À mon amie B…
qui, en évoquant son enfance au Congo, m’a permis de puiser dans le décor de ses réalités…
Partie I
Elle tape au carreau de la fenêtre fermée.
En vain.
Elle recommence ses « tac-tac », une fois, deux fois, dix fois, sans plus de résultat : on ne traverse pas une fenêtre close, même celle d’une chambre d’hôpital.
J’ai mal, par instants. Entre deux élancements, son petit bruit m’exaspère : le supplice de la goutte d’eau, version mouche en quête de liberté.
Que sait-elle de la liberté, de son ivresse et de ses dangers ? De guerre lasse, elle est venue se poser sur mon drap, à quelques centimètres de mon visage de gamine. « Tu veux quoi ? De l’aide ? OK ! Je vais voir ce que je peux faire… Mais je te préviens : ici, tu ne risques rien ou pas grand-chose. Dehors, c’est l’inconnu et le risque de mourir à chaque instant, celui de finir en petit déjeuner du premier oiseau qui passe… »
Rien qu’évoquer le petit déjeuner me donne envie de vomir.
J’ai mal.
La mouche, sourde à mes conseils, indifférente à mes souffrances, a repris son combat, inutile et têtu, contre la vitre. L’aube paresseuse repeint le ciel. Le jour se lève sur Brazzaville.
« Ça va, petite mademoiselle ? »
— Ou… oui…
Elle a l’âge et la bienveillance d’une maman. Je tente : « Il fait trop chaud… Vous voulez bien ouvrir la fenêtre ? »
— Ouvrir la fenêtre ! Vous n’y pensez pas ! À cette heure-ci, vous allez prendre froid… Ce n’est pas le moment !
— Oh… S’il vous plaît…
Un spasme me crispe le visage. Pour une fois, je ne vais pas me plaindre : c’est un avocat aussi efficace qu’inattendu. Le meilleur !
« Bon… J’ouvre mais un petit peu… et pas trop longtemps… » La douleur n’atténue en rien mon triomphe mais elle m’exonère de répondre et de remercier. La mouche ne peut invoquer une quelconque excuse à sa propre ingratitude. L’appel du destin a été le plus fort. Elle m’a abandonnée à mon sort sans le moindre remords : elle apprend vite la Loi du
Il est trop tôt pour que l’agitation de l’hôpital gagne le couloir du Service. Par la porte de la chambre restée entrouverte me parvient le bruit d’un pas que je connais trop bien : maman !