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À l'aube des origines: La légende d'Argassi V Deuxième partie

À l'aube des origines: La légende d'Argassi V Deuxième partie

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Chapitres

Laura poursuit son irrésistible avancée en Ardaltanïnn, terre mythique des dragons. Désignée comme ‘Ursila, l’Envoyée, « Celle aux doigts d’or » de la prophétie, qui chassera « Celui venu d’ailleurs » et sauvera du chaos un monde menacé d’extinction, elle mène avec courage et détermination son incroyable quête. Forte de pouvoirs hors normes, des choix manichéens s’imposeront à elle. Maillon incontournable d’une chaîne vivante, elle initiera un mouvement qui ne s’arrêtera plus. Elle ouvrira les boucles du temps, protégera un univers et préparera le « passage » pour les suivantes. Ainsi naîtra La Légende d’Argassi. À PROPOS DE L’AUTEURE Martine S. Dobral se plaît à construire des intrigues entre réel et imaginaire. Avec À l’aube des origines, un récit épique empreint de merveilleux où se chevauchent mondes et époques, toujours tendu vers l’espoir, elle clôt le cycle de La légende d’Argassi… ou le démarre.

Chapitre 1 No.1

Le hasard disperse aisément ce qu’il rassemble.

J. W. von Goethe, Torquato Tasso (1790)

Il y a le possible, cette fenêtre du rêve ouverte sur le réel.

Victor Hugo/William Shakespeare

1

Galea Bayda

Son précieux chargement entre les griffes, Alakhar s’éleva au-dessus de la plaine et vira en direction du Triangle de Feu.

L’hisad achevé, il avait contemplé avec curiosité celle qui avait eu l’impudence de l’investir à son insu une seconde fois et de fouiller sa mémoire. Il n’avait compris l’intrusion qu’en détectant son infime empreinte à l’instant où elle avait quitté son esprit. Il avait remonté sa trace et retrouvé les marqueurs diffus laissés dans son esprit sur son passage. Elle avait décroché après avoir accédé à ses souvenirs immédiats, ceux de la destruction de leur civilisation par ce qu’ils nommaient l’Hargitsi. Qui était-elle donc pour l’infiltrer en toute impunité ?

Quant à son Rayiys, il savait maintenant qu’il lui avait délibérément menti à son propos. Il ignorait leur degré d’intimité en termes de relations humaines, mais le taux de phéromones sexuelles dégagées par chacun durant leur face-à-face lors de l’hisad ne trompait pas. Ces deux-là se connaissaient et même très bien ! Il éclaircirait cela plus tard. Pour l’heure, il ramenait la sijiyin lui-même et le Jōṛī s’accomplirait comme prévu. Par tranquillité d’esprit, il ferait néanmoins emprisonner Caïn dès son arrivée à Galea Bayda.

Laura, agrippée aux mailles du rakh, regarda Caïn s’éloigner et disparaître en dessous d’elle, le cœur étreint d’angoisse. Ils reprirent en sens inverse le parcours fait la veille quand elle avait investi Alakhar. Contre toute attente, elle ne subissait pas la température glaciaire d’altitude et comprit avec étonnement que le rakh se comportait comme une bulle isolante.

En dessous d’elle, la côte se déroulait, irrégulière, ses falaises en à pic frappées par les vagues. Elle entendit le cri caractéristique d’un aigle et aperçut Orzel qui volait en parallèle. Bientôt apparurent les hautes tours de la forteresse blanche tranchant sur le noir des Chaînes et elle put enfin contempler la mythique citadelle dans son ensemble.

Galea Bayda portait bien son nom. Sise sur une dépression rocheuse calée entre les montagnes, au-dessus même du volcan où Alakhar puisait sa force, elle se dressait, élancée, vers le ciel, avec son architecture compliquée et sa coupole centrale atypique de titania et de verre. On accédait au sud par une double porte défendue par une herse. Au bout d’une large rampe, un antique pont de pierre enjambait un vertigineux précipice qui s’étalait en arc de cercle autour de sa base. Côté Nord, elle dominait la mer en à-pic, ses côtes déchiquetées rendues inabordables par les brisants. Un unique et périlleux passage masqué par une herse menait à un appontement creusé dans la falaise, par lequel se glissaient les chaloupes qui débarquaient les eabd capturés.

Ils survolèrent le dôme aux vitraux transparents et obliquèrent vers une large terrasse en étage où Alakhar se délesta du rakh et se posa. Laura le vit replier ses ailes et peu à peu changer de forme jusqu’à prendre une apparence humaine.

Le rakh s’ouvrit tout seul et se rétracta en cliquetant, redevenu cube. Elle se releva, étourdie, et déstabilisée, soutint le regard froid d’Alakhar. Face à elle se tenait l’incarnation de son propre père !

— Ana ahyik ! Marhaaban Galea Bayda ! Je te salue… Bienvenue à Galea Bayda ! prononça-t-il de sa voix métallique. C’est ainsi que tes semblables souhaitent la bienvenue, n’est-ce pas ?

Elle ne répondit pas, fascinée par la transformation. Le polymorphisme était presque parfait, excepté les yeux d’un inquiétant gris. Voir brusquement les traits aimés lui fit réaliser à quel point sa famille lui manquait. Une puissante nostalgie l’étreignit.

Alakhar tourna autour d’elle.

— Tu m’as donné quelque mal, mais je t’ai enfin trouvée !

Il la scanna de la tête aux pieds, passant une nouvelle fois son ADN au crible et hocha la tête, satisfait.

— Parfaite… Tu es parfaite !

Laura esquissa une moue.

— Pas sûre qu’il s’agisse d’un compliment dans mon cas, mais je le prends comme tel.

Il continua à l’observer, impassible. Cette humaine constituait une énigme. Elle n’avait pas peur de lui. Contrairement à ce qu’elle avait voulu faire croire, elle n’avait pas subi les effets hypnotiques du rakh et lorsqu’il avait tenté de la sonder, il s’était heurté à un mur. Étonnant !

Il lui fit face.

— Tu connais mes projets, tu sais donc pourquoi tu te trouves ici, n’est-ce pas ?

— À cause d’une supposée compatibilité avec toi pour assurer ta descendance et sauver ton espèce du néant ?

— Pas supposée, sijiyin, mais pour la première fois depuis des millénaires, parfaitement concordante !

Laura ne releva pas. Elle se détourna du regard inquisiteur et se dirigea posément vers la grande salle attenante à la terrasse. Une pièce immense aux arches gothiques en titania, décorée d’une pléiade de statues toutes plus effrayantes les unes que les autres, qu’elle détailla avec une égale curiosité. Elle s’arrêta devant une espèce de diable à la queue fourchue de près de deux mètres de hauteur dont les yeux figés semblaient la suivre, comme ceux de toutes les autres, d’ailleurs. Réplique parfaite de certaines des représentations médiévales de Lucifer sur terre. Elle se détourna en frissonnant.

— Toutes ces créatures existent-elles vraiment ?

— Disons qu’elles « existaient » vraiment… répondit-il froidement.

Elle saisit la nuance et se tut.

Il la suivit des yeux, pensif.

— Tu ne viens pas d’Ardaltanïnn, alors d’où ? Qui es-tu ?

— Je m’appelle Laura Hessling et comme toi, je viens d’ailleurs.

Elle lui fit face et lui ouvrit une partie choisie de son esprit, sans craindre pour son propre monde. Après tout, ne rêvait-elle pas ? Et puis la terre ne possédait pas de titania…

Elle lui montra son Wisconsin natal, sa vie à la ferme avec sa famille et s’attarda avec émotion sur son dernier concert, une rétrospective de Chopin.

Il resta silencieux un long moment, perdu dans son regard.

— Je n’ai jamais rien entendu de tel… finit-il par murmurer surpris.

Elle sourit.

— Oui, Chopin est toujours une révélation !

Il tenta de forcer son esprit et elle se referma aussitôt. Il demanda, suspicieux.

— Comment es-tu arrivée jusqu’ici, je ne vois pas ton vaisseau ! La sijiyin évadée du Quiba t’accompagnait-elle ?

Elle comprit bien qu’il parlait d’Erhyn, mais ne saisit pas le parallèle, si ce n’est que toutes les deux échappaient à son emprise. Elle répondit avec sincérité.

— Non, pas de vaisseau… Je suis venue seule et en quelque sorte, par hasard ! J’ai… euh poussé une porte et je me suis retrouvée ici !

Il ne cilla pas.

— Pour quelles raisons viens-tu en Ardaltanïnn ?

Elle botta en touche.

— Difficile à expliquer, j’avoue me poser moi-même quelques questions à ce sujet… Disons que je ne suis que de passage, comme toi…

Elle sentit sur elle son regard inquisiteur. Il finit par se détourner. Un jagäre arriva, accompagné d’une jeune femme vêtue d’une longue robe blanche ceinturée sous la poitrine, ses cheveux retenus en une natte unique dans le dos. Il la délesta de son épée.

— Cette sijiyin va te conduire à tes appartements, entièrement à ta disposition. N’attends pas d’elle, cependant, qu’elle te laisse partir. Tous ici ont ordre de t’empêcher de sortir. Profite plutôt de ces quelques jours avant le Jōṛī et repose-toi !

Il les congédia et elle suivit la femme, le jagäre fermant la marche. Elle tenta d’engager la conversation, mais n’obtint d’elle que son prénom, Bilha.

Ils traversèrent une enfilade de couloirs ouverts sur une multitude de salles et elle fut frappée par l’absence de portes. Hormis celles, monumentales, en chêne pour accéder au château, toutes les pièces croisées béaient, dépourvues de fermeture. En même temps, vu le contexte, qui, à part elle, pouvait avoir des velléités de fuite ! D’autres créatures d’albâtre semblant tout droit sorties des différentes mythologies humaines jalonnaient leur parcours, toutes aussi « vivantes » et Laura se demanda avec un frisson s’il ne s’agissait pas de trophées… Après avoir monté deux niveaux, ils arrivèrent à une gigantesque salle ronde au sol couvert d’une mosaïque centrale, autour de laquelle une quarantaine de femmes vêtues comme sa guide vaquaient tranquillement. Certaines brodaient ou tissaient sur des métiers, d’autres, assises, restaient immobiles, le regard perdu dans le vague ou se reposaient, nonchalamment appuyées sur des méridiennes, avec toutes en commun, le même air absent.

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