Vingt ans aprÚs la fin de la Seconde Guerre mondiale, BérangÚre, ancienne résistante française, coule des jours paisibles en Allemagne. Un drame familial la conduira à se repencher sur son douloureux passé et revivre les tragiques événements du mois d'août 1944 en France lorsque les troupes allemandes ont cédé le terrain devant l'avance des alliées. Plongée dans la joie de la Libération et les excÚs de l'épuration qui a suivi, la jeune femme tentera de conserver sa dignité et ses valeurs morales souvent au péril de sa vie. à PROPOS DE L'AUTEUR Thierry Lami a toujours été passionné par l'histoire et plus particuliÚrement par tous les événements ayant émaillé la seconde partie du 20e siÚcle. DÚs l'adolescence, il a commencé à rédiger des nouvelles plus axées sur le fantastique, avant de se lancer bien plus tard dans l'écriture d'un premier roman portant sur la fin de l'occupation allemande en juillet 1944.
Je dédie cet ouvrage à tous ceux
qui n'ont jamais succombé aux chimÚres
des compromis faciles et sont restés fidÚles
à leurs idéaux jusqu'au bout,
Ă tous ceux qui pensent que l'Ordre surgira du Chaos.
Ă ma petite fille Jeanne.
AprÚs l'Occupation, BérangÚre poursuit son combat pour la liberté et la vie.
Ce roman est un récit de fiction.
L'auteur est parti d'une situation historique réelle pour construire son intrigue.
Toutefois, l'histoire du F104 Starfighter ainsi que toutes les anecdotes citĂ©es dans la deuxiĂšme partie du roman et inhĂ©rentes Ă la LibĂ©ration de la France en 1944 sont factuelles et rĂ©elles mĂȘme si les lieux et les noms des protagonistes ont Ă©tĂ© remplacĂ©s.
Les lieux et les noms ont été changés mais les faits demeurent...
Prologue
La raison fait l'homme mais c'est le sentiment qui le conduit.
Jean Jacques Rousseau (1712/1778)
Dans un silence étonnant, une puissante berline immatriculée en Allemagne traverse la frontiÚre entre la France et la République Fédérale d'Allemagne du cÎté de Sierck-les-Bains en Lorraine, dans cette région que l'on nomme les trois frontiÚres en raison de la proximité entre les deux pays et le Luxembourg.
Elle prend ensuite la direction de Thionville, descendant ainsi la vallée de la Moselle dont les collines environnantes alignent leurs rangées de vignes escarpées.
C'est une trÚs belle journée d'été qui commence en ce dimanche du mois de juin 1975 et la campagne frémit sous un beau soleil. De fines volutes de vapeur s'élÚvent des champs bordant la route au fur et à mesure que la rosée du matin s'évapore sous l'effet de la chaleur.
La voiture arrive rapidement Ă Koenigsmacker, tourne Ă droite et franchit une Ă©cluse sur le bras navigable de la riviĂšre ; une pĂ©niche est justement en train de passer entre les portes monumentales et plusieurs enfants dĂ©sĆuvrĂ©s assistent au spectacle avec intĂ©rĂȘt. Quelques kilomĂštres plus loin, un pont trĂšs Ă©troit Ă voie unique permet de traverser la Moselle qui fait une boucle Ă cet endroit.
La route légÚrement surélevée longe des étangs presque jusqu'au village de Cattenom.
De nombreux pĂȘcheurs ont lancĂ© leurs lignes espĂ©rant ramener une prise heureuse pour le dĂźner du soir.
Tournant à droite, le véhicule emprunte ensuite la route qui relie Thionville au Luxembourg puis, se dirigeant vers la gauche, passe devant le camp militaire de Cattenom.
BĂ©rangĂšre, une jolie femme ĂągĂ©e d'une cinquantaine d'annĂ©es, est assise sur le siĂšge passager Ă l'avant ; elle consulte une carte d'Ătat-major et guide le conducteur. Sur la banquette arriĂšre, une femme blonde sensiblement du mĂȘme Ăąge tient un carnet entre ses mains et prend des notes.
« Ralentis Kurt, nous ne sommes plus trÚs loin de l'embranchement, dans cinq cents mÚtres environ, il faudra prendre un petit chemin sur la droite. »
Au croisement, le conducteur met son clignotant, vire sur le petit chemin en question et s'enfonce dans la forĂȘt.
« Nous allons passer devant un bunker qui servait d'abri pour les soldats, puis nous arriverons devant l'entrée principale du fort. Tu vois la voie étroite de chemin de fer sur le sol ? Il suffit de la suivre. »
Quelques minutes plus tard, la voiture débouche sur une vaste clairiÚre fermée au bout par un imposant bloc de béton et d'acier.
Le conducteur et les deux passagĂšres sortent de la voiture et font quelques pas dans l'herbe rase.
Avisant un panneau sur lequel est inscrit : « Terrain militaire accÚs interdit », Kurt déclare : « Je ne connais pas toutes les subtilités de la langue française, mais cela veut certainement dire que nous n'avons pas le droit de rester ici.
- Oh, Kurt, toutes ces fortifications sont abandonnées depuis plusieurs années par l'armée française.
- Nous verrons bien, rétorque Kurt amusé, mais si nous finissons la journée chez les gendarmes, tu seras à l'amende d'un bon repas.
- Sans problÚmes, de toutes les façons nous mangerons au restaurant ce soir et je tiens particuliÚrement à vous inviter. »
S'adressant à la femme blonde : « Tu es contente Céline, c'est ce que tu voulais voir ? Tu es devant l'entrée des munitions de cet ouvrage ?
- Oui, merci de m'avoir accompagnĂ©e jusqu'ici ; lorsque j'ai entrepris de complĂ©ter les mĂ©moires de mon frĂšre, je ne pensais pas avoir besoin de voyager autant mais il me fallait voir ce fort oĂč il a servi pour m'en faire une idĂ©e prĂ©cise. Je n'aurais pas imaginĂ© une forteresse aussi puissante. »
Elle se dirige vers le blockhaus Ă petits pas, prenant de temps Ă autre des notes et des photos. CĂ©line est impressionnĂ©e par l'imposante façade, le bĂ©ton porte des traces de moisissure, de salpĂȘtre et d'humiditĂ©.
Les cuirassements commencent doucement Ă rouiller, pourtant la forteresse n'a rien perdu de sa superbe et semble prĂȘte Ă assurer une nouvelle fois sa mission de dĂ©fense des frontiĂšres de l'Est.
« C'était un gros ouvrage d'artillerie, commente Kurt, j'ai pu me renseigner sur ce fort, il comportait de nombreux blocs de combat situés à quelques centaines de mÚtres dans la direction du nord et toutes ses installations vitales sont à plus de trente mÚtres sous nos pieds. Plus de cinq cents hommes vivaient et servaient là en dessous. »
Une grille avec de gros barreaux ferme l'entrĂ©e de l'ouvrage et un fossĂ© large d'environ deux mĂštres taillĂ© comme un diamant empĂȘche les promeneurs d'y arriver. Pendant la guerre, il devait empĂȘcher les soldats ennemis de venir dĂ©poser des charges explosives devant les crĂ©neaux de combat lors d'une attaque. Une forte odeur d'humiditĂ© et de moisi transportĂ©e par les puits donnant accĂšs aux galeries souterraines est exhalĂ©e par l'entrĂ©e bĂ©ante.
BĂ©rangĂšre est restĂ©e un peu en retrait ; guĂšre passionnĂ©e par l'histoire de la ligne Maginot, elle a acceptĂ© d'emmener CĂ©line qui voulait faire une sorte de pĂšlerinage sur les lieux oĂč son frĂšre avait servi durant la Seconde Guerre mondiale.
Laissant Kurt accompagner son amie ; elle marche doucement dans le sous-bois que les rayons du soleil ont du mal à traverser, à la recherche de fleurs. De nombreux fils de fer barbelés sont tendus au ras du sol rendant sa marche périlleuse et elle renonce rapidement à sa promenade.
Lorsqu'elle revient dans la clairiĂšre, elle est surprise de trouver des promeneurs puis se souvient que c'est dimanche et que les citadins de la ville la plus proche, Thionville, profitent de ce beau temps pour se balader ou pique-niquer dans la campagne.
Amusée elle regarde une famille s'égailler dans les environs ; deux voitures sont garées juste à l'embranchement du chemin et de la route.
Pendant que les parents tirent de leurs coffres des couvertures et des sacs de victuailles, les enfants courent vers le blockhaus en poussant des cris joyeux. Un jeune garçon mÚne la petite troupe.
« Ne vous approchez pas trop du fort lance la voix d'un homme qui semble ĂȘtre le pĂšre des enfants, c'est dangereux, revenez plutĂŽt ici et aidez-moi Ă tout installer. »
Un couple ùgé d'une soixantaine d'années se tenant par le bras rejoint la famille en marchant doucement.
« Pépé Mémé ! » crie avec joie un petit garçon ùgé tout au plus de dix ans. Il s'élance dans les bras de sa grand-mÚre qui le reçoit avec joie et manque de tomber sous l'assaut de son petit-fils.
BĂ©rangĂšre a perdu ses amis de vue et elle se sent un peu gĂȘnĂ©e d'ĂȘtre spectatrice de cette sortie familiale ; elle se dirige vers sa voiture et s'y assoit attendant le retour des explorateurs.
Autour d'elle, la clairiĂšre rĂ©sonne des discussions des adultes et des cris des enfants ; elle sourit et se dit que ces gens possĂšdent un trĂ©sor inestimable dont ils ne sont peut-ĂȘtre mĂȘme pas conscients.
Elle voit soudain le petit garçon s'approcher, la regarder avec attention et lui demander : « Bonjour, Madame, vous faites quoi ici ? Vous attendez quelqu'un ? »
Amusée, BérangÚre lui répond : « Bonjour petit garçon, je suis venue avec des amis pour regarder ce fort et prendre des photos et là j'attends qu'ils reviennent.
- C'est le fort du Kobenbusch ici, Madame, nous sommes sur la Ligne Maginot ; on vient souvent ici, plus loin il y a deux casemates que je connais bien on y va aussi parfois.
- Tu es bien savant pour ton jeune Ăąge.
- Je lis beaucoup Madame, et les forts de la ligne Maginot m'intéressent, plus tard je les explorerai tous. »
Il jette un regard vers ses parents et baisse la voix : « Je suis encore trop petit et mes parents me surveillent mais bientÎt je pourrai prendre mon vélo et partir à l'aventure avec mes copains. »
Une jeune femme brune fait quelques pas dans leur direction et lance : « Thierry, laisse cette dame tranquille et viens manger ; tu ne dois pas déranger les gens, je te l'ai dit assez souvent. »
Veuillez l'excuser, Madame, il est parfois trĂšs curieux.
- Il n'y a pas de mal Madame, c'est un bon petit gars, répond BérangÚre, je vous souhaite un agréable dimanche.
- Au revoir, Madame, j'ai onze ans et je m'appelle Thierry Lami.
- Salut, Thierry, je me nomme BérangÚre Lanson et je suis contente d'avoir fait la connaissance d'un futur aventurier. »
Le petit garçon lui adresse un clin d'Ćil et part en courant rejoindre ses parents.
Elle regarde une derniĂšre fois la famille installĂ©e sur les couvertures commencer son repas puis tourne les yeux vers le fort. Deux ombres surgissent sur le dessus et s'arrĂȘtent quelques secondes Ă proximitĂ© d'une cloche de guetteur cuirassĂ©e, puis redescendent du talus et rejoignent BĂ©rangĂšre.
CĂ©line a le visage rouge couvert de sueur et respire rapidement, mais elle sourit largement : « Nous avons trouvĂ© le bloc d'artillerie oĂč a servi mon frĂšre ; on a mĂȘme pu regarder Ă l'intĂ©rieur car il Ă©tait ouvert, si nous avions eu des lampes on aurait pu l'explorer. Je vais pouvoir enfin terminer ce chapitre de ses mĂ©moires.
- Ne parle pas si fort, lance BérangÚre en riant, car si le petit garçon qui est là -bas t'entend, il risque de fausser compagnie à ses parents pour partir à l'aventure.
- Oh, je vois que BérangÚre a encore fait de nouvelles connaissances ; si on partait maintenant, j'ai tous les renseignements qu'il me faut pour pouvoir décrire avec précision cet endroit.
Il nous reste à voir les deux casemates un peu plus loin dont mon frÚre m'a parlé, et nous pourrons poursuivre cette agréable promenade en allant déjeuner. »
La voiture quitte doucement la clairiĂšre laissant Thierry et sa famille continuer leur pique-nique et se dirige vers la route.
Chapitre 1 No.1
10/01/2022
Chapitre 2 No.2
10/01/2022
Chapitre 3 No.3
10/01/2022
Chapitre 4 No.4
10/01/2022
Chapitre 5 No.5
10/01/2022
Chapitre 6 No.6
10/01/2022
Chapitre 7 No.7
10/01/2022
Chapitre 8 No.8
10/01/2022
Chapitre 9 No.9
10/01/2022
Chapitre 10 No.10
10/01/2022
Chapitre 11 No.11
10/01/2022
Chapitre 12 No.12
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Chapitre 13 No.13
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Chapitre 14 No.14
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Chapitre 15 No.15
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Chapitre 16 No.16
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Chapitre 17 No.17
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Chapitre 18 No.18
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Chapitre 19 No.19
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Chapitre 20 No.20
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Chapitre 21 No.21
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Chapitre 22 No.22
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Chapitre 23 No.23
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Chapitre 24 No.24
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Chapitre 25 No.25
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Chapitre 26 No.26
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Chapitre 27 No.27
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Chapitre 28 No.28
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Chapitre 29 No.29
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Chapitre 30 No.30
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Chapitre 31 No.31
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Chapitre 32 No.32
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Chapitre 33 No.33
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Chapitre 34 No.34
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Chapitre 35 No.35
10/01/2022
Chapitre 36 No.36
10/01/2022
Chapitre 37 No.37
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Chapitre 38 No.38
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Chapitre 39 No.39
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Chapitre 40 No.40
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