Zara a grandi en sachant qu'elle était destinée à un Alpha, mais elle refuse d'être un simple pion dans une alliance entre meutes. Lorsqu'elle découvre que Kieran, l'Alpha le plus redouté du territoire, est son compagnon, elle décide de lui tenir tête. Pourtant, chaque confrontation avec lui réveille une passion qu'elle peine à ignorer. Mais lorsque des ennemis menacent la meute et que son passé trouble refait surface, elle devra choisir : fuir pour préserver sa liberté ou accepter le lien qui les unit.
L'odeur du bois brûlé flottait encore dans la salle du conseil, un reste des torches allumées pour la réunion. L'atmosphère était lourde, chargée d'une tension que même les murs de pierre semblaient absorber. Mon père, Alpha de la meute de l'Est, se tenait droit sur son siège en bout de table, son regard d'acier rivé sur moi.
- Tu es prête, Zara ?
Ma gorge se serra.
Je n'avais pas le choix.
Les yeux des anciens, des guerriers et des futurs Alpha réunis dans la pièce se posèrent sur moi, pesant de leur jugement silencieux. Les alliances entre meutes ne se faisaient jamais sur un coup de tête. Elles étaient forgées dans le sang, dans les pactes, dans les unions. Aujourd'hui, il semblait que j'étais la monnaie d'échange parfaite pour assurer la paix.
- Je ne veux pas de ça, murmurai-je, ma voix presque imperceptible.
Ma mère, assise à droite de mon père, posa une main glacée sur mon poignet.
- Ce n'est pas une question de vouloir, souffla-t-elle. C'est ton destin.
Je serrai les poings sous la table. Mon destin ? Être offerte à un Alpha que je ne connaissais pas pour le bien de la meute ? J'avais grandi dans l'ombre de cette vérité, dans l'idée que, tôt ou tard, mon avenir ne m'appartiendrait plus.
Mon père se leva, signe que la décision était prise.
- L'Alpha Kieran est un meneur redouté, un guerrier respecté. Il a accepté l'union. Tu seras sienne.
Un frisson me parcourut l'échine.
Kieran.
Je connaissais ce nom. Tout le monde le connaissait.
On racontait qu'il régnait par la peur, qu'aucun ennemi n'osait le défier sans risquer une mort immédiate. Son territoire était le plus vaste, son pouvoir le plus incontesté.
Et maintenant, il était censé être mon compagnon.
Un silence s'étira dans la salle. Chaque seconde me donnait l'impression que l'air se raréfiait autour de moi.
- Quand dois-je partir ? demandai-je d'un ton tranchant.
Mon père me jaugea longuement avant de répondre.
- Demain.
Mon cœur rata un battement.
Tout était déjà décidé.
Je me levai brusquement, repoussant ma chaise si fort qu'elle racla le sol dans un bruit strident.
- Alors je vais me préparer.
Je fis volte-face et sortis sans un mot de plus, mon souffle court, mes pas rapides, fuyant cet avenir qui me glissait entre les doigts.
Je me précipitai dans les couloirs du château, mes pieds frappant le sol avec une vigueur accrue à chaque pas. La porte du bureau de mon père, Alpha du Sombrevallon, se dressait devant moi, massive, imposante, comme un rempart entre moi et l'avenir qu'il m'avait tracé. La chaleur de la colère bouillonnait dans mes veines, une chaleur que je n'avais jamais ressentie avec une telle intensité. Je frappai d'un coup sec sur le bois, ne laissant pas le temps à la réponse avant de faire irruption dans la pièce.
Il était là, assis derrière son large bureau de chêne, ses yeux sombres fixés sur un parchemin qu'il semblait étudier. Il ne releva même pas la tête lorsque je poussai la porte, ni quand je fis mes premiers pas déterminés vers lui.
- Zara, que fais-tu ici ? demanda-t-il d'une voix calme, presque lasse.
Je m'approchai de lui, les poings serrés. Ma respiration était sifflante, irrégulière. Je ne pouvais plus attendre.
- Je ne vais pas me marier avec cet Alpha, père.
Son regard se leva alors, ses yeux noirs me transperçant d'un éclat dur, froid. L'expression qui habituellement se trouvait sur son visage se durcit davantage, sa mâchoire se serra.
- Ne sois pas enfantine, répondit-il avec une patience glaciale. Tu as été éduquée pour cela. Tu sais ce que cette union signifie.
Je n'arrivai pas à retenir le sourire amer qui se dessina sur mes lèvres.
- Vous m'avez éduquée pour être une marchandise, une pièce dans votre jeu de pouvoir. Vous m'avez élevée pour être... un pion dans vos alliances, mais ce n'est pas ce que je suis.
Les mots éclatèrent dans l'air, tranchants comme des éclats de verre.
Il se leva lentement, la stature d'un Alpha imposant qui n'avait jamais connu la défaite, et me regarda fixement.
- C'est l'ordre des choses, Zara. Ce n'est pas une question de vouloir ou de refuser. C'est une question de survie. Tu n'as pas le luxe de choisir.
Je le fusillai du regard.
- Vous vous trompez. Vous ne comprenez pas. Ce n'est pas juste une question de survie. C'est ma vie. C'est mon corps. C'est ma liberté. Vous m'êtes en train de me condamner à être la femme d'un Alpha que je n'ai jamais rencontré, de me plier à ses ordres, de suivre un destin que vous avez choisi pour moi sans jamais me consulter.
Je pris une grande inspiration, comme si mes mots n'étaient pas suffisants pour exprimer le poids de ma rébellion.
- Je refuse de devenir un simple objet, une proie pour vos jeux d'alliance. Vous m'avez élevée pour être forte, pour devenir une Alpha potentielle. Alors pourquoi m'imposer cela ?
Il me fixa d'un regard pénétrant. Ses yeux sombres, presque inquiétants, n'avaient pas une once d'émotion.
- Parce que tu n'as pas le choix, Zara. Il y a des choses que tu ne peux pas comprendre. Les alliances sont nécessaires. L'Alpha Kieran a ce que nous recherchons. Son pouvoir, sa loyauté, il peut renforcer notre position. Et toi... tu es la clé.
Ses derniers mots tombèrent comme des poids lourds. Je le sentais à travers chaque fibre de mon corps : il m'utilisait comme une monnaie d'échange. Mais c'était pire encore. Il me voyait comme une solution. Une pièce dont il n'avait aucun scrupule à se débarrasser.
J'avançai d'un pas.
- Vous n'avez jamais voulu savoir ce que je ressens, ce que je veux. Vous ne voyez que ce que vous voulez que je sois. Mais je suis plus que ça, père.
Il ne répondit pas. Il se contenta de me regarder, son regard dur et inébranlable. Pourtant, quelque chose d'imperceptible sembla se briser en lui.
Je m'approchai encore, le défiant.
- J'ai le droit de choisir. Je suis une meute. Et une meute ne se résume pas à une simple pièce dans un jeu de pouvoir. Je suis plus que cela.
Mon cœur battait violemment contre ma poitrine, mais je ne pouvais pas reculer. Je ne pouvais pas revenir en arrière.
- Tu n'es qu'une jeune louve qui ne comprend pas la portée de ce que tu dis.
Je me sentis trembler, mais je n'écoutai pas la voix de la peur qui murmurait en moi.
- Non. Je ne suis pas une jeune louve. Je suis une Alpha. Et je ne serai jamais réduite à une simple marchandise.
Le silence s'étira entre nous, lourd, profond, comme une mer calme juste avant la tempête. Puis, finalement, mon père parla, sa voix plus basse, presque douce, mais le ton était indéchiffrable.
- Tu n'as pas le choix, Zara.
Je secouai la tête. Le dégoût était palpable sur mes lèvres. J'avais l'impression de m'être enfermée dans une cage dorée.
- Vous me décevez, père.
Je m'élançai vers la porte, sans me retourner. Je sentais ses yeux sur moi, mais je refusais de céder à la pression. Une fois dans le couloir, je me laissai tomber contre le mur, ma respiration se faisant plus rapide, plus faible. La colère, la frustration et la peur se mêlaient dans un tourbillon chaotique.
J'étais piégée. Mais je ne pouvais pas l'accepter. Pas sans me battre.
Je n'étais pas un objet. Et je n'allais pas le devenir.
Je fermai les yeux un instant, prenant une grande inspiration, puis je me redressai, résolue. Une voix intérieure me murmurait, presque comme une promesse : je trouverais un moyen de fuir ce destin. Peu importe ce qu'il en coûtait.
Les mots de l'officiant résonnèrent dans ma tête comme une cloche qui annonçait la fin. Je savais que c'était le moment, mais je n'étais pas prête. Chaque seconde qui passait m'enfonçait davantage dans une panique croissante, une terreur qui me paralysait et qui, en cet instant, prenait possession de mon corps tout entier.
Le cercle était tracé autour de nous, et au centre, Kieran se tenait là, son regard impénétrable fixé sur moi. Je ne pouvais pas respirer. Je n'arrivais plus à respirer. Mes poumons semblaient se vider de l'air, se compresser jusqu'à ce que chaque inspiration devienne une torture.
L'instant où nos yeux se croisèrent, ce fut comme si une décharge électrique traversait chaque fibre de mon être. L'évidence frappa comme une vague, aveuglante, inéluctable. C'était lui. C'était **lui**.
Mon cœur s'emballa. Une douleur vive, presque insupportable, se propagea dans ma poitrine, une douleur qui ne semblait jamais vouloir s'arrêter. Et au même moment, une vague de chaleur me submergea, une chaleur... agréable. Déstabilisante.
Je reculais d'un pas, mes yeux écarquillés, mon corps figé. Le lien. Il était là, aussi réel que l'air que je respirais. Une connexion brute, une pulsion irrépressible. Je ne pouvais plus l'ignorer, je ne pouvais plus faire comme si tout ça n'était pas vrai. Le lien entre nous était **réel**. Mais il m'effrayait, il me terrifiait.
Je devais fuir.
Je tournai les talons, prête à m'échapper, mais quelque chose m'arrêta. Une main se posa sur mon bras, douce mais ferme, comme un avertissement. Je ne voulais pas me retourner, je ne voulais pas affronter ce regard, cette prise de pouvoir qui me glaçait. Pourtant, je le fis.
Ses yeux.
Ils brillaient d'une lueur indéchiffrable. Ses prunelles sombres m'engloutirent, me privant de tout contrôle. Son regard était froid, mais... il y avait quelque chose en lui. Une profondeur, une souffrance peut-être, mais surtout, une **force**. Une force qui me renvoyait à ma propre faiblesse.
- Zara, murmura-t-il, sa voix basse, un peu rauque.
Je me libérai de son emprise avec un geste brusque, repoussant sa main d'un coup sec. Mon corps était tendu, ma peau en feu, chaque muscle vibrante de cette sensation nouvelle, trop forte, trop intense.
- Non, dit-je d'une voix brisée. Ce n'est pas possible. Ce n'est **pas moi**.
Je savais ce que cela signifiait. Un lien d'âme sœur. Une destinée scellée par le destin. Mais ce lien, je ne le voulais pas. Pas avec lui. Pas avec **lui**.
Kieran, l'Alpha redouté, le tyran de ce territoire, celui que tous craignaient. Le même homme qui allait devenir mon compagnon, celui que je devais suivre, obéir, respecter. Je le rejetais. Tout cela était trop.
Ma respiration se fit plus rapide, plus irrégulière. J'étais perdue, en proie à une lutte intérieure dévastatrice. D'un côté, le lien qui m'attirait irrésistiblement, de l'autre, la rébellion, ma peur, ma volonté de **ne pas** céder.
- Zara, écoute-moi, commença-t-il, mais je ne voulais pas l'entendre. Je ne voulais pas qu'il me parle, que ses mots pénètrent mon esprit déjà saturé.
Je pris un pas en arrière, puis un autre. Je n'avais plus de direction, plus de contrôle. Le sol sous mes pieds semblait se dérober. C'était comme si l'univers entier se réduisait à lui, à cette sensation impossible à ignorer, à ce lien qui m'appelait, qui **m'attirait**. Mais je me battis contre. Je voulais **le fuir**.
- Laissez-moi tranquille ! hurlais-je.
Il s'avança, et cette fois, j'eus l'impression que le monde entier se resserrait autour de nous. Tout autour de nous semblait devenir flou, comme si seul lui et moi existions. C'était effrayant. C'était comme si la terre se dérobait sous mes pieds. Il tendit la main, mais je la repoussai vivement, mon corps tout entier tremblant sous la pression de cette connexion.
- **Non** ! Vous... vous ne comprenez pas ! Je... je suis **libre**. Je ne peux pas... je ne veux pas être un pion dans vos jeux.
Mes mots s'étranglèrent dans ma gorge, et je sentis des larmes menaçant de surgir. Je n'avais jamais eu l'impression d'être aussi vulnérable. J'étais un animal pris au piège, une bête en cage, et l'homme devant moi était celui qui détenait la clé.
- Zara, tu n'as pas à fuir, dit-il d'une voix pleine de gravité. Ce lien... il existe, et il n'y a rien que nous puissions faire pour l'effacer. Mais ce que tu ressens, cette peur, ce rejet... je le ressens aussi.
Je le fixai, sa voix m'enserrant de plus en plus.
- Nous sommes tous les deux liés, à un niveau que ni toi, ni moi, ne pouvons comprendre encore. Mais je te le promets, il n'y a rien à craindre. Nous pourrons... apprendre à le gérer. Ensemble.
Il s'approcha encore, cette fois plus lentement, sa présence imposante, mais douce, presque comme une main tendue. Son parfum, un mélange d'herbes sauvages et de bois brûlé, m'envahit, et je sentis la chaleur de son corps s'approcher davantage. Je voulais le repousser, mais chaque fibre de mon être semblait réagir à sa proximité, un besoin irrépressible de m'abandonner à ce lien.
Je me mordis la lèvre.
- Non, soufflai-je. Vous ne comprenez pas. Je ne peux pas...
Je n'avais plus de mots. J'étais perdue dans cet enchevêtrement de sentiments contradictoires. La peur et la tentation. La rébellion et le désir. Le rejet et la... **proximité**. C'était trop. Trop de choses à gérer, trop de sensations nouvelles.
Mais il était là. Il ne reculait pas. Et moi, je n'arrivais plus à bouger. Mon cœur, cette chose fragile qui battait dans ma poitrine, se brisait à chaque instant.
- Tu n'as pas à avoir peur, Zara, chuchota-t-il enfin. Je ne suis pas ton ennemi. Nous avons plus en commun que tu ne le penses. Et ensemble, nous pourrons affronter tout cela.
Je fermai les yeux un instant, secouant la tête. Je ne voulais pas le croire, je ne voulais pas... mais quelque chose en moi le désirait. Ce lien. Cette **connexion**. Il était trop fort pour que je puisse y échapper.
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