CHAPITRE 1 : L'hôpital.
LE point de vue de Camille
Je n'ai jamais aimé les hôpitaux, ni même les cabinets médicaux. Ces lieux où les silences sont toujours trop lourds et où l'air semble chargé d'une nervosité oppressante. Mais ce jour-là, il n'y avait pas d'autre choix. Je devais y aller. Mon esprit était un mélange de nervosité et de curiosité en me dirigeant vers ce rendez-vous.
Quand je franchis la porte du cabinet, tout semblait en ordre. Les murs étaient baignés d'une lumière douce, et une odeur apaisante de lavande remplissait l'air. J'ai serré la hanse de mon sac à main, comme pour ancrer mes pensées qui commençaient à dériver. Puis je vis Anne, la secrétaire au visage chaleureux, qui m'accueillit avec un sourire.
- Bonjour, mademoiselle Castell. Le docteur Morel sera prêt pour vous dans un instant.
J'hochai simplement la tête, murmurant un remerciement presque inaudible, puis je m'assis sur l'une des chaises en cuir noir. Les secondes me semblèrent interminables. Finalement, son nom résonna dans l'air.
- Camille Castell ?
Je relevai la tête et aperçus le docteur Adrien Morel à l'entrée de son cabinet. C'était la deuxième fois que je le voyais, mais son aura me frappait à chaque fois. Un mélange de calme et d'assurance, comme s'il portait sur ses épaules un poids qu'il refusait de laisser transparaître. Il m'indiqua d'entrer d'un geste de la main.
- Bonjour, mademoiselle Castell, dit-il en refermant la porte derrière moi. Comment vous sentez-vous depuis notre dernier rendez-vous ?
Je m'installai dans le fauteuil face à son bureau, croisant les jambes pour masquer ma nervosité. Il me dévisageait avec cette attention intense qui me donnait l'impression qu'il voyait au-delà des mots.
- Un peu mieux, répondis-je, bien que ce soit encore... compliqué.
Il hocha la tête, sortant son carnet de notes. Sa voix était douce, presque apaisante.
- Prenez votre temps. Parlez-moi de ce qui vous inquiète.
Je pris une inspiration. Ce n'était pas facile pour moi de parler de ces sujets intimes, mais quelque chose dans son attitude me mettait en confiance. Je lui expliquai mes symptômes, mes doutes, et les inquiétudes qui m'amenaient à consulter. Il écoutait sans jamais interrompre, prenant des notes avec des gestes méticuleux.
Quand j'eus fini, il posa son stylo et planta son regard dans le mien.
- Merci pour votre honnêteté, Camille. Nous allons procéder à un examen aujourd'hui pour mieux comprendre ce qui se passe. Si à un moment vous vous sentez mal à l'aise, dites-le-moi. Mon rôle est de m'assurer que tout se déroule dans un cadre respectueux et rassurant, d'accord ?
Son ton était si professionnel et attentionné que je sentis un poids se lever de ma poitrine. J'acquiesçai.
Il m'indiqua la petite pièce à l'arrière de son bureau où se trouvait la table d'examen. Tandis que je me préparais, un mélange de pudeur et d'inquiétude montait en moi. Mais je me rappelai ses mots, sa promesse implicite que rien ici ne serait forcé ou précipité.
Quand il revint dans la pièce, il s'assura une nouvelle fois que je me sentais à l'aise. Il expliqua chaque étape avec une clarté rassurante.
- Vous pourriez ressentir une légère pression à un moment donné, mais cela ne devrait pas être douloureux, me dit-il, en me regardant avec sincérité.
Je hochai la tête, serrant le drap posé sur mes jambes.
Pendant l'examen, il s'efforçait de maintenir une conversation légère pour détendre l'atmosphère.
Je frissonne légèrement, allongée sur la table d'examen, les jambes écartées dans les étriers métalliques. Mon cœur bat un peu trop vite, et je tente de me concentrer sur le plafond blanc, sur la lumière crue qui éclaire la pièce, sur n'importe quoi d'autre que ce que je ressens en ce moment.
- Tout va bien, Camille ? demande la voix grave et calme du Dr Morel.
Son ton est professionnel, neutre. Mais moi, je le ressens autrement. Il y a quelque chose dans sa voix, ou peut-être dans ma propre imagination, qui me fait réagir d'une manière que je ne devrais pas. Je déglutis difficilement et hoche la tête, même si je sais qu'il attend une réponse verbale.
- Oui, ça va.
Mensonge. Ça ne va pas.
Je suis à la fois gênée et... troublée. Depuis la première fois que je suis entrée dans son cabinet, il y a six mois, il me trouble. Il est beau, ce qui est déjà un problème en soi. Grand, brun, les yeux d'un gris profond et un visage à la fois dur et élégant. Il dégage cette assurance maîtrisée, celle d'un homme qui sait exactement ce qu'il fait, qui contrôle chaque geste, chaque mot.
Et là, il me touche.
Enfin, pas encore. Mais ça ne saurait tarder.