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Édouard
Petit à petit, la pénombre gagnait la pièce. À 16 heures, le ciel bas et crasseux de novembre n’accordait aucun répit au jour finissant. Malgré l’immense porte-fenêtre donnant sur le parc, la grande chambre sombrait dans l’obscurité. Les épaisses tentures, les boiseries patinées, le parquet à chevrons, les tableaux aux cadres dorés, confisquaient le peu de lumière s’infiltrant encore dans l’endroit.
En face d’une imposante commode en bois de rose, au fond d’un lit Louis XV, Édouard Chantegros, grand capitaine d’industrie, achevait doucement sa vie. Terrassé par un cancer du poumon en phase terminale, c’est à peine si on le devinait, enfoui au milieu des oreillers et des couvertures. Très amaigri, les traits creusés, ses mains décharnées reposaient sur une sorte de sous-main installé devant lui. La perfusion plantée dans son bras et les minces tubes transparents l’alimentant en oxygène accentuaient encore cette impression de délabrement.
Deux jours plus tôt, une réunion de famille, convoquée par ses médecins à la clinique où il séjournait encore, statuait sur la conduite à tenir. Les plus grandes sommités locales l’avaient opéré, puis soigné du mieux qu’ils pouvaient, mais la maladie gagnait le combat.
Dans la salle de la clinique, son épouse Henriette, belle femme distinguée et élégante malgré les circonstances, sa fille Chloé, et ses deux fils Damien et Guillaume attendaient impatiemment les médecins. Ils arrivèrent un peu en retard, et la mine sombre que tous trois affichaient n’augurait rien de bon. Ayant gravement salué la famille, le chirurgien prit la parole, sur un ton calme mais déterminé. Il annonça que deux options s’offraient encore : soit une nouvelle opération, mais qui, compte tenu de l’avancement de la maladie, confinait à l’acharnement thérapeutique avec des chances de réussite presque nulles, soit augmenter jour après jour les doses de calmants, et, malheureusement, laisser la nature achever son œuvre destructrice. Les trois médecins se levèrent ensemble, enjoignant la famille à délibérer seule, mais Henriette, femme forte s’il en est, leur intima de se rasseoir.
Elle déclara alors que sa décision était prise, Édouard serait reconduit chez lui, et demanda aux médecins de tout faire pour limiter ses souffrances. Les enfants acquiescèrent, jamais aucun d’entre eux n’aurait osé s’opposer à la volonté de leur mère, a fortiori en ce triste moment.
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