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Chapitres

Paris, septembre 2001 Deux motards tirent sur un couple en pleine rue. Qui sont-ils ? La PJ s'intĂ©resse de prĂšs aux victimes et Ă  leur lien privilĂ©giĂ© avec le propriĂ©taire de l'Empire, une boĂźte de nuit oĂč viennent danser les VIP du monde entier. En pleine bulle Internet, mannequins, banquiers, politiciens, journalistes se croisent dans une ambiance hĂ©doniste sur fond de musique techno. Dans un tel contexte, les meurtres du DJ le plus en vue de l'Empire et de son amie, par ailleurs sƓur de la commissaire ClĂ©mentine Roussel de la brigade des stups, ne pouvaient passer inaperçus. Au prix de bien des efforts, ClĂ©mentine intĂšgre cette enquĂȘte qui l'obligera Ă  affronter son passĂ© douloureux. Ayant rĂ©ussi Ă  dĂ©mĂȘler un Ă©cheveau de trafic en tout genre, elle obtient des informations troublantes sur le financement d'une organisation terroriste encore ignorĂ©e des services secrets occidentaux. À PROPOS DE L'AUTEUR Par une Ă©criture sans fioriture, guidĂ©e par le sens de l'action, Sylvain Ansoux veut sous couvert de roman policier, d'espionnage et d'aventure capturer les bribes d'une Ă©poque pas si lointaine, puisqu'il s'agit du dĂ©but des annĂ©es 2000, mais qui nous semble presque Ă©trangĂšre...

Chapitre 1 No.1

Chapitre 1

Les 2 et 3 septembre

Les premiĂšres balles atteignent l'homme et la femme dans le dos. Les corps s'Ă©croulent sur l'ancien chemin de halage. Le scooter accĂ©lĂšre. DeuxiĂšme rafale en passant prĂšs des cadavres qui tressautent sous l'effet des impacts. Les branches d'un chĂȘne en contrebas de la piste cyclable explosent. Un groupe de joggeurs se jette au sol. Le tireur brandit son Uzi en poussant des cris de joie tandis que le conducteur arrache l'engin de la piste dans une manƓuvre pĂ©rilleuse pour regagner la route. Un cycliste sort son portable de son K-way.

Le scooter file à vive allure, franchit un carrefour en grillant les feux rouges, enfile l'avenue principale de Noisy-le-Sec, déserte à cette heure-ci, et disparaßt. L'appel du cycliste parvient au commissariat le plus proche. Une fusillade sur la piste cyclable, deux morts, les agresseurs en scooter sont en fuite. Un joggeur donne une description précise de l'engin. Un 125 Yamaha gris. Le témoin est formel : il possÚde un deux-roues identique à celui des agresseurs.

Dix minutes plus tard, Dumas entre sans frapper dans le bureau qu'il partage avec la commissaire. Clémentine Roussel, assise devant une pile de dossiers, ordinateur allumé, rédige une note de synthÚse sur le trafic d'ecstasy dans le département 93.

- MaĂŻa vient de se faire descendre par deux types Ă  moto, dit Dumas.

Roussel quitte son siÚge. Elle se tient debout, mùchoire serrée, plus blanche qu'un linge.

Une heure trente aprĂšs le massacre de Noisy-le-Sec, deux agents volontaires pour la police de proximitĂ©, rĂ©cemment mise en place par le ministĂšre de l'IntĂ©rieur, jouent au foot sur un terrain de fortune qui jouxte le stade de France. Durant un arrĂȘt de jeu, ils repĂšrent un scooter de forte cylindrĂ©e, plutĂŽt inhabituel dans le coin, garĂ© devant une des barres d'immeubles qui entourent le carrĂ© vert. À la mi-temps, ils se renseignent auprĂšs des footballeurs, une bande de gamins chahuteurs dĂ©bordant d'Ă©nergie ; oui, ils ont vu l'arrivĂ©e du scooter. Il a dĂ©boulĂ© en trombe depuis le pĂ©riphĂ©rique. Impossible de l'ignorer. Il a fait un dĂ©rapage pour se garer. Deux hommes en noir, avec des casques, en sont descendus avant de s'engouffrer dans l'escalier du pavillon C ; non, ils ne savent pas qui sont ces lascars. Ils ne les ont jamais vus.

Un des deux gars a fait le V de la victoire en direction d'une fenĂȘtre dans les Ă©tages supĂ©rieurs. L'autre avait un sac de sport dans la main. Ils riaient en se bousculant. Ils s'apostrophaient dans une langue « zarbi ». On aurait dit de l'arabe, mais « chelou ».

Les deux policiers échangent un regard, font un geste en direction de leurs interlocuteurs ; ne vous inquiétez pas, les gars, on revient. Ils franchissent le grillage qui sépare le terrain de la rue. Ils observent les étages, se décident à traverser, pénÚtrent dans le hall d'entrée par la porte paliÚre grande ouverte. Quelques noms effacés devant le digicode. Huit étages. Vingt-cinq nationalités.

Les policiers hĂ©sitent, frappent au hasard Ă  une porte du rez-de-chaussĂ©e. Une maman entourĂ©e de deux de ses jeunes enfants leur ouvre. Depuis l'entrĂ©e, les policiers ont une vue imprenable sur l'appartement. Un F1, une chambre, une cuisine. La femme est vĂȘtue Ă  l'africaine, un boubou orange, un foulard jaune sur la tĂȘte, des sandales aux pieds. Elle a un mouvement de recul quand elle dĂ©couvre les deux hommes habillĂ©s en bleu avec le mot « Police » sur le gilet. Elle est rassurĂ©e quand elle reconnaĂźt les policiers qui « tapent le ballon » avec les jeunes du quartier. Les flics reposent les mĂȘmes questions qu'aux « footeux ».

La maman leur rĂ©pond qu'elle connaĂźt tout le monde ici. Les suspects doivent squatter au huitiĂšme. L'Ă©tage est dĂ©sert depuis un moment dans l'attente de travaux de rĂ©novation. Ils ont commencĂ© depuis le mois dernier. Les ouvriers ont dressĂ© un Ă©chafaudage sur l'arriĂšre de l'immeuble. Et puis, ils ont arrĂȘtĂ©...

Elle a observĂ© des allĂ©es et venues. Deux jours que ça dure, ce cirque, elle a cru voir dĂ©passer une arme du sac de sport. Elle a peur. Les deux hommes la remercient. Ils font demi-tour et stationnent dans le hall. Le brigadier sort son portable. Il appelle du renfort. Il faut encore cinq minutes pour que l'information parvienne au 36 quai des OrfĂšvres jusqu'Ă  Blanchard, le commissaire de la section de la brigade criminelle de la PJ, chargĂ© de l'enquĂȘte.

Il embarque avec ses hommes dans une voiture en direction de la plaine de Saint-Denis tandis qu'un de ses adjoints contacte le RAID en demandant leur intervention.

À Noisy, Roussel et Dumas arrivent sur le lieu du double assassinat. Une large bande de goudron Ă©pousant les mĂ©andres d'une riviĂšre, dominĂ©e par des rĂ©sidences de standing, plutĂŽt luxueuses. La circulation des vĂ©los a Ă©tĂ© dĂ©viĂ©e sur la route, les badauds repoussĂ©s par des agents, la scĂšne de crime isolĂ©e. Les cadavres ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s ; il ne reste que deux taches sombres, le sang coagulĂ© des victimes, l'ultime trace de leur prĂ©sence sur terre. Un homme de la PJ ramasse des objets Ă©parpillĂ©s : un trousseau de clefs, une montre de femme que ClĂ©mentine croit reconnaĂźtre, un chouchou dont MaĂŻa se servait pour tenir ses cheveux blonds. Et tout autour, des impacts de balles, des Ă©raflures, des trous dans la chaussĂ©e sur une large superficie. En contrebas, des experts en balistique rĂ©cupĂšrent une balle quasi intacte, figĂ©e dans le tronc d'un arbre en sale Ă©tat. Roussel et Dumas qui sont tolĂ©rĂ©s sur la scĂšne du crime s'emploient Ă  se faire tout petits sur un banc prĂšs de la riviĂšre. ClĂ©mentine Roussel, avec sa carrure de danseuse, son corps Ă©lancĂ©, musclĂ©, son visage aux traits fins, encadrĂ© par les courtes mĂšches chĂątains de sa coupe au carrĂ©, replie sa paire de jambes nues, fines, bien dessinĂ©es. Elle tente de les rĂ©tracter, mais elle a du mal Ă  caser son mĂštre soixante-quinze dans un espace si exigu.

Elle lÚve les yeux au ciel, soulagée de ne pas voir le cadavre de Maïa. Elle n'est pas à l'aise avec la mort. Avec les inconnus, elle fait des efforts et prend sur elle. Elle s'accommode de leur rigidité, car elle ne les a jamais connus débordants de vitalité. Elle entend les bruits d'enfants qui jouent en riant autour de la zone interdite. Leur grand jeu, c'est de se faufiler sous la Rubalise sans se faire repérer par les agents en faction.

Le bruit a dĂ©jĂ  couru parmi les flics prĂ©sents que la sƓur de la « patronne » de l'antenne des stups de Saint-Denis avait Ă©tĂ© assassinĂ©e. Surtout ne pas penser, ne pas calculer les « on-dit », les regards interrogateurs des collĂšgues. Elle les sent pourtant se poser sur sa peau. Ils s'interrogent. C'est lĂ©gitime.

Au loin, des promeneurs sortis d'on ne sait oĂč profitent des rayons du soleil qui brille au zĂ©nith, dans un ciel bleu limpide. Dumas, debout Ă  cĂŽtĂ© d'elle, a la dĂ©cence de se taire, de respecter son chagrin, de lui Ă©pargner les formules toutes faites.

Il se tourne vers la commissaire, le regard dans le vide.

- Vous avez une idée de ce que Maïa pouvait bien faire par ici ?

Clémentine surprise, sursaute.

- Aucune. Je n'avais plus de contact avec elle depuis des mois. Elle ne me parlait de rien.

Sur le chemin, les hommes de la police scientifique remballent leur matériel avec des gestes précis et minutieux. Roussel et Dumas s'approchent de l'officier en charge de l'opération. Ils se sont déjà présentés, quand ils ont franchi le périmÚtre de sécurité.

Silence, regards fuyants, malaise. Il regrette d'avoir laissĂ© pĂ©nĂ©trer deux intrus sur la scĂšne de crime. Pas n'importe qui, en plus. Un parent de la victime et des collĂšgues de surcroĂźt. La commissaire Roussel, une « bleue » Ă  peine sortie de l'Ă©cole de police, la sƓur de MaĂŻa Roussel assassinĂ©e et l'inspecteur Laurent Dumas, un vieux routier passĂ© par le quai des OrfĂšvres.

L'homme de la PJ rĂ©pond machinalement aux questions de Roussel. Le procureur a nommĂ© un juge dans l'aprĂšs-midi. Il les tiendra au courant de l'enquĂȘte. C'est la procĂ©dure habituelle, les phrases creuses qu'on dit aux proches pour les rassurer et s'en dĂ©barrasser. ClĂ©mentine encaisse. Elle s'attendait Ă  ĂȘtre mieux traitĂ©e. Quatre ans dĂ©jĂ  qu'elle appartient Ă  la grande maison, sa deuxiĂšme famille. La premiĂšre, elle a prĂ©fĂ©rĂ© ne plus y penser jusqu'Ă  aujourd'hui. ClĂ©mentine remercie le gradĂ©, s'Ă©loigne un peu. Dumas s'attarde, discute avec les gars qui s'apprĂȘtent, eux aussi, Ă  repartir. Ils restent entre hommes. Roussel a pris l'habitude de ce genre d'humiliation. Elle attend dans la voiture de service garĂ©e une dizaine de mĂštres plus loin. Elle est prise par une lame de fond, une succession de souvenirs douloureux, refoulĂ©s depuis des dizaines d'annĂ©es. Vingt ans d'oubli. MaĂŻa, l'aĂźnĂ©e, la prĂ©fĂ©rĂ©e de son pĂšre. Autoritaire, violent, libidineux. DĂšs qu'elle avait pu, ClĂ©mentine Ă©tait partie rejoindre leur mĂšre. Cette derniĂšre avait obtenu sa garde exclusive mettant fin aux week-ends de terreur.

Pour Clémentine, fuir, c'était une question de survie. Maïa, quant à elle, avait choisi de rester. L'emprise de l'ogre sur sa chouchoute était forte, beaucoup trop forte.

D'autres bribes de souvenirs dĂ©sagrĂ©ables reviennent Ă  ClĂ©mentine, en vrac. Sa silhouette de gamine de onze ans, Ă  table, essayant de disparaĂźtre quand il lui criait dessus. Des bruits de frottements, des cris Ă©touffĂ©s comme des gĂ©missements, provenant de la chambre de sa sƓur. Une image de MaĂŻa, le lendemain, une petite fille sanglotante, effondrĂ©e dans un coin du salon. ClĂ©mentine, confinĂ©e dans son impuissance, mais lĂąchement soulagĂ©e que le pĂšre s'en prenne Ă  sa sƓur plutĂŽt qu'Ă  elle.

Dumas toque à la vitre du véhicule. Clémentine tressaille. Rapide retour au calme. Elle ouvre la vitre.

- Des papiers ont été retrouvés dans la veste de la deuxiÚme victime. Il s'appelle Swan Hansen et il habite à Versailles. Apparemment, il est inconnu des services de police. Dans le sac de Maïa, il y avait deux petits sachets, contenant ce qui, à premiÚre vue, ressemble à de la cocaïne. Il faut attendre les résultats du labo... Il y en avait pour quinze grammes.

- Vous en pensez quoi, Dumas ?

- MaĂŻa avait rendez-vous avec un client pour lui vendre des Ă©chantillons et elle s'est fait descendre par une Ă©quipe, des rivaux, qu'elle a peut-ĂȘtre essayĂ© de doubler... Les rĂšglements de compte sont frĂ©quents dans ce milieu.

Un message résonne sur la fréquence radio de la voiture de service. Les tueurs ont été localisés dans la barre d'une cité de Seine-Saint-Denis.

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