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Souffles d'amours interdites

Souffles d'amours interdites

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Chapitres

Deux ĂȘtres prennent le risque de s'aimer, bannissant les tabous imposĂ©s par la sociĂ©tĂ©. MalgrĂ© les barriĂšres Ă©rigĂ©es par deux civilisations sectaires, qui les privent de leur libertĂ©, Camilia et Julien n'hĂ©siteront pas Ă  enfreindre les rĂšgles. Le sort n'Ă©pargnera pas leur existence jusqu'Ă  les prĂ©cipiter dans la tourmente. Afin de sauvegarder les apparences et de chasser les rumeurs, certains abandonneront leurs principes et leurs sentiments. Deux pays, la France et l'AlgĂ©rie, seront les tĂ©moins de ces incidences, des rencontres et des sĂ©parations qui affecteront l'avenir de chacun au nom de principes moraux. Le sacrifice d'une mĂšre sera Ă©prouvĂ© au risque de tout perdre. À PROPOS DE L'AUTEURE Depuis toujours, Nafissa Nicoleau a un rapport Ă©troit avec l'Ă©criture. Elle constitue un exutoire qui libĂšre ses pensĂ©es, une source d'inspiration qui se couche sur les pages blanches. Ayant grandi avec la notion d'interdit, elle nous transporte avec cet ouvrage Ă  une Ă©poque oĂč l'Ă©troitesse culturelle et sociale dominait les esprits.

Chapitre 1 No.1

À mes deux filles : Ambrüne et Maïssane

Prémices

La relation de deux ĂȘtres destinĂ©s Ă  s'Ă©prendre, l'un et l'autre s'entrelacent afin de former une unicitĂ©, celle-ci va gangrener l'existence des protagonistes. Malheureusement, ces deux cƓurs ont aboli les remparts des sentiments et des interdits. L'univers dans lequel, ils Ă©voluent ne leur concĂ©dera aucun manquement. Bien qu'issus du mĂȘme sol, ils subiront les revers de leurs civilisations diamĂ©tralement opposĂ©es, rĂ©solues Ă  les assembler. Ils y perdront plus que leur vie.

Alger,

Il lui sembla qu'une Ă©ternitĂ© s'Ă©tait Ă©coulĂ©e depuis qu'elle observait sa mĂšre. Ces quelques mĂšches brunes qui s'Ă©taient libĂ©rĂ©es de son foulard mauve, Ă©limĂ© Ă  force d'ĂȘtre lavĂ©, collaient Ă  son visage. Elle parcourut du regard ces petites gouttes de sueur qui perlaient sur sa figure burinĂ©e, afin de s'abĂźmer sur le pan de son tablier. La jeune fille s'efforça de deviner les sensibles similitudes physionomiques qui dĂ©terminaient leur parentĂ©. Sakina lessivait Ă  grande eau la cuisine d'Ă©tĂ©, sa blouse bleue usĂ©e, ramenĂ©e sur ses hanches et coincĂ©e par l'Ă©lastique de son saroual s'amalgamait Ă  ses cuisses. Seules les branches d'un vieil olivier faisaient office de parasol, limitant l'accĂšs des rayons d'un soleil intrusif. D'une main malhabile, elle recoiffa machinalement son chignon. Elle dĂ©versa l'eau savonneuse, inondant ses pieds nus et envoya le balai repousser la mousse vers la rigole. Son regard jais parcourut la piĂšce pour s'immobiliser sur Camilia. Celle-ci se cabra, espĂ©rant se dissimuler derriĂšre le tronc sinueux. La cour Ă©tait baignĂ©e de lumiĂšre, malgrĂ© l'heure matinale. Un petit souffle d'air timide risqua une visite en dĂ©pit d'une tempĂ©rature asphyxiante. Sakina achevait sa tĂąche lorsque le carillon rĂ©sonna. Camilia se redressa et bondit en direction d'un corridor, le revĂȘtement mural Ă©tait constituĂ© d'une tapisserie reprĂ©sentant un paysage marin. Il lui arrivait de s'y attarder, elle observait l'horizon, convaincue que la France s'y situait.

Camilia Ă©tait vĂȘtue d'une blouse orientale ornĂ©e de myosotis, ses cheveux noirs ondulĂ©s redessinaient l'ovale de son visage parsemĂ© de petites taches de rousseur. Sa mĂšre lui avait racontĂ© que durant sa grossesse, elle s'Ă©tait rĂ©galĂ©e de grains de cafĂ©, mais l'adolescente n'y croyait pas du tout. Deux petites fossettes creusaient ses joues rosies, lui confĂ©rant un petit air mutin qui exaspĂ©rait sa mĂšre. Ses yeux noisette s'illuminĂšrent lorsqu'elle dĂ©couvrit le nouveau venu, elle chercha du regard celui qui faisait battre son cƓur

« Lounes ! oĂč est ton pĂšre ? » interrogea l'homme de type europĂ©en en l'avisant.

Camilia haussa les sourcils quelque peu déçue, sa mÚre n'appréciait guÚre qu'elle se manifeste, préférant la consigner aux travaux domestiques internes.

Sakina accourut et balbutia une phrase dans un français haché.

« Lui parti au souk ».

Elle adressa une Ɠillade rĂ©probatrice Ă  sa fille, lui indiquant le chemin de la cuisine.

« Retourne travailler », ordonna-t-elle.

Camilia ùgée de dix-sept ans ne comprenait guÚre les inquiétudes de sa mÚre, elle ne dérogeait à aucune rÚgle, pourtant l'attitude de celle-ci à son égard demeurait inflexible. En comparaison de son petit frÚre Kalil, ses droits étaient restreints. Ses parents avaient interrompu sa scolarisation et avaient décrété, à la naissance de celui-ci, qu'elle serait plus utile à la maison. Que les enseignements inhérents aux filles musulmanes s'acquéraient dans le labeur et non, derriÚre les pages de livres diaboliques, en revanche les garçons étaient immunisés. Camilia soupçonnait ses parents de brider ses acquisitions en la muselant dans la rigueur éducative. L'ignorance était leur alliée, sa mÚre appréhendait que la curiosité ne rompe les chaßnes conformistes.

Depuis quelque temps, l'AlgĂ©rie française subissait les assauts de manifestations indĂ©pendantistes. Cela, Camilia l'avait perçu, elle ignorait quelle devait ĂȘtre sa rĂ©action Ă  cause de sa relation secrĂšte. Mais de quels changements polĂ©miquait-on ? Quelques soirs, elle Ă©piait les discussions, observant ses parents qui s'alarmaient quant aux incidents et aux lendemains incertains. Fallait-il s'inquiĂ©ter ? Elle avait Ă©tudiĂ© la mine des maĂźtres de maison et les dĂ©bats houleux concernant l'avenir des rapatriĂ©s.

En mille neuf cent soixante-deux, Camilia flaira les clameurs et la colÚre de la population, cette situation ne rassurait guÚre son appréhension. La famille Maillard, Camilia l'avait toujours cÎtoyée. Jusqu'à présent, il lui avait semblé qu'elle faisait partie de son existence. Pierre Maillard, le pÚre, était avocat et officiait au tribunal d'Alger. Cela faisait dix ans que sa famille et lui étaient venus s'installer dans la villa Mansour. C'est durant cette période que la famille Achour fut engagée, les tùches domestiques et l'intendance leur incombaient. Avant cela, Lounes et Sakina travaillaient à la conserverie, mais celle-ci avait été vendue à des entrepreneurs. Pierre Maillard avait les yeux d'un vert trÚs clair, il était d'ùge mûr, sur son crùne subsistaient les vestiges d'une défunte criniÚre couleur miel. Son imposante stature favorisait sa fonction de magistrat. Françoise Maillard, son épouse, n'avait jamais travaillé et passait la majeure partie de ses journées en compagnie d'amies dans les salons de thé et dans les hammams. C'était une femme affable, ses cheveux blonds légÚrement ondulés étaient coupés au carré, une tendance venue d'outre-Atlantique. Ses yeux émeraude dessinés en amande épousaient son visage opalin, Camilia admirait le maintien dont elle ne se départait jamais. Et, il y avait Julien Maillard, il avait hérité de ses yeux, c'était ce qui avait séduit Camilia, ses cheveux d'un blond vénitien se confondaient avec les petites tùches de son sur ses joues blafardes, Camilia les avait plus foncées, cette similarité avait amusé les parents qui leur avaient fait croire que c'était dû à un éternuement prénatal, balayant l'allusion aux grains de café.

La rencontre de Camilia et de Julien se déroula en mille neuf cent cinquante. Le petit garçon intrigué par l'ondulation de ses cheveux les lui avait empoignés violemment, celle-ci avait riposté en lui assénant un violent coup de pied.

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