Issu d'une famille royaliste, Gauthier Chùtillon De Blerencourt n'est pas dans son univers. Il est réfractaire aux idées et aux actions de son pÚre. Dans le but de prouver son désaccord et par contradiction envers ce dernier, il s'engage dans l'armée napoléonienne avec tous les aléas et les joies qui peuvent en découler. Il disparaßt... son retour sera difficile et jonché non seulement d'embûches mais aussi de plaisir. à PROPOS DE L'AUTEURE Maryse Sailly écrit surtout pour s'évader des tourments de la vie.
Sommaire
Lorsque Marie Blanc arriva au marché de trÚs bonne heure, elle ne fut pas surprise de l'effervescence qui y régnait. Chaque semaine, elle avait le dur privilÚge de se rendre à la ville et d'en revenir les bras chargés de lourds paniers.
Quarante ans qu'elle servait ses maßtres, quarante ans de bons services. Mais depuis quelques années, tout lui pesait. Elle venait d'atteindre la soixantaine et elle désirait fortement se reposer. Elle aurait pu le faire s'il n'y avait pas eu tous ces malheurs.
Elle se rappelait les années 70 et 80, comme il faisait bon vivre au chùteau, ses maßtres étaient jeunes et gais.
Mais il y a eu 1789, puis la mort de Madame, le départ pour l'Angleterre et ce retour, triste et morne ou plus rien ne ressemblait à la vie d'antan.
Monsieur de ChĂątillon BlĂ©rencourt Ă©tait un maĂźtre discret et bon, si seulement il ne s'Ă©tait pas remariĂ© avec cette gourgandine ! Mais Marie avait servi trop longtemps pour savoir qu'on ne s'occupe pas de ceux qui vous commandent, et, pour l'instant, sa seule prĂ©occupation Ă©tait de chercher au prix le plus bas, les lĂ©gumes et la nourriture nĂ©cessaire aux habitants du chĂąteau. Cela aussi avait changĂ© ! OĂč Ă©taient les annĂ©es d'abondance, on ne regardait pas aux dĂ©penses de l'intendance, aujourd'hui, l'argent se faisait rare.
En arrivant sur la place, elle entendit un roulement de tambour, aussitĂŽt de toutes parts, les gens affluĂšrent. BientĂŽt, un Ă©pais rassemblement se fit devant la mairie, un homme clouait une grande affiche, des murmures, des cris parcouraient la foule. Marie se trouvait trop loin pour lire, les gens se bousculaient, s'insultaient presque et ceux du premier rang renseignaient les suivants.
La Grande ArmĂ©e venait de pĂ©rir dans les glaces de Russie. 400â000 soldats et officiers Ă©taient morts ou portĂ©s disparus. L'Ă©noncĂ© Ă©tait bref mais suffisant pour que tout Ă coup, on entende des pleurs, des cris, des lamentations montaient de toutes parts. Les uns pleuraient un fils, les autres un mari, un frĂšre, un cousin.
400â000 familles pleuraient en mĂȘme temps devant les mairies de France, l'armĂ©e de NapolĂ©on.
- Ce n'est pas possible, il y en a bien qui reviendront !
L'annonce de la dĂ©faite que ramenait Marie dans ses paniers plongea Monsieur de ChĂątillon dans un rĂ©el tourment. Pendant plusieurs jours, personne ne le vit sortir de sa chambre, il ne recevait mĂȘme pas sa femme. Cela dura deux mois. Deux mois, le temps qu'il s'Ă©tait donnĂ© pour avoir la certitude que son fils faisait partie des morts ou disparus de la grande armĂ©e
Pendant ces huit semaines, il avait écrit sans cesse aux ambassades, aux généraux, à toutes les personnalités qu'il avait connues ou fréquentées.
Malgré toutes les recherches, le corps du jeune comte n'avait pas été retrouvé, les journaux décrivaient briÚvement les faits, pour clore cet état d'ùme, il reçut une lettre du MinistÚre.
« Votre fils est tombé bravement en héros digne de son nom et de sa patrie, nos efforts pour retrouver son corps se sont avérés vains. »
Ces derniers mots achevĂšrent de mettre le doute dans son esprit. Tout Ă coup, sa seule raison de vivre fut son fils, ce fils qu'il n'avait pas su comprendre, pas su aimer.
Il sentait que son enfant vivait quelque part, loin, trĂšs loin de lui, il Ă©tait angoissant de penser qu'il avait pu ĂȘtre relevĂ© sur le champ de bataille par des habitants de ce pays glacial, qu'il se trouvait peut ĂȘtre en convalescence dans un milieu Ă©tranger et hostile. La rĂ©ponse arriva presque six mois plus tard avec le retour au pays de quelques jeunes partis sous les ordres de son fils. Ils ne savaient pas grand-chose mais Ă©taient unanimes pour dire qu'ils avaient appris que leur colonel avait Ă©tĂ© gravement blessĂ© et qu'il suivait l'armĂ©e dans un convoi de blessĂ©s
- Croyez-vous qu'il ait pu survivre Ă ses blessures ?
- Je ne vous le garantis pas, Monsieur le Comte, c'était déjà tellement dur pour ceux qui étaient en bonne santé.
- Je vous remercie mes amis, répondit le vieil homme, allez aux cuisines, Marie vous servira du vin.
Pour Monsieur de Chùtillon, tout était fini, classé, terminé. Il attendit des mois et des mois, rien ne se passa. Pas une nouvelle, pas un écho de ce convoi
Au début de l'année 1814, il s'éteignit doucement comme une chandelle, lui qui n'avait vécu que pour revoir la paix, ses amis revenir d'exil, il mourut un mois trop tÎt.
Chapitre 1 No.1
27/01/2022
Chapitre 2 No.2
27/01/2022
Chapitre 3 No.3
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Chapitre 4 No.4
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Chapitre 5 No.5
27/01/2022
Chapitre 6 No.6
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Chapitre 7 No.7
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Chapitre 8 No.8
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Chapitre 9 No.9
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Chapitre 10 No.10
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Chapitre 11 No.11
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Chapitre 12 No.12
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Chapitre 13 No.13
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Chapitre 14 No.14
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Chapitre 15 No.15
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Chapitre 16 No.16
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Chapitre 17 No.17
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Chapitre 18 No.18
27/01/2022
Chapitre 19 No.19
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Chapitre 20 No.20
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Chapitre 21 No.21
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Chapitre 22 No.22
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Chapitre 23 No.23
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Chapitre 24 No.24
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Chapitre 25 No.25
27/01/2022
Chapitre 26 No.26
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Chapitre 27 No.27
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Chapitre 28 No.28
27/01/2022
Chapitre 29 No.29
27/01/2022
Chapitre 30 No.30
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Chapitre 31 No.31
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Chapitre 32 No.32
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Chapitre 33 No.33
27/01/2022
Chapitre 34 No.34
27/01/2022
Chapitre 35 No.35
27/01/2022
Chapitre 36 No.36
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Chapitre 37 No.37
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Chapitre 38 No.38
27/01/2022
Chapitre 39 No.39
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Chapitre 40 No.40
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