L'autre monde

L'extase, ce sentiment de plénitude qui vous transporte loin, vous faisant oublier vos souffrances vos peurs et vos douleurs du moment. Cette sensation enivrante qui vous fait oublier que vous n'êtes qu'une ratée alors que vous sentez votre vie vous abandonner ainsi que vos forces.

C'est ainsi que se sentait Anna, après l'atroce douleur qui avait suivi son accident. Ce matin, alors qu'elle mettait de l'ordre dans les effets personnels de Henry son mari, elle a découvert un contrat unissant son mari et sa famille. Dans ce contrat, ses parents acceptaient d'aider Henry à développer ses affaires et en échange, il restait un mari parfait et irréprochable pour leur fille. Elle avait compris pourquoi pendant ces trois années de vie commune, elle n'avait jamais eu une seule dispute avec celui-ci; pourquoi son envie de se faire connaître dans le monde des affaires primait sur son envie de devenir père. Qui trompait-elle ? Elle a toujours été celle qui voulait un enfant dans cette relation.

Toute en colère, elle avait continué à fouiller les armoires de son mari. Ses parents n'étaient pas les seuls dans ce coup. Sa cousine Mary, celle en qui elle avait une confiance aveugle, le savait également. Pourtant elle était sa confidente. Comment avait-elle pu la laisser se vanter d’Henry alors qu'elle savait qu'il ne s'agissait que d'un jeu. Elle a été idiote. La seule question qu'elle n'arrêtait pas de se poser était "Pourquoi une telle décision?". Elle n'était peut-être pas une femme très belle, mais elle n'était pas aussi laide au point que ses parents prennent une telle décision. Elle était Anna Page, fille de Jake Page un politicien de renom. Une fille pas très belle mais avec un QI remarquable. Majore de sa promotion, elle était une obstétricienne remarquable et la plus jeune de la grande clinique reconnue mondialement qui l'avait embauché. Son seul statut aurait suffi à attirer un homme dans son lit, alors pourquoi sa famille a-t-elle décidé de contrôler ainsi sa vie ?

Quand elle a demandé des explications, son père a simplement répondu qu'il ne lui devait rien. Il décidait, elle obéissait et c'était tout. Sa mère lui a demandé d'être une bonne fille et d'obéir sans faire d'histoire pour une fois. Ils lui avaient raccroché le téléphone au nez sans se sourciller qu'il était question de sa vie. Elle avait le droit de demander, d'exiger une réponse. On lui devait donc une explication.

Mary quant à elle, avait fait une autre révélation qui lui avait coupé le souffle. Selon ses dits, elle avait découvert toute cette supercherie depuis peu. Elle avait entendu une discussion entre le couple Page. En réalité, Henry possédait quarante pour cent de la fortune de la famille Pearce, une famille qui avait fait fortune dans le minerai. Cette fortune lui serait rendue après ses noces de bois. Henry avait une femme dans sa vie. Ils n'étaient pas encore mariés, mais ils avaient un fils. Il ignorait tout de sa fortune familiale. C'est pour cette raison qu'il avait accepté cette proposition des Page. Quand Mary avait découvert sa double vie, elle avait menacé d'en parler à son oncle, mais Henry lui avait ri au nez en lui jetant le contrat au visage. Depuis lors, elle faisait tout pour que ce dernier sorte de la vie de sa cousine sans lui faire de mal. Il n'a pas arrêté de demander de l'argent encore et encore sans jamais songer à partir. Plus tard, il avait même menacé de dire à Anna qu'elle était de mèche avec sa famille, d'où son silence.

Plus elle entendait ce que disait sa cousine, plus elle était en colère. Son mariage était un mensonge, sa famille lui mentait et elle était une idiote. Il n'était que question de rôle et tout le monde avait joué son rôle à la perfection.

Dépassée par la tournure des évènements, elle s'était laissée emporter par ses pieds dans la rue dans un état second. Une voiture l'avait percuté, l'envoyant quelques mètres plus loin. Peu à peu la douleur due au choc s'estompait, et sa vie entière se mettait à défiler sous ses yeux. Puis comme la mouche qui est attitrée par le miel, elle se laissait emporter par la fatigue et cédait au sommeil. Au loin, elle pouvait entendre une voix lui dire en pleurs « Pardonne-moi, je t'en prie … Je ne voulais pas. Je voulais juste te protéger ». C'était la voix de Mary sa cousine. Elle aurait bien aimé lui dire qu'elle lui pardonnait, qu'elle la comprenait, qu'elle aurait fait la même chose à sa place mais elle était si épuisée. De la douleur à l'engourdissement, de la transpiration aux grelottements. Anna était passée par tant de sensations.

Dans son sommeil, elle se sentait transportée loin. Alors qu'elle était perdue au milieu de cette succession de sensations, une lumière éblouissante la força à ouvrir les yeux. Elle flottait comme si elle avait pris une tonne de pilules. Toute était sombre autours d'elle. Elle se demandait si c'était donc ça la mort. Elle s'était rendormie encore, toujours avec ce nœud sur l'estomac.

Quand Anna se réveilla à nouveau, elle avait la tête lourde. Après avoir plusieurs fois clignés des yeux pour s'habituer à la pénombre, elle essaya de se relever mais ne sentait pas ses pieds. Alors elle regardait plus bas, elle remarqua que ses pieds étaient remplacés par une énorme queue de poisson. Elle se mit à crier et sa queue bougeait dans tous les sens. Des bulles s'échappaient de sa bouche et là elle remarqua qu'il y avait que de l'eau autours d'elle. Elle s'affolait et partait dans tous les sens. Elle ne sait à quelle moment, mais une main se posa sur son épaule. Elle se retourna pour voir une belle jeune femme avec une queue semblable à la sienne, qui tenait une lance. Effrayée, elle perdit connaissance et se réveilla plus tard.

Elle était sur un lit blanc très douillet et la pièce semblait sèche. Son premier réflexe était de fixer ses membres inférieurs. Ouf, elle avait des jambes à nouveau. Mais cette peau était beaucoup trop belle pour être la sienne. Lentement, elle descendit du lit et se dirigea vers la grande glace qui était au fond de la pièce. Waouh! La femme en face d'elle était très belle rien avoir avec la Anna Page qu'elle connaissait. Cette fille avait une peau beaucoup trop claire et sans aucune imperfection. Que se passait-il ? La porte s'ouvrit et une femme entra. Elle avait la peau pâle et une couronne sur la tête. La femme lui sourit et elle le lui rendit. Elle ne sait pour quelle raison, mais cette femme la mettait en confiance. Elle se sentait en paix avec cette femme près d'elle. Comme la femme ne semblait pas pressée, elle parla pour la première fois.

Anna: Qui êtes-vous ? Et Qu'est-ce que je fais ici ?

La femme: Je suis Mirlandia ta mère et reine de tout le royaume d'Aquarama. Et toi tu es la princesse Sea. Tu étais malade depuis trois jours. Hier tu as succombé. Enfin c'est ce que nous pensions toute. J'avais le cœur en miette si tu savais. Nous t'avons emmené dans ce lieu pour les derniers rituels hier et c'est là que tu t'es réveillée. Tout est encore flou pour toi mais avec le temps, ta memoire te reviendra.

Sea: Vous dites que je suis une princesse ? Alors, je n'ai pas rêvé ? J'avais une queue de poisson hier.

Mirlandia: Non tu n'as pas rêvé. Nous sommes des sirènes. En contact avec l'eau, notre queue apparaît et une fois notre corps sec, nous reprenons forme humaine.

Anna qui était maintenant Sea n'en croyait pas à ses oreilles. Elle était morte dans son monde et s'était réveillée dans ce celui-ci, dans le corps de Sea une princesse Sirène. Quand elle pleurait en maudissant d'être née dans la famille Page, elle ne s'attendait pas être tuée dans un accident, plus encore de se réincarner en cette belle princesse.