis pas une prostituée, Roland. Et n'ose plus jamais composer mon numéro.
Elle s'avance, ouvre la porte et disparaĂźt sans un regard en arriĂšre. Roland reste figĂ©, le tĂ©lĂ©phone en main, incapable de dire un mot. Il vient peut-ĂȘtre de commettre la pire erreur de sa vie.
Une fois au portail, GrĂące marche quelques mĂštres avant de voir un taxi approcher. D'un geste rapide, elle l'arrĂȘte, donne son adresse sans mĂȘme discuter du prix et monte immĂ©diatement.
à peine assise, le chauffeur démarre. C'est à cet instant précis que ses larmes, qu'elle retenait avec peine, se libÚrent enfin, ruisselant silencieusement sur ses joues. Elle fixe le vide à travers la vitre, incapable de croire à ce qui vient de se passer.
Comment en est-elle arrivée là ?
Sa poitrine se soulĂšve sous le poids d'une douleur qu'elle connaĂźt trop bien. Elle ferme les yeux, plonge dans ses pensĂ©es et commence Ă se parler intĂ©rieurement « Ai-je commis un crime en donnant naissance Ă un enfant ? Pourquoi les hommes nous considĂšrent-ils comme des femmes sans valeur simplement parce que nous sommes mĂšres cĂ©libataires ? AprĂšs tout, je ne suis pas tombĂ©e enceinte toute seule... Un homme, comme eux, est aussi responsable de cette grossesse. Est-ce que cela signifie que je ne mĂ©rite plus d'ĂȘtre aimĂ©e et chĂ©rie ? » Elle essuie rageusement une larme du revers de la main, mais d'autres viennent aussitĂŽt prendre sa place. « J'ai tout fait pour Ă©viter une telle douleur... Je voulais juste me concentrer sur mon travail et sur ma fille. Mais j'ai Ă©tĂ© naĂŻve. Une fois encore. J'ai cru aux belles paroles d'un homme qui ne voulait rien d'autre que profiter de moi. » Elle serre les dents, sa gorge se noue sous l'Ă©motion.
Je m'appelle Grùce Muta. J'ai 26 ans. Orpheline de mÚre. J'avais dix-neuf ans quand mon pÚre m'a mise à la porte, juste aprÚs la mort de maman. Il s'était remarié avec Martha... Cette femme qui l'avait sûrement envoûté, car il ne me reconnaissait plus comme sa fille aßnée et unique aprÚs leur mariage. à cet instant-là , je n'avais plus personne. Mais mon petit ami, Florian, m'a demandé de venir habiter avec lui. Et moi, aveuglée par son amour, j'ai accepté. Je me disais qu'il m'aimait sincÚrement... Jusqu'à ce qu'il me mette enceinte.
Je lui ai donnĂ© toutes mes Ă©conomies, celles que j'avais gagnĂ©es en vendant des vĂȘtements et des articles pour femmes Ă l'universitĂ©. Pour lui, j'ai abandonnĂ© mes Ă©tudes. AprĂšs la naissance de ma fille, BĂ©nĂ©dicte, il a dĂ©cidĂ© de partir pour le Canada. Deux ans plus tard, il m'a Ă©crit pour me dire de ne plus compter sur lui et de refaire ma vie. Je croyais Ă une mauvaise plaisanterie, jusqu'au jour oĂč j'ai vu ses photos de mariage avec une autre femme... Une femme qui lui avait mĂȘme donnĂ© un fils.
Oui... L'amour m'a aveuglée. Et j'ai tout perdu. Alors, pour m'en sortir, je travaille aujourd'hui dans un restaurant comme cuisiniÚre et serveuse. C'est dans ce restaurant que j'ai rencontré Roland... et aujourd'hui, il vient de planter un nouveau couteau dans une plaie qui n'a jamais réussi à cicatriser.
Ma fille a quatre ans maintenant. Elle a dĂ©jĂ commencĂ© l'Ă©cole, et elle est si intelligente que j'ai dĂ©cidĂ© de la mettre directement au CI. Je suis prĂȘte Ă tout pour elle. Tout.
Mais est-ce un crime ? Une malĂ©diction d'ĂȘtre une mĂšre cĂ©libataire ? Aurai-je un jour la chance de vivre cet amour dont j'ai toujours rĂȘvĂ© ? Non. Je n'y crois plus. Je ne peux plus me nourrir de ce rĂȘve irrĂ©alisable.
GrĂące ferme les yeux, laissant le taxi la ramener chez elle, loin de cette illusion qui vient, une fois encore, de s'effondrer. Comment sera cette histoire selon vous ?
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