Dans une rĂ©gion reculĂ©e oĂč la forĂȘt est une frontiĂšre mystĂ©rieuse entre le monde des humains et celui des loups-garous, Lysandre "Lysa" Morren, une jeune femme de 19 ans, revient dans son village natal aprĂšs des annĂ©es d'absence. Lysa, autrefois enfant du village, est maintenant une Ă©trangĂšre aux yeux des habitants. Elle porte une cicatrice sur son bras gauche, une trace de l'attaque d'un loup sauvage qui l'a laissĂ©e Ă moitiĂ© morte lorsqu'elle avait 10 ans. Ce traumatisme l'a chassĂ©e de son foyer, mais elle revient aujourd'hui pour retrouver des rĂ©ponses sur l'origine de cette nuit funeste. Le village est gouvernĂ© par une ancienne loi qui lie les humains Ă une meute lĂ©gendaire de loups-garous, connue sous le nom des Ombres Jumelles. La lĂ©gende raconte que les Ombres sont dirigĂ©es par deux Alphas, des frĂšres jumeaux opposĂ©s mais insĂ©parables : Kael et Teren, nĂ©s sous une prophĂ©tie complexe. L'un est censĂ© protĂ©ger, l'autre dĂ©truire, et ensemble, ils maintiennent un Ă©quilibre fragile entre l'homme et la bĂȘte. Cependant, depuis plusieurs mois, des disparitions inexpliquĂ©es sĂšment la panique dans le village. Certains habitants murmurent que les Ombres Jumelles ont perdu leur Ă©quilibre, et que l'un des Alphas est en train de sombrer dans la sauvagerie. Quand Lysa revient, elle dĂ©couvre que les frĂšres jumeaux sont inexplicablement liĂ©s Ă son passĂ©. Elle apprend que la cicatrice sur son bras n'Ă©tait pas une simple blessure : elle est marquĂ©e par le sang d'un Alpha. Elle fait partie de la prophĂ©tie, mais son rĂŽle dans cette prophĂ©tie reste incertain â sauvera-t-elle la meute et les humains ou prĂ©cipitera-t-elle leur perteâŻ? Entre drames humains, tensions animales et un mystĂ©rieux mal ancien tapis dans la forĂȘt, Lysa doit naviguer entre son propre passĂ©, la complexitĂ© de ses sentiments pour les deux Alphas, et le danger qui menace de tout consumer.
La brume s'accrochait encore aux arbres lorsque j'ai traversĂ© le sentier Ă©troit menant au village. Chaque pas me ramenait un peu plus dans un passĂ© que j'avais passĂ© des annĂ©es Ă fuir. Les souvenirs affluaient malgrĂ© moi : des Ă©clats de rires enfantins, des jeux innocents sous les chĂȘnes anciens, et ce parfum si particulier d'humus et de feu de bois. Pourtant, quelque chose clochait. La forĂȘt semblait diffĂ©rente, comme si elle retenait son souffle.
En atteignant les premiĂšres maisons, j'ai ressenti une onde glacĂ©e parcourir mon dos. Les volets fermĂ©s, les toits abĂźmĂ©s et les rues dĂ©sertes donnaient au village un air de fantĂŽme. Rien de la chaleur que j'associais autrefois Ă cet endroit ne persistait. Je m'arrĂȘtais devant une fontaine abandonnĂ©e. L'eau stagnante rĂ©flĂ©chissait un ciel gris, et la pierre Ă©tait envahie par la mousse.
« Lysa... C'est bien toi ? »
Une voix que je ne reconnaissais presque pas m'interpella. En levant les yeux, je vis Milo, appuyé contre un mur, les bras croisés. Il avait grandi, ses traits s'étaient durcis, mais son regard restait familier, chargé d'une colÚre que je ne comprenais pas encore.
« Oui... c'est moi, » murmurai-je, hésitante.
Il s'approcha lentement, chaque pas résonnant sur les pavés usés. Lorsqu'il fut assez prÚs, je remarquai la tension dans sa mùchoire et la fatigue dans ses yeux.
« Dix ans, Lysa. Dix foutues années, » lùcha-t-il.
Son ton mordant me fit reculer d'un pas. Je n'avais pas imaginé un accueil chaleureux, mais je ne m'attendais pas à une telle hostilité.
« Je sais, Milo. J'aurais dû revenir plus tÎt, mais... »
« Mais quoi ? » coupa-t-il. « Tu étais trop occupée à vivre ta vie ailleurs pendant que nous, on essayait de survivre ici ? »
Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard. Je n'avais pas de réponse qui puisse apaiser sa colÚre, et il le savait.
« Les choses ont changĂ© ici, » reprit-il aprĂšs un silence. « Ce village n'est plus ce que tu te souviens. Les gens ne sont plus les mĂȘmes. Et la forĂȘt... elle non plus. »
Je relevai la tĂȘte, intriguĂ©e.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
Il détourna le regard, les traits tirés par une émotion que je ne parvenais pas à définir.
« Il y a des... monstres, Lysa. Des choses qu'on ne peut pas expliquer. Des disparitions, des hurlements la nuit. Les anciens parlent des Ombres Jumelles, mais personne ne sait vraiment ce que c'est. »
Je frissonnai malgrĂ© moi. Les lĂ©gendes des Ombres Jumelles Ă©taient un souvenir lointain, une histoire que les anciens racontaient pour effrayer les enfants. Deux crĂ©atures insaisissables, invisibles, qui rĂŽdaient dans la forĂȘt pour s'emparer des Ăąmes perdues. Mais ce n'Ă©taient que des contes, n'est-ce pas ?
« Milo, tu ne crois pas vraiment à ces histoires, si ? »
Il me fixa, son expression grave.
« Ce n'est pas une question de croire ou non. Ces histoires... elles sont rĂ©elles, Lysa. Tu ferais mieux de repartir d'oĂč tu viens. Ce village n'est pas pour toi. »
Il tourna les talons avant que je ne puisse répondre, me laissant seule dans cette rue vide.
Je repris ma marche, troublĂ©e par ses paroles. Chaque maison que je passais semblait m'Ă©pier, ses fenĂȘtres sombres comme des orbites vides. J'atteignis enfin ma destination : la maison de mon enfance. Elle n'avait pas changĂ©, si ce n'est qu'elle paraissait plus petite, plus fragile.
La porte grinça lorsque je l'ouvris. Une odeur de renfermĂ© m'assaillit, mĂȘlĂ©e Ă celle des vieux bois et de la poussiĂšre. Tout Ă©tait comme je l'avais laissĂ© : les chaises bancales autour de la table, le foyer Ă©teint, les rideaux effilochĂ©s. Je passai une main sur le dossier d'une chaise, un flot de souvenirs remontant Ă la surface.
Un bruit Ă l'extĂ©rieur interrompit mes pensĂ©es. Je me prĂ©cipitai vers la fenĂȘtre, mais il n'y avait rien. Juste le vent qui faisait danser les branches des arbres. Pourtant, une sensation Ă©trange persistait, comme si quelque chose m'observait.
Je sortis, poussĂ©e par une curiositĂ© que je ne pouvais contenir. PrĂšs du grand chĂȘne oĂč je jouais autrefois, je remarquai des marques sur l'Ă©corce. Des griffures profondes, comme si une bĂȘte gigantesque avait tentĂ© de s'y agripper. Mon cĆur s'accĂ©lĂ©ra.
Une ombre passa rapidement entre les arbres, si fugace que je crus l'avoir imaginĂ©e. Puis, un hurlement retentit, dĂ©chirant le silence de la forĂȘt. Un cri inhumain, guttural, qui fit se dresser les cheveux sur ma nuque.
Je reculai instinctivement, mes yeux fixés sur l'obscurité. Le hurlement s'éteignit aussi soudainement qu'il avait commencé, me laissant seule avec le bruit de mon souffle rapide.
Quelque chose n'allait pas. Et pour la premiĂšre fois depuis mon retour, je me demandai si Milo avait raison : peut-ĂȘtre n'aurais-je jamais dĂ» revenir.
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