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Comment j'ai tout perdu

Comment j'ai tout perdu

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5.0
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23
Chapitres

Un homme bien installĂ© dans la vie possĂšde tout ce qu'il dĂ©sire. Pourtant, une rencontre, de prime abord anodine, chamboulera son quotidien bien rĂ©glĂ©. Comment j'ai tout perdu est un rĂ©cit qui emmĂšne le lecteur imperceptiblement vers l'abĂźme... À PROPOS DE L'AUTEUR À la suite d'Ă©tudes supĂ©rieures en informatique et ingĂ©nierie en formation, Charles Kalvan consacre sa vie Ă  l'Ă©criture. À l'instar des Ă©crivains tels que Robert Merle ou Alexandre Dumas, il inscrit ses rĂ©cits dans la lignĂ©e des Ɠuvres d'aventures et d'actions.

Chapitre 1 No.1

Avant-propos

Cette histoire n'est pas un roman, mais un récit prémonitoire. Je ne savais pas, en effet, qu'en écrivant les lignes qui vont suivre j'allais vivre tout ce que j'étais en train d'écrire.

C'est plusieurs mois aprÚs l'achÚvement de ce texte que je me suis aperçu que ma vie se déroulait comme je l'avais écrite. Les personnages que j'ai décrits ont bien existé. Je les ai fait apparaßtre avec un rÎle plus ou moins neutre. Mais s'ils apparaissent, c'est qu'une raison inconnue, et de maniÚre inconsciente, je les mis dans ce récit. Pour le lecteur, ils n'auront aucune influence dans le déroulement de l'histoire, mais pour moi, bien aprÚs les évÚnements décrits, j'ai compris leur rÎle profond et pour quoi je les ai cités

À travers les rideaux soulevĂ©s, je remarquai un ciel pur et sans nuages qui enveloppait les monts enneigĂ©s scintillant au soleil. Deux teintes immaculĂ©es se cĂŽtoyaient en un jour parfait. Ce n'Ă©tait pas la beautĂ© pure de ces deux couleurs vierges que la perspective m'offrait ce jour-lĂ  et que j'admirais. L'esprit rationnel, pratique de mon tempĂ©rament excluait toute forme poĂ©tique ou romantique. La puretĂ©, la perfection du paysage, la raretĂ© des couleurs offertes de ce panorama qu'un poĂšte aurait la joie de contempler et de louer m'Ă©taient hors d'atteinte. De ce paysage qui proposait les couleurs parfaites Ă  celui qui voulait bien le voir, je n'en observais que le temps clair. Un temps annonciateur d'une bonne journĂ©e. J'abaissai rapidement les rideaux et me retournai :

- Super temps, annonçai-je à mes amis, la neige sera bonne cette fois.

- Oui, dit José, on pourra faire une ou deux noires.

- Trop dur pour moi, rĂ©pliqua Éric, je prĂ©fĂšre les rouges.

- On va se rĂ©galer, ajouta Bertrand qui se leva en direction de la fenĂȘtre pour vĂ©rifier mes dires.

Je me servis un petit noir avant de m'asseoir. Dehors, la station s'animait. Les premiers skieurs commençaient à faire la queue aux remontées. Les commerçants préparaient leurs boutiques et l'odeur du café envahissait les salles déjà bondées.

Bertrand ouvrit le réfrigérateur :

- Dis donc, on n'a pas fait de courses pour aujourd'hui.

- Pas grave, on mangera au restaurant d'altitude. Avec ce temps, ce sera l'idéal pour s'installer en terrasse.

- Bonne idĂ©e, rĂ©pondirent en chƓur les trois amis.

- Et ce soir, continuai-je, je propose une fondue au « Cheval blanc ».

En réalité, notre petite troupe ne se préoccupait guÚre des courses. Le « Cheval blanc » nous tenait lieu de cantine. Le soir, nous y jouions aux fléchettes, au Yam's ou à la belote. Le patron organisait parfois des concours de cartes destinés aux habitués et nous aimions y participer.

Faire les commissions et la vaisselle ne nous procurait aucun enthousiasme. Nous préférions savourer notre amitié autour d'une table de restaurant.

Tous les quatre avions rĂ©ussi notre parcours professionnel. JosĂ©, en tant directeur d'une importante concession automobile, Bertrand comme chef cuisinier de renom et moi comme directeur marketing d'un groupe international. Quant Ă  Éric, photographe de mĂ©tier, il s'installa Ă  son compte. Aboutir dans la vie Ă©tait pour moi un besoin impĂ©rieux qui m'animait constamment : ĂȘtre Ă  l'aise financiĂšrement, pouvoir se faire plaisir Ă  tout moment, sans contrainte. Je dĂ©testais l'Ă©chec quel que soit le domaine et je faisais toujours face aux difficultĂ©s.

Bien que l'envie de skier stimulait notre empressement, nous déjeunùmes tranquillement. Cet instant faisait partie du rituel de notre communauté, nous donnant l'occasion du partage de notre amitié. Puis, une fois habillés et l'appartement rangé et nettoyé, nous prßmes notre équipement et nous nous élançùmes à l'assaut des pistes

Nous quatre venions rĂ©guliĂšrement ensemble dans cette station. Chaque annĂ©e, nous abandonnions femmes et enfants pour nous offrir une tournĂ©e en cĂ©libataires. Depuis notre adolescence, nous savourions alors des moments de plaisir. Le mariage, il en Ă©tait convenu ainsi depuis toujours, ne devait pas ĂȘtre un obstacle Ă  nos habitudes. Aussi, nous sortions souvent au restaurant ou au bowling, comme au temps de notre jeunesse, pour ritualiser une amitiĂ© qui nous semblait Ă©ternelle.

Mon objectif Ă©tait donc atteint : je jouissais d'une existence confortable. Je maĂźtrisais ma vie et voulais la guider Ă  l'encontre du poisson qui se laisse porter au grĂ© du courant. Pour profiter pleinement de cette vie, je pouvais offrir Ă  mes amis tous les plaisirs qui me passaient par la tĂȘte. Avoir de l'argent ne suffisait pas et pour savourer ces moments, mes amis devenaient indispensables. Une nĂ©cessaire amitiĂ© profonde devait compenser une existence aussi superficielle que matĂ©rielle. Nous nous connaissions depuis l'adolescence et avions vĂ©cu ensemble toutes les Ă©tapes de la vie qu'un homme pouvait connaĂźtre. L'argent entre nous ne devait pas ĂȘtre un tabou, ni un devoir et encore moins une rĂšgle. Il ne servait de support qu'au plaisir d'ĂȘtre rĂ©unis. Aussi nous passions parfois de trĂšs longues minutes Ă  la terrasse d'un cafĂ© sans parler. Être rassemblĂ©s dans notre amitiĂ©, sans un mot inutile, formant, alors, l'entitĂ© unique de l'entente parfaite.

Le patron du restaurant d'altitude nous connaissait bien pour ĂȘtre de bons clients et nous proposait, maintenant, des plats non-inscrits sur la carte pour notre plus grande joie. Ce jour-lĂ , le serveur nous trouva une place dans une terrasse bondĂ©e que favorisait ce jour idĂ©al. Nous nous installĂąmes et prĂźmes notre temps pour manger. Quand nous fĂ»mes au dessert, la terrasse s'Ă©tait vidĂ©e de la plupart des skieurs, pressĂ©s de retourner sur les pistes. Le patron nous offrit le cafĂ© et nous parla un moment. Le restaurant se dĂ©semplissait rapidement. Presque plus personne ne s'attardait. Un homme pourtant, non loin, semblait apprĂ©cier l'instant convivial et nous regardait avec intĂ©rĂȘt certain. JosĂ© reposa sa tasse ayant avalĂ© la derniĂšre gorgĂ©e et ordonna :

- Bon, les gars ! On y va ?

- C'est parti ! répliqua Bertrand.

Sur ce, il se leva, suivi de nous tous.

- À demain et bonnes descentes, nous lança le propriĂ©taire tout en dĂ©barrassant la table.

Le patron rassembla quelques tasses et leva la tĂȘte. De sa terrasse, il aperçut toute la vallĂ©e que le temps clair et pur lui permettait de voir. Rarement, une telle vue s'offrait Ă  lui de son restaurant. Il distinguait la route sinueuse, qui en lacets dĂ©sordonnĂ©s, se laissait guider par le torrent qu'elle suivait et qui se perdait dans la vallĂ©e. Au pied de celle-ci, il observait nettement les toits d'ardoise du petit village nichĂ© dans un creux et, plus prĂšs, en contrebas, la station bouillonnante de vie. Il se permit quelques secondes pour contempler ce panorama d'une journĂ©e exceptionnelle, comme l'ultime moment avant l'inĂ©luctable dĂ©gradation, comme la fleur montrant ses plus beaux atours avant de faner lentement dans son vase. Il se rendit bien compte alors du privilĂšge que la nature lui offrait et qui dure le temps d'un prĂ©sent, celui que l'on dĂ©couvre avant de le poser pour l'oublier. Devant lui, il vit un homme qui, dos tournĂ© au paysage, ne se souciait pas du spectacle et buvait son cafĂ©, en observant notre petit groupe partir. Le patron fulminait en silence, pensant que ce particulier ferait mieux de regarder le paysage plutĂŽt que braquer des yeux les gens ou les filles. Mais, pressĂ© par le travail, il retourna Ă  sa tĂąche et dĂ©tourna le regard de ce bouquet de couleurs pures et fraĂźches qu'un Dieu a bien voulu offrir au plus commun des mortels.

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