L'alpha tout-puissant reconquiert sa compagne
Divorcée et mariée à un chef de guerre
Mon nouvel amant est un mystérieux magnat
Le retour de l'héritière adorée
Choyée par le chef de la mafia
Le retour de l'héritière délaissée
Une danse avec trois princes
Les regrets de mon ex-mari
Son retour en grande pompe
Le retour de l'épouse indésirable
- Prologue -
21 Juin, solstice d’été. Malgré la nuit qui pointe le bout de son nez, il fait encore bon et la température est agréable. Un immense banquet parcourt la grande place du village et, au centre, un sublime foyer gît. Alors que ses confrères et ses consœurs festoient et dansent autour du feu pour célébrer la victoire de la lumière solaire, Gwenaëlle reste à l’écart et, souriante, applaudit dans ses mains en rythme. Elle aime observer les robes des femmes qui virevoltent, les hommes qui trinquent ensemble, les enfants qui se tiennent par la main dans une ronde joviale et la lumière des flammes qui fait danser les ombres au sol. Oui, elle aime ces moment-là, elle aime en être la spectatrice plus que l’actrice.
Gwenaëlle lève les yeux sur la cime des arbres entourant et protégeant le village. Ils sont colorés des tons orangés du coucher du soleil. C’est un magnifique spectacle que ses yeux bleus se régalent de contempler. De l’autre côté de ce mur vert, une fumée blanche s’élève vers le ciel : ce sont leurs voisins les romains avec qui les ententes ne sont pas des plus amicales. Gwenaëlle détourne le regard et se concentre sur la fête de son village. Parmi les silhouettes, une d’elle se détache particulièrement et s’approche en riant à gorge déployée.
Klervi, son frère, s’affale à côté d’elle sur le banc de bois. Il soupire avant de s’asseoir difficilement. Il regarde sa sœur avec un large sourire sous sa longue moustache blonde. Silencieusement, il boit une bonne rasade de vin avant de s’essuyer la bouche du revers de la main.
- Tu ne viens pas avec nous ? Demande-t-il d’une voix rauque.
- Non, répond-t-elle avec douceur. J’ai beaucoup dansé tout à l’heure et j’ai besoin de me reposer un peu les pieds.
Pour appuyer ses dires, elle lève son pied nu meurtri sous les yeux de Klervi. Un sourcil arqué, il le repousse et ricane.
- Quelle idée de danser pieds nus ! N’as-tu pas des chausses ?
- Je me sens mieux pieds nus, je sens tous les éléments que la nature nous offre.
Sur ses mots, elle parcourt la poussière de la terre avec un large sourire satisfait. Un frisson court sur sa peau sous sa longue robe bleue. Une mèche de cheveux rousse s’échappe de sa coiffe et chatouille sa joue. Elle sourit et rouvre les yeux pour observer son frère qui est tout aussi joyeux. Il pince l’épaule de sa cadette qui couine. Klervi se lève d’un bond et s’écrie :
- Mon verre est vide ! Il faut que j’aille le remplir avant de mourir de soif !
Sous le regard amusé de Gwenaëlle, il s’en va rejoindre le reste du village. La jeune femme d’une vingtaine d’années reste assise et observe tout le monde. Tant et si bien qu’un détail efface son sourire. Esrhas, le druide du village, s’éloigne des festivités furtivement. Gwenaëlle fronce les sourcils et le suit du regard encore un moment. C’est sans la moindre hésitation qu’elle se décide à le suivre. Il ouvre et passe la porte principale du village sans se retourner. Arrivée devant, la jeune femme contemple la joie qui se dégage du banquet. Personne ne remarque rien. Pourtant, jamais Esrhas n’avait quitté un banquet : la curiosité de la jeune femme est piquée. C’est silencieusement qu’elle se glisse entre les lourdes portes massives et se lance discrètement à sa poursuite, pieds nus.
Le druide marche une dizaine de minutes à travers les arbres suivit par Gwenaëlle qui reste discrète. Esrhas s’éloigne de plus en plus des sentiers battus et s’enfonce dans le cœur de la forêt. Régulièrement, Gwenaëlle regarde derrière elle pour se rappeler le chemin dans le cas elle se perdrait. Personne ne les suit et personne ne sait où ils se trouvent. Un peu plus loin, le camp des romains. Elle espère qu’ils resteront sages et ne viendront pas à leur rencontre. C'est le coeur battant et plein d'appréhension qu'elle suit le druide sans se poser de question sur sa destination finale.
Enfin, ils arrivent dans un espace vide. Un cercle immense où seul un chêne massif pousse au centre. Le druide, un vieil homme visiblement épuisé par sa marche, s’en approche avec sa large capuche toujours sur la tête. Gwenaëlle, quant à elle, se cache derrière un arbre et observe la scène. Esrhas lève les bras au ciel et prononce des paroles qu’elle ne peut pas entendre. Elle fronce les sourcils et tente de se concentrer sur sa voix chevrotante mais rien n’y fait : il ne parle pas assez fort. Elle tente de se rapprocher discrètement quand, soudain, le tronc du chêne se meut. Rapidement, elle s’accroupit et se cache tout en gardant les yeux rivés sur le druide et l’arbre immense.
L’écorce bouge et craque. Le tronc semble s’élargir et, pourtant, Esrhas est toujours imperturbable et continue ses incantations tout en s’agenouillant. Une fissure se forme et une lumière vive en jaillit. Gwenaëlle se détourne vivement et cache ses yeux douloureux. Elle ne s’attendait pas à une telle intensité. La jeune femme rousse reste immobile le temps de faire disparaître les lueurs agitées sous ses paupières closes. Après quelques instant, elle ouvre lentement les yeux. Quelques tâches lumineuses restent dans son champ de vision mais elles disparaissent rapidement. Elle se tourne lentement vers la scène et écarquille les yeux de surprise. La fissure est à présent une immense porte de laquelle une lumière intense s’échappe. Une sublime femme nue au visage doux sort d’un pas délicat et léger. Son ventre est rond, comme celui d’une femme enceinte, bleu et vert, comme la Terre. Un sein est d’or alors que l’autre est d’argent. Ses jambes sont d’eau avec des créatures marines qui les parcourent et, pourtant, elles la soutiennent. Sa chevelure de feuilles flottent au vent dans laquelle des animaux courent et chahutent. Elle est aussi grande que le chêne et, dans son dos, une branche la maintient encore à l’arbre. Gwenaëlle est abasourdie par une telle beauté et son cœur est au bord de l’explosion tant elle est excitée. Bien qu’elle aie une idée de qui peut être cette femme, elle ne veut pas s’avancer pour ne pas se faire de fausses joies.
- Bonsoir Esrhas, dit-elle.
Sa voix est douce, mélodieuse et résonne dans l’air. Gwenaëlle a l’impression d’entendre la voix d’une mère aimante et tendre avec ses enfants.
- Je suis là pour t’écouter, ô Dana.
- Dana ? Murmure Gwenaëlle surprise.
Elle met une main sur son cœur et un sourire étire ses lèvres. Dana est là, devant elle, bien réelle. Gwenaëlle cherche son souffle alors que les larmes lui montent aux yeux. Même dans ses rêves les plus fous, elle n’espérait pas la rencontrer un jour.
- Esrhas, toi qui est le plus sage, j’ai besoin de ton aide.
- Exige et j’exécuterai tes désirs comme des ordres.
- Je viens de rencontrer les Nornes, déesses de la destinée, Urd, Verdandi et Skuld. Elles m’ont fait part du destin des humains et du mien.
- Quel est-il ? Demande Esrhas.
- Les hommes ne croirons plus en nous, ils s’enfermeront dans le matériel et deviendront assoiffés de grandeurs démesurées et de pouvoirs. Ils vont me détruire et je ne pourrai plus le supporter. Aide-moi Esrhas et parle avec tes semblables. Sauve-moi avant qu’il ne soit trop tard.
Gwenaëlle sent ses jambes se dérober sous son poids. Elle se retient au tronc de l’arbre et prend de grandes inspirations. Ce n’est pas possible, elle ne veut pas croire ce qu’elle vient d’entendre. Son regard se perd au loin. Est-ce que les romains vont prendre le dessus ? Elle ne peut pas croire que les siens puissent être responsable de ce qu’il va arriver.
- Mais, ô grande Dana, tu sais que nous ne pouvons pas échapper au destin choisi par les Nornes. De plus, même si je parviens à avertir mon roi, les générations futures peuvent oublier mes mises en garde.
- Je le sais. C’est pour cette raison que je t’offre ceci.
Un chaudron d’argent sort à son tour de la porte formée au centre de l’arbre. La jeune femme rousse se penche alors pour l’observer briller dans la lumière. De sublimes décorations enrichissent les douze plaques d’argent qui forment le contour. Une treizième forme le fond. Délicatement, il vient se poser devant Esrhas. Le druide se penche en avant et le caresse du bout des doigts.
- Qu’est-ce ?
- Le chaudron de Gundestrup, outre le fait que personne ne le quitte la faim au ventre, il donne l’immortalité et la jeune éternelle à qui sait l’utiliser. Ainsi, les générations futures pourront être averties comme il se doit et jamais votre mise en garde ne sera oubliée.
- Votre ?
Le regard de Dana se braque en direction de Gwenaëlle. Surprise, elle hoquette et se cache derrière son tronc. Esrhas, à son tour, contemple la forêt sans rien y voir. Pourtant, il se lève en s’appuyant sur son bâton en gémissant. Soudain, sa voix retentit et donne la chair de poule à la jeune femme cachée.
- Gwenaëlle, n’as-tu pas fini d’espionner ? Qu’ai-je donc déjà dit ?
Prise sur le fait, elle sort de derrière son arbre et entre dans la lumière. Elle ricane, gênée, et les salue timidement. Le druide fronce les sourcils et secoue la tête.
- Que fais-tu ici ?