Madeleine, Jeanne, Louise, Hannah sont des femmes mĂ©ritantes qui nous portent de la fin du XIXe siĂšcle jusqu'Ă nos jours. Elles nous ouvrent la porte du fĂ©minisme dans leur lutte durant les deux premiĂšres guerres mondiales. Elles nous prouvent que les femmes sont capables d'apprendre comme les hommes et qu'elles savent se dĂ©passer mĂȘme dans les Ă©preuves physiques trop souvent rĂ©servĂ©es aux hommes. Elles se laissent aller Ă l'Amour, aux sentiments et aux tromperies mais toujours avec une finesse fĂ©minine. Ă PROPOS DE L'AUTEUR Outre les sports nautiques et la moto, MaĂŻtĂ© Dao Gonzalez se passionne pour la littĂ©rature sans prĂ©fĂ©rence de genre. Depuis son plus jeune Ăąge, elle rĂ©dige des poĂšmes et des romans dont le premier Ă©ditĂ© est Le roi Georges. Bien qu'ayant fait des Ă©tudes littĂ©raires, elle a Ă©tĂ© infirmiĂšre pendant toute sa vie professionnelle. Elle peut enfin assouvir son amour pour l'Ă©criture Ă la retraite.
La journĂ©e avait Ă©tĂ© chaude en cette fin de mois d'aoĂ»t. Ă Uzerche, les cloches avaient sonnĂ© ce matin pour marier Madeleine Verlhac et Ămile Moreau.
Les deux jeunes gens se connaissaient depuis longtemps. Elle venait de la Haute-Vienne et lui Ă©tait natif d'Uzerche oĂč ses parents Ă©taient des notables.
Madeleine Ă©tait une douce jeune fille. Elle avait grandi dans sa famille, au milieu de sept enfants. Le pĂšre Ă©tait charpentier et la mĂšre avait fort Ă faire avec toute sa marmaille. Ă cette Ă©poque, les filles Ă©taient vite mariĂ©es, surtout lorsque la famille Ă©tait nombreuse. Une bouche de moins Ă nourrir, c'Ă©tait toujours mieux. Elle Ă©tait blonde et avait les cheveux frisĂ©s. Ses yeux bleus et sa bouche en bouton de rose la faisaient ressembler Ă une poupĂ©e de porcelaine. Elle Ă©tait grande et avait une Ă©lĂ©gance naturelle. Elle n'avait que douze ans lorsqu'Ămile l'avait vu pour la premiĂšre fois.
Ămile habitait Uzerche. Son pĂšre Ă©tait un mĂ©decin reconnu et sa femme le secondait en Ă©tant infirmiĂšre Ă ses cĂŽtĂ©s. Ils avaient trois enfants : Simone, leur fille aĂźnĂ©e, Ă©tait dĂ©jĂ mariĂ©e et maman de deux bambins, habitait Ă Brive et avait Ă©pousĂ© un notaire beaucoup plus ĂągĂ© qu'elle. Jean, leur premier fils, avait dĂ©cidĂ© de s'engager dans la marine. Ă ce jour, il n'Ă©tait pas revenu Ă la maison depuis un an, et Ă©tait quelque part en mer sur un patrouilleur pour assurer diffĂ©rentes missions de souverainetĂ© dans les eaux intĂ©rieures et dans le domaine maritime. Mais depuis la PremiĂšre Guerre, le rĂŽle de l'armĂ©e Ă©tait surtout de gĂ©rer l'immigration et parfois le terrorisme. Il ne rentrait pas souvent en permission. Ămile, leur troisiĂšme enfant, avait Ă©tĂ© un enfant espiĂšgle. Il n'aimait pas trop l'Ă©cole et c'est pourquoi, il avait dĂ©cidĂ© de partir en apprentissage Ă Saint-Germain les Belles. Il voulait ĂȘtre charpentier et avait trouvĂ© un patron qui n'Ă©tait autre que le pĂšre Verlhac.
On lui avait amĂ©nagĂ© une chambre dans la remise au-dessus de l'atelier. Du haut de ses dix-sept ans, il se sentait dĂ©jĂ un homme. Il se retrouvait seul Ă devoir gĂ©rer sa nouvelle vie. Il ne rentrait chez lui que tous les quinze jours. Avec son petit salaire, il s'Ă©tait payĂ© un vĂ©lo et pouvait ainsi avaler les vingt-cinq kilomĂštres qui le sĂ©paraient de ses parents. Sa journĂ©e dĂ©marrait trĂšs tĂŽt le matin. AprĂšs un solide petit dĂ©jeuner pris avec son patron, ils partaient et travaillaient jusqu'Ă la tombĂ©e de la nuit. Le dimanche, pour sa journĂ©e de repos, il restait avec la famille Verlhac. Il les accompagnait Ă la messe et partageait ensuite leur repas. En gĂ©nĂ©ral une poule au pot ou un bon poulet grillĂ©, que la mĂšre Verlhac avait nourri et engraissĂ© pour le repas du dimanche. Ămile avait trĂšs vite sympathisĂ© avec Madeleine. Elle n'avait que douze ans mais Ă©tait dĂ©jĂ grande pour son Ăąge. Elle Ă©tait aussi douce que lui avait Ă©tĂ© espiĂšgle. Il s'arrangeait toujours pour s'asseoir Ă cĂŽtĂ© d'elle, que ce soit Ă la messe ou Ă la maison pour le repas.
Madeleine allait Ă l'Ă©cole, mais elle aidait aussi beaucoup sa mĂšre Ă la maison. Elle avait appris trĂšs tĂŽt Ă tricoter et Ă coudre. Elle ne restait jamais sans un ouvrage entre les mains. Les annĂ©es passant, elle avait fait de ses mains une Ă©charpe qu'Ămile ne quittait jamais, mĂȘme en Ă©tĂ©. Petit Ă petit, ils s'Ă©taient rapprochĂ©s et s'Ă©taient fait le serment de se marier lorsqu'elle aurait dix-huit ans. Du coup, Ămile mettait du cĆur Ă l'ouvrage et devint trĂšs vite un bon ouvrier. Le pĂšre Verlhac le considĂ©rait comme son propre fils et voyait malgrĂ© tout d'un bon Ćil le rapprochement des jeunes gens. Le soir, ils en parlaient avec sa femme et faisaient dĂ©jĂ des grands projets pour le jeune couple. Bien sĂ»r avec sept enfants il valait mieux les voir partir le plus vite possible, mais Madeleine Ă©tait la plus douce et la plus proche de sa mĂšre. Celle-ci se sentait un peu triste Ă la pensĂ©e de voir sa petite fille vouloir partir si vite. Mais la vie va ainsi.
Comme prĂ©vu, Ămile avait fait sa demande en mariage au pĂšre Verlhac dĂšs les dix-sept ans de Madeleine. Des fiançailles avaient Ă©tĂ© organisĂ©es Ă Saint-Germain les Belles. La prĂ©sentation des deux familles s'Ă©tait bien passĂ©e. Il Ă©tait convenu qu'ils attendraient un an et que le mariage aurait lieu Ă Uzerche. Madeleine aurait le temps de prĂ©parer son trousseau, des draps avec ses initiales, des nappes, des serviettes de table. Elle pourrait coudre des serviettes en Ă©ponge et aussi des torchons. Sa marraine lui avait promis de lui donner un service de table, des assiettes creuses, plates, des assiettes Ă dessert, des plats de service, des saladiers. La mĂ©nagĂšre serait offerte par la famille d'Ămile. Elle allait coudre aussi sa chemise de nuit pour la nuit des noces.
La robe de la mariée était selon la coutume une robe déjà utilisée par une autre jeune fille auparavant. C'était celle de sa cousine qui s'était mariée un an plus tÎt. Sa mÚre ferait les retouches et lui redonnerait un peu de fraßcheur. C'était une robe blanche en dentelle délicate. Selon la mode du moment, elle arrivait à mi-mollet, était droite avec une taille basse. Elle avait rajouté une ceinture sur laquelle elle avait cousu une grosse fleur en soie au niveau de la hanche. Elle avait voulu un chapeau cloche. La mode qui était venue de Paris montrait sur les magazines ces nouveaux chapeaux que toutes les jolies Parisiennes portaient pour sortir de chez elles. Tout lui allait à ravir, une jolie petite mariée, que tout le monde avait applaudie à la sortie de l'église Saint-Pierre
Ămile portait un costume selon la mode, un pantalon large lĂ©gĂšrement resserrĂ© aux chevilles, une veste cintrĂ©e de couleur grise et surtout un magnifique « Fedora », ce chapeau de feutre Ă larges bords que portaient les mafieux. De sa haute taille, il dominait sa fragile jeune Ă©pouse. Ils formaient un couple magnifique.
VoilĂ , c'Ă©tait fait. Ils Ă©taient mari et femme. Ils allaient pouvoir rejoindre leur nouveau logis. La journĂ©e avait Ă©tĂ© magnifique, tout le monde avait bien mangĂ©. Les deux mĂšres avaient fait des merveilles. La mĂšre Verlhac avait gavĂ© des canards pour en faire des confits, elle avait prĂ©parĂ© des pĂątĂ©s de porc, du boudin et des saucissons. Ses garçons avaient pĂȘchĂ© des truites qui avaient Ă©tĂ© farcies et cuites longuement dans l'Ăątre. Madame Moreau avait prĂ©parĂ© plusieurs tartes de lĂ©gumes en accompagnement. Il y avait eu un Ă©norme plateau de fromage. La piĂšce montĂ©e avait Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e par le meilleur pĂątissier d'Uzerche. Tout avait Ă©tĂ© dĂ©vorĂ© dans la joie et la bonne humeur. Pour terminer le repas, les hommes avaient bu la goutte et fumĂ© le cigare, pendant que les femmes discutaient entre elles dans le jardin. Les plus jeunes enfants couraient et criaient leur joie. Les jeunes mariĂ©s ne cessaient de se dĂ©vorer du regard. Ămile n'avait qu'une hĂąte : prendre Madeleine dans ses bras et dĂ©couvrir sa jeune Ă©pouse. Jusqu'Ă prĂ©sent, ils n'avaient Ă©changĂ© que de chastes baisers et se promenaient main dans la main seulement avant la tombĂ©e de la nuit. Ămile avait fait sa cour comme ça se faisait en ce temps-lĂ avec beaucoup de prĂ©venance et d'amour naissant.
L'accordéon avait joué trÚs tard dans la nuit. Les enfants s'étaient endormis. La douce moiteur de la nuit d'été envahissait tous les esprits. Il était temps pour tous de rejoindre ses pénates.
Chapitre 1 Août 92
27/12/2023
Chapitre 2 La vie de couple
27/12/2023
Chapitre 3 192
27/12/2023
Chapitre 4 Cinq années de bonheur
27/12/2023
Chapitre 5 1933
27/12/2023
Chapitre 6 Les années d'avant-guerre
27/12/2023
Chapitre 7 Les années de guerre, 1940
27/12/2023
Chapitre 8 La cache, 1942
27/12/2023
Chapitre 9 Confidences
27/12/2023
Chapitre 10 1943
27/12/2023
Chapitre 11 Tristesse et bonheur
27/12/2023
Chapitre 12 1944
27/12/2023
Chapitre 13 Lent retour Ă la normale
27/12/2023
Chapitre 14 Le dossier
27/12/2023
Chapitre 15 Retrouvailles
27/12/2023
Chapitre 16 Projets d'avenir
27/12/2023
Chapitre 17 Tout va trĂšs vite, 1947
27/12/2023
Chapitre 18 Nouvelle vie, 1947
27/12/2023
Chapitre 19 Les vies en parallĂšle
27/12/2023
Chapitre 20 1948
27/12/2023
Chapitre 21 Malédiction
27/12/2023
Chapitre 22 Débuts d'année tourmentés
27/12/2023
Chapitre 23 Patience
27/12/2023
Chapitre 24 Révélations
27/12/2023
Chapitre 25 1953
27/12/2023
Chapitre 26 1955
27/12/2023
Chapitre 27 ĂtĂ© 1956
27/12/2023
Chapitre 28 Souvenirs
27/12/2023
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