L'histoire explore l'évolution complexe d'un mariage arrangé, où les deux protagonistes, Clara et Gabriel, doivent faire face à des secrets de famille, des trahisons inattendues, et des désirs inavoués. Gabriel, bien qu'ayant recouvré la conscience, cache une partie sombre de son passé qui menace leur avenir. Clara, quant à elle, se bat pour son indépendance tout en essayant de comprendre ce que signifie vraiment être aimée. Peuvent-ils surmonter les obstacles imposés par leur union forcée et trouver un équilibre entre amour et liberté, ou seront-ils condamnés à s'entre-déchirer ? Un récit poignant où chaque choix a des conséquences, et où l'amour pourrait bien se trouver là où on l'attend le moins
La cérémonie se déroulait dans un silence pesant, les lourdes portes du manoir Deveraux s'étaient refermées derrière Clara avec un claquement sinistre. Elle se tenait immobile dans sa robe de mariée d'un blanc éclatant, se sentant plus prisonnière que jamais. Tout autour d'elle, des visages sérieux, des regards remplis d'attentes silencieuses. L'atmosphère était glaciale, chaque invité semblait retenir son souffle, comme si une tragédie invisible flottait dans l'air.
Gabriel Deveraux, son époux, était allongé dans le grand lit à baldaquin, inconscient, le visage pâle mais toujours aussi beau, figé dans un sommeil interminable. Il était l'héritier de la puissante famille Deveraux, et malgré son état, la famille avait insisté pour que le mariage ait lieu. Clara sentait le poids des regards de la famille sur elle, comme des jugements silencieux, guettant le moindre faux pas.
« Tout est prêt. » La voix grave du prêtre résonna dans la pièce, brisant le silence lourd. Il leva ses mains, tenant la Bible, et commença à réciter les vœux, mais chaque mot lui paraissait creux, sans signification. Clara serra les poings, cachés sous son voile. Comment en était-elle arrivée là ? Comment avait-elle pu accepter de marier un homme qui ne la connaissait pas, qui ne pouvait même pas prononcer son nom ?
Son cœur battait lourdement dans sa poitrine, chaque battement résonnait comme une condamnation. Les mots du prêtre se succédaient, dénués de sens pour elle, mais son esprit ne pouvait s'empêcher de vagabonder, revenant sans cesse à cette décision imposée par la famille Deveraux. Clara se rappelait encore les paroles de Madame Deveraux, la mère de Gabriel, qui l'avait regardée droit dans les yeux, impassible :
« Vous comprenez, Clara, c'est une question de survie pour notre famille. Gabriel a besoin de vous. Vous devez devenir sa femme. »
Clara avait hésité, tentée de fuir, mais l'influence des Deveraux était immense, et leurs mains semblaient s'étendre bien au-delà du manoir. Comment dire non à une telle puissance ?
« Clara, consentez-vous à prendre Gabriel pour époux, dans la santé comme dans la maladie, jusqu'à ce que la mort vous sépare ? »
Le prêtre marqua une pause, attendant une réponse, et Clara sentit tous les regards sur elle, brûlant sa peau sous le voile. Elle déglutit, sa gorge sèche. Elle aurait voulu crier, mais les mots qui franchirent ses lèvres étaient tout autres.
« Oui... je le veux. »
Sa voix semblait étrangère à ses propres oreilles, un murmure brisé dans l'immensité de la salle. Les invités retinrent leur souffle. Elle avait fait son choix. Ou plutôt, elle avait accepté celui qu'on lui imposait.
Gabriel restait immobile, inconscient du destin qui se jouait autour de lui. Son silence, pourtant, parlait de mille façons. L'absence de ses vœux laissait un vide terrifiant dans l'air. La cérémonie continua sans lui, comme un sombre théâtre où Clara n'était qu'une marionnette.
Lorsque la bénédiction finale fut donnée, Clara sentit un frisson lui parcourir l'échine. Elle était maintenant Madame Deveraux, l'épouse d'un homme endormi. Mais que signifiait ce titre quand celui qu'elle avait épousé ne pouvait même pas lui tenir la main ? À ses côtés, Madame Deveraux, majestueuse et glaciale, murmura à son oreille.
« Vous avez fait ce qui était nécessaire. Vous êtes des nôtres désormais. »
Clara hocha la tête en silence, incapable de répondre. Tout en elle criait au mensonge, à l'injustice. Les portes du manoir s'étaient ouvertes une fois pour elle, mais à présent, elles étaient scellées.
Après la cérémonie, on l'emmena dans une chambre somptueuse, loin du brouhaha des invités qui murmuraient entre eux, discutant en sourdine de ce mariage inhabituel. La chambre était immense, décorée avec un goût exquis, mais l'opulence ne faisait que renforcer son sentiment d'emprisonnement. Les rideaux épais filtraient à peine la lumière du jour, plongeant la pièce dans une atmosphère presque irréelle.
Elle s'assit au bord du lit, le regard perdu. Comment allait-elle affronter cette nouvelle vie ? Elle avait toujours rêvé de liberté, d'amour sincère, et maintenant elle se retrouvait liée à un homme qu'elle ne connaissait pas, qui ne connaissait même pas son existence.
Soudain, un coup frappé à la porte la fit sursauter. C'était l'une des domestiques du manoir, une femme d'âge mûr avec un visage sévère. Elle s'inclina légèrement avant de parler.
« Madame Deveraux souhaite vous voir. »
Clara acquiesça et se leva, le cœur serré. Elle savait que cette rencontre serait inévitable, et elle redoutait les mots qui allaient suivre. Traversant les longs couloirs du manoir, elle se sentait comme une étrangère dans cet univers luxueux et oppressant. Chaque tableau accroché aux murs semblait la regarder avec mépris, chaque pas résonnait comme un écho de ses choix.
Madame Deveraux l'attendait dans un salon privé, assise avec grâce dans un fauteuil en velours. Elle était impeccable, comme toujours, et son regard perçant fixait Clara avec une intensité qui ne laissait aucun doute sur sa supériorité.
« Clara, je ne vais pas vous mentir. Ce mariage n'est pas ce que vous espériez. »
Le ton de Madame Deveraux était froid, presque clinique. Clara resta silencieuse, consciente qu'il ne servait à rien de protester. Elle était maintenant prisonnière de cette réalité.
« Cependant, » continua-t-elle, « vous avez un rôle à jouer. Un rôle crucial pour notre famille. Vous devez donner un héritier à Gabriel. Peu importe ce que vous ressentez, peu importe les circonstances. C'est votre devoir désormais. »
Clara sentit un poids énorme s'abattre sur elle. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais Madame Deveraux la devança.
« Nous attendons de vous que vous vous conformiez à ce qui est exigé. Si vous faites ce qu'il faut, tout se passera bien. »
Clara hocha la tête, mais une rébellion sourde grondait en elle. Donner un héritier ? À un homme qui ne savait même pas qu'il était marié ? L'absurdité de la situation la frappait de plein fouet, mais elle se sentait piégée, incapable de protester ouvertement.
Madame Deveraux se leva, l'air satisfait d'avoir posé les bases de la nouvelle vie de Clara.
« Vous pouvez disposer. Reposez-vous. Nous attendons beaucoup de vous. »
Clara quitta la pièce, le cœur en miettes, la gorge nouée. En revenant dans sa chambre, elle se laissa tomber sur le lit, son esprit tourmenté par l'avenir incertain qui l'attendait. La nuit allait être longue, et pour la première fois, elle comprit véritablement ce que signifiait être seule.
La lune, voilée par les nuages, jetait une lumière blafarde sur le manoir, tandis que Clara, allongée, fixait le plafond, se demandant comment elle pourrait survivre à cette vie qu'on lui imposait.
La première nuit dans la demeure des Deveraux s'étira comme une éternité pour Clara. Le manoir, aussi vaste que sinistre, avait des murs si épais que chaque murmure semblait s'y perdre. Clara, allongée dans son lit, tentait de fermer les yeux, mais les mots de Madame Deveraux résonnaient encore dans sa tête : « Vous devez donner un héritier à Gabriel. » Ces paroles lui semblaient absurdes. Comment pouvait-elle espérer avoir un enfant avec un homme qui ne pouvait même pas la regarder, ni même prononcer son nom ?
Le lendemain matin, Clara descendit dans la salle à manger où la famille se réunissait chaque jour pour le petit déjeuner. La pièce était richement décorée, comme tout le reste de la demeure, mais Clara n'y trouvait aucun réconfort. Madame Deveraux était déjà là, assise à la tête de la table, son air sévère toujours aussi impassible. À ses côtés, des membres de la famille qu'elle n'avait pas encore rencontrés. Chacun semblait jouer son rôle dans ce grand théâtre familial, où chaque mouvement était calculé.
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