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Quand vient l'amour 2

Quand vient l'amour 2

Jessy Jessy

5.0
avis
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Vues
12
Chapitres

***Hardin*** Je ne sens ni le bĂ©ton glacĂ© sous mes jambes ni la neige me tomber dessus. Je ne sens que le trou bĂ©ant qui me dĂ©chire la poitrine. Impuissant, Ă  genoux, je regarde Zed sortir du parking avec Tessa sur le siĂšge passager. Je n'aurais pas pu imaginer une telle scĂšne, jamais dans mes putains de cauchemars les plus tordus je n'aurais pu imaginer ressentir cette douleur. J'ai entendu dire que ça s'appelait la douleur de la disparition. Je n'ai jamais eu quelque chose ou quelqu'un Ă  aimer, jamais eu le besoin de possĂ©der une femme, de la faire mienne complĂštement, et je n'ai jamais voulu m'accrocher Ă  quiconque avec autant de force. La panique, cette putain de panique totale Ă  l'idĂ©e de la perdre, n'Ă©tait pas dans mes plans. Rien ne l'Ă©tait. C'Ă©tait censĂ© ĂȘtre facile : la baiser, rĂ©cupĂ©rer mon blĂ© et foutre les boules Ă  Zed. Facile. Sauf que ça ne s'est pas passĂ© comme ça. Au lieu de ça, cette fille blonde en jupe longue, qui fait de longues listes pour tout et n'importe quoi, s'est doucement insinuĂ©e en moi. Je suis tellement tombĂ© amoureux d'elle que je n'arrivais pas Ă  le croire. Je ne m'Ă©tais pas rendu compte Ă  quel point je l'aimais jusqu'Ă  ce que j'en gerbe dans un lavabo aprĂšs avoir montrĂ© Ă  mes connards de potes la preuve que j'avais volĂ© son innocence. J'ai dĂ©testĂ© ça, j'ai dĂ©testĂ© chaque instant... mais je ne me suis pas arrĂȘtĂ©. J'ai gagnĂ© le pari, mais j'ai perdu la seule chose qui m'ait rendu heureux. Et, par-dessus tout, j'ai perdu le soupçon de bontĂ© qu'elle m'avait fait dĂ©couvrir en moi. La neige dĂ©trempe mes fringues, mais je n'ai qu'une envie : rejeter la faute sur mon pĂšre de m'avoir transmis son addiction, sur ma mĂšre d'ĂȘtre restĂ©e assez longtemps avec lui pour faire un gamin aussi ravagĂ© et sur Tessa pour m'avoir adressĂ© la parole. Je voudrais rejeter la faute sur tout le monde, mais je ne peux pas. C'est moi qui l'ai fait. Je l'ai dĂ©truite, elle et tout ce que nous avions. Mais je ferai n'importe quoi pour rattraper mes erreurs. OĂč va-t-elle ? Est-ce que je pourrai jamais la retrouver lĂ  oĂč elle va ?

Chapitre 1 Chapitre 1

Tessa Zed m'explique comment le pari est nĂ©. – Ça a pris plus d'un mois, dis-je en sanglotant. J'ai la nausĂ©e, je ferme les yeux pour essayer de me soulager. – Je sais. Il n'arrĂȘtait pas de se pointer avec des excuses et de demander plus de temps. Il voulait baisser le montant du pari. C'Ă©tait bizarre. On croyait tous qu'il Ă©tait obsĂ©dĂ© par la victoire, comme pour prouver quelque chose, mais maintenant je comprends. Zed s'interrompt quelques secondes et scrute mon visage. – Il ne parlait que de ça et puis, le jour oĂč je t'ai invitĂ©e Ă  aller au cinĂ©, il a pĂ©tĂ© un cĂąble.

AprĂšs t'avoir dĂ©posĂ©e, il m'a fait tout un sketch pour me dire de rester loin de toi. Je me suis foutu de sa gueule, je croyais qu'il Ă©tait bourrĂ©. – Est-ce que... Est-ce qu'il vous a racontĂ© pour la riviĂšre ? Et les... autres trucs ? Je retiens mon souffle en posant la question. La pitiĂ© que je lis dans son regard m'apporte la rĂ©ponse. – Oh mon Dieu ! Je couvre mon visage de mes mains. Sa voix se fait plus basse : – Il nous a tout racontĂ©... Je veux dire absolument tout. Je ne dis plus rien et j'Ă©teins mon tĂ©lĂ©phone qui n'a pas cessĂ© de vibrer depuis que j'ai quittĂ© le bar. Il n'a pas le droit de m'appeler. Il n'a plus le droit. Nous approchons du campus. – Tu es dans quelle rĂ©sidence maintenant ? – Je n'habite plus Ă  la citĂ© U. Hardin et moi... Il m'a convaincue d'emmĂ©nager avec lui la semaine derniĂšre. – Il n'a pas fait ça ? demande Zed, le souffle coupĂ©. – Si. Il est tellement... Il est juste... Je bĂ©gaie, incapable de trouver le bon mot pour dĂ©finir sa cruautĂ©. – Je ne savais pas que c'Ă©tait allĂ© aussi loin. J'ai cru qu'une fois que... tu vois, aprĂšs la preuve... il redeviendrait comme avant, avec une fille diffĂ©rente chaque soir. Mais c'est lĂ  qu'il a disparu. Il ne venait plus nous voir, sauf l'autre soir quand il s'est pointĂ© aux docks et qu'il a essayĂ© de me convaincre avec Jace de ne rien te dire. Il a offert un gros paquet de fric Ă  Jace pour qu'il la ferme. – De l'argent ? Hardin n'aurait pas pu faire pire. À chaque rĂ©vĂ©lation rĂ©pugnante, l'espace dans la voiture de Zed se rĂ©trĂ©cit un peu plus. – Ouais. Jace s'est foutu de sa gueule Ă©videmment, mais il a dit Ă  Hardin qu'il la fermerait. – Et pas toi ? Je me souviens des mains abĂźmĂ©es d'Hardin et du visage de Zed. – Pas vraiment... Je lui ai dit que s'il ne t'avouait pas tout rapidement, je le ferais. Visiblement, il n'a pas trop aimĂ©, rĂ©pond-il en dĂ©signant son visage. Si ça peut t'aider Ă  te sentir mieux, je crois qu'il se soucie vraiment de toi. – Ce n'est pas le cas. Et mĂȘme si ça l'Ă©tait, ça n'a aucune importance. J'appuie ma tĂȘte contre la vitre. Chacun de nos baisers, chacune de nos caresses ont Ă©tĂ© partagĂ©s avec les amis d'Hardin, chacun de nos instants rĂ©vĂ©lĂ©. Mes moments les plus intimes. La seule intimitĂ© que je n'aie jamais eue avec quelqu'un ne m'appartient plus, plus du tout. – Tu veux venir chez moi ? Je ne veux pas ĂȘtre lourd ou te faire flipper, juste j'ai un canapĂ© que tu peux squatter, jusqu'Ă  ce que tu... saches ce que tu veux faire. – Non. Non merci. En revanche, je peux me servir de ton tĂ©lĂ©phone ? Je dois appeler Landon. D'un mouvement de tĂȘte, Zed dĂ©signe le tĂ©lĂ©phone sur le tableau de bord et, l'espace d'un instant, je laisse mon esprit divaguer sur la façon dont les choses auraient tournĂ© si j'Ă©tais allĂ©e jusqu'au bout avec Zed au lieu d'Hardin, aprĂšs le feu de camp. Je n'aurais jamais commis toutes ces erreurs. Landon rĂ©pond Ă  la seconde sonnerie et, comme je m'y attendais, il me dit de venir directement chez lui. Je ne lui ai pas dit ce qui s'est passĂ©, mais il est tellement gentil. Je donne son adresse Ă  Zed qui garde le silence pendant que nous traversons la ville. – Il va me tomber dessus pour t'avoir Ă©loignĂ©e de lui. – Je te demanderais bien pardon de t'avoir mĂȘlĂ© Ă  tout ça... mais c'est vous qui vous ĂȘtes mis lĂ -dedans. Si je suis honnĂȘte avec Zed, je dois dire que j'ai lĂ©gĂšrement pitiĂ© de lui. Je crois qu'il avait de bien meilleures intentions qu'Hardin, mais mes blessures sont trop rĂ©centes et trop douloureuses pour penser Ă  lui en ce moment. Landon me fait vite entrer chez lui. – Il pleut des cordes. OĂč est ton manteau ? Il me gronde gentiment avant d'Ă©carquiller les yeux en me voyant en pleine lumiĂšre. – Que s'est-il passĂ© ? Qu'a-t-il fait ? AprĂšs voir jetĂ© un coup d'Ɠil dans la piĂšce, je croise les doigts pour que Ken et Karen ne soient pas au mĂȘme Ă©tage. – C'est si Ă©vident que ça ? J'ai Ă  peine le temps de m'essuyer le visage que Landon m'attire dans ses bras, je tente encore de sĂ©cher mes larmes. Je n'ai plus la force physique ou Ă©motionnelle de sangloter. J'ai dĂ©passĂ© ce stade, vraiment dĂ©passĂ©. Landon me donne un verre d'eau et m'intime de monter dans ma chambre. J'arrive Ă  esquisser un sourire, mais en haut, un instinct pervers me conduit devant la chambre d'Hardin. Lorsque je m'en rends compte, la douleur est tellement ravivĂ©e que je me dĂ©tourne brusquement pour revenir de l'autre cĂŽtĂ© du couloir. Les souvenirs de la nuit oĂč j'ai accouru Ă  son chevet alors qu'il hurlait dans son sommeil brĂ»lent encore en moi. Je reste assise, abasourdie, sur le lit de « ma chambre », pas trĂšs sĂ»re de ce que je vais pouvoir faire dans les minutes qui suivent. Landon me rejoint quelques instants plus tard. Il s'assied Ă  cĂŽtĂ© de moi, assez prĂšs pour me montrer sa sollicitude mais assez loin pour me tĂ©moigner son respect, comme il le fait toujours. – Tu veux en parler ? me demande-t-il gentiment. J'acquiesce en silence. MĂȘme si rĂ©pĂ©ter cette histoire me fait plus de mal que de l'apprendre pour la premiĂšre fois, tout raconter Ă  Landon me libĂšre un peu ; c'est rĂ©confortant de savoir qu'au moins une personne n'Ă©tait pas au courant de mon humiliation depuis le dĂ©but. En m'Ă©coutant, Landon est restĂ© de marbre, Ă  tel point que je n'arrive pas Ă  deviner ce qu'il pense. Je voudrais savoir ce qu'il en dĂ©duit de la personnalitĂ© de son demi-frĂšre. Et de la mienne. Mais lorsque je termine mon histoire, il se lĂšve d'un bond, dĂ©bordant de colĂšre. – Je n'arrive pas Ă  y croire ! Qu'est-ce qui ne va pas dans sa tĂȘte ? Et moi qui croyais qu'il devenait presque... correct... il a fait ça ! C'est du grand n'importe quoi ! Je n'arrive pas Ă  croire qu'il t'ait fait une chose pareille, Ă  toi. Pourquoi dĂ©truire la seule chose qu'il a ? À peine Landon a-t-il fini sa phrase qu'il tourne brutalement la tĂȘte... Et je les entends aussi, ces pas prĂ©cipitĂ©s dans l'escalier. Pas simplement des pas, d'ailleurs, plutĂŽt le bruit de lourdes bottes claquant contre les marches de bois Ă  un rythme d'enfer. L'espace d'un instant, je pense mĂȘme Ă  me cacher dans le placard, mais nous nous exclamons d'une mĂȘme voix : – C'est lui ! Le visage de Landon est devenu grave. – Tu veux le voir ? Je secoue la tĂȘte frĂ©nĂ©tiquement et Landon esquisse un mouvement pour fermer la porte juste au moment oĂč la voix d'Hardin me transperce. – Tessa ! À l'instant oĂč Landon tend le bras, Hardin franchit le pas de la porte, le bouscule et passe devant lui. Il s'arrĂȘte au milieu de la piĂšce en mĂȘme temps que je me lĂšve du lit. Peu habituĂ© Ă  ce genre de scĂšne, Landon reste plantĂ© lĂ , interdit. Hardin soupire en se passant la main dans les cheveux. – Tessa, Dieu merci. Dieu merci tu es lĂ . Le voir me fait mal, je dĂ©tourne le regard pour me concentrer sur le mur. – Tessa, BĂ©bĂ©. Il faut que tu m'Ă©coutes. S'il te plaĂźt, juste... Sans dire un mot, je m'avance vers lui. Ses yeux s'illuminent d'espoir et il tend la main vers moi, mais je poursuis mon chemin. Je sens une vague d'espoir s'Ă©craser contre lui. Bien fait. – Parle-moi, me supplie-t-il. Mais je ne fais que secouer la tĂȘte et m'installe aux cĂŽtĂ©s de Landon avant de lui crier : – Non. Je ne te reparlerai jamais. – Tu ne peux pas dire ça... – Éloigne-toi de moi ! Il m'attrape le bras. Landon s'interpose entre nous et place sa main sur l'Ă©paule de son demi-frĂšre avant de dire : – Hardin, il faut que tu y ailles. Hardin serre les dents et promĂšne son regard de lui Ă  moi avant de l'avertir : – Landon, casse-toi ! Mais Landon reste campĂ© sur sa position. Je connais suffisamment Hardin pour savoir qu'il est en train d'Ă©valuer si ça vaut la peine de tabasser Landon sous mes yeux. Semblant dĂ©cider que le jeu n'en vaut pas la chandelle, il prend une grande inspiration en essayant de garder son calme : – S'il te plaĂźt... Donne-nous une minute. Landon me regarde et je le supplie du regard. Il se retourne vers Hardin : – Elle ne veut pas te parler. – Ne me dis pas ce qu'elle veut, putain ! Hardin crie et lance son poing contre le mur, fissurant le plĂątre. Je saute en arriĂšre et recommence Ă  pleurer. Pas maintenant, pas maintenant. Je rĂ©pĂšte ces mots silencieusement pour essayer de gĂ©rer mes Ă©motions. – Va-t'en, Hardin ! Maintenant, c'est Landon qui crie juste au moment oĂč Ken et Karen franchissent le pas de la porte. Oh non ! Je n'aurais jamais dĂ» venir ici. – Nom de Dieu, qu'est-ce qui se passe ici ? demande Ken. Personne ne rĂ©pond. Karen me regarde avec empathie et Ken rĂ©itĂšre sa question. Hardin jette un regard meurtrier Ă  son pĂšre avant de rĂ©pondre : – J'essaie de parler Ă  Tessa, et Landon ferait mieux de s'occuper de son cul plutĂŽt que de mes affaires ! Ken regarde Landon, puis se tourne vers moi et reprend : – Qu'est-ce que tu as fait, Hardin ? Son ton a changĂ©. Il est passĂ© de l'inquiĂ©tude Ă ... la colĂšre ? J'ai du mal Ă  savoir. – Rien ! Putain ! s'exclame Hardin en levant les bras. – Il a tout foutu en l'air, voilĂ  ce qu'il a fait et maintenant, Tessa n'a nulle part oĂč aller, rĂ©sume Landon. Je voudrais parler, je ne sais juste pas quoi dire. – Elle a quelque part oĂč aller, elle peut rentrer Ă  la maison. LĂ  oĂč est sa place... avec moi, rĂ©pond Hardin. – Hardin s'est jouĂ© de Tessa tout le temps de leur relation, il lui a fait des choses innommables, laisse Ă©chapper Landon. Karen s'approche de moi, le souffle coupĂ©. Je rentre dans ma coquille, littĂ©ralement. Je ne me suis jamais sentie aussi nue et petite. Je ne voulais pas que Ken et Karen soient au courant... mais ça ne va plus changer grand-chose puisque, dans quelques heures, ils ne voudront certainement plus me voir. Interrompant cette spirale infernale, Ken me demande : – Est-ce que tu veux rentrer avec lui ? Je secoue faiblement la tĂȘte. – Je ne pars pas d'ici sans toi. Hardin parle d'un ton tranchant, il s'approche de moi mais j'esquisse un mouvement de recul. Ken me surprend en s'interposant : – Je crois que tu devrais y aller, Hardin. Le visage d'Hardin prend une teinte rouge sombre, empreint de ce que je ne peux qualifier que de rage. – Pardon ? Tu devrais t'estimer heureux que je vienne ne serait-ce que poser un orteil chez toi... et tu oses me mettre Ă  la porte ? – J'ai Ă©tĂ© ravi du tournant qu'a pris notre relation, mais ce soir, il faut que tu partes. – C'est n'importe quoi. Qui est-elle pour toi ? Ken se tourne vers moi puis revient vers son fils et lui rĂ©pond avant de baisser la tĂȘte : – Quoi que tu lui aies fait, j'espĂšre que ça valait la peine de perdre la seule bonne chose qui te soit jamais arrivĂ©e. Je ne sais pas si c'est Ă  cause du poids des mots de Ken ou si sa rage maĂźtrisĂ©e avait atteint son paroxysme et s'est Ă©vaporĂ©e, mais Hardin s'interrompt soudain, me regarde rapidement, puis sort de la piĂšce. Nous demeurons tous interdits en l'entendant descendre les escaliers Ă  un rythme rĂ©gulier. Le claquement de la porte se rĂ©percute dans la maison, qui redevient silencieuse. Je me tourne vers Ken et me mets Ă  sangloter : – Je suis tellement dĂ©solĂ©e. Je vais m'en aller. Je ne voulais pas en arriver lĂ . – Non, reste aussi longtemps que tu en auras besoin. Tu es toujours la bienvenue ici. – Je ne voulais pas me mettre entre vous. Ken et Karen me serrent dans leurs bras. Je me sens trĂšs mal d'avoir poussĂ© Ken Ă  mettre son fils Ă  la porte. Karen m'attrape la main, la serre lĂ©gĂšrement et Ken me regarde, aussi exaspĂ©rĂ© qu'Ă©puisĂ©, avant de rĂ©pondre : – Tessa, j'aime Hardin, mais nous savons tous les deux que sans toi, il n'y aurait rien entre nous.

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