Je regarde mes oncles à tour de rôle, ainsi que ma mère. Comment peuvent-ils se permettre de prendre des décisions à ma place ? Je me demande ces vieux se croient à qu'elle époque.
Je regarde l'assemblée avant de reporter mon regard sur la femme assise sur la moquette tête baissée, son bazin d’un blanc immaculé la recouvre complètement.
Je ne l’ai jamais vu auparavant, d'ailleurs même si je l'avais vue, comment le savoir vu qu'elle est toute couverte et s'obstine à garder la tête baissée sur ses jambes. Je suis tiré de mes pensées par mon oncle Saliou.
- Ousmane, je sais que nous te mettons devant le fait accompli mais devant le destin on est impuissant, le destin est inévitable mon enfant…
Il se tait un moment et regarde les autres qui acquiescent tous.
- Ton frère n'aurait jamais voulu mourir et laisser sa famille, partir et laisser femmes et enfants. Jamais il n'aurait voulu cette vie pour sa famille, mais Allah seul reste le maître décideur. La mort est inévitable c’est un chemin que nous emprunterons tous un jour, tôt ou tard, mais je prie le Seigneur que ça soit le plus tard possible.
- Amen ! Répond l'assemblée.
- Ousmane mon enfants, c'est à toi qu’incombe cette lourde tâche de prendre soin d’elle. Elle est ta femme à présent et toi son mari…
- Mon oncle excusez-moi de vous interrompre, je ne peux pas prendre une autre femme. Vous savez que je me marie dans un mois et la polygamie je ne n’en veux pas sans vous offenser, c'est pas une vie pour un homme comme moi. Je ne saurais être équitable entre les deux. J'aime ma femme et aucune autre.
- Je comprends tout à fait, tu es allé chez l'homme blanc ou tu as fait tes études, et tu as tendance à réfléchir comme eux. Oui je sais qu’on ne peux rien contre cela, mais tu es le seul qui a une seule épouse enfin une fiancé, les autres ont déjà trop de charges et seul un jeune frère de son défunt mari peut l'épouser. Birama c'était mon neveu, je ne peux pas prendre sa femme ainsi que tous les autres présents… Il avait quatre femmes et c'est la seule qui reste, sa plus jeune épouse, et étant les aînés de cette famille nous avons décidé qu'elle sera ta femme tu ne peux refuser Ousmane.
Non il doit bien y avoir quelqu'un pour la prendre, sinon qu'il la retourne à ses parents. Moi je ne peux simplement pas épouser la femme de mon cousin, pff cousin que je ne connaissais même pas bien. Je l'ai peut-être vu une ou deux fois et c'est sur moi il veulent mettre ce fardeau ? En plus la femme d’un villageois, même s’il s'était fait un peu de sous dans l'extraction artisanale et la vente d’or ça reste quand même un villageois à mes yeux et nous savons tous qu’un villageois épouse une villageoise.
Je ne peux pas me mélanger à ce genre de personnes. Non pas que je m'estime supérieur à lui mais c'est d'être honnête avec moi-même. Tout ceux de ma famille qui vivent à l'intérieur du pays, je fais ce que je peux pour chacun, mais ça s'arrête là.
Nous avons tous un standard de vie, d'aspiration pour notre avenir et le mien n'est pas d’épouser une femme du village et de surcroît devenir polygame. Ce n'est pas dans mes projets et cela n'est pas près de changer. J'ai déjà trouvé ma moitié.
Je regarde cette femmes en commençant par ses pied pour juger, pour avoir une idée du genre de personne que s'est. Mais je ne vois rien d'autre que la plante de ses pieds.
Elle est assise sur la moquette du salon pied nue. Ses pieds sont très propre et jolie quand même. Ses ongles sont couverts de vernis et elle a appliqué des dessins en fleurs et feuilles de henné qui quittent de son gros orteil jusqu’au niveau de ses chevilles.
Sa peau ébène est luisante on aurait dit du velours. Elle est de teint noir et ce simple critère la disqualifie déjà. Je n'aime pas les femmes de teint noir. Non je n'en veux pas. Les femmes, je les aime bien clair et en chair, plus c'est clair mieux s'est. C'est la première chose qui m'attire chez une femme.
De son accoutrement nul doute c'est vraiment une nouvelle marié. Pff au lieu de me demander mon avis ils la marient et me l’envoi.
En Europe quand tu dis aux autres que ta femme t'entends au pays ils ne te croient pas, tu peux te retrouver marier du jour au lendemain. Tu es là-bas entrain de dormir tranquille, et ta famille t'appelle pour te montrer une parfaite inconnu en te disant que c'est ta femme, de tout faire pour l'envoyer à côté de toi et tu n'as pas le droit de refuser sinon c'est toute ta famille que tu as à dos. C'est pourquoi les mariages à l'étranger ne durent jamais ça capote toujours.
Bref je continue mon inspection mais
c'est tout ce que je vois et rien d'autre.
- Mes oncles, je suis sincèrement désolé mais je ne peux pas répondre favorablement à cette requête. J’ai déjà une femme que j’aime, et je ne vais pas rentrer dans des histoires de polygamie vous-même vous savez comment ça se termine. Et comme je vous ai dit je me marie bientôt. Je ne veux pas perdre ma paix intérieure et risquer de mourir jeune, non vraiment ce n'est pas pour moi, je ne peux-tu pas gérer deux femmes.
- Si ce n'est que ça tu peux dormir tranquillement mon enfant. Hawa que tu vois là, elle n’a aucun problème, absolument aucun. Depuis que Birama l’a épousé même ses co-épouses chantent ses éloges alors que c'était elle la dernière hein. Wallaye mon fils au nom de Dieu, c'est pourquoi nous te la proposons sinon il y a longtemps que nous l'aurons reconduit chez ses parents. C'est une femme soumise, qui n’a aucun problème, même si tu la piétine elle va te demander pardon pour ne pas entrer en conflit. Elle est très douce et gentille.
Tout ce que je déteste chez une femme, pensais-je en levant les yeux au ciel. Je déteste ces bénie oui oui, ces femmes insipides sans aucun caractère. Non merci je n’en veux pas, j’aime les femmes qui s’affirment qui ont la tête sur les épaules et non pas froid aux yeux. J'aime les femmes qui me tiennent tête lorsqu'il le faut comme ma tigresse, ma Zayate.
- Mon oncle je suis désolé mais ma réponse reste inchangée c'est non.
- Ousmane, je m'appelle l’oncle Fodé. Ce que Saliou refuse de te dire est que si tu refuses de prendre cette femme aujourd'hui tu auras laissé une orpheline une veuve à la merci des aléas de la vie sans aucun soutien aucunes sources de revenus, sans personnes pour lui venir en aide. Je sais que le blanc a du t'enseigner là-bas qu’il ne faut pas abandonner l'orphelin et la veuve comme nous l'enseigne le Coran n'est-ce pas ? De ne pas leur refuser notre aide tant qu’on peut où bien je me trompe ?
- Oui mais…
- D’accord on a compris tu ne veux pas d’elle comme femme, mais malheureusement c'est à toi qu’elle a été donné, elle est ta femme à présent, l'eau est déjà versée on ne peut plus la ramasser. Même si tu ne veux pas d’elle comme femme garde la, prend soin d’elle en attendant qu’on trouve une meilleure situation pour elle
- Quelle solution mon oncle ?
- Jusqu’à ce qu’elle ai un autre homme pour la prendre comme femme ou au moins qu’elle termine son apprentissage en couture. Nous avons peur du péché Ousmane, cette fille, elle n’a plus ni mère ni père, Djènaba nous a expliqué dans quelles conditions elle l'a donnée à son mari en tant que quatrième femme. Pour l'amour de Dieu c'est une orpheline, nous ne pouvons pas l’abandon à son sort parce que son mari est décédé, non nous ne pouvons pas faire cela, tu es le seul qui n'aies pas beaucoup de charges de nous tous. Tu peux mieux l'aider que nous autres. Alors s’il te plaît garde là au moins jusqu'à ce qu’un autre homme veuille d'elle, nous allons la donner en mariage là-bas ou qu’elle soit en mesure de se prendre en charge elle-même.
- …
- S’il te plaît Ousmane c'est un bon compromis, me dit maman, ne permet pas que cette enfant soufre juste par refus, ai pitié s’il te plaît.
- Ok mais alors qu'elle reste chez toi je vais m'occuper d'elle là-bas.
- D'accord mais vu que ta femme n'est pas là elle va rester ici en attendant et aider Oumou, en plus vous allez mieux faire connaissance et ainsi tu sauras comment l'aider d'accord ?
- ...
- Pour l'amour de Dieu mon garçon.
Ils s'y mettent tous.
- Ok j'accepte mais qu'elle ne se considère pas comme mon épouse. Je prends juste soin d'elle comme je l'aurais fait pour ma petite sœur si j'en avais. Je lui finance une formation et on est quitte on est d'accord ?
- D'accord.
- Et qu'elle reste à sa place, ma femme c’est ma femme et elle est à respecter. Je ne veux pas entendre un jour qu'elle lui a fait des histoires me suis-je fait comprendre ?
- Oui très bien elle va rester à sa place, répond mon oncle.
- Je veux l'entendre de sa bouche.
- Hawa, l'appelle mon oncle.
- Oui j’ai compris, je ne lui ferais jamais d'histoire elle répond d’une voix plutôt douce sans pour autant relever la tête.
En tout cas si son comportement est pareil on ne devrais pas avoir de problème.
- Et je veux que les liens du mariage soit brisé aujourd'hui.
- On ne peux pas le faire tout de suite c'est contre nature Ousmane ! Le mariage vient a peine d'être scellé.
- Si ce n'est pas fait d’ici le retour de ma femme je me laverais les mains de tous engagements, je vous préviens.
- D'accord avant ton mariage nous allons briser vos liens.
- Okay comme tout est claire maintenant, ça va, j’ai une réunion dans peu de temps, je retourne au bureau.
- Okay mais il faut l'installer d'accord non ? Dit maman.
- Oui oumou la dame de ménage va l'installer dans la chambre d’amie. Dis-je en me levant.
Ils m'avaient appelé d'urgence et m'ont fait quitter le bureau hélico presto.
J'appelle oumou lui donne les consignes avant de prendre ma voiture et filer à mon bureau.
Après ma réunion, je m'installe dans mon bureau et réfléchis à comment annoncer cette histoire à Zayate. Je risque de me prendre des projectiles, mais c'est pour la bonne cause. J'ai les moyens si je peux aider pourquoi pas.
A mon retour j'aurais une discussion avec elle, histoire de voir comment je peux lui venir en aide. Peut-être qu’elle a des projets en attendant qu'elle ne trouve un époux.
Mon téléphone sonne, je regarde, mon amour :
- Salut bébé !
- Bonsoir amour, je répond d’une voix grave.
- Tu n’es pas encore rentré.
- Euh disons dans une heure, j’ai presque fini ici.
- Ok.
- Tu m'appelles alors quand tu rentres ?
- Oui bébé, en plus j'aimerais qu’on discute de quelque chose.
- Quoi ?