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Les enfants oublié

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Chapitres

Ça les avait tuĂ©s, cette chose les avait tous tuĂ©s et ça allait continuer. Seul un homme pouvait stopper cet ĂȘtre. Cependant, qui Ă©tait cet homme et qui Ă©tait cet ĂȘtre ? InspirĂ© de faits rĂ©els, Les enfants oubliĂ©s est un recueil de nouvelles, d'histoires se dĂ©roulant en majeure partie sur terre, dans un passĂ©, un prĂ©sent et un avenir proche... ou pas.

Chapitre 1 No.1

À la mĂ©moire de Delphine Goux

Poisse

Prologue

Quand maĂźtre Julian s'Ă©tait rĂ©veillĂ© ce jour-lĂ , une forte douleur lui martelait les tempes et ses pensĂ©es se mĂ©langeaient dans sa tĂȘte.

Maßtre Julian, vingt-huit ans, était l'héritier d'une grande maison de style colonial, esclaves inclus. Quelques instants aprÚs son réveil, l'un d'eux était entré dans sa chambre avec un petit pot à la main et put alors voir son maßtre se presser les tempes avec les paumes.

Ayant toujours aussi mal, la vessie vide, celui-ci demanda à son sujet de lui trouver un docteur et un bon thé

Encore Ă  moitiĂ© endormi, maĂźtre Julian buvait son thĂ© en attendant l'arrivĂ©e du mĂ©decin, lorsque soudainement, et dans un Ă©tat second, ThĂ©rĂ©sa, sa sƓur de quatre ans son aĂźnĂ©e, Ă©tait entrĂ©e dans sa chambre. Elle souriait en titubant dans sa direction. Elle portait une toilette des plus aguichantes et son visage Ă©tait rouge, comme si le froid avait frappĂ© sa peau. Sa gĂ©nĂ©reuse, bien qu'artificielle, poitrine, gonflĂ©e par son corset, Ă©tait lĂ©gĂšrement en sueur. MaĂźtre Julian ne pouvait s'empĂȘcher de regarder la partie rose autour de son tĂ©ton qui se dĂ©voilait Ă  chacune de ses respirations. Les yeux de sa sƓur Ă©taient tellement clairs qu'il ne voulait pas les regarder. Aucun doute pour lui, c'Ă©tait bien le parfum de l'absinthe qu'elle portait.

Elle s'était avancée vers Julian, s'était collée à lui et lui agrippait la verge en fermant les yeux, pour ensuite la palper.

MaĂźtre Julian l'avait repoussĂ©e de ses mains mais la bougresse s'Ă©tait accrochĂ©e et lui emportait l'organe Ă  chaque fois qu'il tentait de l'Ă©loigner. Il criait, lui mettait des gifles mais cela ne changeait rien, elle continuait de l'asticoter. Lorsqu'elle avait ouvert les yeux, Julian avait baissĂ© la tĂȘte pour ne pas avoir Ă  supporter son regard. Puis elle avait tournĂ© les talons, quittant de sa dĂ©marche titubante les appartements de son frĂšre.

MaĂźtre Julian essayait de reprendre sa respiration et de comprendre ce qui Ă©tait arrivĂ© Ă  sa sƓur, quand, subitement, une chose le frappa ; il n'avait plus de migraine. Ses pensĂ©es avaient de nouveau un sens et devaient ĂȘtre Ă©crites pour ne pas ĂȘtre oubliĂ©es.

Une heure plus tard, quand son serviteur était revenu avec un médecin, maßtre Julian n'en avait plus voulu, il avait exigé que son valet lui amÚne Thérésa, mais cette derniÚre était restée introuvable.

AprÚs ces mésaventures, la journée pouvait vraiment commencer.

Aujourd'hui et comme tous les jours de la semaine, maßtre Julian n'allait pas travailler. D'ailleurs, il n'allait rien faire d'exceptionnel de sa journée. Le maßtre était l'héritier d'une riche famille, dont le pÚre était considéré comme l'un des plus grands joailliers de la Louisiane. Il avait de beaux, de gros et beaucoup plus de diamants que n'importe qui.

Le pĂšre de son pĂšre avait fait fortune alors qu'il Ă©tait mineur. Selon les commĂ©rages de l'Ă©poque, Papy Kindcold aurait Ă©tĂ© le seul survivant d'un Ă©boulement survenu dans l'une des mines secrĂštes de Pedy Coober. Et pour cause, il Ă©tait malade ce jour-lĂ , et, Ă©tant le dernier mineur en vie, il avait dĂ©cidĂ© de s'approprier le terrain encombrĂ©. Il Ă©tait plutĂŽt bien placĂ© pour savoir oĂč et comment rĂ©cupĂ©rer vraiment beaucoup de diamants et n'allait pas s'en priver.

Aujourd'hui, c'était maßtre Julian qui tenait la boutique et le poids de sa fortune le faisait tomber dans la fainéantise. Il passait ses journées dans des clubs privés, à fumer de l'opium et à parler philosophie avec d'autres bourgeois de sa race.

Ceux qui ne connaissaient pas la famille Kindcold ne pouvaient pas savoir pourquoi chaque matin des douleurs venaient assaillir les tempes de Julian.

Le jour suivant, maĂźtre Julian s'Ă©tait de nouveau rĂ©veillĂ© avec un horrible mal de tĂȘte, il s'Ă©vertuait Ă  dormir pour faire passer le diable, mais rien Ă  faire, il n'y parvenait pas. Il Ă©tait restĂ© une demi-heure dans son lit, avant qu'un de ses laquais lui apporte son pot Ă  pipi du matin. En le voyant arriver, il s'Ă©tait rappelĂ© ce que sa sƓur lui avait fait avant que la migraine ne s'envole.

Il avait alors demandĂ© Ă  n'ĂȘtre dĂ©rangĂ© sous aucun prĂ©texte pendant une dizaine de minutes.

Une fois seul, maĂźtre Julian avait relevĂ© sa chemise de nuit et s'Ă©tait masturbĂ©, assis en tailleur, au pied de son lit Ă  baldaquin, avec son pot urine comme pot Ă  sperme. Ce qu'il faisait l'aidait Ă  s'Ă©claircir les idĂ©es, mais une pensĂ©e subsistait. Elle rĂ©sonnait dans sa tĂȘte mais il ne la comprenait pas.

Il avait essayé de faire disparaßtre cette idée durant toute la matinée et ne pouvait plus penser à autre chose sans sentir que son crùne allait exploser.

Si maßtre Julian voulait redevenir libre de ses pensées, il devait les écouter, mais il ne l'avait encore point fait. Il était sorti de sa chambre, les mains sur le crùne, marchant contre les murs, de son couloir jusqu'à son bureau, pour y prendre une bouteille d'absinthe cachée dans son secrétaire.

Vingt minutes plus tard, il Ă©tait complĂštement raide, comme dans un autre monde. Il dĂ©ambulait parmi les cuisiniers, les domestiques et autres larbins de sa maison. Une voix lui parlait dans sa tĂȘte et la symphonie 909 de Sir Gaspard Dulong s'y jouait Ă©galement.

Il s'Ă©tait masturbĂ© mais cela n'avait pas vraiment marchĂ©. Il avait picolĂ© mais cela n'avait pas noyĂ© la voix. Maintenant, il ne restait plus qu'une personne pour l'empĂȘcher de devenir fou, sa sƓur. Les commĂ©rages de l'Ă©poque laissaient entendre que pour soulager ses maux, maĂźtre Julian la violentait tous les matins.

Le troisiÚme jour, il s'était réveillé en souffrance comme les jours précédents et lorsque son esclave au pot était entré dans ses appartements, il lui avait violemment ordonné de prévenir un docteur. L'esclave avait laissé son maßtre avec les voix qui le hantaient, mais cette fois-ci, celui-ci avait de l'encre ainsi qu'une plume. Moins d'une heure aprÚs, son vassal était de retour avec un médecin, mais le maßtre mentit et dit au docteur ne vouloir seulement que des médicaments contre la veisalgie. Maßtre Julian ne voulait pas que son docteur de l'époque propage des commérages en prétendant qu'un riche héritier était devenu fou.

Julian Ă©crivit ce que la voix lui dictait, parce qu'il ne voulait qu'une seule chose, mais lĂ  encore, il n'obtint pas ce qu'il voulait

Le lendemain, il avait compris que la masturbation, la fornication et l'alcool ne pouvaient pas calmer ce genre de voix, une voix divine. Il avait décidé de l'écouter et de retranscrire ses paroles dans un livre vierge.

Durant plusieurs semaines, il commençait ses journées par ce rituel. Au fils des jours, ses domestiques s'enfuyaient de chez lui, les gens du peuple le traitaient de fou et les riches d'hérétique.

MaĂźtre Julian Ă©tait persuadĂ© que Dieu lui parlait, il avait entrepris de consigner dans un Ă©norme livre toutes ses paroles. Pensant ĂȘtre en train de rĂ©Ă©crire la bible pour un nouveau monde car, il en avait la certitude, celui-ci allait prendre fin, et tout allait recommencer lorsque de jeunes enfants retrouveraient le chemin de la libertĂ© pour devenir des hommes, afin de bĂątir un autre monde.

Un jour, Julian s'Ă©tait levĂ© au plein milieu de l'aprĂšs-midi, sans que son dieu lui parle. Il ne l'avait pas remarquĂ©, mais il avait fini. Plus rien ne devait ĂȘtre inscrit dans son manuscrit. Il avait terminĂ© son Nouveau Testament et savait qu'il devrait le garder secret pour quelque temps.

Il se disait aussi que sa vie pourrait ĂȘtre en danger, l'Ă©poque n'Ă©tait pas prĂ©parĂ©e Ă  accepter un prophĂšte et d'ailleurs, le peuple n'en rĂ©clamait pas. Si ces malheureux avaient oubliĂ© que la fin Ă©tait proche, Julian Kindcold s'en souvenait pour eux, et il avait dĂ©cidĂ© de faire partager ses connaissances aux plus mĂ©ritants.

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« Baisse les yeux », a-t-il dit avec une pointe d'avertissement dans son ton. Elle n'a pas tressailli quand il l'empoignĂ©e Ă  la gorge, au contraire, elle l'a fixĂ© du regard avec un sourire narquois sur ses lĂšvres meurtries. Un geste de dĂ©fi. « Soumets-toi ! », a-t-il grognĂ© contre elle cette fois, frustrĂ© par sa capacitĂ© Ă  l'Ă©nerver au point de vouloir la blesser. « Beaucoup ont essayĂ© Ă  me faire soumettre, mais personne n'a rĂ©ussi, mon compagnon. » Le mot compagnon sonnait comme une moquerie, lui faisant resserrer lĂ©gĂšrement sa prise sur son cou. « Je ne suis pas comme les autres Vera. Je suis ton compagnon. Ton supĂ©rieur. Soumets-toi maintenant ! » « Tu peux toujours essayer. Mais n'oublie pas, tu n'y arriveras jamais. » Il pouvait la terminer avec juste un peu plus de pression sur son cou, aprĂšs tout c'Ă©tait le sort de beaucoup d'autres qui ont osĂ© le dĂ©fier, mais quelque chose dans ses yeux l'arrĂȘtait. Il voulait Ă©teindre ce feu dans ces yeux, les voir retourner au blanc alors qu'il s'enfonçait en elle, les voir le supplier Ă  continuer alors qu'il la niait. Il voulait qu'elle se soumette Ă  lui Ă  tous Ă©gards. Corps et Ăąme Ă  la fois. Il voulait ĂȘtre son protecteur, son bourreau, son dominant, son amant et son compagnon. Tout ! Mais il ne savait pas que sa compagne n'Ă©tait pas une Luna ordinaire qui se soumettrait joyeusement aux caprices et aux besoins de son compagnon. Elle Ă©tait le personnage mystĂ©rieux qu'on appellait tous « le rebelle ». Le protecteur mystĂšre du bien et sauveur des femmes et celui qui rend justice Ă  l'inĂ©galitĂ© crĂ©Ă©e par les hommes. Si seulement ils savaient qu'il Ă©tait une femme. .................................................................. ..

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