Je suis Cécilia Moore, une œnologue renommée de Bordeaux, dont la vie a été brisée il y a dix ans par la mort tragique de mon mari dans un accident de voiture.
Depuis ce jour, j'ai reporté ma douleur et ma haine sur ma fille biologique, Juliette, l'accusant de la mort de son père et la méprisant sans relâche.
J'ai trouvé du réconfort et de l'amour auprès de Dora, ma fille adoptive, douce et attentive, qui est devenue la lumière de ma vie, l'opposé de Juliette.
Le jour des 18 ans de Juliette, elle m'a appelée, paniquée, disant qu'elle avait été kidnappée, et j'ai ri.
J'ai raccroché, lui jetant des mots de rejet et de haine, lui disant que j'aurais préféré qu'elle meure à la place de son père.
Ce furent les derniers mots que je lui adressai.
Quelques jours plus tard, des barriques de vin contenant un corps démembré sont livrées à la gendarmerie, et je suis appelée à mon expertise pour examiner ces restes.
Sans la moindre émotion, j'ai analysé ce corps martyrisé, parlant de "victime anonyme" et de "barbarie", sans la moindre étincelle de reconnaissance.
Je l'ai tenue entre mes mains, diagnostiquant des brûlures, des fractures, la manque d'une main, ignorant que c'était le corps de ma propre chair.