Le wifi effect.
En français, l'effet Wifi.
Groupe de mots.
Nom attribué par Cannelle Ruby Austin désignant une action de bonne augure engendrée par Wifi, un animal de compagnie.
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Les paupières de Théo se ferment alors qu'il rejette sa tête contre le dossier de la chaise sur laquelle il est assis, non sans vider sa cage thoracique de l'air qui étouffait ses poumons. Il a envie d'abandonner, de laisser tomber. Il n'en peut plus, c'en est trop pour lui. Ses recherches qui perdurent dans le temps n'aboutissent à rien, et pourtant ce n'est pas la détermination qui lui manque. À chaque fois qu'il observe le magnifique sourire de sa fille, elle lui donne la force de les poursuivre. C'est cette envie continuelle de lui apporter la vérité, qui l'empêche de flancher. Mais ça fait plus de cinq ans que ça dure et l'enquête ne bouge pas d'un pouce. C'est très frustrant pour le policier.
— Ça va aller chéri, essaye de le réconforter Thomas en déposant un baiser dans le creux de son cou et en tentant un massage sur ses épaules.
Théo plisse des yeux sans les ouvrir pour autant, légèrement surpris quand Thomas s'approche de lui. Il a eu un peu peur, celui-ci avait été si silencieux ces dernières heures qu'il en avait oublié sa présence. Ses muscles raidit, se détendent. Le toucher de l'élu de son cœur le rassure, lui ôte quelques pensées négatives.
Dans son fort intérieur, malgré ses pensées noircies, il sourit. Il sourit car il se sent bien avec lui, sous son toucher, sa peau chantant mélodieusement sous ses caresses. Il se retrouve à passer ses bras de chaque côté de sa nuque afin d'attraper celles de son conjoint, qui dépose son menton sur son épaule ; puis glisse ses mains sur l'abdomen de Théo. Ils restent campés dans cette position de longues minutes durant, où le silence semble être le seul bruit autorisé à perturber ce calme.
Cela ne déplait à Théo, de cette manière il est en mesure de se concentrer sur sa personne, de poser le pour et le contre face aux divers choix qu'il souhaite prendre vis à vis de l'enquête. N'empêche qu'il se demande comment fait Thomas pour toujours avoir autant de joie de vivre même dans les moments les plus sombres. Pour avoir autant d'espoir, et autant s'accrocher sans tenter d'abandonner. Et parfois il s'en veut d'autant broyer du noir et d'être celui constatemment noyé de pensées maussades, il s'en veut d'être celui qui modifierait l'humeur de son conjoint avec toute cette négativité qui l'entoure. Il s'en veut d'être un cortège d'électrons.
Soudain, le téléphone de son partenaire se met à sonner ; et la douce voix de Lana Del Rey inonde la pièce. Théo tente tant bien que mal d'apprécier la musique en faisant abstraction de la chaleur émanant du corps contre le sien qui risque de le quitter d'une minute à l'autre.
À cet effet, Thomas se relève brusquement, colle ses lèvres sur une des tempes de Théo, et quitte le bureau. Non sans s'excuser de devoir partir aussi précipitamment.
— Ce n'est pas grave, lui a-t-il répondu alors que son cœur clamait le contraire ; pendant que Thomas s'engouffrait dans le couloir.
Théo avait accompagné ses dires d'un faible sourire, alors qu'il lui manquait terriblement. Alors qu'il avait toujours désespérément besoin de ses bras contre son torse, de sa chaleur brûlant son derme, de son souffle chaud tombant sur sa mâchoire, de son âme bienveillante de proton.
Il avait besoin de lui.
Bien sûr, ils n'étaient pas agglutinés l'un à l'autre tout le long de leurs journées, mais dans des moments comme ceux-là Théo n'avait jamais pu s'empêcher d'être égoïste et de soutirer plus d'affection qu'il ne lui en fallait vraiment de la part de son bien aimé.
— Je dois y aller chéri, lui dit simplement Thomas quand il eût achevé son appel. Une enquête en cours qui avance et je me dois d'être là, explique-t-il alors que Théo hoche simplement la tête.
Le devoir, vous savez. Ce n'est pas nouveau, ça a toujours brisé des coeurs, et blesser des âmes. Et celui de Théo ne fera en aucun cas exception à la règle.
— Ne t'inquiète pas mon amour, notre détermination va finir par porter ses fruits, partage Thomas avant de s'en aller.
Théo aimerait bien croire ce que lui dit Thomas mais malgré toute sa bonne fois il n'y parvient pas.
Déterminé à s'accorder une dernière séance de recherches acharnées, Théo est resté cloîtré dans son bureau au commissariat pendant la totalité de la nuit. Avec pour seul compagnon Wifi, le bulldog de sa mère qu'il garde certains week-ends lorsqu'elle n'est pas à la maison - et vu qu'elle a récemment décidé de faire le tour du monde, Wifi risque de rester longtemps dans leur demeure.
Ce chien tire son nom des disparitions plus mystérieuses les unes que les autres du wifi dans la campagne où elle vit. Comme si un chien avec un tel nom serait en mesure de capter des ondes, et rétablirait ainsi miraculeusement leur connexion internet. Théo, un tantinet amusé, ne peut s'empêcher de secouer la tête à cette pensée. Additionné à Wifi, son incontournable macchiato provenant du Starbucks d'en face ouvert 24h/24, ne lui fait pas défaut.
— Je n'ai absolument rien vu, je n'ai rien entendu non plus. Je ne sais rien du tout, je veux juste voir mon papa. Laissez moi voir mon papa !! Laissez moi le voir !!
Théo trempe ses lèvres dans sa boisson tiédit par le temps qu'elle a mise sur sa table. Les yeux rivés sur l'enregistrement de l'interrogatoire de sa fille, effectué dix ans plus tôt, à la suite du décès de son père. Des larmes ont finit par rouler le long de ses joues au vue des images qui défilent sous ses yeux. Son cœur s'est fissuré à la vue de la mine arboré par sa fille tout le long de la video. Il a mal ; mal dans son cœur, mal dans sa gorge, mal dans ses membres, mal partout. Il est tellement absorbé par la scène qu'il a faite tournée en boucle depuis plus d'une vingtaine de minutes, qu'il ne remarque même pas Wifi qui court droit dans sa direction et qui s'apprête à lui sauter dessus.