Corinne franchit le seuil de la maison et lança d'une voix claire :
« Je suis rentrée ! »
Aussitôt, ses parents apparurent en haut de l'escalier et descendirent vivement.
« Ma fille chérie est là », s'exclama Mme Prudence avec un large sourire avant de l'étreindre sans attendre.
« Tu m'as tellement manqué, maman », souffla Corinne en serrant les bras de sa mère avec plus de force encore.
« Et moi, je n'aurais pas droit à mon câlin ? » intervint M. Thatcher, resté derrière elles, déclenchant un éclat de rire partagé.
Corinne se détacha de sa mère et s'accrocha au cou de son père.
« Tu m'as manqué, mon vieux », dit-elle, rayonnante, ce qui fit rire son père.
« Alors elle n'a pas oublié ce surnom », songea-t-il, amusé. Ce petit nom affectueux datait de l'époque où elle vivait encore sous leur toit. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle le ressorte après toutes ces années.
« Et toi, tu m'as manqué encore plus, ma petite diva », répondit-il en la serrant contre lui. Elle s'écarta en faisant la moue.
« Papa, je ne suis plus petite. Je suis une grande dame, maintenant », protesta-t-elle en faisant un tour sur elle-même, ce qui les fit rire de plus belle.
« Peu importe, tu resteras toujours ma princesse », répliqua-t-il, déclenchant une légère grimace chez sa fille.
« Je ne veux plus de ce surnom, trouve-m'en un autre », insista-t-elle d'un ton boudeur.
« Très bien, je vais t'en donner un nouveau. Satisfaite ? » demanda-t-il, et Corinne répondit par un sourire éclatant.
« Ça suffit, vous deux », coupa Mme Prudence avec douceur. « Ma chérie, viens voir ta chambre. Tu pourras te rafraîchir avant de descendre. J'ai préparé ton plat préféré. »
« D'accord, maman », répondit Corinne en suivant sa mère.
Les domestiques, qui avaient assisté en silence à toute la scène, prirent ses bagages et montèrent à leur tour, tandis que M. Thatcher allait s'installer dans le salon.
Quelques minutes plus tard, à table.
« Alors, comment c'était, l'Espagne ? » lança Mme Prudence pour rompre le silence.
« Muy bien », répondit Corinne dans un espagnol parfait, ce qui fit éclater de rire ses parents.
« Et ça veut dire quoi ? » demanda sa mère, amusée.
« Que tout s'est bien passé », expliqua-t-elle avec un sourire.
« Tant mieux », ajouta son père, satisfait.
« Mais c'était ennuyeux », reprit-elle en levant les yeux au ciel.
« Pourquoi ? Tu n'as pas rencontré de nouveaux amis ? » s'étonna M. Thatcher.
« Si, bien sûr. Mais comme on dit, rien ne vaut la maison », répondit-elle avec un haussement d'épaules.
Ses parents échangèrent un regard surpris.
« On est surtout étonnés que tu aies ressenti un tel manque de nous », avoua Mme Prudence.
« Eh oui », murmura-t-elle. « Mais ne vous en faites pas, maintenant que je suis là, je compte bien rattraper tous les moments perdus. Et vous allez m'y aider. »
Ils rirent ensemble.
« Tout pour notre princesse », sourit sa mère.
« Tu veux reprendre un peu ? Après un vol pareil, tu devrais manger davantage », suggéra son père en sirotant son verre.
« Non merci, je ne voudrais pas grossir », répondit Corinne en secouant la tête.
« Pourquoi ça ? »
« Parce que ça me rendrait moche, et je ne veux pas de ça », dit-elle, ce qui fit rire son père.
« Tu tiens vraiment à ton apparence », commenta-t-il en secouant la tête.
« Bien sûr ! Je veux rester jolie chaque jour, comme maman », dit-elle en posant ses mains sur ses joues, déclenchant un sourire attendri de Mme Prudence.
« Mais être ronde ne veut pas dire être laide », tenta de corriger cette dernière.
« Pour moi, si. Et je ne veux pas que ça m'arrive », trancha Corinne, ferme.
Prudence sourit en silence et changea de sujet.