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Chapitres

Olivia Charles, jeune femme de 20 ans, a réussi à reconstruire sa vie en dehors de sa Normandie natale. Contrainte de s’éloigner de sa mère et de son âme sœur Gabriel, il y a six ans, elle doit aujourd’hui revenir sur les lieux de son enfance. Lorsqu’elle retrouve Gabriel, les réponses à ses questions manquent au rendez-vous, mais la passion est toujours aussi palpable. Entre incompréhension et rancœur, amour et peur, Olivia est confrontée à un passé douloureux dont elle devra guérir pour espérer un avenir radieux. Obsessions de Bénédicte Rossi nous plonge au cœur d’une histoire d’amour où s’entremêlent passion, sacrifice et haine. Voyagez avec elle en Normandie et enivrez-vous de ses mots.

Chapitre 1 No.1

Pour Charlotte et Bruno

Manon, Céline, Sébastien, papa,

Et« les Vimos »,

Pour mes êtres chers et précieux qui veillent sur moi de là-haut…

Prologue

Je ne retournerai jamais en enfance, j’y suis toujours resté.

Tristan Bernard

Olivia

Me voilà de retour chez moi en Normandie…

Le voyage a été long. À mesure que j’approchais, cette chape de plomb si familière est revenue se poser sur mes épaules. Lentement, insidieusement, la boule a repris sa place dans mon ventre, comme une vieille amie que l’on retrouve, une sensation si familière…

Je m’appelle Olivia Charles, j’ai 20 ans. J’abandonne ma nouvelle vie en Italie, mes études en art et ma meilleure amie pour retrouver cette vie d’avant, celle de mon enfance.

Là où je suis née, là où j’ai connu l’enfer… Là d’où mon grand-père m’a sauvée.

J’ai longuement hésité avant de réveiller les fantômes du passé. Tellement de souvenirs m’assaillent, les pires prenant le dessus. Mais la vie est ainsi faite : on ne peut pas échapper éternellement à son passé.

Alors me voici, avec ma valise, devant le portillon.

— Courage ma grande… ferme les yeux, respire et fonce !

1

Retour sur mes terres

Nos souvenirs sont le revers de nos espoirs.

Maurice Chapelan

Olivia

Nous sommes fin juin 2021. En cette matinée d’été, l’air est frais. J’aime la douce sensation du vent sur mon visage. Le ciel est d’un beau bleu foncé et le soleil nous réchauffe timidement de cette brise fraîche et iodée. Du plus loin que je me souvienne, j’aimais ces odeurs, ce vent, le bruit des vagues. Mon esprit a tenté de gommer beaucoup de choses pour survivre, mais ça, c’est resté.

Nous avons toujours vécu ici dans « la maison des gardiens », au fond du terrain de ce magnifique manoir normand du début du XXesiècle, appartenant à la famille Cooper. Une petite et typique chaumière normande, avec un toit de chaume et des colombages, pleine de charme et de caractère. Au rez-de-chaussée, une cuisine ouverte sur le salon avec une belle cheminée. Un escalier en bois entre les deux espaces menant à l’étage et desservant sur un long couloir avec trois chambres et une salle de bain. Rien de bien extravagant, mais largement suffisant pour mes parents, ma sœur et moi.

Nous y avons eu des souvenirs heureux. Vraiment. Sur les hauteurs de Trouville, face à la mer. Maison totalement indépendante de la demeure principale. Notre entrée, notre jardin, notre intimité. D’énormes haies séparaient les deux familles. Une petite porte sur le côté nous permettait d’accéder au terrain des propriétaires. Mais j’avais pris l’habitude de franchir la haie à travers les branchages et de retrouver de l’autre côté mon meilleur ami Gabriel. Beaucoup plus fun de traverser la haie que de passer par une porte. Et surtout beaucoup plus discret.

À la fin de ses études, ma mère, Marie, a succédé à sa propre mère au service des Cooper, une famille bourgeoise sur des générations. Depuis 25 ans, elle travaille pour Émilie, Richard et leurs deux enfants Mia et Gabriel, respectivement 20 et 24 ans aujourd’hui. Émilie était une très belle femme, une dame du monde, le vrai cliché. Mais je l’adorais, son parfum, ses sourires me réchauffaient le cœur. Richard était souvent absent. Je n’ai jamais compris son métier, mais il travaillait beaucoup. Quand il rentrait de voyage d’affaires, il ne faisait pas de différence entre ses enfants et nous, les filles Charles. Il nous couvrait tout autant de cadeaux. J’adorais Mia. Elle était ma confidente de cœur, une sœur pour moi. Gabriel… aucun mot ne pouvait décrire notre relation. Un regard pour se comprendre suffisait. Gabriel… mon alter ego, l’ultime pièce du puzzle de mon cœur. Cucul, mais tellement vrai.

Mon père, Roger, détestait tout ça : les Cooper, leurs enfants, leur argent, leur situation. Il méprisait le travail de ma mère et il me haïssait moi d’être proche d’eux. À l’inverse de Richard, Roger était toujours à la maison, à fumer, boire et regarder la télé. Il avait eu un travail. Mais trop de retards, trop d’ivresse et de dérapage, l’usine l’a licencié. À partir de ce jour, mon enfer a commencé. J’avais six ans, je rentrais au CP. Ma sœur, Victoire, de quatre ans mon aînée, était la seule qui trouvait grâce à ses yeux. Nous étions différentes, très différentes à tout point de vue, et nous vivions nos vies chacune de notre côté. Elle collée à mon père et moi à ma mère.

Beaucoup de souvenirs m’assaillent, mais étrangement, au milieu de tous ces sentiments confus, je ne peux m’empêcher de penser à Gabriel, mon inséparable, mon double. À croire que ma vie s’est écrite à deux jusqu’à mes 14 ans. Il avait quatre ans de plus que moi. Il était mon mentor, mon protecteur, celui vers qui je me tournais… En toutes circonstances. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été secrètement amoureuse de lui. Je me suis si souvent demandé l’homme qu’il était devenu. Lui si rêveur, si drôle et attentionné.

J’ai hâte et peur à la fois de le retrouver pour reprendre notre amitié où nous l’avions laissée.

Mais avant toute chose, je dois retrouver ma mère et ma sœur.

« Mes souvenirs se voilent, à l’avant du bateau et ce quai qui s’éloigne vers un monde nouveau – une vie qui s’arrête pour un jour qui commence, c’est peut-être une chance. »1Les paroles de la chanson de Bruel retentissent dans mes oreilles à cet instant précis, comme un écho à ma réalité. Belle coïncidence.

J’éteins la musique sur mon téléphone, je retire mes écouteurs et je pousse le petit portillon.

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