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Chapitres

Lorsque Liberté décide de quitter François en prenant la fuite, elle n'imagine pas rencontrer, au détour d'un rayon de supermarché, Peter, un joueur de hockey étranger nouvellement recruté dans l'équipe de la ville. Le destin s'acharne à les réunir. Seulement, Liberté, en proie à des angoisses persistantes dues aux menaces de François, sera-t-elle capable de surmonter son traumatisme et d'aimer à nouveau ? Quant à Peter, partagé entre les sentiments qu'il éprouve pour Liberté et le hockey, saura-t-il lui venir en aide et lui faire croire de nouveau à l'amour véritable ? À PROPOS DE L'AUTEURE Habitante de La Chaux-de-Fonds et fan du HCC, Hockey Club La Chaux-de-Fonds, Heff Vez imagine cette romance lors d'un match de hockey. Par le truchement d'un de ses personnages, elle dépeint une personnalité narcissique propre à ces hommes qui exercent des violences sur les femmes au sein des ménages.

Chapitre 1 No.1

De la même auteure

Un amour singulier, Éditions du Panthéon, 2020 ;

Le damier, Le Lys Bleu Éditions, 2020 ;

Le manuscrit, Le Lys Bleu Éditions, 2021.

1

Le supermarché de mon quartier est noir de monde alors que je me faufile dans ses rayons. Absorbée par mes pensées, je ne prête pas attention aux clients qui s'empressent de faire leurs achats. Seule la présence de la mascotte Hugo1perturbe ma vision périphérique. Du coin de l'œil, je perçois un petit groupe d'enfants le cou étiré, glissant autour de la peluche géante afin d'obtenir un carnet de coloriage. Elle promène son gros nez sombre et se dandine sur place entre les bras tendus qui essaient de la toucher.

Depuis quelques secondes devant l'assortiment de pâtes farcies, je serre mes mains autour des anses du panier et focalise mes yeux sur les raviolis.

Il fait frais devant l'armoire frigorifique. Là où je me tiens, l'air circule et souffle sur ma gorge. Instinctivement, je remonte le col de mon manteau, sentant les frissons m'envahir. Dans mes oreilles, la musique du magasin se diffuse et étouffe les bruits des conversations. Les haut-parleurs annoncent soudainement une publicité qui n'atteint pas mon cerveau quand je ressens une présence tout près de moi. Un homme à la stature imposante me contourne tout en murmurant :

- Quelle concentration... pour des pâtes farcies...

Ces mots ont jailli dans mon dos. Je recule de quelques pas, les mains toujours agrippées aux anses de mon panier. Sans lui témoigner un intérêt particulier, je me retiens de répondre et mon corps s'écarte encore un peu plus.

L'individu redresse le torse, comme pour révéler sa présence et réplique :

- Alors ! Qu'est-ce que vous me conseillez ?

Hébétée, j'ignore s'il devine mon désarroi. L'écho de sa voix est grave et chantant, avec une intonation onctueuse peu commune. Il me fixe, le regard doux et intense. Je ferme les yeux quand je vois frémir les commissures de ses lèvres. Je n'ai plus l'habitude d'être consultée et je m'entends lui répondre comme une automate :

- Mon copain dit que j'ai des goûts de chiottes concernant la nourriture.

L'expression de son visage se métamorphose radicalement et laisse apparaître un sourire sarcastique.

- Ça, c'est un gars... C'est sûrement lui qu'on invite le mercredi soir.

J'éructe un son amusé.

- Blague à part, qu'est-ce que vous me recommandez ? renchérit-il

Suis-je capable de conseiller qui que ce soit ?

- Je les ai toutes essayées et il prétend que c'est de la bouffe pour chien.

Pourquoi je parle de ça avec lui !

Je sens mes yeux se tendre, piquer et par réflexe je détourne la tête, sous le regard inquiet de ce client.

- Je suis désolée, lancé-je en haussant légèrement la voix pour me faire entendre par-dessus le brouhaha qui règne autour de nous.

Ma main happe 2 paquets de raviolis accrochés au présentoir et mes talons pivotent sur eux-mêmes. Le magasin est toujours aussi plein alors que je file vers la sortie, avec cette sensation d'être poursuivie du regard. Je prie intérieurement pour que cet individu ne me suive pas. C'est bien la dernière chose dont j'ai besoin en ce moment. J'ai toujours été douée pour attirer les hommes, même quand j'avais une tête de déglinguée, comme aujourd'hui.

Une file interminable se profile à la caisse. Sans faire attention aux gens qui me frôlent, je secoue la tête et respire intensément, tentant de calmer les battements précipités de mon cœur. Mes réflexions se fragmentent continuellement et mon panier me paraît de plus en plus lourd. Je ne cesse de le basculer d'une main à l'autre pour soulager la tension dans mes épaules.

François, mon bourreau, m'attend dans notre appartement.

Mon bourreau... il ne l'a pas toujours été et jamais je ne l'aurais imaginé lors de notre première rencontre. À l'époque, j'étais une fan assidue des matchs de hockey et pour rien au monde, je ne manquais une compétition. Ce soir-là, j'étais arrivée un peu en avance, attendant mes amis. Debout au bar de la buvette des juniors, je patientais, sirotant un thé chaud quand François apparut dans l'entrée. Il défilait la fenêtre de son portable, le visage concentré, lui conférant un charme fou. Hypnotisée par sa haute silhouette emprunte d'une certaine assurance, je ne résistais pas à le dévisager. Tout autour de moi, les hommes et surtout les femmes se retournaient sur son passage et se regroupaient, cherchant son contact. En outre, sa voix forte et posée dominait les autres par sa résonance et provoquait l'envoûtement. Quand nos regards s'étaient croisés, son expression était devenue séduisante.

À cet instant, je m'arrache à ce souvenir. Mon esprit ne peut s'empêcher de ressasser sa petite phrase de merde, balancée au petit déjeuner entre deux bouchées de céréales au lait :

« Tu es folle, tu m'as mal compris, je n'ai jamais dit les choses dans ce sens-là. »

Ses mots retentissentencore dans ma tête comme un carillon percutant un balancier. J'inspire profondément et essuie quelques larmes. Ce n'est pas le moment de gaspiller mon énergie en m'abrutissant davantage de sa perversion narcissique.

Je passe les quelques minutes suivantes à me donner du courage, à le chasser de ma tête et à me concentrer sur ma fuite.

Quand j'arrive à la caisse, c'est Léo, un copain d'enfance. Mon ventre se noue et ma respiration reste coincée dans ma gorge. Depuis qu'il a assisté à une énième humiliation de la part de François, il se comporte différemment. La dernière fois que nous étions à sa caisse, il n'arrêtait pas de me regarder avec une hargne inattendue tout en me disant avec ses yeux : « Envoie-le valdinguer... » et en même temps, il était agacé par mon inertie. Moi-même je ne me comprenais pas. Quand il fixait François, c'était la guerre dans ses yeux.

Le temps que j'enfile mes paquets de pâtes dans un cabas, il déballe les dernières péripéties de son frère et je remue la tête, déviant le regard à tout moment. Le nez plongé dans mon portefeuille, il évoque François, sous le regard curieux du client derrière moi. J'esquive, claquant mes lèvres d'un air crispé. Je n'ai pas envie de me justifier.

Justifier quoi d'ailleurs ?

Encombrée de mon sac à commissions, je marche à toute allure. Il fait déjà bien froid pour un mois de septembre. Je soupçonne que le climat n'est pas seul responsable de cette sensation. La tête engoncée dans mes épaules, je ne vois pas le trottoir qui me mène à notre logement. Le silence relatif de la rue me prépare à affronter les bordées assassines que François va m'instiller dès que je passerai le seuil de la porte.

Je me rappelle qu'au début, nos disputes étaient insignifiantes.Je crois même que c'était un sport que nous pratiquions à merveille pour maintenir en forme notre couple. J'éclatais de rire régulièrement pendant nos chamailleries. Je me rendais vite compte que le sujet n'était vraiment pas sérieux sur le fond et qu'on ne faisait que passer nos nerfs l'un sur l'autre.

Le temps passant, les sujets sont devenus plus corrosifs.

Au début du printemps, nous étions en train de parler des jobs auxquels il allait postuler. Je l'avais encouragé à s'engager dans des postes ambitieux, lui permettant de monter les échelons. J'étais persuadée qu'il avait des compétences au-delà de ce qu'il prétendait. Il m'avait répondu qu'il ne se sentait pas encore prêt, que je n'étais jamais contente, que c'était dans ma nature et qu'il en avait marre.

Un peu avant Noël, j'étais en train de tenter de confectionner un bijou à la main. J'éprouvais beaucoup de difficultés car je ne suis franchement pas douée. Il trouvait le temps long et il a commencé à me taquiner. Il tournait autour de moi comme une sauterelle. Je galérais encore plus et m'énervais sur moi-même. Il tenait un discours des plus pathétique. J'étais ridicule de m'exciter pour un stupide bracelet. Il avait fini par le balancer au travers de la pièce et tout s'était éparpillé. C'était un objet sans aucune valeur, mais je ne sais pas pourquoi, son geste m'avait mis dans une colère monstre. J'avais explosé.

Le court trajet renforce mon amertume. La bouche sèche, je tremble à l'idée de me retrouver face à lui, avant ma fuite. La pluie commence à tomber en fines gouttelettes, faisant glisser mes pieds sur les feuilles mortes. Un profond sentiment de lassitude m'envahit et le léger frémissement de l'air m'apaise. Ils me débarrassent momentanément de ma peur et de ma fureur.

Devant l'immeuble, je puise au plus profond de moi toute l'énergie, ne laissant pas de place à la panique et pousse la porte avec cette conviction en tête : ses petites phrases de pervers narcissique ne m'atteindront pas.

- Ah voilà le boulet ! Qu'est-ce t'as dans ton sac ?

Affalé sur le canapé, une bière à la main, son regard de champion du monde éclaire son visage. Dès que j'abandonne le cabas sur la table de la cuisine, il s'élance, dépose sa bouteille et fouille le contenu. Une goutte de sueur coule entre mes omoplates et mon estomac se renverse à la pensée de la volée verbale qui va suivre.

- Encore des raviolis... Non mais tu le fais exprès. Je crois que s'il y avait un concours sur les pâtes farcies de toutes les marques, je gagnerais à coup sûr !

Sans sourciller, il tire une chaise, s'assoit et me pousse sur le tabouret, face à lui. Il entremêle ses doigts et les craque, dégageant un bruit sec. Je ne peux détacher mon regard de ses mains blanches aux articulations qui vont et viennent au-dessous de ses genoux.

- J'avoue que tes choix en matière de nourriture me déçoivent, surtout pour une diététicienne, siffle-t-il entre les dents en suivant mon regard. Je suis persuadé que tu peux faire mieux.

- Probablement, réponds-je, enfonçant les ongles dans mes poings.

Il tourne sur sa chaise et saisit un paquet de pâtes.

- Pourquoi cette sorte ? Il me semble t'avoir dit que je ne les aimais pas.

Malgré ma résolution à lui tenir tête, je perçois des tressaillements parcourir mon corps. Je détourne les yeux vers la fenêtre ; le ciel s'obscurcit, plongeant la pièce dans une lumière sombre.

- Je me demande bien si toutes les cases de ton cerveau sont allumées en permanence ? ajoute-t-il.

Il pose le paquet de pâtes en équilibre sur un de ses genoux et me fixe tel un hibou exerçant sa puissance avec le regard.

- Après tout ce que je fais pour toi. Je t'aime comme personne et tu me traites comme un animal.

Ses lèvres minces se tendent légèrement. Il se lève et jette le paquet de pâtes sur la table. Il ouvre un tiroir et en sort un couteau. Sa vue augmente les battements de mon cœur. Mes pieds poussent sur le sol pour reculer sur le tabouret. Il appuie avec son pouce sur la lame, tel un boucher vérifiant son tranchant et se dirige vers moi, tout en cherchant mes yeux. Comme d'habitude, son petit manège destiné à éprouver mes émotions est efficace.

Afin de désamorcer son déplacement, je suggère aimablement:

- Tu peux manger dehors et retrouver tes amis, je n'ai pas très faim.

Stoppant nette sa marche, le couteau toujours à la main, il ricane. La fenêtre de son portable s'illumine et détourne son attention. Tout en lisant, il esquisse un sourire qui charme la plupart des gens, même les plus acariâtres, celui-là même qui a fait chavirer mon cœur à une certaine époque. Ses doigts tapotent un message.

- Tu n'es pas banale, Liberté...

Avec un gémissement, il tourne lentement la tête vers l'évier, vers lequel il envoie le couteau. Il arrache sa veste du porte-manteau et claque la porte, sans se retourner. J'entends ses pieds dévaler les escaliers à toute vitesse.

L'air redevient respirable.

Le corps ébranlé de soubresauts, je déverrouille mon téléphone et appelle Tom, mon meilleur ami. Sa voix est réconfortante et nous n'échangeons que les quelques mots indispensables. Quand je raccroche, c'est comme si on m'enlève un énorme poids de mes épaules. Je repousse ma frayeur et soupire de soulagement, me rendant compte que j'ai retenu mon souffle alors que je l'écoutais.

Au fil des mois, je lui ai soufflé mes angoisses et ma frustration, cherchant son point de vue. Un peu hésitante au début, je lui ai raconté nos disputes. Au bout du compte et de plus en plus embarrassé, il a fini par avoir la rage. La rage de ne pas me convaincre de le quitter. Caroline aussi n'arrêtait pas de m'encourager à partir. Elle est comme une sœur pour moi, mais surtout une confidente.

Puis ma vulnérabilité s'est amplifiée, me dépouillant de mon assurance. Leurs paroles n'étaient plus des paroles éclairées, mais des supplications.

À force, j'ai cédé à leur pression.

Les mains agitées et la boule au ventre, je réunis au milieu du salon tous les cartons que j'ai pu cacher dans les moindres recoins de l'appartement. Ces dernières semaines, j'ai joué de stratégie à plusieurs reprises pour camoufler mes empaquetages. Lorsqu'il se dirigeait vers une armoire « complice », j'attirais son attention de sorte qu'il parte dans une autre direction.

Sans pouvoir m'en empêcher, je ressens de la culpabilité et de la lâcheté aussi. Pourtant cette semaine, nous ne nous sommes parlé qu'à trois reprises et écharpés tous les jours.

J'entends Tom monter les escaliers.

Devant mes valises ouvertes, je décroche en un temps record les vêtements de ma penderie lorsque la sonnette retentit. Dès qu'il ouvre la porte, sa présence me sécurise et m'encourage.

- Salut, Liberté. Prête ?

Je laisse échapper un petit rire nerveux, pour enfin lâcher :

- Je crois...

Est-ce que je le suis vraiment ?

- Tu as pris la bonne décision, assure-t-il.

Le corps lourd, je continue à remplir mes valises, augmentant la cadence.

- J'espère. De toute façon, il ne pleut que des reproches ou des critiques dans cet appartement.

Submergée par le ressentiment, je ne retiens plus mes larmes et la voix brisée par l'émotion, je me convaincs en lui disant :

- ... J'en ai assez des confrontations. J'ai tout essayé, tu le sais, je n'ai plus la force de me battre. Il n'est plus l'homme que j'ai imaginé qu'il soit. Depuis que je gagne mieux ma vie que lui, c'est l'escalade. C'est comme s'il était atteint dans sa virilité. On est au XXIesiècle... Merde !

Je prends soudain conscience que Tom est tout près de moi. Il me contemple avec un mélange d'amitié, d'empathie et de tristesse.

- Tous les hommes n'ont pas cette mentalité. Pour ma part, si je pouvais être homme au foyer, j'applaudirais.

Les roues d'une voiture crissant sur le gravier annoncent l'arrivée de Jacques. Aussitôt, Tom passe la tête par la fenêtre, attiré par le vrombissement du moteur.

- Jacques a pris la camionnette. Qu'est-ce qu'on déménage ?

Je me redresse et désigne du doigt ce qui m'appartient. Lorsque nous avons emménagé avec François, j'avais un peu de mobilier hérité de mes grands-parents.

- Le fauteuil, le lit, la garde-robe, la cuisinière et les cartons.

- Heu ! C'est Bagdad ici.

Jacques, arrêté sur le seuil de porte, agite les mains en signe de séparation.

- Salut, Liberté ! Je ne te demande pas comment tu vas !

Le regard de Jacques se pose un instant sur moi, puis il examine les cartons avec attention. Les mains sur les hanches, ses yeux font des allers-retours incessants.

- Merci, t'es sympa.

- Alors on emmène tout ça où ?

Il empile plusieurs petits cartons sur ses bras.

- J'ai loué une maison aux Bulles, près de la rue Jérusalem.

Tom lève les yeux au ciel, tapant ses cuisses avec la paume de ses mains et m'envoie un regard comme pour me dire : « plus à l'écart de la ville, on ne peut pas ».

- Je sais, dis-je. Ce n'est pas tout près mais c'est tout ce que j'ai trouvé !

- OK... et puis on doit faire vite, si j'ai bien compris, reprend Jacques.

Lesbras chargés, il tourne les talons.

- Une demi-heure.

- C'est parti !

À mesure que l'appartement se vide, mes bras s'activent de plus en plus vite et je commence à avoir des contractures dans les reins. Heureusement, nous habitons au 1erétage et il ne nous faut que vingt-cinq minutes pour déserter les lieux.

Alors que je referme la porte, un pincement au cœur plonge mon cerveau dans un sentiment d'abandon. Prendre la fuite, ne me correspond pas, et en même temps, aurait-il été possible d'agir autrement ? Je n'arrête pas de penser à François lorsqu'il va découvrir mon départ. Je reste persuadée qu'il va me chercher. Son ego surdimensionné ne peut supporter que je puisse le quitter.

Sur la route, le brouillard s'épaissit à mesure que nous approchons de la sortie de la ville. Cette partie de la périphérie n'a pas grand-chose à voir avec le Val-de-Ruz, formée par deux montagnes forestières. Ici, le relief se résume à de petites dépressions qui percent entre des pâturages boisés.

Mes deux complices déblatèrent des banalités pour mieux combler mon désarroi et faire taire le vide de cette séparation. Mes larmes s'accrochent à mes cils pour ne pas les inquiéter. Tom me regarde à la dérobée de temps en temps et n'essaie pas de me faire parler. Il sait que je m'effondrerais.

Une heure plus tard, après avoir vidé la camionnette, mes deux alliés sont prêts à partir. Avec un élan fraternel, Tom m'enlace, cherchant à me réconforter et quelques larmes s'échappent à mon insu. Adossé au véhicule, Jacques me fait signe de loin. Il n'ose me regarder... l'insécurité me gagne.

- On se voit plus tard. Si tu veux un coup de main pour quoi que ce soit, n'hésite pas.

- Je t'appelle la semaine prochaine.

Seule dans mon nouveau « chez moi », je découvre cette petite maison que j'ai louée en catastrophe. Pas très grande mais juste ce qu'il faut, elle me fait un peu penser à la maison de Martine2

Pliée dans un carton au milieu de la cuisine, la déco provençale dégage une impression de vacances. Ses couleurs pastel sont paisibles et collent au style si particulier du sud de la France. Par la fenêtre, les rayons du soleil percent les voiles de brouillard et inondent le salon avec sa cheminée. Une chaleur apaisante flotte et un sentiment de fierté me parcourt. J'ai réussi à le quitter. J'en avais des crampes au ventre lorsque j'ai pris cette décision. Seulement le besoin de me protéger, de prendre soin de moi n'était plus une option. Je dépérissais à vue d'œil.

Les bras chargés, je monte l'escalier menant à l'unique chambre. Une belle salle de douche et un dressing occupent le fond de la pièce. Je laisse mes yeux découvrir par la fenêtre la vue époustouflante sur la vallée. Elle m'offre une réelle échappatoire et surtout elle me plonge dans un nouveau départ probablement chaotique...

Je commence à défaire mes valises dans ce dressing à l'allure désuète. Pliant et rangeant soigneusement mes pulls dans la partie étagère, je suspends le reste dans la penderie. La moitié n'est que remplie et l'autre moitié vide renforce ma solitude.

La fatigue gagne mon corps mais les cartons maculant le sol un peu partout, m'obligent à déballer au moins la vaisselle. Si je veux manger la moindre, je dois trouver au moins une assiette et un verre.

Jacques a rempli le frigo. Sa compassion m'a réchauffé le cœur. Je le connais peu, pourtant je devine que derrière cette armoire à glace, il y a une belle personne.

Assise en tailleur sur le sol, je pense à ma mère. Je devrais l'appeler pour l'avertir de mon déménagement. La volonté me manque. Elle aussi avait tout de suite vu l'infâme individu qui se cachait derrière son visage enjôleur.

Tout à coup, je ne culpabilise plus de l'avoir quitté. Un sentiment de liberté parvient même jusqu'à mon cerveau. Mes craintes lors d'une future confrontation effleurent cependant mon esprit. Habitant dans la même ville, côtoyant les mêmes lieux, elle est inévitable. Consciemment, je me prépare à croiser son regard. Rien que d'y penser, mon corps tout entier se crispe. Toute ma peur remonte et fait battre mon cœur à foison.

Au bout de quelques heures, il ne me reste plus que quelques boîtes contenant des objets liés à mon adolescence. Ils me ramènent à ma vie d'avant, avant François. Je reste immobile, écoutant mon cœur et je réalise que pour la première fois depuis des mois, il bat normalement.

Continuer

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Emma est une Youtubeuse très populaire, et aussi une journaliste indépendante qui ne s'en laisse jamais imposer. C'est aussi une jeune femme très ouverte, qui assume pleinement ses fantasmes. Ceux d'une soumise de service plus précisément qui se cherche un nouveau dom depuis que sa dernière relation amoureuse fut un échec. La plupart de ses amies sont dans des relations amoureuses qui ne peuvent que vous faire rêver de trouver l'homme idéal. Parmi celles-ci, sa belle-sœur Anne Claude, qui est mariée avec le frère d'Emma dans une relation dominant/soumise très épanouie. Belle-sœur qui se trouve à avoir un frère très séduisant qui tourne la tête de toutes les femmes soumises de France et même ici en Floride! Justin Eckhart. Multimilliardaire. Riche. Séduisant. Mais aussi très arrogant! Surtout, un playboy bien connu de la communauté BDSM locale. Justin Eckhart a aussi la réputation de ne jamais coucher plus de trois fois avec la même soumise. Quand il invite une femme dans sa garçonnière, il ne lui accorde qu'une seule fin de semaine, ni plus ni moins. Mais il s'engage toujours auprès d'elles à ce que cette fin de semaine soit inoubliable. Trois jours de pure soumission. Trois jours de sexe débridé où il s'engage à assouvir tous leurs fantasmes les plus secrets. Mais, en retour, Justin exige une soumission totale et complète de la part de sa partenaire du moment. Pas de demi-mesure avec ce dominant qui a besoin d'être en parfait contrôle dans tous les domaines de sa vie et qui préfère les soumises de type esclaves sexuelles! Justin Eckhart est aussi un dominant d'expérience qui sait exactement sur quel bouton appuyer pour faire frémir Emma. Chaque fois qu'ils se croisent, Justin n'a qu'un mot à dire, une parole ou même un simple regard à lui adresser et Emma ressent immédiatement le besoin de se soumettre à lui, de manière instinctive. Entre ce dom d'expérience et la soumise débutante qu'elle est en comparaison, la chimie est très grande, elle ne peut le nier, même si Emma le voudrait bien. Cette danse de l'amour dure depuis un p'tit moment déjà entre eux. Justin lui a d'ailleurs fait sentir plusieurs fois qu'il aimerait bien l'avoir pour partenaire et la conduire dans sa garçonnière éventuellement pour un de ces weekends torrides très mémorables dont il a le secret! Une fin de semaine, une seule! Après avoir cherché sans trouver de partenaire de jeu qui sache la satisfaire, et depuis si longtemps, Emma est bien tentée d'accepter l'offre de Justin. Une fois. Une toute petite fois… un weekend de pur sexe avec le beau Justin Eckhart. Voilà ce qui est convenu entre les deux amants secrets. Emma ne s'attendait pas du tout à ce que le beau et séduisant Milliardaire lui propose bien davantage à la fin de ce weekend. «Il y a une bonne chimie entre nous… J'ai une proposition à te faire…»lui dit Justin. Il aimerait bien passer un contrat avec Emma. Tous deux, ils seraient partenaires de jeux… mais rien de plus! Et personne n'aurait besoin de le savoir. Un weekend par mois de soumission totale. C'est tout ce qu'exigerait Justin de la part d'Emma. Un weekend par mois où elle serait son esclave sexuelle du vendredi soir au dimanche soir… Et en dehors de cela, ils ne seraient que bons amis… Emma a cruellement besoin d'un partenaire… besoin de soulager la pression qui est très grande sur elle. Et ce weekend passé avec Justin l'a satisfait pleinement. Alors, elle décide d'accepter l'offre du séduisant milliardaire! C'est ainsi que débute entre Emma et Justin un jeu très secret. Un contrat d'amour, qui s'il venait à être découvert par leurs proches, pourrait bien en choquer plusieurs. Comme le frère d'Emma, Khan… un individu hautement dangereux et très surprotecteur envers elle. Ou la sœur de Justin, Anne Claude, qui avait fait promettre à ce sale playboy de ne surtout pas mettre la sœur de son mari dans son lit!

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