La nouvelle vie de John sur Terre aurait pu ĂȘtre simple et ordinaire, si le destin n'avait pas dĂ©posĂ© sur sa route un couffin avec un Ă©trange bĂ©bĂ©. Comme indication de provenance de ce dernier, une simple lettre, rien de plus. Des annĂ©es plus tard, les capacitĂ©s surnaturelles de Marshall, l'enfant, se dĂ©veloppent et il attente accidentellement Ă la vie de John qui, par chance, sera sauvĂ© par son ennemi jurĂ©, le troisiĂšme prince vampire. Ainsi, les deux hommes, trĂšs attachĂ©s Ă Marshall qui porte le poids d'une prophĂ©tie annonçant la fin du monde d'Aurum, tenteront de s'allier malgrĂ© leurs diffĂ©rends. Il suffit parfois d'un silence, d'un geste, d'une parole pour que l'illusion d'avoir laissĂ© son obscur passĂ© derriĂšre soi s'effondre. Tous deux l'apprendront Ă leurs dĂ©pens. Ă PROPOS DE L'AUTEURE GrĂące Ă la saga Harry Potter, Journal d'un vampire et bien d'autres, Delphine Mercier a trouvĂ© l'inspiration nĂ©cessaire pour crĂ©er son propre univers. Ayant un penchant particulier pour le surnaturel et le fantastique, elle Ă©crit ce premier volume d'EntĂ©nĂ©brĂ© qui, elle l'espĂšre, attisera la passion des lecteurs pour ce genre littĂ©raire.
Chapitre 1
Périphérie de Londres, janvier 1870
Londres. Cette ville en perpĂ©tuelle Ă©volution oĂč le progrĂšs façonne ses rues et ses habitants, oĂč le traditionnel s'unifie au moderne avec grĂące, semble attirer plus d'une personne de tout horizon et de toute classe. Certains de ces nouveaux arrivants rĂ©ussissent Ă faire fortune, tandis que d'autres se perdent dans les rues mal famĂ©es la nuit. Des imprudents disparaissent dans les ruelles tandis que d'autres attendent sous la lueur des rĂ©verbĂšres. La vie Ă Londres peut parfois ĂȘtre aussi singuliĂšre que certains de ses habitants. Ătrangement pĂąle et plus grand que la moyenne, parlant une langue qui ne ressemblait Ă rien de connu, des yeux aux couleurs changeantes, plus d'un habitant faisait sensation lorsqu'il sortait de sa maison. Ces habitants en question, de toutes les classes et aux mĂ©tiers bien diffĂ©rents, se disaient toujours ĂȘtre d'ailleurs et si les Londoniens pensaient Ă un autre pays, il n'en Ă©tait rien. La plupart vivaient au cĆur mĂȘme de Londres, par choix de facilitĂ© pour leur travail ou simplement pour la beautĂ© de la ville industrielle tandis que d'autres, plus rĂȘveurs ou solitaires, prĂ©fĂ©raient la pĂ©riphĂ©rie. La campagne Ă©tait plus calme que les usines et plus belle que les machines de fer et d'acier.
L'intendant John O'Connor Ă©tait un de ces discrets habitants singuliers qui prĂ©fĂ©rait la campagne Ă l'agitation de la ville. ĂgĂ© d'une trentaine d'annĂ©es Ă peine, visuellement parlant du moins, le stress qui le rongeait laissait penser qu'il portait sur ses Ă©paules plus d'un problĂšme. Toujours vĂȘtu d'un ensemble trois-piĂšces noir sans le moindre dĂ©faut et aux chaussures cirĂ©es, cet homme se sĂ©parait rarement de sa cape ornĂ©e d'une curieuse broche en or. Ses courts cheveux noirs, fins et sĂ©parĂ©s par une raie bien centrĂ©e, contrastaient avec sa peau finement dorĂ©e. Ses yeux verts, aussi glaçants que son intransigeance au respect des rĂšgles, faisaient de lui la plus grande crainte de tous les enfants de l'orphelinat des Laird. Ce manoir, le seul endroit oĂč sa singularitĂ© n'Ă©tait qu'un dĂ©tail, devint le lieu de salut pour son Ăąme entĂ©nĂ©brĂ©e.
Ainsi, comme chaque matin depuis son arrivĂ©e, O'Connor descendait le grand escalier principal Ă l'heure oĂč la rosĂ©e rendait les roses plus fragiles qu'elles ne l'Ă©taient dĂ©jĂ . Le soleil peinait Ă se lever en ce dĂ©but d'annĂ©e mais il n'en avait que faire, ses insomnies lui faisant bien souvent perdre la simple notion de jour et de nuit. Penser et ressasser la nuit, travailler le jour ; la routine qu'il avait grĂące Ă l'orphelinat rythmait sa vie et y donnait le sens qu'elle avait perdu. John maudissait la lenteur dont pouvait faire preuve le temps aprĂšs le crĂ©puscule, le silence devenant sa seule compagnie dans sa petite chambre confortable. Alors, comme chaque matin John descendait la mine basse, le manque de sommeil apparaissant de plus en plus sous ses yeux dĂ©pourvus d'Ă©tincelle de vie.
« Monsieur O'Connor », le salua le prĂ©cepteur aux bras chargĂ©s de rouleaux, le tirant brusquement de sa rĂȘverie.
« Oh, monsieur Juno. Je ne vous avais pas vu... Encore les bras chargés ? »
« C'est ça devoir enseigner tant d'enfants dans la mĂȘme bĂątisse, la quantitĂ© de travail ne baisse jamais. Auriez-vous vu le comte ce matin ? On m'a dit qu'il Ă©tait dĂ©jĂ levĂ© mais impossible de mettre la main sur lui. »
« Il doit ĂȘtre dans son bureau, comme d'habitude. Pourquoi le cherchez-vous au juste ? »
« J'aimerais mettre en place une excursion dans la forĂȘt avec les plus jeunes enfants mais il me faut son accord. Il est extrĂȘmement pointilleux avec ça donc je ne vais pas me risquer Ă les faire sortir sans son approbation, il serait capable de m'envoyer Ă la potence ! »
« Oh, je pencherais plus pour le renvoi que la potence, il n'est pas extrĂȘme Ă ce point. En tout cas, je serais vous je me dĂ©pĂȘcherais parce qu'il a un rendez-vous Ă huit heures et il doit encore prendre son thĂ© de sept heures. »
Le prĂ©cepteur acquiesça et doubla son supĂ©rieur, se hĂątant de monter le grand escalier principal comme il pouvait avant de s'arrĂȘter net.
« Monsieur O'Connor », l'appela-t-il du haut de l'escalier. « Vous devriez prendre une infusion de camomille, cela aide à trouver le sommeil et apaise l'esprit. »
« Pourquoi me dites-vous cela au juste ? »
« Vous semblez constamment tourmenté par quelque chose. Les souvenirs peuvent nous hanter mais il ne faut pas oublier qu'ils ne sont que ça, des souvenirs. Prenez soin de vous, nous n'avons qu'un seul corps et qu'une seule vie. »
« Vous avez raison, je tiendrai compte du conseil. Passez une bonne journée monsieur Juno mais ménagez-vous aussi un peu, il ne faut pas vous surmener ainsi. »
« Je peux vous le dire aussi. à plus tard, monsieur O'Connor, ce fut un plaisir de vous parler ! »
Les deux hommes reprirent chacun leur chemin, tous deux sachant pertinemment qu'ils ne suivraient pas le conseil de l'autre. O'Connor termina sa route jusqu'Ă la petite salle Ă manger privĂ©e oĂč, sur la table d'Ă©bĂšne, un thĂ© vert fumant et de dĂ©licieux scones juste faits l'attendaient.
« Bonjour monsieur O'Connor, ce matin nous vous avons préparé un thé vert à la rose », fut-il rapidement salué comme chaque matin par la gouvernante en chef aprÚs qu'il fut assis à sa place.
« Bonjour à vous aussi. Non laissez, je me servirai en sucre ce matin ne vous en faites pas. Retournez donc à vos tùches, je ne compte pas manger rapidement ce matin, les nouvelles sont fraßches ? »
« Le journal vient tout juste d'ĂȘtre livrĂ©, monsieur O'Connor. »
« Parfait, merci beaucoup. La journée a l'air de bien commencer, faisons en sorte qu'elle continue ainsi, madame Pommy. »
« Je pense que nous n'avons pas à nous inquiéter de cela. Le ciel est dégagé, il n'y aura pas de neige aujourd'hui et c'est tant mieux. »
« Pourquoi donc ? »
« Les enfants sont ingérables lorsqu'il neige. Ils veulent tous sortir pour aller jouer dedans mais le comte refuse catégoriquement. »
« Ah bon ? Pourtant c'est bien lorsqu'il neige pour les enfants, ils peuvent la modeler et utiliser leur imagination. Pourquoi le comte refuse-t-il de les laisser sortir ? »
« Je n'en ai pas la moindre idée, mais il est réellement intransigeant sur ça. Je pense que cela vient de l'enfance de monsieur. »
« Elle a été compliquée ? »
« Attendez, vous n'ĂȘtes pas au courant ? »
L'intendant releva la tĂȘte de son journal et haussa un sourcil, faisant perdre le sourire Ă la gouvernante.
« Cela est une bonne chose que vous ignorez ce genre d'information Ă propos de la famille de monsieur, croyez-moi. Si je peux me permettre de vous donner un conseil : ne lui demandez jamais, mais rĂ©ellement jamais, de parler de lui-mĂȘme », s'empressa-t-elle de le mettre en garde, plus proche de lui qu'elle ne l'avait jamais Ă©tĂ©.
« Je veillerai à suivre ce conseil à la lettre. »
« Merci beaucoup. Monsieur a beaucoup souffert et lui faire ressasser de telles choses lui ferait plus de mal qu'autre chose. En tout cas, pour en revenir aux enfants, la journĂ©e risque quand mĂȘme d'ĂȘtre longue. »
« Pas plus que d'habitude. »
« Je pense que si. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai le pressentiment qu'ils vont ĂȘtre trĂšs agitĂ©s aujourd'hui. »
« Ne vous en faites pas, je suis sûr que vous gérerez parfaitement bien cela. Il n'y a aucune raison de s'en inquiéter, ne pensez-vous pas ? »
« Vous ĂȘtes gentil. »
« Vous l'ĂȘtes tout autant pour travailler ici. »
Madame Pommy adressa comme rĂ©ponse Ă son supĂ©rieur un tendre sourire avant de partir vaquer Ă ses occupations, autrement dit rĂ©veiller les enfants de l'orphelinat des Laird. Ă nouveau seul, l'intendant John posa son journal qu'il avait terminĂ© entre temps et se perdit dans ses pensĂ©es, son regard braquĂ© sur les jardins qu'il apercevait au travers des fenĂȘtres. Toujours parfaitement bien entretenues par un jardinier au talent inĂ©galĂ©, les allĂ©es de gravier blanc adoucissaient les contours brutaux des parterres de pensĂ©es. L'intendant aimait autant les extĂ©rieurs que l'intĂ©rieur de la propriĂ©tĂ© des Laird. Ses recherches Ă propos de cette famille furent fastidieuses mais intĂ©ressantes, la plupart des rĂ©ponses Ă ses questions venant d'anciens journaux gardĂ©s par le comte lui-mĂȘme, les dires des anciens domestiques ou encore des commĂ©rages des citadins londoniens lorsqu'il se rendait en ville.
La famille Laird est bien différente des autres familles nobles. Il n'y a jamais de réception au manoir si ce n'est pour les rares mariages. Cette famille n'a pas besoin de scandale pour que son nom soit dans les journaux et sur les lÚvres des Britanniques, ils ont juste à sortir, furent les paroles du chef cuisinier, présent du temps de l'ancienne propriétaire. Il ne fallut que peu de temps à O'Connor pour réaliser toute la justesse des dires du cuisinier. Craintes à cause de ses fréquentations étranges depuis des siÚcles, les routes de Londres se faisaient soudainement plus vides lorsque le fiacre de la famille Laird les empruntait. Mais Londres n'était pas le meilleur endroit pour comprendre ; l'archiviste du manoir détenait plus d'un renseignement et secret.
« Des informations sur la tante du comte ? » s'étonna le vieil homme depuis son échelle, les yeux rivés sur les livres qu'il dépoussiérait.
« Si cela ne vous dérange pas. J'avais pensé à les demander au comte mais je me suis ravisé, de peur de le contrarier. »
« Vous faites bien, croyez-moi. Cette comtesse au grand cĆur a dĂ©cidĂ© de fonder l'orphelinat Ă la mort tragique de son frĂšre aĂźnĂ©. Seule contre tous, elle n'a jamais baissĂ© les bras malgrĂ© toute l'encre qui avait coulĂ© Ă propos d'elle. Une femme non mariĂ©e Ă la tĂȘte d'une puissante dynastie et sans hĂ©ritier de son sang, quel scandale ce fut ! »
« Oh, j'imagine bien. Les journaux furent enflammés pendant un moment, n'est-ce pas ? »
« Vous n'avez pas idée. Malheureusement, telle une flamme dans un bocal de verre, elle s'est éteinte sans un bruit dans son sommeil. Le comte ne s'en est jamais vraiment remis mais comme nous lui avons dit, nous devons tous partir un jour ou l'autre. Aussi, il est bon de voir cette fatalité comme une motivation pour saisir la vie à pleine main et profiter de chaque instant. »
« Profiter ? Ce n'est pas prudent de trop profiter, vous savez. à trop vivre dans l'instant présent on se retrouvera sans rien dans le futur. »
« Tout est une question d'Ă©quilibre, monsieur O'Connor. Il faut profiter au maximum des moments de bonheur et saisir chaque opportunitĂ©, croire en ses rĂȘves et tout faire pour les rĂ©aliser. »
« Tous les rĂȘves ne se rĂ©alisent pas. »
« Si votre rĂȘve est de devenir un ĂȘtre de la nuit dont les journaux stupides abreuvent de fausses preuves, alors non. Mais si vous rĂȘvez de vivre ailleurs ou quelque chose du genre, il peut se rĂ©aliser. »
« Vous n'y croyez pas, à ces histoires d'étranges personnes à Londres ? »
« Non, absolument pas. Certes, certaines personnes ont des attitudes étranges comme l'ami du comte... Mais franchement, vous pensez vraiment qu'il est un vampire ?
Voyons. Ces histoires sont juste pour vendre du papier et profitent des rumeurs en causant du mal aux vraies personnes, innocentes, qui sont bĂȘtement rejetĂ©es. »
Chapitre 1 No.1
22/05/2023
Chapitre 2 No.2
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Chapitre 3 No.3
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Chapitre 4 No.4
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Chapitre 5 No.5
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Chapitre 6 No.6
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Chapitre 7 No.7
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Chapitre 8 No.8
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Chapitre 9 No.9
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Chapitre 10 No.10
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Chapitre 11 No.11
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Chapitre 12 No.12
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Chapitre 13 No.13
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Chapitre 14 No.14
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Chapitre 15 No.15
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Chapitre 16 No.16
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Chapitre 17 No.17
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Chapitre 18 No.18
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Chapitre 19 No.19
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Chapitre 20 No.20
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Chapitre 21 No.21
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Chapitre 23 No.23
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Chapitre 24 No.24
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Chapitre 40 No.40
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