En hommage à Jean-François Willems, lâchement assassiné à la gare de Mons le 25 juin 2018, fils de mon amie Delphine, et à Pierre assassiné à Saint-Hilaire du Harcouët le 20 novembre 2017, ainsi qu’à toutes les personnes disparues et assassinées…
La confiance ne se demande pas, elle se mérite. Si l’on veut l’acquérir, il faut être vrai dans ses paroles et ses actions, car l’authenticité est la clef de l’humilité…
Joëlle Laurencin
Amanda flâne dans Brookfield place d’un pas lent, tout en regardant les vitrines des magasins, Noël approche, et cette période la rend toujours un peu nostalgique, son petit village lui manque.
Les décorations réalisées par les élèves de son ancienne école primaire, le sapin qui trône au milieu de la place du village entouré de quelques petits chalets, où l’on vend une multitude de choses artisanales et les chants de Noël que diffusent de petits haut-parleurs dans les rues avoisinantes.
Elle n’y retourne que rarement pour rendre visite à sa mère.
Habitant maintenant dans la banlieue très prisée de Brooklyn, dans un ancien entrepôt industriel transformé en trois luxueux appartements. Amanda n’est pas son vrai prénom, ni même Donalson son nom de famille d’ailleurs.
Elle avait choisi de porter le nom de famille de jeune fille de sa mère et Amanda est son deuxième prénom.
À tout juste 21 ans, elle a rencontré Matthew, un entrepreneur très influent dans le village de Newtown dans le Connecticut.
Elle avait grandi dans un petit village, sans père, car il était mort très tôt, sa mère avait fait de son mieux pour leur permettre, à elle et à Lola, sa sœur, de ne manquer de rien. Mais quand Matthew était entré dans sa vie à coup de fleurs, restos chics, belle voiture et cadeaux, elle avait vite succombé à la tentation d’une vie plus luxueuse.
Il a su, dès le départ, trouver les mots pour séduire Amanda, le type même du prince charmant attentionné, qui comble toutes les attentes d’une femme.
Sa mère et sa sœur étaient elles aussi tombées sous son charme, le trouvant adorable.
Malheureusement, le rêve avait vite laissé place au cauchemar.
Le lendemain de leur lune de miel, Matthew avait déjà un rendez-vous dans un restaurent à quelques kilomètres de leur hôtel sur l’île d’Hawaï.
Cela aurait dû lui mettre la puce à l’oreille, si à peine quelques heures après leur mariage il préférait voir un potentiel client plutôt que de rester avec sa jeune épouse.
Après cela, la situation n’avait pas vraiment évolué, il s’absentait plusieurs jours pour son travail, invitait des collègues ou futurs clients chez eux à dîner. Souvent, il débarquait avec eux sans même prévenir Amanda au préalable, libre à elle de se débrouiller pour leur préparer de quoi manger tout en donnant une bonne impression et leur concocter un dîner somptueux. Pas question de faire un sandwich ou des pâtes !
Il lui rendait la vie infernale, de l’extérieur et devant les autres personnes rien n’y paraît, il reste adorable.
Il avait la critique facile, toujours en finesse faisant tourner cela avec humour et dérision.
Elle devait être aussi, en toute circonstance et peu importe l’heure, de bonne condition et prête à recevoir.
Elle avait l’impression de n’être là que pour faire bonne figure et d’être un trophée au bras de Matthew.
On lui adressait très peu la parole et quand ce fût le cas, son mari répondait à sa place.
Il mentait en permanence pour se faire valoir, être admiré et aimé par son entourage.
C’est cela qu’il cherchait avant tout, il s’attribuait même les mérites de sa femme. Par exemple pour la décoration de leur maison, Amanda avait passé des jours entiers à rechercher comment mettre en valeur certaines pièces et lumières et Matthew avait affirmé avoir tout choisi dans la maison, du tapis au lustre devant des invités lors d’une réception.
Amanda n’avait pas osé le reprendre.