Ce soir-là, la dinde de Noël rôtissait, et Paris était drapé d'un manteau blanc silencieux. Dans l'appartement chaleureux de ma mère, Monique, toute la famille était réunie, mes frères, leurs épouses, mon neveu scotché à son téléphone, et mon mari David et mon fils Lucas à mes côtés. L'atmosphère semblait festive, mais une tension palpable flottait dans l'air, une attente pesante que je connaissais trop bien. Après le plat principal, ma mère a tapé sur son verre, annonçant solennellement qu'elle allait partager une partie de son héritage de son vivant. Mon cœur s'est serré : je savais qu'elle préférait mes frères. Elle a généreusement donné des appartements à Marc et Pierre, 200 000 euros à mon neveu Thomas, et des bracelets en or massif à mes belles-sœurs. Mais pour moi, Alice, sa seule fille, il n'y avait rien. Le silence est tombé; tout le monde me regardait. Puis, ma mère a déclaré, d'une voix dénuée de toute chaleur : « Et Alice, bien sûr, s' occupera de moi pour ma retraite. C' est normal, c' est la fille. Elle n' a pas besoin d' autre chose. » Un bourdonnement a empli mes oreilles. Des décennies d'injustice, de sacrifices ignorés, de dévouement à sens unique venaient de me frapper en plein visage. Payer les dettes de jeu de Marc, garder les enfants de Pierre pour qu'il aille au casino, conduire ma mère à tous ses rendez-vous, faire ses courses, nettoyer sa maison... Tout ça pour ça. Rien. Pire que rien : une condamnation à perpétuité. Je sentais quelque chose se briser en moi. Un ressort tendu depuis trop longtemps qui venait de lâcher. Une rage froide et pure, balayant la tristesse et la déception, est montée de mes entrailles. Ils avaient gagné. Ils avaient toujours gagné. Mais ce soir, le jeu allait changer. Mes mains se sont crispées sur le bord de la table, mon souffle est devenu court. Une pensée unique, claire et libératrice, s' est imposée dans mon esprit. C' en était trop. C' en était fini.
Ce soir-là, la dinde de Noël rôtissait, et Paris était drapé d'un manteau blanc silencieux.
Dans l'appartement chaleureux de ma mère, Monique, toute la famille était réunie, mes frères, leurs épouses, mon neveu scotché à son téléphone, et mon mari David et mon fils Lucas à mes côtés.
L'atmosphère semblait festive, mais une tension palpable flottait dans l'air, une attente pesante que je connaissais trop bien.
Après le plat principal, ma mère a tapé sur son verre, annonçant solennellement qu'elle allait partager une partie de son héritage de son vivant.
Mon cœur s'est serré : je savais qu'elle préférait mes frères.
Elle a généreusement donné des appartements à Marc et Pierre, 200 000 euros à mon neveu Thomas, et des bracelets en or massif à mes belles-sœurs.
Mais pour moi, Alice, sa seule fille, il n'y avait rien.
Le silence est tombé; tout le monde me regardait.
Puis, ma mère a déclaré, d'une voix dénuée de toute chaleur : « Et Alice, bien sûr, s' occupera de moi pour ma retraite. C' est normal, c' est la fille. Elle n' a pas besoin d' autre chose. »
Un bourdonnement a empli mes oreilles.
Des décennies d'injustice, de sacrifices ignorés, de dévouement à sens unique venaient de me frapper en plein visage.
Payer les dettes de jeu de Marc, garder les enfants de Pierre pour qu'il aille au casino, conduire ma mère à tous ses rendez-vous, faire ses courses, nettoyer sa maison...
Tout ça pour ça.
Rien.
Pire que rien : une condamnation à perpétuité.
Je sentais quelque chose se briser en moi.
Un ressort tendu depuis trop longtemps qui venait de lâcher.
Une rage froide et pure, balayant la tristesse et la déception, est montée de mes entrailles.
Ils avaient gagné.
Ils avaient toujours gagné.
Mais ce soir, le jeu allait changer.
Mes mains se sont crispées sur le bord de la table, mon souffle est devenu court.
Une pensée unique, claire et libératrice, s' est imposée dans mon esprit.
C' en était trop.
C' en était fini.
Autres livres par Gavin
Voir plus