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La dernière étoile

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Une bande de bras-cassés se retrouve contre son gré emportée dans la grande aventure qu'est de sauver l'univers... L'univers est en train de disparaître. Petit à petit, planète par planète, inexorablement. Cela, Edgie Thorson et le reste de l'équipage de l'Aigle Chauve ne le savent pas. Occupés à acheminer un objet de contrebande à l'autre bout de la galaxie à bord de leur cargo miteux, comment pourraient-ils se douter qu'ils sont peut-être un rouage essentiel de cette situation exceptionnelle ? Et pourtant, les voici à présent avec tout l'Imperium aux trousses. Walt Herdsman, par exemple, soldat d'élite de la Circonscription Terrienne est bombardé à la tête de la Sécurité Galactique avec la lourde tâche de démontrer – enfin ! – que l'espèce humaine est une race intelligente. Ou bien May Adriès, seule et unique télépathe du Consortium, envoyée chercher des informations que personne d'autre ne pourrait récupérer. Sans oublier la toute-puissante armée squamate, fer de lance d'une race extraterrestre belliqueuse bien décidée à laver son honneur à jamais sali par un sombre crétin. Toutes les forces encore en jeu semblent converger dans une course désespérée vers le même point : la planète Cébès, de l'autre côté du Mur de Brawn : la dernière planète, au cœur du dernier système, autour de la dernière étoile... À PROPOS DE L'AUTEUR Auteur normand né à Caen en 1981, Fabien Tarlet a migré vers la ville de Lyon dès l'âge de 20 ans pour y suivre des études artistiques. Véritable touche-à-tout, passionné d'histoire s'étant frotté à l'illustration, à la bande dessinée, au jeu d'acteur et à la mise en scène, c'est à l'âge de trente ans qu'il décide définitivement de vivre de sa plume, en signant ses premières pièces de théâtre avant de devenir un romancier à part entière. La Dernière Étoile est son troisième roman.

Chapitre 1 No.1

Économie: L'Alliance Commerciale GM, Macroware, Vellison & Frye – plus fréquemment désignée, au sein des colonies, sous le nom de « Consortium » – a émis ce matin, à 0543, un décret que le porte-parole Ted Walker a qualifié d'« historique ». Ce décret ré-autorise en effet le développement, la commercialisation et l'emploi d'IA, proscrits depuis les incidents survenus lors de l'ère pré-Contact, en -234 AC (2139 ET).

La révolte – parfois qualifiée à l'époque d'« Émancipation » – menée par les quatre cent trente-trois androïdes et gynoïdes de modèle SigMa, aussi appelés « Philosophes », avait alors provoqué le retrait et l'interdiction de toutes les formes d'IA neuronales intégrées au sein de matériels robotiques. M. Walker a précisé que la réintroduction se ferait sous le contrôle et la surveillance exclusifs du Consortium, et consisterait dans un premier temps en la mise en service de plusieurs centaines de milliers d'unités de construction autonomes à l'intérieur de la Circonscription terrienne, avant de s'étendre aux domaines du transport et du fret. Les experts financiers mandatés par le Consortium annoncent d'ores et déjà « une croissance à deux chiffres », tablant sur « les formidables retombées économiques » qu'engendrera cette automatisation de la quasi-totalité de la main d'œuvre des secteurs que le Consortium avait qualifiés, en début d'année, de « perfectibles ». Les réactions enthousiastes des entrepreneurs sélectionnés par le Consortium sont consultables dans l'onglet « Économie » du cnl 17-483715. Les commentaires des représentants autorisés de la désormais très minoritaire ligue anti-IA seront, eux, disponibles dans la soirée au sein de la section payante.

Culture: Aujourd'hui marque l'anniversaire de la mort de T. W. Apple-Mayer, officiellement survenue il y a tout juste vingt-et-un ans, le 10 Mars 115AC. Principalement connu comme étant le concepteur du « Jumper Apple-Mayer » ou « JAM » – le premier moteur de saut hyperspatial dit « HyperDrive » – et comme le principal responsable de la découverte du réseau TDV et de l'avènement du Contact, on le considère généralement comme le plus grand scientifique depuis Sillias Bergstel. Il avait d'ailleurs obtenu le prix Nobel-Frye en -12 AC (2361 ET) pour ses modifications apportées au système quantique dit d'« Einstein-Bergstel », souvent qualifié de « Relativité Révisée ». Le jour de sa disparition, survenue, on s'en souvient, lors des incidents s'étant déclarés dans le système S-Mart – et ayant engendré ce que les scientifiques nomment depuis « l'Anomalie » –, le porte-parole du Consortium, Ted Walker, avait alors évoqué « une perte inquantifiable » pour la communauté scientifique en général, et pour les industries Valkstein-Eddelson en particulier. M. Walker s'était également engagé, en évoquant le grand scientifique disparu, à « donner son nom à un truc », ce qui fut fait lors de la sortie de la soixante-treizième génération de lentilles connectées, ou ConLens™, des industries Valkstein-Eddelson. Thomas W. Apple-Mayer aurait eu 181 ans.

Diplomatie: C'est avec une fierté certaine que le porte-parole du Consortium, Ted Walker, a annoncé aujourd'hui à 0545 la future nomination du colonel Walt T. Herdsman à la tête de la très renommée section « contrebande » de la Sécurité Galactique. C'est en effet la toute première fois depuis le Contact qu'un humain se voit ainsi attribuer un poste clé au sein de l'administration impériale. M. Walker s'est étendu durant plusieurs minutes sur la longue liste des espoirs placés dans celui que la diplomatie terrienne surnomme « l'exemple », « le meilleur d'entre nous », ou encore « l'homme qui n'a jamais participé à la bataille de Cébès ». C'est une lourde tâche qui pèsera sur les épaules du jeune colonel (57 ans), qui devra aider la balbutiante Circonscription terrienne à acquérir la reconnaissance qui lui échappe encore au sein du Conseil Galactique, où il se murmure que le Superviseur...

D'un battement de paupière, Steed rompit le contact avec son IPC. Il lâcha un long soupir avant de s'affaler au fond de sa chaise de bureau.

Connexion foireuse, songea-t-il. Au fin fond de ce trou perdu, parvenir à entrer en contact avec la Sphère sans heurts était déjà un exploit. Steed pouvait donc s'estimer heureux d'avoir réussi à trouver un fil d'informations pour passer le temps. Il aurait préféré dénicher un canal avec les résultats sportifs, mais la simple présence de l'Anomalie avait une fâcheuse tendance à dérégler toute forme de communication longue-distance. Il y avait même des jours où la station ne captait strictement rien, nada, le néant total. Pour un peu, on se serait cru encore coincé à l'ère pré-spatiale, à une époque où des primitifs avec des vêtements en tissus naturels devaient brandir leurs appareils vers les cieux en priant pour une connexion meilleure, les yeux fixés sur des petits diagrammes très laids avec des barres.

Quelle mission pourrie. Il détestait cet endroit.

Cela devait désormais faire un peu plus d'un siècle que la station Starwatcherflottait mollement dans le vide interstellaire, littéralement perdue au milieu de nulle part, à recueillir des données sans intérêt concernant un événement pour lequel aucun scientifique n'était jamais parvenu à fournir un début de commencement d'explication cohérente. « Une occasion unique d'être le tout premier homme à élucider le mystère le plus fascinant de toute l'ère post-Contact » avait dit Mendelson – qui était à la fois le supérieur de Steed et un vieil enfoiré, comme l'apprenti-chercheur l'avait réalisé trop tard – lorsque Steed avait été muté dans cette station. Depuis deux ans qu'il croupissait ici, à attendre qu'on le libère de son affectation, chaque minute gaspillée à fixer son écran d'un regard aussi mort que son avenir professionnel était apparue au jeune scientifique comme la plus retorse et la plus médiévale des tortures jamais imaginées. « Occasion unique », mon cul !se répéta-t-il pour la millionième fois. C'était surtout un interminable bizutage. Il n'y avait rien dans ce coin de la galaxie, et il n'y aurait jamais rien, l'univers dut-il encore exister cinq cents milliards d'années.

Steed ne savait pas encore à quel point cette affirmation était profondément visionnaire.

Un petit tiraillement au niveau de la tempe l'informa qu'on venait de lui envoyer un message sur son IPC. Le jeune chercheur grogna. Par réflexe plus que par envie, il fit défiler le contenu de sa messagerie devant son iris, le temps de distinguer le nom de l'expéditeur. « Bazev », évidemment. Steed ne savait même pas comment il avait pu espérer lire autre chose. Les cent soixante-treize messages précédents – sans compter le spam – provenaient déjà de Bazev. Personne d'autre ne les contactait jamais, pas même le laboratoire qui leur avait promis un pont d'or pour venir s'enterrer ici1

Steed ne s'embarrassa pas à ouvrir l'e-mail. Il pouvait déjà deviner son contenu, dont il avait dû lire l'exact équivalent cent soixante-treize fois. Ça ne l'intéressait plus. D'ailleurs, même s'il passait le restant de son existence à fouiller le moindre résidu de particule de l'univers, il doutait qu'il puisse parvenir à trouver quelqu'un que ça intéresse– à l'exception de Bazev, malheureusement. Il préféra consacrer le restant de son interminable journée à une activité productive, comme fixer le plafond ou se pincer avec l'élastique de son slip. Si, par une improbable conjonction planétaire, la motivation venait à arriver jusqu'à lui, il envisagerait peut-être de se lever pour se faire un café. Se fixer des objectifs réalisables, c'était la seule chose à faire, lorsqu'on voulait tenir le coup au fin fond du trou du cul de l'espace.

La tasse de café brièvement évoquée se matérialisa si vite à côté de Steed qu'elle menaça de répandre une part importante de son contenu directement sur son pantalon. Le chercheur recula sa chaise en jurant. L'univers dans son entier semblait s'être ligué contre lui pour parvenir à lui pourrir une journée qui avait déjà largement mérité de figurer dans son flop ten –avec les neuf qui l'avaient précédée.

« Avale-ça, si c'est le seul moyen de te maintenir à peu près éveillé », aboya Igor Bazev en venant s'asseoir à côté de lui sans avoir eu le bon goût de solliciter l'autorisation de le faire. Steed se contenta, en guise de réponse, de lui adresser un regard chargé de tout le mépris dont il était capable – c'est-à-dire beaucoup – tout en essuyant par l'entremise de larges mouvements de bras le café qui était venu finir ses jours sur le bas de sa blouse. Il était d'humeur massacrante – ce qui correspondait à son état normal lorsqu'il n'était pas en train d'attendre la mort avec résignation.

« Tu as jeté un œil à ce que je viens de t'envoyer ? » continua Igor en sirotant placidement le contenu de sa propre tasse. Cette fois, Steed lui adressa un regard de cocker sous anxiolytiques devant une équation à trois inconnues. Sa manière à lui d'exprimer en peu de mots – en l'occurrence, zéro – à quel point la question avait été d'une stupidité repoussant au loin toutes les limites connues de l'admissible.

Ce fut au tour de Bazev de soupirer avec résignation. Les rapports qu'il entretenait avec son collègue avaient toujours été difficiles, simplement parce qu'Igor avait toujours considéré le travail comme le seul moyen d'échapper à la dépression qui menaçait tous ceux qui passaient plus de vingt secondes sur Starwatcher. Être contraint de vivre dans la même pièce que Steed vingt-quatre heures sur vingt-quatre ne faisait que lui rendre la tâche un peu plus désagréable encore – mais au moins fallait-il reconnaître que la présence du jeune chercheur était, la plupart du temps, à peine décelable tant son activité côtoyait systématiquement le néant.

« Tu devrais », reprit Igor, habitué aux conversations à sens unique que la mauvaise volonté de Steed lui imposait fréquemment. « Ce ne sont pas les relevés d'analyse de l'Anomalie. À ce niveau-là – ô, surprise – on n'a toujours rien trouvé de pertinent. Aucun schéma récurrent, aucune logique, tous les logiciels plantent en essayant d'y déceler quoi que ce soit encore plus sûrement que si on leur demandait de diviser ton QI par zéro. Non, il y a... du nouveau... concernant un autre domaine, et je ne sais pas trop quoi en penser. »

Igor imaginait que ses explications avaient été suffisantes, mais l'absence totale de réaction de son collègue amena le chercheur à ajouter: « Regarde les fichiers que je t'ai envoyés, bon sang ! » en levant les yeux au ciel.

Steed s'exécuta de mauvaise grâce, uniquement mû par l'envie d'en finir avec un problème qui s'annonçait aussi insignifiant et dénué d'intérêt que tous ceux que Bazev lui avait soumis depuis le début de leur affectation commune, onze mois auparavant. Il réactiva son IPC pour lire le mail d'Igor.

Sans surprise, le corps du message était vide, mais il y avait plusieurs fichiers en pièces jointes. Steed les ouvrit. C'étaient des images, de toute évidence prises par les sondes d'observation dans quelques-uns des systèmes voisins. Elles partageaient pour principale caractéristique d'être rigoureusement dénuées d'intérêt. Même un esthète du rang de Malevitch n'y aurait rien vu de plus qu'un vulgaire carré noir sur fond noir.

« Fascinant », maugréa le jeune homme après avoir rapidement parcouru la dizaine d'images envoyées par son collègue. Parler d'une unique image en une dizaine d'exemplaires aurait peut-être été plus proche de la vérité, tant Steed n'était parvenu à ne déceler aucune différence d'un fichier à l'autre. « Rassure-moi : on est tous les deux d'accord sur le fait que ces holos ne montrent absolument rien ? On devine tout de suite que tu y as mis plein de bonne volonté, je ne conteste pas ça. Mais si je peux me permettre un conseil : la prochaine fois que tu voudras débuter une carrière d'holographe artistique, pense à trouver un sujet plus porteur que la paroi du fond de ton four.

- Ces images ne sont pas de moi », répondit Igor avec un calme qu'on devinait être le fruit d'une solide maîtrise de soi – et en mettant un point d'honneur à ne jamais relever l'ironie qui suintait du moindre phonème émis par son interlocuteur. C'était, à bien des niveaux, un homme patient ; condition sine qua non, on l'a vu, pour ne pas se transformer en Steed bis. « Au milieu des alertes horaires qu'on reçoit à propos de l'Anomalie, il y avait aussi ça qui était arrivé. »

Il afficha, cette fois directement sur la console devant laquelle était assis Steed, un hologramme représentant un rapport barbant composé de longues colonnes de chiffres dont la simple vision suffit à plomber encore un peu plus le moral du jeune chercheur. Celui-ci fit mine de se pencher sur le tableau pour voir où pouvait bien se trouver l'information intéressante, mais n'y vit rien de plus que le brouillard de données abstraites dont l'holo était constitué.

« Un rapport de perturbation gravifique », finit-il par dire d'une voix charriant un lent, profond et inéluctable désintérêt – avant de s'abstenir de réprimer un bâillement. « La foule est en liesse. Écoute, ces trucs, on en reçoit quelque chose comme quatre cents par jour – et encore, c'est plutôt la moyenne basse. Le moindre bout de caillou qui passe à moins de dix années-lumière de la station a tendance à faire clignoter tout le tableau pendant cinq bonnes minutes. J'ai d'ailleurs dû baisser les critères de sensibilité de ce machin dès le jour de mon arrivée, parce que sinon, c'était comme fixer un stroboscope. Le temps de régler le bazar, ça m'aura coûté deux points à chaque œil. »

Sans prêter une réelle attention aux jérémiades de son collègue– comme on peut s'en douter, il en avait l'habitude –, Igor continua à faire apparaître une série d'hologrammes qui vinrent se placer bien alignés, en transparence, juste derrière le premier. Puis il reprit la parole, avec sa contenance habituelle :

« J'ai commencé par penser comme toi. Je n'ai jamais compris pourquoi on cherchait absolument à solliciter notre attention là-dessus – de toute façon, les données sont transmises instantanément au système Sol. Même en imaginant un problème durable de connexion, ils sont équipés là-bas de télescopes assez puissants pour apercevoir un grain de riz cinq milliards d'années avant qu'il n'atteigne l'atmosphère terrestre. Mais là, quelque chose clochait. » Il fit avancer les rapports qu'il venait d'afficher afin de les placer à la même hauteur que le premier. « Normalement, ces trucs s'affichent une dizaine de secondes à tout casser avant de disparaître dans les limbes de la mémoire centrale – on parle de perturbations insignifiantes, de l'ordre d'un écart à quarante-deux chiffres derrière la virgule. Sauf que ces rapports-là restaient, eux. Il y en a un qui clignotait depuis plus de deux jours. Les écarts observés semblaient assez anecdotiques, eux aussi, jusqu'à ce que je recoupe. Et là, je dois t'avouer que quelque chose m'échappe. Regarde. »

Avec une mauvaise volonté évidente, Steed se pencha tour à tour sur les données des six ou sept tableaux. La lecture fut rapide– tout ce charabia était finalement assez transparent lorsque l'on savait quoi regarder – et eut tout de même le mérite de lui faire hausser un sourcil. Son humeur, elle, ne s'améliora pas.

« Les senseurs déconnent, trancha-t-il, lapidaire. Ça ne rime strictement à rien. Écoute, je ne suis pas – je ne serai jamais – expert en gravitation, mais je sais reconnaître des chiffres totalement bidons. Pour arriver à ces nombres-là, il faudrait soit vivre dans un espace à onze dimensions, soit... »

Pendant que son collègue parlait ainsi, Igor s'affairait à réafficher les images qui étaient apparues si insignifiantes à Steed quelques minutes auparavant, accompagnées d'autres qui semblaient enfin connaître une gamme de couleurs dépassant le spectre du noir. Elles vinrent se placer juste au-dessus des fichiers que le jeune homme était occupé à commenter.

« Alors tu vas m'expliquer ça, le coupa Igor. Toutes ces captations ont été prises simultanément, par les mêmes instruments, à la nanoseconde près. Tu as ici le système Cooper, puis Galilée, une vue de S-Mart – dont on peut vérifier la validité facilement, il suffit de regarder par un des hublots – Haxton, et Knox. Pour la comparaison, je suis aussi allé chercher des données captées près d'Ursa Major. Et là, tu vas me dire ce que tu vois. »

L'exercice semblait aussi imbécile que vain, mais Steed préféra s'y plier, espérant ainsi mettre fin le plus vite possible à la conversation.

« Je vois des planètes, répondit-il en haussant les épaules, des étoiles. Au moins un soleil par système – ce qui est le bon nombre, tant mieux. Ici, une ceinture d'astéroïdes. Là, des planétoïdes sans intérêt – il paraît qu'ils étaient tellement désespérés de repérer des corps célestes, il y a cinq cents ans, qu'ils donnaient des noms de divinités même à ces trucs paumés. À part ça, je pourrais te détailler la composition approximative du vide spatial, mais je ne vois toujours pas le rapport avec les données gravifiques de tout à l'heure.

- Le voilà, le rapport, dit Igor en avançant les images intégralement noires. Ces images proviennent du système Knox – d'où viennent quatre de nos... disons, 'alertes persistantes'. Peux-tu me dire ce que tu vois ? »

La question devait être la plus stupide de l'année– et on parlait d'une année passée dans une station scientifique où il arrivait qu'on ait des conversations théoriques de plusieurs heures sur la pertinence de remplacer le chat de Schrödinger par un hamster. Steed, agacé pour de bon, eut un nouveau haussement d'épaules avant de formuler l'évidence.

« Rien. Il n'y a strictement rien. »

Igor se contenta de hocher gravement la tête, le regard dans le vague, avant de constater à son tour, d'une voix mortellement sérieuse:

« Exactement. Je n'aurais pas dit mieux. Il n'y a strictementrien. »

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