Le pont sur la Méditerranée

'audience d

ait jamais recevoir une personne non encore initiée. La responsable du visa d'entrée au palais royal était une vierge toute jeune. En effet, chaque impétrant introduisait sa demande et attendait avant de franchir les portails menant au palais royal. Après avoir analysé la requête, l'intendance royale dépêchait la vierge qui devait accorder ou refuser le visa, et sa conclusion n'était susceptible d'aucun recours. Elle s'avançait vers l'hôte distingué, les yeux bandés, escortée par la garde de Sa Majesté. Elle tenait une corbeille contenant trois boules de beurre extrait du lait d'une vache primipare. Une fois en face du requérant, sur avis du protocole, elle se tenait toute droite, saisissait une boule et la lançait vers le visiteur qui lui aussi se tenait figé comme une tige de fer. Si le beurre ratait sa cible, c'était un signe de refus par les dieux Manké. Mais l'imp

la merveilleuse perle, une plaine verte s'étendait à perte de vue. De beaux plateaux s'échelonnaient dans le côté droit, jusqu'à un lointain horizon. Devant cette splendeur, Mukuri déballa son paquet pour prendre son déjeuner. Il avait passé la nuit précédente dans une habitation choisie au hasard sur sa route. Les Manké étaient réputés pour leur hospitalité. Nul voyageur ne s'inquiétait de la tombée de la nuit, chaque ménage était un motel où on mangeait et logeait, la seule facture pour tout le service étant de pérenniser cette valeur ancestrale. L'hôte de l'émissaire du père Lucio était un notable de la localité, et Mukuri fut reçu avec la plus grande bienveillance qu'on puisse imaginer. Il s'y retrancha après le coucher du soleil, épuisé par une longue journée de marche acharnée. On lui offrit de l'eau tiède et des feuilles d'un arbuste dénommémwungoréputé pour ses qualités décontractantes pour se masser les jambes. Le voyageur se présenta et révéla à son hôte sa destination et le but de son déplacement. Dès qu'il apprit qu'il était messager du Père blanc, son interlocuteur le rassura. En effet, le chef du ménage avait travaillé à la cour royale avant sa retraite

alebasse, les deux solidement attachés par une corde tissée en gaine de bananier sèche. Le premier contenait un gros morceau de pâte de maïs et quelques morceaux de viande de bœuf grillé, le tout enveloppé dans une feuille de banane. Le mets était de toute évidence sec, mais la petite calebasse était remplie de vin de banane mêlé de miel. Dans les mœurs manké, le vin mielleux était une boisson réservée aux personnalités de marque.

n dessous, ingurgitant de temps en temps une petite gorgée. Il se sentait progressivement immergé dans un bonheur indescriptible, un paradis inconnu. Les lieux mêmes où il s'asseyait étaient d'une beauté singulière : le banc où il s'asseyait était finement taillé en de

voix tonitruante l

Que fais

chevelure. Ils montaient vers lui, le menaçant d'un regard autoritaire. Un javelot à la main, ils se rendaient au palais royal, escortant une caravane de gens portant des vivres enroulés dans des nattes qui aussitôt firent

ette hardiesse de poser ton cul sur ce banc sacré

atif de Nkenga, je suis un émissaire envoyé auprès de Sa Majesté par le missionnaire blanc venu de l'est, sollicite

oyale. Quand il se sent lassé par la routine, il y vient prendre l'air et contempler le pittoresque du royaume. Il faut a

nent excuser mon ignorance. Si seulement l'illust

de la forêt ont des égards envers le d

llon pour encenser les

yé par le blanc

olliciter une entrevu

, et ils lui concédèrent un entretien plus fraternel. Mukuri leur

umera, est-ce vrai ? lui demand

nitier depuis son arrivée sur le sol manké. C'est un br