Prélude.
Je regarde à travers la vitre de la voiture et un sourire se dessine sur mes lèvres malgré moi en voyant cette maison tandis que la voiture continuait son entrée pour garer dans un coin de cette immense parcelle.
Un long soupire s’échappe de ma bouche une fois que le moteur de la voiture est éteint, non pas un soupire d’aise, de joie ou de bonheur, mais un soupire pour chasser toutes les pensées qui depuis des semaines fourmillaient dans ma tête…
-bonne arrivée entendis-je alors que je descendais de la voiture
Je levais mon regard pour tomber sur celui d’une jeune demoiselle vêtue d’un tablier blanc. Elle devait être Laure, celle qu’on a embauchée pendant mon absence. Elle me paraissait bien jeune pour se livrer à ce genre de travail, mais bon…
-merci répondis-je en faisant mine de sourire
Je restais un moment debout adosse contre la voiture, regardant la porte centrale d’un air rêveur pendant que le chauffeur faisait descendre mes bagages du coffre.
-Tout va bien ? Me demanda la jeune demoiselle me faisant presque sursauter
-oui, tout va bien répondis-je avec un sourire peu force tout en me dirigeant vers mes bagages
-Non laissez je vais faire dit-elle en m’arrêtant dans mon élan
-oui bien sûr fis-je
Elle récupéra les bagages puis se dirigea vers la maison que je fixais le regard vide. Je compris qu’une partie de moi espérait que les choses ici avait change ou plutôt que les gens ici avaient changes, mais non, a première vue rien avait change pensais-je en montant les marches…
-c’est ici votre chambre Madame…
-Jessica… je m’appelle Jessica
-euh…
-et non, ce n’est pas cette chambre que je vais occuper, mais merci tout de même.
Elle me regarda toute stupéfaite
-c’est cette chambre qui a été préparé pour vous…
-sous l’ordre de qui ? Oh, mais quelle question ! Me dis-je a moi-même. Madame ma mère bien sur… Bon mais ce n’est pas tout, mon corps réclame le lit continuais-je de dire sous son regard stupéfait tout en prenant mes bagages
-Madame, la patronne risque de ne pas apprécier et me tiendra pour responsable si ce n’est pas fait comme elle le veut. Vous devez occuper la chambre qu’elle a désigné, qui d’après ses dires est la votre
Je fermais les yeux pommée suivit d’un long soupire.
Oh mon Dieu que suis-je encore venue faire dans cette maison pensais-je …
-t’inquiète pas, je lui expliquerais et elle comprendra fis-je calmement
Elle me regarda l’air pas du tout rassure, je la comprenais la pauvre. Sa patronne gueulait pour peu, et avait horreur qu’on ne suive pas ses consignes ou qu’on ne fasse pas sa volonté, mais il n’était pas question que je dorme dans cette chambre, non… je ne pourrais pas, je ne voulais pas, car elle me rappellerait un tas de chose que j’ai laissé derrière moi, notamment cette nuit que je croyais être la plus belle de ma vie dans les bras de cet homme que j’aimais tant et en qui je cru apercevoir dans les yeux l’amour, un amour profond.
Cette nuit que je croyais être mémorable et le début d’une belle histoire d’amour. Mais comme je me trompais, comme je me trompais !!!!
Je ne pus m’empêcher de poser ma main sur mon ventre et de le caresser tout doucement… ce ventre ou se trouva ce petit être que je chérissais et à qui je parlais tous les soirs comme s’il pouvait m’écouter, me comprendre…
-Avez-vous besoin de quelque chose d’autre ? demanda Laure me ramenant à l’ instant présent
-non répondis-je en enlevant mes talons que je déposais près de mes bagages. Je vais juste prendre une douche et me reposer
-d’accord, toutefois, si vous avez besoin de quelque chose, je suis dans la cuisine avec tantine Nadine…
Je ne l’écoutais presque plus et me dirigeais vers la douche après avoir récupéré ma serviette et la tenue dont je me vêtirai.
J’eus une soudaine envie de pleurer, mais je refoulais toute larme et prenais mon bain. Apres cela, j’eus bien envie de me reposer mais je n’arrivais pas à fermer l’œil, je n’avais pas sommeil, pourtant je n’avais presque pas dormi ces derniers jours.
Je prenais donc un bouquin et continuais ma lecture à la page ou je m’étais arrêtée…
Plus de dix minutes plus tard des voix se faisaient entendre dans la maison, mais il y’avait bien une voix qui dominait et qu’on entendait le plus, celle de ma mère qui ne cessait d’hausser le ton… Juste parce que j’ai choisi une autre chambre que celle qu’elle a désigné ? Non mais c’est vraiment ma mère ça !!!
-Jessica tu peux me dire pourquoi t’es dans cette chambre plutôt que l’autre ? Gueula-t-elle en ouvrant la porte avec force. C’est bien ta chambre la bas, celle que tu occupais quand tu étais ici
-quel accueil chaleureux, douce mère! Ça me va droit au cœur fis-je ironique… salut maman, je suis aussi contente de te voir continuais-je en rabaissant mon livre sans pour autant bouger
Elle soupira puis avança vers le lit.
-comment vas-tu ?
-bien, je m’attendais a te voir à l’aéroport au moins cette fois ci dis-je d’un ton neutre en faisant celle qui se replonge dans la lecture
-j’étais occupée au bureau, je l’ai pourtant dis a Vivien (le chauffeur). Je lui ai demande de te dire que je ne pouvais plus venir
-oui, il a transmis le message alors que je me dirigeais vers la voiture avec un large sourire pensant te voir fis-je en rabaissant a nouveau le livre avec un sourire tout faux, mais a la place c’est Monsieur Vivien que je vois
-……..
-tu as préféré assister à tes nombreuses réunions, ou on pouvait se passer de toi que de venir prendre ta fille que tu n’as pas vu pendant …
-tu ne vas pas commencer avec ça Jessica, tu n’es plus une petite fille a ce que je sache…
-qu’est-ce que ça change ? Même petite tu n’as jamais ete là. Quand tu t’impliques dans quelque chose ou es présente un malheur s’en suit.
Elle me regarda sévèrement, mais je ne m’arrêtais pas pour autant
-c’est bien ce qui s’est passe il y’a dix ans n’est-ce pas ?
-la table sera prête dans dix minutes, ton père et ton frère seront bientôt la dit-elle l’air de rien en se levant du lit avant de sortir de la chambre sans rien ajouter de plus.
Je regardais la porte qui venait de se refermer derrière elle me demandant comment je ne suis pas arrivée à détester cette femme malgré tout ce qu’elle a fait. Peut-être parce que c’est ma mère et que dans la vie, on en a qu’une ? Je ne sais pas…
Dix ans, dix bonnes années que j’avais quitté ce pays pour l’Italie que je prenais comme étant un nouveau départ. Cela m’a en quelque sorte aide à tourner la page, aller de l’avant, mais croyez-moi les amis, il y’a toujours quelque chose qui malgré le temps écroulé demeure en nous et qui malgré le temps ne s’efface pas...comme: la perte d'un enfant.
Mon nom est Jessica Charleine Ebonda et je vais vous faire part de mon histoire à travers les chapitres qui suivront.
Chapitre 1.
Toc toc ctoc
-oui c’est ouvert dis-je
-ouais mais ce n’est pas tout le temps qu’on doit venir frapper a ta porte pour te dire que les parents sont là ?
-……
-tu es pourtant consciente qu’ils viennent à 21 heures, mais non, tu préfères rester dans ta chambre comme une princesse pour qu’on te fasse appelle. Sache que c’est lassant de monter les marches Jessica
Je regardais ma petite sœur Magalie sans rien dire. Souvent je préfère garder le silence que parler inutilement. Ce n’était que la deuxième fois en l’espace de trois semaines qu’elle était venue m’appeler pour me prévenir de l’arrivée des parents et c’est pour cette raison qu’elle parle mal comme si c’était tous les jours qu’elle le faisait.
D’habitude c’est le cuisinier qui m’appelle ou tout simplement le son du moteur de la voiture qui m’alerte que les parents sont arrivés, mais là je ne pus rien entendre surement parce que j’écoutais la musique. En fait, maman nous voulait toujours au salon quand ils arrivaient et trente minutes plus tard on passait a table.
Je déposais mon bouquin sur le lit et me dépêchais d’aller regagner le grand salon. Je trouvais mon frère Xavier qui est l’aine et Magalie deja installe.
Quelques minutes plus tard, papa fit son entrée.
-bonsoir les enfants dit-il en regagnant le fauteuil ou il se déchaussait
-bonsoir papa répondit –on alors que Magalie continua en demandant : et ta journée au boulot elle a été?
-oui juste un peu fatigante, mais ça été en générale. Bon je vais prendre une douche dit-il en se levant
Comme toujours, ce petit échange était comme des formalités avant qu’il ne regagne sa chambre pour en ressortir soit avec sa femme quand celle-ci arrivait pendant qu’il est encore dans la chambre. Il arrivait qu’il nous rejoigne bien avant au salon, mais c’était des cas rares.
Peu de temps après maman arriva, ce fut le même échange qu’avec papa puis elle monta. C’était parti pour dix minutes ennuyeuses ou j’étais contrainte de regarder les infos. Magalie elle, tchatchait surement vu comment elle tapait si rapidement sur son clavier et Xavier lui écoutait la musique.
C’est comme ça ici, il n’y a pas de dialogue entre nous. Autrefois j’essayais toujours de dire quelque chose histoire de faire la conversation ou de discuter un peu entre nous mais rien, c’était visible que je forçais les choses et donc je finis par abandonner.
-bon appétit
-merci, pareillement
Silence pendant un bon moment…
-la famille Beauchamp a appelé aujourd’hui pour les papiers. Tu n’as pas envoyé apparemment maman dis-je
-oh mince! C’est vrai, sa femme avait pu me joindre ce midi mais j’ai encore oublie. Roh mais elle peut bien attendre qu’on arrive sur place hein, je ne comprends pas pourquoi elle me met la pression comme ça. Pfff
-………
-en fait tu sais quoi ? Tu vas t’en charger, je suis tellement prise que je n’ai pas le temps pour ça, je risquerai encore d’oublier de le faire et je ne veux pas qu’elle rappelle un fois de plus pour ca
-d’accord maman
Le reste du diner, rien de spécial ne fut dit, quand ça parlait ce n’était que sur l’actualité et de temps en temps des commentaires sur le journal qui passait. Je déteste en fait ce moment, c’est si nul…
Les weekends end les quelques fois ou ils rentrent vers 19 heures ou même avant. Ils vont dans leur chambre se reposer et quand ils redescendent nous sommes tous devant la télévision en train de regarder les infos, le journal.
Je me souviens qu’a l’âge de huit ou neuf ans, maman me blâmait quand je regardais les desseins animes.
-tu peux me dire ce que tu apprends en regardant des trucs pareils ? Ça ne t’ajoute aucun plus, aucune connaissance disait-elle en mettant une chaine sur l’actualité, des infos ou documentaires.