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Promesse d'enfance

Promesse d'enfance

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Chapitres

Marie, lors d'une fĂȘte dans son village, rencontre William, un garçon aux belles maniĂšres. L'adolescente tombe sous son charme. Seulement, lorsque quelques mois plus tard, contre toute attente, elle donne naissance Ă  une fille, ClĂ©mence, dans le dĂ©ni, elle n'en prend pas soin. ClĂ©mence est ainsi dĂ©laissĂ©e et nĂ©gligĂ©e, jusqu'Ă  ce que sa tante dĂ©cide de la prendre sous son aile. Toutefois, cette intervention sera-t-elle suffisante pour sauver l'enfant d'un avenir incertain aux augures bien sombres ponctuĂ©s par ce manque d'amour maternel ? À PROPOS DE L'AUTEURE PassionnĂ©e de lecture, JoĂ«lle Pelle-Lebas s'est inspirĂ©e d'une anecdote d'enfance racontĂ©e par une amie pour Ă©crire ce premier roman.

Chapitre 1 No.1

Dans le bocage normand oĂč se succĂšdent Ă  perte de vue de douces collines Ă©maillĂ©es d'une multitude de parcelles de pĂąturages verdoyants, de champs cultivĂ©s entourĂ©s de haies, futaies, taillis, arbres et arbustes sauvages ou fruitiers, mosaĂŻque de couleurs attirant immanquablement le regard, apparaissait un petit village aux maisonnettes Ă  colombages avec toits de chaume ou d'ardoises. Des ruisseaux serpentaient un peu partout dans ce dĂ©dale. Dans les prairies environnantes paissaient tranquillement bovins, ovins et de superbes chevaux appartenant aux diffĂ©rents haras de la rĂ©gion.

À l'extrĂ©mitĂ© de chemins caillouteux, bordĂ©s de talus herbeux et fleuris, de buissons souvent Ă©pineux aux multiples couleurs, se dressaient des fermes. C'Ă©tait dans l'une d'elles que vivait Marie ainsi que toute sa famille. Le corps de ferme se composait de deux parties distinctes, l'une pour les hommes, l'autre pour les animaux. La partie habitation avec un Ă©tage comprenait plusieurs fenĂȘtres, Ă  petits carreaux, rĂ©parties de chaque cĂŽtĂ© de la porte d'entrĂ©e formĂ©e d'une partie basse en bois et d'une partie haute vitrĂ©e qui s'ouvrait pour laisser passer l'air dans la maison, tout en empĂȘchant un quelconque animal, hormis le chat, de pĂ©nĂ©trer Ă  l'intĂ©rieur du logis. Des iris poussaient au printemps sur la faĂźtiĂšre surplombant le toit de chaume.

Dans l'annexe servant de grange cohabitaient les vaches, les brebis, les porcs, les clapiers à lapins et une bruyante basse-cour. L'occupation quotidienne de la famille, mis à part les travaux ménagers, consistait à s'occuper de tous ces animaux, à entretenir les champs et l'été à moissonner pour engranger le foin et les céréales avant l'arrivée de l'hiver.

Marie baignait dans cet univers depuis sa plus tendre enfance. En l'absence de son pĂšre, miraculeusement revenu depuis indemne de la guerre, sa mĂšre avait dĂ» assumer l'entretien des terres et du cheptel avec l'aide de Marie pour la soulager. Durant cette dure pĂ©riode, la fillette, malgrĂ© son jeune Ăąge, participait chaque jour aux pĂ©nibles tĂąches journaliĂšres qui ne lui laissaient que de rares pĂ©riodes de repos. Sa sƓur aĂźnĂ©e ayant quittĂ© le logis quelques annĂ©es auparavant, c'Ă©tait elle, devenue la plus ĂągĂ©e des enfants, qui durant le dur conflitqui venait de s'Ă©couler avait dĂ» sacrifier sa scolaritĂ© pour seconder sa mĂšre jusqu'au retour de son pĂšre. Il est vrai que, durant cette pĂ©riode tourmentĂ©e, aller simplement Ă  l'Ă©cole relevait certains jours du miracle en raison du danger encouru. Mais depuis le retour de la paix, tant de choses restaient Ă  faire. RĂ©cupĂ©rer ces heures d'instruction perdues n'avait dĂšs lors pas pesĂ© lourd dans la balance face aux travaux de la ferme qui primaient largement sur le reste. Seuls les deux plus jeunes, Margot et Marc, continuaient une scolaritĂ© normale.

Ses seules heures de rĂ©pit, elle les partageait avec sa voisine et amie, Denise, qui vivait elle aussi dans une ferme situĂ©e un peu plus Ă  gauche. Toutes deux, nĂ©es la mĂȘme annĂ©e, se connaissaient depuis leur enfance. Durant ces longues annĂ©es de guerre, elles avaient durement souffert de privations, de rationnements et de terreur bien que, comme beaucoup de familles de fermiers cantonnĂ©s sur leurs terres, la vie au jour le jour avait Ă©tĂ© tout de mĂȘme un peu moins dure que celle des habitants des villes.

En ce soir de fin juin devait se tenir, sur la grande place du village, la fĂȘte de la Saint-Jean dans le but de rĂ©unir pour l'occasion, tous les villageois et familles environnantes autour du feu de camp traditionnel qui y serait allumĂ© Ă  la nuit tombĂ©e. N'ayant eu jusqu'alors que peu de moments de distraction, les deux amies avaient reçu, pour leur seiziĂšme anniversaire, l'autorisation de s'y rendre et surtout de pouvoir, exceptionnellement, y demeurer un peu plus longtemps seules une fois leurs parents respectifs rentrĂ©s se coucher.

En cette fin de matinĂ©e, le temps Ă©tait particuliĂšrement clĂ©ment bien qu'un peu lourd. Marie se rendit, comme Ă  l'accoutumĂ©e, Ă  pied au domicile de Denise. Comme pour toutes les adolescentes de leur Ăąge, rĂ©ussir une telle soirĂ©e nĂ©cessitait de choisir la tenue la plus appropriĂ©e afin de plaire et surtout de se dĂ©marquer des autres jeunes filles prĂ©sentes Ă  la fĂȘte.

Denise, debout devant son pas-de-porte, guettait l'arrivée de Marie. Sa maison, aussi rustique que celle de son amie, se composait d'un rez-de-chausséeet d'un étage dans lequel elle partageait une chambre avec son jeune frÚre Louis.

Denise s'adressa Ă  Marie parvenue Ă  sa hauteur.

- Salut. Alors prĂȘte pour ce soir ?

Puis, la scrutant de la tĂȘte aux pieds elle s'insurgea ironiquement :

- Tu ne comptes tout de mĂȘme pas t'y rendre dans cet accoutrement ? Tu ne trouveras jamais un coquin pour t'inviter Ă  danser ce soir ainsi fagotĂ©e. Il faut absolument faire ressortir le bleu de tes yeux. Aucun garçon ne pourra rĂ©sister Ă  leur Ă©clat et ne pourra s'empĂȘcher de les admirer. Si les miens pouvaient ĂȘtre aussi beaux et clairs que les tiens, je ferais tout ce qu'il faut afin qu'on les remarque, crois-moi. En premier lieu, commence par dĂ©nouer tes magnifiques cheveux aussi blonds que les Ă©pis qui se dorent au soleil de l'Ă©tĂ©. Ensuite, nous chercherons nos plus beaux vĂȘtements, ceux qui vont irrĂ©sistiblementattirer l'Ɠil.

Elles Ă©clatĂšrent de rire toutes les deux.

- Allons viens, rentrons Ă  l'intĂ©rieur. Montons vite dans ma chambre. Profitons-en pendant que Louis est parti avec maman. Nous dĂ©terminerons quoi mettre afin d'ĂȘtre les plus belles ce soir.

Sur ces paroles, elles grimpĂšrent rapidement Ă  l'Ă©tage et pĂ©nĂ©trĂšrent dans la chambre de Denise. À l'intĂ©rieur se trouvaient deux lits, l'un recouvert d'un couvre-litde laine formĂ© de multiples carreaux multicolores tricotĂ©s et assemblĂ©s, l'autre enfoui sous un gros Ă©dredon beige qui ne laissait apparaĂźtre ni couverture ni drap. Un chevet surmontĂ© d'une lampe munie d'un grand abat-jourĂ©cru bordait chaque cĂŽtĂ© droit des lits. À gauche de celui de Louis se trouvait une commode Ă  quatre tiroirs sur laquelle Ă©tait posĂ©e une grande coupelle avec un broc servant Ă  effectuer une rapide toilette et plusieurs jouets de garçon. Au mur trĂŽnait une armoire Ă  deux portes sĂ©parĂ©es au milieu par un grand miroir. Denise lui montra du doigt son lit multicolore.

- Viens par ici afin de voir un peu oĂč nous en sommes.

Sur ces dires, elle attrapa Marie par les Ă©paules et la fit pivoter sur elle-mĂȘmeafin d'effectuer une inspection prĂ©cise. Comme d'habitude,celle-ciportait un foulard pĂąlichon sur ses cheveux attachĂ©s et roulĂ©s en chignon. Un corsage gris pĂąle, Ă  manches courtes bouffantes, fermĂ© sur le devant par des petits boutons blancs en nacre cachait sa jolie poitrine. Un large tablier gris foncĂ© maintenait sa jupe bleue Ă  plis, tombant Ă  mi-mollet. Des chaussettes basses, gris clair, dĂ©passaient de ses bottines Ă  petits talons et bouts arrondis.

- Pas question de sortir ce soir ainsi habillĂ©es lui rĂ©pĂ©ta Denise. Nous devons ĂȘtre les plus belles du bal et nous le serons, crois-moi! Commençons par supprimer ces chignons de vieilles filles. Ensuite, nous brosserons longuement nos tignasses pour les rendre lisses et soyeuses. Nous observerons le rĂ©sultat afin de savoir quelle coiffure nous mettra le plus en beautĂ©. Ainsi nous n'aurons plus besoin de chercher comment nous peigner avant de nous apprĂȘter aprĂšs nos corvĂ©es ce soir

Marie s'exécuta immédiatement. Elle dénoua son chignon et sa longue chevelure glissa et ondula sur ses épaules puis vint lui couvrir le bas du dos jusqu'à hauteur des reins. Denise l'imita aussitÎt. Les siens, plutÎt bruns, mais beaucoup plus frisés terminÚrent leur descente seulement jusqu'aux épaules et se répartirent de chaque cÎté de son visage. Une raie naturelle reprit sa place dÚs que le foulard, qu'elle avait jeté vigoureusement, atterrit sur le lit.

- Maintenant, annonça de nouveau Denise, au tour des chemisiers et jupes. Pas de tablier. Il nous faut de la gaietĂ© pour cette grande occasion. Les jours Ă  venir, avec les moissons qui vont bientĂŽt dĂ©marrer, si le temps le permet, et les mises bas qui vont nĂ©cessiter le maximum de surveillance, nous n'aurons pas d'autres amusements comme ce soir avant bien longtemps. À nous de mettre toutes nos chances de notre cĂŽtĂ© pour attirer le maximum d'intĂ©rĂȘt chez les garçons qui vont inĂ©vitablement ĂȘtre prĂ©sents ce soir afin qu'ils nous choisissent en prioritĂ© comme cavaliĂšres. J'ai dĂ©jĂ  les guibolles qui me dĂ©mangent prĂȘtes Ă  danser jusqu'Ă  la nuit.

Marie hocha la tĂȘte en signe d'approbation.

- Tu as parfaitement raison, Denise. Moi aussi je suis impatiente. Mais il faut faire vite, car j'ai encore beaucoup de travail Ă  faire avant de pouvoir me rendre Ă  la fĂȘte. Mes parents, ma sƓur, mon frĂšre et moi ne partirons que si la traite est bien terminĂ©e et que tous les animaux ont bien reçu leurs rations du soir. Je suis certaine qu'il en sera de mĂȘme pour toi d'ailleurs !

- Bien sûr, rétorqua Denise. Et tu peux me croire que pour avoir le temps de me préparer, je ne traßnerai pas non plus pour finir le tout en temps et en heure.

Les deux amies se jetÚrent dans les bras l'une de l'autre et se donnÚrent une chaleureuse accolade d'amitié partagée. Denise se dégagea la premiÚre de cette étreinte.

- Bon ! Maintenant, fini la rigolade, ma belle !

Sans plus attendre, elle ouvrit la porte droite de son armoire qui leur permit de dĂ©couvrir plusieurs Ă©tagĂšres sur lesquelles Ă©taient rangĂ©s des vĂȘtements soigneusement repassĂ©s et pliĂ©s.

- Regarde un peu ce chemisier blanc à manches courtes avec sa dentelle tout autour du décolleté. Qu'en penses-tu ? Il est quasiment neuf, car les occasions de le porter ont été rares les mois derniers. Et comme il s'agit d'un cadeau de mes parents à Noël dernier, il n'était pas question de l'abßmer tu penses bien ! Je crois que tu en possÚdes un presque identique chez toi, n'est-ce pas ?

Cela dit, Denise saisit d'une main le corsage en le prĂ©sentant devant sa poitrine puis de l'autre attrapa le visage de Marie et le rapprocha du sien. Elle fit pivoter leurs deux tĂȘtes en direction du miroir pour y admirer leurs reflets.

- Alors ! Verdict ! C'est bon pour toi ou pas ?

- Oui, parfait rĂ©pliqua Marie. Le mien effectivement ressemble Ă©normĂ©ment Ă  celui-ci. C'est ma mĂšre qui me l'a taillĂ© et cousu Ă  partir d'un vieux jupon usager. Elle y a passĂ© de longues soirĂ©es au coin du feu l'hiver dernier. C'est d'ailleurs le seul chemisier blanc que je possĂšde donc le choix est vite fait. Il ne risque pas d'ĂȘtre abĂźmĂ©, car les occasions de le porter sont si rares dans une ferme.

Grand Ă©clat de rire des deux amies qui, se prenant maintenant par un bras, sautĂšrent sur place faisant grincer le plancher. Ce fut Denise qui reprit ses esprits en premier.

- Bon ! Ce n'est pas le tout ma jolie ! Il faut aussi s'occuper du bas. De la couleur, encore de la couleur, rien que de la couleur. Fini les jupes ternes et unies. Elles conviennent parfaitement pour faire la traite des vaches, pour s'occuper des cochons et donner Ă  manger aux poules, mais pas pour trouver un amoureux.

Sur ces mots, elle ouvrit l'autre pan de son armoire, cĂŽtĂ© penderie cette fois. Elle fouilla parmi les vĂȘtements pendus. Elle dĂ©crocha un cintre sur lequel une longue jupe Ă  fleurs multicolores Ă©tait suspendue.

- Que penses-tu de celle-ci ? C'est ma mĂšre qui me l'a confectionnĂ©e pour le baptĂȘme de Louis. Elle sent un peu la naphtaline, mais en la sortant maintenant, elle va s'aĂ©rer et ce soir il n'y paraĂźtra plus.

Marie saisit la jupe et la retourna de tous cÎtés.

- Parfaite ! Enfile-laet pivote un peu pour voir le résultat.

Denise Îta celle qu'elle portait et la remplaça par celle tendue par son amie. Elle entama aussitÎt des pas de danse tout autour du lit en faisant tourbillonner les plis de tous cÎtés. Marie l'imita aussitÎt avant de se jeter sur le lit, essoufflée.

- Te voilĂ  prĂȘte pour les conquĂȘtes, s'Ă©cria-t-ellejoyeusement avant de se redresser et de pointer son index vers son amie en le remuant successivement de droite Ă  gauche. Les filles du village et des alentours n'ont qu'Ă  bien se prĂ©parer sinon, face Ă  toi, elles ne pourront pas lutter et feront inĂ©vitablement tapisserie. Tous les beaux jeunes hommes ne vont avoir d'yeux que pour toi. Tu vas rendre ces demoiselles folles de rage, car il ne leur restera que les moches, les idiots, les boutonneux pour les inviter Ă  danser, en bref elles ne pourront pas rivaliser. Tant pis pour elles.

Denise s'arrĂȘta net de virevolter sur elle-mĂȘme et s'approcha de son amie, la mine rĂ©jouie.

- Vu ta joyeuse rĂ©action, je crois que cette tenue est validĂ©e. Merci ma belle. Mais maintenant, pensons aussi Ă  toi. Pas question de garder tous ces cavaliers pour moi seule. Toi aussi tu as tous les atouts pour les rendre fous de toi. D'ailleurs, je crois me souvenir que lors de la communion de ta sƓur tu portais une jupe aussi colorĂ©e que la mienne. Je me trompe ?

Marie inclina doucement la tĂȘte et fronça les sourcils.

- Oui, c'est exact. Tu penses vraiment qu'elle fera l'affaire ?

- Et comment ! Ainsi vĂȘtues toutes deux, nous serons comme deux sƓurs prĂȘtes pour faire tourner les tĂȘtes de tous les jeunes blancs-becs de la rĂ©gion et aussi faire mourir de jalousie toutes les filles du coin, car elles ne pourront jamais rivaliser avec nous comme tu viens si bien de le dire.

Cette fois, ce fut à Denise de pointer et de secouer son index vers Marie tout en lui annonçant d'un ton trÚs sérieux :

- Mais attention ! Attention ! Chacune le sien. Pas de concurrence entre nous. C'est entendu ? Nous sommes trop amies pour qu'une histoire de garçon vienne s'interposer entre nous ou mĂȘme pire dĂ©truire notre amitiĂ© de toujours !

Toutes deux se jetĂšrent alors sur le lit en riant et roulant l'une sur l'autre avant de se relever d'un bond et de se faire face. Denise, le sourire aux lĂšvres fixa son amie et s'exclama.

- Eh bien Marie ! Nous voilĂ  prĂȘtes pour faire les yeux doux aux premiers garçons qui vont se prĂ©senter. Bien sĂ»r, tant qu'Ă  faire, nous allons tout de mĂȘme choisir les plus beaux. Nous laisserons les moches aux autres. Vivement ce soir. Et prions dieu que tout aille bien jusque-lĂ , car pas question de rater ce moment.

- Tu fais bien de le dire, Denise. D'ailleurs, je ne vais pas tarder à rentrer afin de ne pas perdre un seul instant. Il me faut terminer à temps mon travail à la maison et aux champs avant l'heure fatidique. Dans le cas contraire, mon pÚre n'hésitera pas à m'interdire de te rejoindre ce soir.

- Au fait, avant de partir, rĂ©torqua Denise, nous n'avons pas complĂštement fini. Pas question non plus de conserver aux pieds nos vieux bottillons. N'oublions pas de mettre des chaussures basses plus pratiques pour danser. Celles avec des laniĂšres dessus me semblent bien mieux adaptĂ©es. Elles sont plus lĂ©gĂšres et, avec elles, nous danserons plus gracieusement. À nous les javas, polka, valses et slow langoureux, pourquoi pas aussi d'autres danses amenĂ©es par les AmĂ©ricains lors de la libĂ©ration. Je ne les connais pas encore, mais j'entends souvent leurs airs entraĂźnantsĂ  la radio. Nous aurons vite fait d'apprendre Ă  les danser.

- C'est vrai. À la maison aussi nous entendons ces nouveaux airs qu'ils surnomment, je crois, swing ou jazz. Ma mĂšre adore d'ailleurs Ă©couter la musique d'un certain Glenn Miller qui donne tout de suite l'envie de se bouger. Tu penses Ă  tout. Avec des souliers plus lĂ©gers que nos brodequins habituels, nous serons beaucoup plus lĂ©gĂšres pour suivre nos cavaliers. J'ai hĂąte d'y ĂȘtre.

Avant de partir, Marie rattacha ses cheveux comme à son arrivée puis toutes deux quittÚrent la chambre et redescendirent au rez-de-chaussée. Une fois sur le seuil du logis, elles se serrÚrent mutuellement dans les bras avant de se séparer. Marie se dirigea vers le chemin menant à sa ferme et se retourna pour faire un signe amical de la main à Denise en s'écriant :

- Bisous Ă  toi et Ă  tout Ă  l'heure. Nous nous retrouverons sur la place centrale. Je pense y ĂȘtre avec la famille aux environs de neuf heures. Le feu ne sera pas allumĂ© au moins avant dix heures, car il est coutume d'attendre la tombĂ©e de la nuit. Nous aurons donc, avant, tout le temps de danser, virevolter, nous amuser. Maman m'a dit de profiter au maximum de cette soirĂ©e. Il devrait y avoir aussi de bons gĂąteaux Ă  dĂ©guster. Chaque famille doit normalement en confectionner au moins un afin que chaque personne prĂ©sente puisse, le soir venu, les goĂ»ter et les savourer gratuitement et j'en ai dĂ©jĂ  l'eau Ă  la bouche.

En prononçant ces mots, Marie se passa la langue sur les lĂšvres laissant comprendre Ă  son amie qu'elle se rĂ©galait d'avance. AprĂšsces longues annĂ©es de privations oĂč mĂȘme le pain Ă©tait rationnĂ©, pouvoir goĂ»ter sans compter Ă  diffĂ©rents gĂąteaux dĂ©cuplait le plaisir.

Denise resta sur le seuil pour voir s'Ă©loigner son amie et ne rentra que lorsqu'elle eut complĂštement disparu derriĂšre les bosquets menant Ă  sa ferme.

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