L'alpha tout-puissant reconquiert sa compagne
Divorcée et mariée à un chef de guerre
Mon nouvel amant est un mystérieux magnat
Les regrets de mon ex-mari
Ex-mari, je ne t'aime plus
Le retour de l'héritière adorée
Chant d'un cœur brisé
Le retour de l'épouse indésirable
Le retour de l'héritière délaissée
L'épouse en fuite du PDG
Première partie
1
Bien sûr, j’ai filmé et photographié des quantités de choses, des paysages, des tempêtes, des cadavres… Je me suis enregistré également. J’ai parlé à la caméra pendant des heures. Les DVD, les CD Roms, les clés USB sont stockés, rangés, étiquetés. Je les ai dupliqués, emballés et distribués dans des endroits bien protégés. J’en ai déposés, bien en évidence dans les mairies et les églises alentour. On me croira quand on les verra, les preuves sont là !
Tout cela est bien bon, mais dépend trop des techniques. Qu’en adviendra-t-il plus tard ? Je n’ai plus confiance…
Il me reste l’écrit. Son support, le papier tout fragile qu’il est, a traversé et traversera le temps… Un gros travail. Mais il le faut… Je vais écrire, j’écris !
Aujourd’hui, le 19 octobre 2025, c’est la saint René. René c’est mon prénom. Je l’ai longtemps détesté ce prénom. Mais il faut faire avec, comme avec son nez, ses yeux, sa taille, son poids. Tout cela n’a plus d’importance maintenant… J’ai les cheveux longs car ça fait plus de deux ans que je ne les ai pas coupés. Les sentir me frapper le visage quand il fait du vent, ça me fait toujours penser au tableau de David représentant Bonaparte au Saint Gothard. Sa grande cape flotte, son cheval a un regard furieux et son bras est tendu vers l’avenir. Je suis un conquérant moi aussi dans mon genre et j’essaie de me raccrocher à des images positives comme celle-là. Mais je ne pointe pas le doigt vers le ciel : je n’y crois pas au ciel. Mes cheveux sont gris, presque blancs : c’est une couleur digne et respectable. La santé, ça va : je ne me plains pas. C’est sûr, je n’aurai plus la grippe, mais j’ai quelques fois mal aux dents et des douleurs par-ci, par-là et ma vue a baissé. J’ai aussi parfois l’impression que ma raison défaille. Je suis peut-être fou après tout. Mais vous auriez fait comment à ma place ? Je rêve, je ne rêve pas ? Allez savoir…
René ! C’est ma fête, l’occasion de me faire un beau cadeau ! Je peux tout m’offrir. Tout ! Mais mon plus beau cadeau il est là, tout en haut de la page : ce sont mes premiers mots : « Bien sûr, j’ai filmé et photographié des quantités de choses… ». J’ai commencé à écrire mon histoire. Je suis un grand (très grand) paresseux, mais c’est décidé : je vais aller jusqu’au bout. Je veux laisser une trace.
J’ai un magnifique ordinateur, un bon petit groupe électrogène et des capteurs solaires qui lui fabriquent du courant, de l’essence plus qu’il n’en faut pour moi tout seul et du temps, tout mon temps : le bonheur en quelque sorte ! Je n’ai plus qu’à taper les mots sur le clavier. Je les imprimerai ensuite et laisserai des tas de mes feuilles noircies en différents endroits stratégiques… Ainsi quelqu’un les lira peut-être…
Tout a commencé le mardi 4 juillet 2023, il y a deux ans et quelques mois. C’est LE JOUR. Je devrais écrire cette date avec des lettres de quinze mètres de haut : MARDI 4 JUILLET 2023. Quinze mètres, ça ne serait même pas encore assez grand : on ne peut pas imaginer que des dates pareilles puissent exister, ça dépasse tout !
La veille de ce JOUR, j’avais commencé un voyage vers le Pays basque pour passer une partie de l’été dans mon petit appartement de Bayonne comme j’en avais l’habitude chaque année. Je faisais étape comme toujours chez ma fille qui habitait à Paris. Venant de Strasbourg, j’étais chez elle à 18 h 45. Le trajet en TGV s’était effectué rapidement en un peu moins de deux heures ce qui m’avait laissé à peine le temps de faire un petit somme.
J’avais alors des soucis de santé que je n’avais confiés à personne : depuis plusieurs semaines, j’avais de fortes migraines, ce qui ne m’était jamais arrivé de toute ma vie. Mon médecin n’avait rien trouvé, m’avait ensuite envoyé vers un spécialiste qui, pour me rassurer, m’avait proposé de faire une IRM de la tête. En négociant avec ma mutuelle, j’avais trouvé un appareil d’imagerie par résonance magnétique de dernière génération. Ce monstre de plusieurs tonnes était capable de suivre chaque vaisseau du cerveau et de bien d’autres prouesses techniques. Il était disponible le 4 juillet à 16 heures à Paris à l’hôpital Lariboisière, pas très loin de chez ma fille, puisqu’elle résidait dans le 9earrondissement. J’avais organisé mon voyage en conséquence.
Peu après qu’elle est rentrée de son travail, nous sommes allés dîner. Nous avions nos habitudes ou presque, dans un petit restaurant japonais de son quartier. Ce repas de retrouvailles se faisait toujours à l’extérieur. Nous avions conservé cette habitude de son enfance quand elle et son frère débarquaient du train tous les quinze jours comme c’était prévu dans mon jugement de divorce. Durant le peu de temps qui m’était alors imparti pour jouer efficacement mon rôle de père (du samedi après-midi au dimanche soir), je voulais des temps forts et intenses. J’avais pensé au restaurant. Je n’étais vraiment pas riche à l’époque, divorce oblige, mais de valoriser ainsi nos moments ensemble flattait les enfants. Très rapidement, autour de la traditionnelle flammekueche alsacienne, au milieu de tous les convives, enveloppés de ce brouhaha entraînant que génèrent toutes les conversations, ils se mettaient à parler, à se raconter. C’était gagné ! Nous étions à nouveau rassemblés, réunis et liés. Le reste de leur séjour n’était plus que bonheur…
Ce soir-là, elle était de bonne humeur, joviale, comme toujours égale à elle-même. Notre repas formait un rituel affectueux entre un père et sa fille. C’était une relation bien réglée. Nous échangions les nouvelles de notre vie, de nos proches, de nos amis… Rien de bienextraordinaire, mais tellement indispensable entre nous surtout depuis la crise du Covid. Nous nous aimions bien. Notre discussion tenait donc du gazouillis tranquille qu’on entendait jadis s’échapper des nids des oiseaux les soirs d’été à la campagne. Le repas terminé nous sommes rentrés nous coucher.
Le mardi matin, elle est partie à son travail et je suis sorti dans Paris peu après elle. Je profitais toujours de mon court séjour dans la capitale pour faire une découverte intéressante. Je suis allé ce jour-là à l’exploration du musée Guimet et de ses passionnantes collections d’art asiatique. J’avais terminé ma visite en début d’après-midi. Ensuite, j’ai emprunté le métro pour me rendre à Lariboisière et je suis arrivé avec une confortable avance sur l’heure du rendez-vous.
Dans l’hôpital, après m’être renseigné dans le hall d’entrée, j’ai rejoint la salle d’attente du service d’imageries médicales. Un peu avant seize heures j’ai rencontré le médecin responsable de l’IRM qui m’a reçu dans un petit bureau attenant à ses appareillages et a lu très attentivement la lettre de mon neurologue. Nous avons discuté un peu de mon cas puis il m’a fait me déshabiller et je suis rentré dans une grande salle qui abritait une machine imposante, sorte de tube aux parois monstrueuses qui allait totalement m’engloutir.