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Les caprices du destin I

Les caprices du destin I

DIOULDE

5.0
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23
Chapitres

Parcours d'une vie, histoire d'une vie . C'est mon histoire. C'est l'histoire d'une jeune fille prĂ©nommĂ© Assy qui a beaucoup souffert dans sa vie pour atteindre ses objectifs, rĂ©aliser son rĂȘve.

Chapitre 1 Chapitre 01

Assy...

Aujourd'hui elle a un peu trainĂ© les pieds pour aller en cours. La volontĂ© Ă©tait lĂ , mais le corps ne rĂ©pondait plus. Elle Ă©tait trop fatiguĂ©e. La journĂ©e de travail a Ă©tĂ© vraiment laborieuse. TrĂšs. Plus que d'habitude. Elle n'avait mĂȘme pas eu le temps de revoir ses cours et de se prĂ©parer pour l'Ă©valuation qu'elle devait avoir ce soir. Dommage. Il Ă©tait dĂ©jĂ  presque 17 heures et elle risquait d'ĂȘtre en retard. Elle a pressĂ© les parts en rĂ©flĂ©chissant sur sa capacitĂ© Ă  soutenir ce rythme.

Mais elle ne pouvait pas laisser tomber ce travail car ça lui permettait de payer ses cours du soir Ă  l'Ă©cole. Son petit salaire lui permettait aussi d'aider sa mĂšre et d'avoir de quoi garder en poche pour ses petits besoins. En plus, elle tenait vraiment Ă  dĂ©crocher son bac cette annĂ©e. Elle avait Ă©chouĂ© l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente malgrĂ© tous les efforts qu'elle avait consentie. Manque de chance comme l'on dit pour la plupart de ses connaissances. Mais malgrĂ© tout, cet Ă©chec a Ă©tĂ© terrible pour elle car elle s'Ă©tait donnĂ© corps et Ăąme pour ce diplĂŽme. Surtout qu'elle n'avait pas de temps Ă  perdre. Non, elle devait rĂ©ussir rapidement. Elle a mĂȘme pensĂ© Ă  laissĂ© tomber et se chercher un travail pour aider sa mĂšre. Mais cette derniĂšre a refusĂ©, estimant qu'elle se devait de persĂ©vĂ©rer pour les sortir de cette situation. Et elle Ă©tait prĂȘte Ă  tout pour ça.

Mais elle refusait que sa mÚre se tue au travail pour financer ses études. Non, elle en avait suffisamment fait pour elle. A 19 ans, elle devait maintenant se prendre en charge. Elle avait donc décidé cette année de se chercher du travail et de s'inscrire à des cours du soir dans une école privée et de passer à nouveau le BAC. Ce n'était pas la premiÚre fois qu'elle travaillait. Chaque année, elle le faisait pendant les vacances pour avoir de quoi s'acheter des fournitures et s'inscrire.

Mais juste aprĂšs son Ă©chec, elle a cherchĂ© un travail plus stable et sa mĂšre l'a mis en rapport avec Tata Nafi. Cette derniĂšre cherchait une baby-sitter qui pourrait s'occuper de sa fille Sophie, ĂągĂ©e de 5 ans et atteinte de troubles mentaux et qui avait des problĂšmes pour Ă©voluer en milieu scolaire. C'Ă©tait une enfant difficile qui nĂ©cessitait beaucoup d'attention et demandait beaucoup de temps. Heureusement qu'elles s'entendaient bien ensemble, mais quand Sophie Ă©tait agitĂ©e, c'Ă©tait des journĂ©es trĂšs Ă©prouvantes pour elle et elle les passait Ă  lui courir aprĂšs, et Ă  essayer de la calmer. C'Ă©tait Ă©prouvant. Et en plus elle devait aussi lui faire son linge et de temps en temps, quelques menus autres travaux de la maison, qui Ă©tait assez grande. C'Ă©tait Fatou qui s'occupait de la cuisine, mais elle Ă©tait tellement fainĂ©ante qu'elle se dĂ©chargeait toujours sur elle. MĂȘme si s'occuper de Sophie Ă©tait laborieux, elle avait beaucoup d'affection pour cette petite et cĂ©dait Ă  ses moindres caprices. Il lui arrivait de la porter au dos malgrĂ© son poids pour l'apaiser car elle adorait cette position. Oui, parfois ce n'Ă©tait pas facile et c'est Ă  ce genre de journĂ©e qu'elle a Ă©tĂ© confrontĂ©e aujourd'hui. Mal tombĂ©e. Le jour ou elle avait une Ă©valuation en SVT. Elle travaillait le matin et se rendait Ă  ses cours de 17 heures Ă  20 heures. "On ne rĂ©ussir pas en entreprenant deux choses Ă  la fois dit -on" Surtout avec Tata Nafi qui Ă©tait toujours sur son dos

Comme elle s'y attendait, elle savait Ă  la sortie de l'Ă©valuation qu'elle Ă©tait complĂštement passĂ©e Ă  cĂŽtĂ© du sujet. Elle n'avait mĂȘme pas le cƓur Ă  commenter avec ses camarades de classe les piĂšges qu'il fallait Ă©viter, elle savait que de toute façon, elle n'avait pas bien travaillĂ©. Non, elle avait juste envie de se reposer. Heureusement que demain, c'Ă©tait samedi. Elle pourra rentrer chez elle et avoir un peu de libertĂ©. Dans le bus qui la ramenait Ă  son lieu de travail ou elle passe toute la semaine, la sonnerie de son tĂ©lĂ©phone a interrompu ses pensĂ©es. C'Ă©tait sa mĂšre.

- allo, maman...

- ma fille, je n'ai pas eu de tes nouvelles toute la semaine. Je m'inquiétais.

Elle a soupiré.

- tu as raison maman. Cette semaine, Sophie Ă©tait trĂšs agitĂ©e. Je m'endormais dĂšs que je posais ma tĂȘte sur l'oreiller.

- massa ma fille...

- Je suis dans le bus et je t'entends mal. DĂšs que je descends je vous rappelle.

Avant qu'elle ne range son tĂ©lĂ©phone, il sonna Ă  nouveau. Cette fois c'Ă©tait Elhadj. Son chĂ©ri. Enfin si on peut l'appeler comme cela. Leur relation Ă©tait trop compliquĂ©e ces temps ci et elle n'avait pas trop le cƓur Ă  parler avec lui. Plus tard peut ĂȘtre. Elle a donc prĂ©fĂ©rĂ© le zapper en se disant que de toute façon, il rappellerait. DĂšs qu'elle est arrivĂ©e, elle a eu droit aux Ă©ternelles rĂ©primandes de tata Nafi.

- Assy, c'est Ă  cette heure que tu viens ? Je dirais Ă  ta mĂšre qu'au lieu de rentrer directement de tes cours, tu traines jusqu'Ă  des heures impossibles

- mais tata, ce sont les embouteillages...

- embouteillage, embouteillage....dit' elle en continuant à rouspéter. Et puis j'ai trouvé Sophie affamée et avec des couches sales. Si tu n'es pas capable de bien t'occuper d'elle, il faut me le dire que je cherche une autre. Je commence à en avoir assez ; chaque jour tu me prétextes des cours et tu la laisses avec Fatou toute sale et sans lui donner à manger.

- mais tata, walay, j'ai changé sa couche et je lui ai donné à manger avant de partir.

- tu mens. Cria-t-elle. Et puis tu te tais quand je parle...

Assy a baissĂ© la tĂȘte. ComplĂštement abattue par autant d'injustice. Pourtant, comme d'habitude avant d'aller en cours, elle lui avait donnĂ© un bain, changĂ© sa couche et ses habits avant de lui servir un gouter avant de partir, le laissant Ă  Fatou, qui devait attendre le retour de tata avant de quitter. Mais cette derniĂšre ne faisait aucun effort avec la petite et disait qu'elle Ă©tait trop sale et impolie.

- je te paie beaucoup d'argent pour que tu t'occupe d'elle. Si ce n'était pas ta mÚre Assy, je t'aurais renvoyé depuis....

- Nafi arrĂȘte voyons...

C'était Tonton Ibrahima, le mari de tata Nafi. Lui était plus calme, plus pondéré et surtout semblait se rendre compte de tous les efforts que fournissait la pauvre Assy pour s'occuper de leur fille.

- c'est bien la premiĂšre fois que tu as une bonne qui accepte de rester aussi longtemps et pourtant tout le temps tu es sur son dos. ArrĂȘte voyons...dit-il sur un ton un peu Ă©nervĂ©.

Nafi a vu rouge. Elle n'aimait pas ĂȘtre contredite. Surtout devant les employĂ©s de maison. Et de surcroit par son mari.

- oh toi, tu ne m'Ă©nerve pas. Ce que je dis ou pas Ă  Assy ne te concerne pas. ArrĂȘte de toujours prendre sa dĂ©fense en me faisant passer pour la mĂ©chante...je la considĂšre comme ma petite sƓur.

- toi tu ne fais absolument rien pour Sophie...tous les jours, tu ne t'occupe que de ta boutique...

Assy ne voulait pas assister à cette scÚne. Elle s'est discrÚtement effacée et est allé retrouver Sophie dans sa chambre. Son rayon de soleil. Oui, malgré son handicap, elle adorait cet enfant. Elle avait hérité des beaux traits maures de son pÚre. Ibrahima Aidara. DÚs qu'elle la vit, elle a laissé tombé la poupée qu'elle martyrisait pour venir se jeter dans ses bras.

- Asshyy...cria t'elle.

Depuis qu'elle était sa nounou, elle était arrivée à lui faire dire quelques mots alors qu'à son arrivée, elle ne faisait que crier ou s'enfermait dans un silence total. Oui, elle avait fait des progrÚs. A cinq ans, elle portait encore des couches car n'étant pas capable de s'exprimer quand elle voulait faire ses besoins. Mais de plus en plus, quand elle était à la maison, elle la laissé sans couche pour lui apprendre à devenir propre. Mais sa maman n'appréciait pas. Comme d'habitude. Comme à chaque fois qu'elle voulait prendre l'initiative pour l'aider à grandir. Elle lui criait dessus en lui disant de se limiter à ce qu'elle lui demandait de faire. Mais malgré tout, elle aimait cette petite.

- pourquoi tu as fait pipi dans la couche ma chérie ? Je t'ai demandé d'aller dans les toilettes si tu as envie de le faire. Et puis regarde comment tu as sali ta belle robe. C'est bien ça ? dit-elle gentiment en lui montrant l'énorme tache sur sa belle robe

Elle a compris et a secouĂ© la tĂȘte. Assy a continuĂ© Ă  discuter avec elle comme Ă  une grande personne en lui racontant qu'elle est passĂ©e Ă  cĂŽtĂ© de son Ă©valuation et la pauvre petite l'Ă©coutait silencieusement, souriant mĂȘme parfois comme si elle comprenait ses Ă©tats d'Ăąme. Elle l'a changĂ© et elles sont sorties pour aller diner quand elle a encore entendu des Ă©clats de voix du couple Aidara depuis leur chambre. Elle a paniquĂ© un moment, se sentant un peu responsable de cette dispute. Elle ne voulait pas. Tonton Ibrahima parlait peu et Ă©tait trĂšs discret. Tout le contraire de sa femme.

Aujourd'hui, elle a dinĂ© avec Sophie, qui depuis quelques temps, et sous son insistance commençait Ă  manger toute seule. Eh oui, avec beaucoup de patience, elle est arrivĂ©e Ă  beaucoup de chose avec cette petite. Elles Ă©taient Ă  choisir qui terminera le diner quand tata Nafi est revenu dans la cuisine le visage sombre et lui a lancĂ© un regard incendiaire. Elle a alors baissĂ© la tĂȘte, rĂȘvant juste d'avoir des pouvoirs qui lui permettrait de disparaitre dans ce genre de situation embarrassante. N'eut Ă©tĂ© sa mĂšre et l'amour qu'elle portait Ă  cette pauvre petite, elle aurait laissĂ© tombĂ© ce travail depuis belle lurette. Ça faisait bientĂŽt un an qu'elle supportait les sautes d'humeur de tata Nafi et ça commençait vraiment Ă  lui peser. Et pourtant elle faisait tout ce qu'elle lui demandait, sans jamais se plaindre et Dieu sait que parfois c'Ă©tait difficile de s'occuper de Sophie. Mais elle ne disait jamais rien. Elle avait des scrupules pour cela.

À la maison, il y avait aussi la sƓur de tata Nafi, Dina, et aussi Pape, un neveu de Tonton Ousmane. Ils Ă©taient tous les deux Ă©tudiants Ă  l'universitĂ© et c'Ă©tait Dina qui s'occupait de chauffer le diner et de servir. Tata Nafi et son mari dinait habituellement seul au salon tandis que le reste des sourghas, mangeait dans la cuisine dans une bonne ambiance.

Plus tard, couchĂ© sur le matelas au pied du lit de Sophie, elle essayait tant bien que mal de trouver le sommeil. Elle avait rappelĂ© sa mĂšre qui lui avait dit ĂȘtre allĂ© Ă  son rendez vous mĂ©dical, mais le mĂ©decin lui avait prescrit une radio Ă  faire. Elle se demandait vraiment ou elle allait trouver cet argent. Surtout qu'elle a du dĂ©penser le peu qu'elle avait gardĂ© pour rĂ©parer son tĂ©lĂ©phone que Sophie avait jetĂ© contre le mur dans un de ses accĂšs de colĂšre. Elle se tournait et se retournait quand son tĂ©lĂ©phone a vibrĂ©. C'Ă©tait encore Elhadj. Elle a dĂ©crochĂ© en soupirant

- Ma chérie, j'ai essayé toute la soirée de t'appeler. Commença t-il

- Oui, mais j'étais occupé, répondit-elle dans un souffle. Elle ne voulait pas réveiller Sophie, ni Dina qui dormait aussi à cÎté sur l'autre lit.

Elhadj aimait Assy. Un peu trop selon ses amis. Il ne voyait pas sa vie sans elle. Ils s'Ă©taient connus alors qu'elle avait juste 16 ans et il a Ă©tĂ© attirĂ© par sa beautĂ© insolente, son innocence juvĂ©nile et son caractĂšre timide. Il a eu dĂšs le dĂ©but envie, besoin de la protĂ©ger car il la sentait fragile, perturbĂ©e. Et quand il a su sa situation familiale, il l'a encore plus pris sous son aile, essayant comme il pouvait de la guider dans le droit chemin en l'encourageant pour ses Ă©tudes. Mais malheureusement c'est tout ce qu'il pouvait faire. Il Ă©tait simple instituteur et son maigre salaire ne pouvait pas beaucoup l'aider, surtout qu'il Ă©tait soutien de famille et la grande famille Ă  Podor attendait tous les mois l'envoi de son argent pour vivre. Mais il avait tellement d'ambition pour elle. Il voulait faire d'elle sa femme, la mĂšre de ses enfants. Mais sa jalousie maladive Ă©tait en train d'avoir raison de la belle relation qu'il Ă©tait en train de construire. Et il y avait de quoi. Assy grandissait. Sa beautĂ© s'affirmait, ses traits se distinguaient, ses belles formes ne passaient plus inaperçues, mais heureusement qu'elle ne s'en rendait pas vraiment compte. Non Assy Ă©tait tellement timide qu'elle ne relevait pas la tĂȘte quand elle marchait dans la rue. Elle ne se rendait pas compte qu'elle avait des yeux magnifiques, un teint caramel que lui enviaient la plupart des femmes et surtout un visage...oui, elle Ă©tait belle. Elhaj est un homme jaloux . Il ne supportait pas qu'elle reste toute la semaine Ă  son lieu de travail. Il avait l'impression qu'elle lui Ă©chappait, qu'elle se forgeait un nouveau caractĂšre. Non, il n'aimait pas cette situation. Mais comme Ă  chaque fois qu'elle venait les week-ends et qu'il se voyait, il ramenait le sujet, ça finissait en dispute et Assy repartait souvent en larme, ne comprenant pas tout ce qu'il lui reprochait au final.

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