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Mon éditeur m’avait commandé un recueil de huit nouvelles et j’en avais écrit sept, mais pour la huitième, je restai désespérément en panne. J’attendais l’inspiration, et ne dis rien à l’éditeur. J’avais bien un plan, mais il ne concernait pas du tout ma nouvelle, mais bien plutôt Céline, la directrice éditoriale, dont je rêvais de lui faire abandonner la position verticale, qu’elle s’obstinait à conserver devant moi, pour celle, beaucoup moins intimidante, pour moi, de l’horizontale.
Le délai de livraison approchant, elle ne manquerait pas de m’appeler, pour se livrer à son chantage habituel. En plus d’être la plus belle femme du monde, elle sortait de l’École Normale et était l’éminence grise des Éditions du Bouquin
« Où en êtes-vous, Quentin ? Nous vous attendons. Si rien ne vient, nous allons être obligés de programmer autre chose, et votre projet sera repoussé d’un an, ou même plus. Nous avons d’autres très bons textes sous le coude. La rentrée littéraire s’annonce extrêmement fructueuse, avec une pléiade de jeunes auteurs aux dents tellement longues qu’elles rayent le plancher. »
C’était ça, Céline !
D’emblée, la discussion était mise sur un terrain que je comprenais : celui du chantage. Mais, pour moi, le fait d’avoir à ce point les pieds sur Terre et de ne pas se payer d’illusions ne faisait qu’ajouter à son charme. Si elle n’était pas un ange, je le serais encore moins. À cynique, cynique et demi.
Et je venais d’acheter une voiture à tempérament – une faiblesse, une Jaguar neuve – et je ne voyais pas comment j’allais pouvoir payer les prochaines mensualités si mon recueil restait en plan.
« J’ai un scénario », mentis-je. « Je dois le laisser mûrir un peu. Mieux vaut un bon texte, qui arrive un peu en retard, qu’un mauvais, qui arrive à l’heure. »
C’était une réplique un peu « bateau », déjà cent fois entendue, mais je n’avais rien d’autre à proposer. Un peu mince, face à la pléiade de jeunes auteurs aux dents longues !
« On peut savoir ce que c’est ? »
Là, j’eus une inspiration qui, pour être géniale, n’en était pas moins préméditée depuis longtemps.
« Pas par téléphone », dis-je. « C’est très confidentiel. Si jamais des confrères écoutaient, et me piquaient l’idée ! »
Ce n’était pas de la paranoïa, j’avais raison de me méfier. Dans le milieu de la littérature, la jalousie entre les auteurs fait des ravages. L’hypocrisie, aussi ; il suffit de remarquer à quel point, dans les salons du livre, les auteurs se font des sourires mais préféreraient se faire pendre plutôt que d’acheter le livre d’un confrère.
« Les sept nouvelles que j’ai reçues sont bonnes, » eut-elle la bonté d’ajouter. « Mais c’est insuffisant pour faire un livre. Il nous en faut une huitième, aussi longue et percutante ! Et fissa ! »
« Je pourrais vous exposer mon scénario de vive voix. Au restaurant, pour changer. Qu’en dites-vous ? »
Elle hésita, puis finit par dire « oui. »
Céline avait donc enfin accepté mon invitation à dîner. Celle-ci était ambiguë car balançant entre le dîner d’affaires et le rendez-vous galant. Céline, trente-cinq ans, au sommet de la maturité professionnelle (et sexuelle), était trop avertie des mœurs parisiennes pour l’ignorer. Quant à moi, même âge, publiciste et écrivain, j’avais publié déjà avec succès quatre romans chez cet éditeur.
Le rendez-vous était fixé au restaurant « La Marée», spécialité de poissons, à vingt heures, mais je me devais évidemment d’arriver en avance
Je connaissais Céline : très soignée, elle arriverait en tailleur Chanel noir et des parures qui, pour être en petit nombre, n’en trahiraient pas moins leur prix astronomique. Céline était parfaitement intégrée et exigeante et ma drague si elle devait aboutir devait correspondre à tous les canons habituels en cette circonstance – et ce défi, que je m’étais lancé par étourderie, en l’invitant à dîner, occultait complètement celui du choix du thème de ma huitième nouvelle. Il entrait également dans mes vues de ne pas paraître être à court d’inspiration pour lui en imposer, quitte à dire n’importe quoi.
Lourde tâche, qui m’attendait. Je rentrai du travail avec une heure d’avance pour me préparer vestimentairement et psychologiquement et avec une boule d’angoisse à l’estomac, tant l’enjeu était de taille.
Céline était en outre une beauté. Il me faudrait opposer à ce sommet de la féminité, à ce parangon de l’élégance parisienne la quintessence de la masculinité et de la réussite sociale, et je me demandai un instant pourquoi je m’étais imposé une tâche aussi ardue, aussi stressante et qui, si j’échouais, risquait de me plonger dans les affres de la dépression. Il aurait été si simple de la rencontrer dans son bureau.
Il me fallait une martingale. Je voulais mettre toutes les chances de mon côté. Puis j’eus une idée, mais qui ne concernait pas le scénario de ma nouvelle, qui passait au second plan.
Il fallait agir vite.
Je commençai par décommander le restaurant de poisson. Le poisson me paraissait trop fade pour constituer un cadre valable à mon entreprise conquérante. Je téléphonai à Céline, qui heureusement, n’était pas encore partie. Premier coup de chance.
« Céline, j’y pense, si on changeait les poissons pour de la viande ? J’ai une faim de loup. »
« Je ne sais pas, Quentin. Le poisson est plus digeste. J’ai l’habitude de dîner légèrement, le soir. »
« Pas avec toutes ces sauces qu’ils mettent pour lui donner du goût, au point qu’on ne sait plus si on a du cabillaud, du maquereau ou de la lotte dans l’assiette. Tous les poissons se ressemblent. Tandis qu’une bonne viande se suffit à elle-même. »