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Divorcée et mariée à un chef de guerre
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Le retour de l'héritière adorée
Une danse avec trois princes
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Le retour de l'héritière délaissée
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Les regrets de mon ex-mari
L'épouse en fuite du PDG
25 avril
Avril éblouissant. Éclats de jour par la fenêtre. Mon regard est posé sur les couleurs claquantes du jardin. Tulipes jaune pétillant, orange craquant, rouge vibrant. Les couleurs deviennent des points dansant devant mes yeux à force de les regarder. Puis je ne les vois plus, mes yeux clairs fixés sur le petit jardin de mes parents ne voient plus rien, je rêve et j’écoute mon cœur chargé d’émotion. Sa puissance m’intrigue. Je me sens nerveuse et excitée. Les deux à la fois. Terriblement tirée vers autre chose. Ça vient. Ça arrive. Il faut que je bouge, il faut que je m’extraie de cette immobilité, il faut que je me prépare.
J’ai passé l’après-midi à attendre ce moment, assise dans le canapé du salon, à essayer de lire, sans succès, la tête tellement prise à la perspective de la soirée qui s’annonce que je n’ai pas pu me concentrer. Je suis restée à rêver, le regard vide, posé sur le jardin et ses couleurs vives. J’ai attendu des heures. Maintenant, c’est là. Le soir tombe. Il est temps. Je fais un effort énorme pour bouger, pour m’extraire de l’immobilité, mais dès que les bras bougent, le corps suit, et maintenant il court presque, le cœur bat comme un gong, enfin, enfin ! Je sors du salon où j’ai passé les dernières heures, je monte quatre à quatre les marches entre le salon et la salle à manger que je traverse presque en courant, puis le petit hall de l’entrée, et enfin l’escalier étroit qui mène aux chambres. Je grimpe l’escalier, et en haut, au premier étage, sur le petit palier, enfin ma chambre.
Fermer la porte, ouvrir la fenêtre, il fait trop chaud, j’étouffe. Ouf, un peu d’air. Je me jette sur mon lit, je laisse mon cœur se bousculer contre les parois de ma cage thoracique, boum boum boum, allez, lâche-toi, je vais pouvoir enfin être heureuse, la soirée arrive. Je m’allonge sur ma couette en broderie anglaise blanche, j’étire mes bras et mes jambes, et je regarde les rayons du soleil qui se jettent sur les murs bleus. L’air et le bruit ont fini de me réveiller, je me lève et je commence à me préparer.
Je m’active, de plus en plus excitée. J’allume la radio… hmm les tubes du hit-parade : Être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile.J’adore ces paroles de la chanson de Cookie Dingler. Ça me fait rire, mais je ne suis pas sûre que cela s’adresse exactement à moi. Est-ce que je suis une femme libérée ? Je suis à peine une femme, juste une très jeune femme de 21 ans qui se prépare à sortir ce soir…
Je regarde le macho qui dort à côté de moi… Non, je ne ramène pas des machos dans mon lit comme dit la chanson, mais oui, je me sens libérée dès que je sors de chez mes parents où je vis encore, et surtout dès que je vais danser.
Elle rentre son ventre à chaque fois qu’elle sort.Ce soir, je sors et contrairement à Cookie Dingler je n’ai pas besoin de rentrer mon ventre, je suis tellement mince.
« Je dois être belle ce soir. »
« Allez, ma jolie robe, viens sur moi que je voie comment tu me rends belle : tu as une belle couleur rose, ça me va bien au teint, j’aime ton tissu de taffetas, c’est beau. J’aime comme tu prends bien ma taille, et mes seins, et le fourreau bien ajusté, et le nœud derrière. Hmm mon beau miroir, qu’est-ce que tu en penses ? Ça va. C’est réussi. Je n’aurai pas l’air trop misérable ce soir. »
Je me regarde dans le miroir de ma penderie, et je suis satisfaite du résultat : ma jolie robe de soirée bustier en taffetas rose est du plus bel effet, je suis assez jolie !
« Maintenant, au maquillage : un peu de poudre matifiante, un trait de crayon noir le long des yeux, ah mes beaux yeux bleus, très clairs, presque transparents ! j’adore, du gloss brillant sur les lèvres, et dans mes cheveux, une barrette pour les ramener sur le dessus de ma tête comme le fait Madonna. Ça prend forme. Bon, qu’est-ce que j’oublie ? Des chaussures : des escarpins vernis noirs, mon mini sac à main, et hop ! je fourre dedans mes cigarettes, le briquet, le permis de conduire et les clés de la maison. Je suis comme Cendrillon qui se rend à son bal, je suis aussi excitée qu’anxieuse ! Mais Cendrillon est une idiote qui a besoin d’une fée marraine et moi, je n’ai pas de fée dans ma vie. Je me débrouille toute seule comme toujours. Je ris intérieurement. Il n’y a pas de fée ni de prince charmant. »
Être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile
Ainsi prête, je descends à la cuisine où je sais que se trouve ma mère. J’ai prévu de lui emprunter sa voiture, ce qui est courant chaque fois que je sors, et donc lui demander les clés. Maman préfère nous prêter sa voiture plutôt que de nous laisser véhiculer par n’importe qui, une précaution que j’apprécie aussi. Je lui demande : « Maman, où sont les clés de la voiture ? »
Elle me dit : « Sur le meuble de l’entrée. Tu pars bientôt ? À quelle heure est-ce que tu rentres ? »
Trop de questions. Ça m’ennuie. Je réponds du bout des lèvres : « Je ne sais pas, m’man, mais c’est sûr, je rentre tard. » Je prends les clés, le cœur battant, j’ouvre la porte de la maison et je m’en vais. Il est 19 h 30, c’est ma dernière grande soirée à l’école, et j’ai bien l’intention d’en profiter.
Je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer, probablement au petit matin, ou alors je ne rentrerai pas, je dormirai chez mes amies Mathilde ou Clémence, que je retrouve ce soir ; je le fais souvent après les fêtes partagées ensemble ; mais je n’ai pas envie de le dire à ma mère, elle poserait trop de questions, elle se ferait peur toute seule, elle aurait peur que ce ne soit pas vrai et que je reste dormir n’importe où et elle va me stresser avec cela. Je n’ai aucune envie de discuter avec elle, ni maintenant ni un autre jour, j’ai l’impression qu’elle ne m’écoute pas et ne me fait pas confiance, et bien sûr cela m’énerve énormément. J’ai 21 ans, je suis libre, mais je suis aussi plutôt calme, assurée et raisonnable, et je ne me mets jamais dans des situations qui seraient hors de mon contrôle. Je suis capable de me lancer dans des projets qui semblent extravagants pour ma pauvre mère, mais qui ne sont finalement que des projets de mon âge et de mon époque. Au fond, ce qui est difficile à comprendre pour ma mère, c’est que je puisse agir de ma propre volonté, sans être chapeautée par un frère, un père ou un petit ami.
Je monte dans la voiture de maman garée devant la maison. Je mets les clés dans le démarreur et prends la route. J’ai à peine une heure de trajet, un trajet que je connais par cœur. Pendant que je conduis, toutes les images et les sensations des trois dernières années passées à l’école me reviennent vivement en mémoire. J’ai profité à fond, pendant mes études, de toutes les soirées de l’école : les grandes soirées prestigieuses, et les petites, les toutes petites soirées du mercredi soir où j’ai adoré aller danser. L’école m’a révélé à quel point j’aime m’amuser et surtout danser, une image qui n’était pas du tout la mienne lorsque je suis arrivée là, il y a 3 ans, fraichement issue de mes concours ; bien placée au classement, j’ai eu immédiatement la réputation d’une bucheuse, d’une forte en maths, d’une première de la classe. Et cette réputation traîne derrière elle des relents de fille intelligente, mais ennuyeuse ; et même souvent de fille moche ; mais là, ce n’était pas le cas, car je suis mince et jolie. On venait me voir pour me demander de travailler avec d’autres camarades, pour participer à leurs projets pour avoir les meilleures notes possibles, mais pas pour sortir et s’amuser.
J’ai eu du mal à me faire de vraies amies, comme Mathilde et Clémence et Anaïs et Nina. Au début, j’étais tout le temps abordée par toutes sortes de personnes, en général pour des demandes de conseils sur les cours ; je répondais gentiment, mais après c’était fini, la relation ne durait pas, je ne revoyais jamais les personnes. J’ai même été abordée pour passer des examens à la place d’un autre élève ! Incroyable ! J’ai été choquée, jamais je n’avais vu cela. Bien sûr, j’ai refusé. Petit à petit, je me suis forcée à ne plus répondre favorablement aux demandes, je me suis enfoncée dans le suivi de mes cours qui me passionnaient. J’ai rencontré mes amies en cours, un peu par hasard : Mathilde, sur un projet de marketing, en travaillant ensemble, nous avons a flashé l’une sur l’autre, que de fous rires nous avons eus ! Clémence et Anaïs sont des amies de Mathilde et nous avons rapidement formé un groupe de 4 amies, et nous avons fait en sorte de nous inscrire dans les mêmes cours. Clémence affectionne les cours d’audit, Anaïs les cours de droit.
Les soirées de l’école me reviennent en tête avec une forte nostalgie : les Rita Mitsouko, Indochine, Téléphone, Mickaël Jackson, U2 et Madonna m’ont fait vibrer tous les mercredis pendant trois ans, et ce soir, la musique et l’ambiance survoltée de ces soirées étudiantes résonnent encore dans ma tête. J’ai aimé danser, danser, encore danser, j’ai aimé me laisser porter par la musique, sentir les vibrations du tempo animer mon corps, sentir ma tête se vider au fur et à mesure des danses, et ne plus penser à rien qu’au rythme qui entraîne, aux tubes à la mode qui font comme une irrésistible envie de se lancer sur la piste de danse.
Jamais on ne dira le caractère exutoire des soirées étudiantes, surtout pour les étudiants sérieux qui s’investissent dans leurs études ; car pour ceux qui passent leur temps à traîner au café, sèchent les cours et emballent rapidement leurs révisions la veille des examens (et j’en connais beaucoup !), une soirée n’est qu’un moment festif comme un autre dans un emploi du temps finalement assez agréable.
Mais pour une grosse bosseuse comme moi, sortir est un moment exceptionnel, hors du temps, hors des contraintes, hors des pressions. Sortir, c’est ne plus penser à la masse de travail et aux problèmes à résoudre, aussi agréable que soit cette activité intellectuelle que j’aime, sortir c’est oublier les problèmes d’argent, la recherche continuelle d’emploi étudiant pour financer les études, les vêtements et les sorties ; sortir, c’est oublier l’ambiance familiale de plus en plus pesante où le dialogue avec les parents et la fratrie sont réduits au strict minimum ; sortir c’est oublier que les études bientôt s’arrêtent et qu’il faudra bientôt, très bientôt trouver du travail. Danser est devenu pour moi comme une bulle de légèreté absolument indispensable pour renouveler l’air de mes poumons, et les pensées de mon cerveau.
J’ai aussi aimé ces soirées parce que cela me donne une occasion supplémentaire de rester dormir chez mes amies, Mathilde, Anaïs, Clémence, dans leur appartement qu’elles partagent en colocation et donc de passer du temps avec elles, dans leur petit cocon. Moi qui habite à moins d’une heure de l’école, je n’ai pas eu la contrainte, la chance d’avoir un appartement à côté de l’école, ce n’était pas une obligation. Déjà très serrée financièrement à payer mes frais de scolarité, je ne peux pas me permettre de prendre un appartement. Dormir chez les copines m’évite le retour de nuit chez les parents, mais surtout, ça m’évite les parents tout court ! Quelle horreur cette vie de famille qu’il m’a fallu subir encore pendant ces dernières années d’études !
Je squatte régulièrement l’appartement de mes amies, et si je trouve la ville pas belle, trop bétonnée et trop grise, et les appartements en colocation des étudiants miteux, dans des HLM mal entretenus qui sentent mauvais, je préfère mille fois rester là dans les HLM moches plutôt que d’être chez les parents. Bien de fois, j’ai dormi en vrac, sur un matelas par terre, dans un sac de couchage, dans l’appartement de mes copines, sans regretter mon beau lit douillet dans ma chambre de jeune fille aux murs bleus.
Ce soir est une soirée différente. Unique. Cette soirée n’est pas réservée aux étudiants de l’école, c’est une grande manifestation payante, très courue par les étudiants des autres établissements. Je l’ai fréquentée les années précédentes. C’est la folie. Dans l’école ouverte au public, il y a plusieurs concerts, plusieurs espaces discothèques, et plusieurs bars. Je sais que je vais trouver les couloirs, les bars et les espaces de danse bondés.
Je suis arrivée sur le parking de l’école. Je trouve difficilement une place, beaucoup de monde est déjà arrivé. Je fais longtemps la queue pour déposer mon manteau et mon sac au vestiaire. Je m’impatiente, personne dans la foule que je connaisse encore, je suis pressée de retrouver mes amies. Je me montre dans ma jolie robe en taffetas rose et mes souliers vernis noirs, je me sens jolie. Tout va bien. J’entre. Comme prévu, les espaces sont remplis de monde, des étudiants qui circulent difficilement dans les couloirs d’habitude si faciles à parcourir. L’air est saturé de sons extrêmement forts venant de partout, et de fumée de cigarettes aussi. Dès que j’arrive à l’entrée, je vois Clémence, qui ce soir est bénévole dans l’organisation et se charge d’orienter les étudiants. Mon cœur bondit de joie, Clémence est si gentille, toujours prête à rendre service.
« Bonsoir, Clémence, ma puce, tu vas bien ? »
« Bonsoir, Emma. Oui, ça va, tu viens d’arriver ? »
« Oui et je te cherchais ! Quel courage tu as ! Tu ne veux pas venir t’amuser avec moi ? »
« Tu sais, j’ai encore du boulot, regarde ce monde. Bon, dans une heure, j’ai fini, on essaie de se retrouver au bar de la mezzanine ? »
« On peut essayer, j’espère ne pas te perdre, en attendant est-ce que tu as vu Mathilde ou Anaïs ? »
« J’ai vu Mathilde, il y a dix minutes, elle allait au bar du Bureau des Sports. »
« Le Bureau des Sports, ou BDS », je pense, « pas étonnant que Mathilde y soit, elle va retrouver son boy-friend favori » et le boy-friend de Mathilde est un rugbyman grand comme une armoire à glace qui se fait surnommer Manu. Mathilde en est littéralement folle, elle le regarde avec un air fasciné et rit à chacune de ses blagues, qu’il ne cesse d’envoyer à la cantonade avec sa grosse voix et son accent du Sud-ouest.
Je laisse ma jolie Clémence avec sa frange brune sur les yeux et je me fraie un passage dans la foule énorme. En fait, je suis déjà survoltée à l’intérieur par la musique et les ondes d’extrême excitation qui circulent dans la foule, j’ai une envie folle de me laisser aller et m’amuser. J’arrive au bar du bureau des Sports, je repère Mathilde à l’entrée, en discussion avec un ami de Manu.
« Salut Mathilde. »
« Salut Emma. »
Mathilde m’embrasse et me complimente « j’adore ta robe ».
Ça me fait plaisir et ça me rassure : ma robe fait son effet. Ce n’est jamais évident pour moi de savoir comment m’habiller et si je vais plaire. Mathilde en revanche est fidèle à elle-même, pas très bien mise, dans une jupe bleue vaguement brillante et trop longue et un corsage ample qui ne la met pas en valeur. Avec ses cheveux bouclés courts et ses petites lunettes rondes, elle fait vraiment étudiante typique, peu soucieuse de son look, mais toujours de bonne humeur et toujours souriante.
« Je suis tellement contente de te voir, Mathilde, est-ce que tu as vu Anaïs ? »
Mathilde se retourne et me montre du doigt Anaïs, une grande jeune femme aux longs cheveux auburn qui est dans le fond du bar. Anaïs est en grande discussion avec trois ou quatre jeunes gens qui la mangent des yeux. Il faut dire qu’Anaïs est la beauté du groupe : longue et mince, avec un beau visage aux traits fins et distingués ; elle a beaucoup d’allure et se fait beaucoup remarquer. Elle porte ce soir une ravissante robe bustier noire qui met en valeur sa ligne magnifique. Connaissant l’aristocratique Anaïs (elle porte un nom à particule), je suis presque sûre que c’est une robe de couturier. Mince, est-ce que ma robe rose va soutenir la comparaison ? Je m’approche.
« Magnifique, Anaïs, tu es magnifique, quelle allure, on dirait une star. »
Anaïs et moi éclatons de rire et nous nous embrassons joyeusement, contentes d’avoir reformé le groupe. Nous rejoignons Mathilde, et Anaïs se décide à abandonner ses admirateurs pour aller à la découverte des lieux et des animations de la soirée. Nous ressortons dans le couloir principal noir de monde, et en jouant des coudes nous revenons vers l’entrée où nous récupérons Clémence.
« Allez, viens Clémence, on va s’amuser maintenant. »
« Mais je n’ai pas tout à fait fini », répond la jeune femme.
« Ce n’est pas grave. Tiens, regarde, ils sont assez nombreux, ils peuvent faire sans toi. »