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Enfants du soleil et la lune : Les Cosmoshéros Ultimes

Enfants du soleil et la lune : Les Cosmoshéros Ultimes

Hannibal Lecteur

4.9
avis
706
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8
Chapitres

Année 2222, Ouroboros est une ville possédée par le mal. La criminalité y est de 99 %. Tout se passe en pleine dictature totalitaire. Le gouvernement a alors décidé d’enfermer dans cette cité, tous les rejetés de la société dans ce cloître puant et ignoble, qui est enclavé par une grande muraille impénétrable. C'est à Ouroboros que vit Phoebus et la jeune femme, deux jeunes pauvres du quartier le plus malfamé de la ville et l’autre, qui l’est moins. Tous les deux voient leur vie basculer un soir où Phoebus rentre bourré chez lui et il secoure une belle jeune femme contre trois voyous. Jusqu'à ce qu'une éclipse anormale qui n'a lieu que tous les mille ans apparaisse. Cette éclipse appelée : "Lueur Divine" le baigne totalement de ses rayons lui ainsi que la jeune femme. Leurs destins sont intimement liés à partir de cette soirée fatidique et ils vont acquérir de mystérieux dons et une apparence étrange, par la suite. Super-pouvoirs obligent, ces dons vont complètement les chambouler et mettre en lumière leurs convictions profondes qui sont en totale contradiction avec l’ensemble de leur mode de vie, leur personnalité et leurs pensées. Enfants du soleil et de la lune, ils vont devoir unir leurs forces pour anéantir le mal, la criminalité, le chaos et la dévastation de leur ville et de la France entière. Y arriveront ils ? Que sont-ils? Que feront-ils pour annihiler le mal entre ses murs ? nul ne le sait. Mais vous le saurez en lisant cette histoire fantastique: pleine de rebondissements, d’actions, d’aventure, de suspens, de bastons et de super-pouvoirs

Chapitre 1 Un monde en perdition...

Le crime fait rage, le chaos et la désolation s'emparent des lieux avec férocité, ils dominent l’horizon de part en part. Ils régnent en maîtres sur la ville et le territoire tout entier. Ils mettent « Ouroboros » à feu et à sang. Nommée ainsi car la cité représente le serpent qui se mord la queue, c'est tout à fait ça ici. Voilà ce qu’est la signification de ce nom maudit, synonyme de malheur. En son sein, un cercle infini de mal qui agit entre ces murs, il est plus présent que n'importe quelle autre entité vivace, ici-bas. Cela ne s'arrête jamais, et empire d'année en année...

Le taux de criminalité est de quatre vingt dix neuf pour cent, la pauvreté, le chômage, la faim, la violence, la prostitution, la drogue, les trafics d'humains et d'organes, ainsi que la corruption et les pots de vin sont monnaies courantes. Ouroboros qui m'a vu naître et grandir, coure droit à sa perte. L'effroi, la misère, la violence, la souffrance et le désespoir s'amoncelent au-dessus de nos têtes, et une pénombre des plus obscures englouti cette cité, sans pouvoir s’estomper...

Les organisations criminelles veillent au grain, et poussent à foison dans la ville, comme des petits champignons. Elle font en sorte que chaque criminel ne puisse mot dire, et s'exécute quelle que soit la tâche ingrate qui lui est confiée. Ces grandes organisations font en sorte de se faire respecter auprès de celles qui sont plus petites, et ainsi de suite, comme ça la ville ne s'effondre pas sous nos pieds, elle est seulement au bord de sa chute prochaine et imminente. Cela va sans dire... La vermine pullule et grouille dans ces ruelles sombres et malfamées de la ville. Elle s'est formée et agglutinée à Ouroboros, comme un mollusque à son rocher, bien ancré dessus. Et cela depuis des années, petit à petit, le changement n'est pas immédiat au début, mais la cité à commencé à changer, sa population à être dirigée et terrorisée par ces malfrats sans nom !  

Puis, ce sentiment d'insécurité entremêlé de malaise, d'amertume et de désarroi, je le ressent tous les jours sur ma poitrine. Une douleur et une pression plus dure et plus présente chaque jour, à mesure que les semaines et les mois défilent. Une épée de Damoclès se tient fermement là et englobe de toute part cet endroit infâme et craint de tous. Une sorte de boulet qu'on doit traîner aux pieds, toute sa vie.  J'ai grandi là, dans un quartier miséreux de cette ville en ruine, et sans aucune échappatoire pour moi.... C'est un véritable coupe-gorge, et un crève-cœur d'habiter ici tous les jours... Un nid à emmerdes et à déchets, voilà ce que je pense à ce moment-là malgré moi.

C’est paradoxal, car cette ville je la désire tout autant que je la crains.  Je ne suis qu'un minable petit opérateur de station-service, dans un coin malfamé de la ville. Ma station s'est déjà faite braquée huit fois, dont cinq où j'étais derrière la caisse. Je peux dire que ça fait très peur, quand on nous pointe un flingue sur la tête ou la poitrine, qu'il soit chargé ou non. Ensuite, se faire braquer huit fois au même endroit, ce n'est certainement pas courant autre part ailleurs. Cependant ici, à Ouroboros, c’est devenu monnaie courante, et donc une situation des plus banales. Je me demande toujours pourquoi mon patron n'a pas fermé, d'ailleurs, sûrement par énergie du désespoir. Puis peut-être aussi parce qu'il va crever de faim comme tout le monde ici, s’il ferme... Pas le choix, il faut faire avec... Il a renforcé la sécurité avec des caméras de surveillance, mais malheureusement, elles ne fonctionnent pas tout le temps ici, sûrement par manque de moyens.  

Nous possédons une ancienne télévision, mais qui fonctionne encore. Tous les jours aux infos, y compris sur mon lieu de travail, je vois le crime se faufiler à travers chaque interstice, chaque entraille de cette ville, et s'y abattre tel un chien enragé. Une information un peu inhabituelle cependant, m'interpelle quand même un instant ce jour-là, en zappant les chaînes. La présentatrice annonçe que dans trois semaines, jour pour jour, va avoir lieu une éclipse à la fois lunaire et solaire. Que le phénomène est immensément rare, dû au fait qu'elle n'a eu lieu qu'une seule fois, et c'est il y a mille ans, et va se reproduire encore mille ans après notre siècle. Elle est sur le point d’expliquer comment se déroule le phénomène.  La lune et le soleil tournent autour l'un de l'autre, allant jusqu'à s'enchevêtrer profondément ensemble, pour ne former qu'un seul et même astre. Puis, une heure plus tard, ils se décroisent et repartent à leurs places initiales. Cette fusion qui provoque une éclipse anormale est appelée : « Lueur Divine », car ses rayons sont d'une couleur exceptionnelle, mélangeant toutes celles connues de l'arc-en-ciel, et d'une lueur chatoyante et incandescente. Cet éclat est tellement fort, que la circulation doit être arrêtée, ajoutée au fait que l'on doit rester chez soi. C'est une obligation plus qu'une recommandation. Puisque cette lumière peut nous brûler la rétine et nous rendre aveugles, en plus de nous cramer la peau au troisième degré. C'est un spectacle magnifique certes, mais à ne pas prendre à la légère toutefois.  

Cette éclipse va avoir lieu le samedi vingt-deux décembre de cette année deux mille deux cent vingt-deux. Coïncidence ou destin divin ? Nul ne le sait, pourquoi, à cette date précisément, mais elle a une connotation mystique. Je note toutefois l'information sans grande importance dans mon esprit, pour la laisser filer pratiquement aussitôt après. Puis j'éteins l'écran, car cet événement n'a pas du tout lieu d'être pour moi, je m'en fous.  

Cette parenthèse mise de côté, je repense déjà au sort désastreux, dans lequel se trouve ma ville. Je ne supporte pas de voir tout cela se produire, les forces de l'ordre et les autorités sont complètement dépassées par les événements, ils ne font rien pour ses habitants de France. Ou plus communément appelés les rejetés de la société, nous. Ils arrivent souvent trop tard, où n'ont pas le temps de réagir face à une situation d'urgence. Voici comment la pourriture a envahi notre communauté. Et c'est aussi pour cela que je ne regarde plus la télévision depuis un moment, toujours d’horribles nouvelles chaque jour, pour nous enfoncer un peu plus dans le mépris et le désespoir le plus total.  Je termine mon service de la journée, encore sur une note négative et éprouvante aujourd'hui. Nous ne sommes encore que mardi, il va me falloir encore beaucoup de courage pour affronter le reste de la semaine, qui s'annonce étouffante. J'étais déjà blasé face à tant de monstruosité que la France subit à cet instant. Comment en somme-nous arrivés là ? Je me pose souvent la question, sans jamais avoir de réponse, bien entendu... On est quand même en deux mille deux cent vingt-deux, la situation ne peut pas être pire que maintenant.  

Quand j’étais petit, ma grand-mère me racontait souvent, que sa mamie à elle, quand elle était plus jeune de son temps, les gens vivaient en harmonie. Ils se soutenaient les uns les autres, faisaient preuve de solidarité et d'humanité. La générosité, mais surtout la justice existait encore. Et les coupables payaient pour leurs crimes présents ou passés. Il faisait bon vivre. On n’avait pas peur d'affronter demain, de regretter hier, ou d'exister aujourd'hui. On a perdu tout cela depuis longtemps nous, et on ne connait pas ces sentiments positifs. Ces sentiments de sécurité, de joie de vivre, d'entraide, de solidarité et d'espoir, nous sont totalement étrangers, à nous les Français.

Je n'ai jamais ressenti un tel degré de béatitude de toute ma vie, la paix intérieure m'es totalement inconnue. C'est à un point de me demander ce que cela peut bien être. Je ne le sais pas et ne le saurais probablement jamais. Tout cela se termine en conclusion bien triste. Mais bon, vaille que vaille, il faut bien vivre et faire avec.  Une fois arrivé chez moi, je m'effondre d'épuisement sur mon lit, las de cette journée d'ennui et d'emmerdes infinis. J'habite un minuscule box aménagé en appartement. Parce que c'est comme ça qu'on fabrique les immeubles, d'abord pour le faible coût des matériaux et de l'installation, mais aussi par souci de recyclage. Le vieux avec le neuf et vice versa, car la ville n'a clairement pas les moyens de faire autrement avec autre chose.  

Je suis au dixième étage, eh bien évidement pas d'ascenseur, donc pour les courses, c'est bien galère. Obliger de tout me taper à pied, c'est l'histoire de ma vie. Une vie misérable, avec un boulot et un logement misérable... Le comble du comble, c'est que c'est riquiqui, même pas de quoi mettre un canapé ou un bureau … Pas plus de quinze mètres carrés habitables dans cette boîte, serré comme une sardine, très clairement... J'avais juste de quoi pouvoir mettre mon frigo, un lit une place, une télévision et un micro-ondes. Eh bien-sûr la douche dans un coin, mais elle ne fonctionne qu'une fois sur deux. Pas de balcon, ni de terrasse pour souffler et prendre un peu d'air frais, même s'il fait très chaud l’été. En pleine journée, ça peut être un four là-dedans, dû à la taule métallique du container. Et les toilettes sont communes, et sur le palier par manque de chance, une fois de plus.  Puis, bien sûr, pas d'insonorisation ici, on entend tout et n'importe quoi tout le temps... Même quand un voisin va pisser, on est tout de suite au courant, ou quand quelqu'un se déplace, quand une dispute éclate, etc... On entend absolument tout, même le souffle de quelqu'un qui respire !  Mais ce qui est quand même sympathique et le top du top de mon appartement, c'est la vue imprenable sur Ouroboros. Cette ville a vraiment la forme d'un serpent qui se mord la queue. Je ne sais pas si les dirigeants de ce pays en ont fais exprès lors de sa construction et sur ses plans d'origine, mais c'était drôlement ironique à regarder. Surtout quand on sait dans quel cercle obscur elle se trouve. Néanmoins ce paysage est magnifique de jour comme de nuit à regarder, même si Ouroboros craint un max, j'aime cette vue. Elle me permet d'oublier ma vie si merdique, l'espace d'un instant, en tout cas. Je bois souvent une bière devant ce panorama, ça me calme toujours avant d'aller dormir.  

Mon immeuble est situé dans un des quartiers les plus malfamés d'Ouroboros, il y a souvent des trafics de drogue et des descentes de flics dans l'immeuble, même en plein milieu de la nuit. Je peux être réveillé par des bruits de sirènes et de gyrophares à trois heures du matin, mais je m'y suis habitué. Et puis il y a souvent des meurtres, et des règlements de compte ici, à cause de ça. De nombreux cadavres sont retrouvés dans et autour de la bâtisse. Il y en a tellement que maintenant on l'appelle la « Tour Maudite », parce que le bâtiment forme une tour, et que plus personne n'ose s'approcher de cet endroit. Sauf les dealers et les squatteurs en tout genre, vu que personne n'y prête attention et n'ose s'y aventurer. Même la quasi-totalité des appartements est désertée, la plupart des gens ont déménagé à cause de la peur et le sentiment d'insécurité qui régnent ici.  Tous sauf moi, car je n'ai pas les moyens de partir.

Et que je n'ai aucun autre endroit où aller, vu que je suis orphelin depuis tout petit. Je ne connais pas mes parents biologiques, ni si j'ai des frères et sœurs. Mais c’est très bien comme cela, je n'ai clairement pas envie de savoir s'ils mènent la même existence dissolue et crève-la-faim que moi. Cette idée à elle seule suffit à avoir raison de moi. J'ai papillonné de foyer en foyer toute ma vie, cependant, j’étais content maintenant d'avoir enfin trouvé un endroit à moi, mon chez-moi ! Même si c'était en ruine, insalubre et minuscule, ça reste ma maison avant tout. Je m'y sens comme un coq en pâte.  Ouroboros est situé dans le sud de la France à dix minutes de Bordeaux. Elle a été créée deux cent ans auparavant, pour y foutre tous les rejetés de la société et les déchets de l'humanité selon le « Gouvernement de France ». Il n'y a plus de démocratie depuis deux cents ans. Elle a été remplacée par une dictature totalitaire dans le pays entier. Une autre révolution française a eu lieu, au moment où l’État changeait de régime politique. Des millions de morts, que ce soit du côté des civils où des forces armées, même du côté des gens riches hauts placés et des politiciens de l'époque. L'état a décidé après moult débats, de purifier la race humaine en incluant toutes les anormalités qu'ils avaient décidé d'isoler en grand nombre et concentrées en un seul et même point.  Pour la sécurité et le bien-être des Français, pour qu'aucun autre conflit ou qu'aucune autre guerre n'éclate encore à nouveau...

Cette décision du gouverment a été prise bien avant la naissance de ma grand-mère, il y a hyper longtemps. Mais celle-ci tient cette histoire de la sienne, qui elle-même la tient de la sienne et ainsi de suite jusqu'à remonter deux cents ans en arrière dans l'arbre généalogique... Puis, ils ont fini par bâtir une immense muraille tout autour de la ville, pour ne laisser rentrer et sortir personne, de cet endroit maudit et sordide. Ouroboros représente toute l'imperfection, la faiblesse, l’ignominie et l’iniquité de l'humanité.  Cette concentration injuste inclue pauvres, chômeurs, handicapés mentaux et physiques, gitans, gens du voyage, romanichels, voleurs, violeurs et tueurs en série, les noirs, les arabes, les homosexuels, les transsexuels, les travestis et autres Drag Queens, ainsi que les dealers, les prostituées, les Polonais, les Turcs, les Russes, les Chinois, les immigrés clandestins, les asiatiques, les malformés physiquement et les orphelins. Tous ceux qui ne sont pas qualifiés de « normaux », et bien intégrés à la communauté française, se voient châtiés et passés leur vie ici, puis y mourir.

A l'intérieur de cette tombe abyssale dont personne ne va ressortir, et qui vous crève littéralement à petit feu... C'est sordide comme endroit, mais c'est là où je vis, je ne connais rien d'autre, ni qui que ce soit ici... Il faut vivre, enfin survivre malgré tout, je me le dois, je ne suis ni un lâche ni un fuyard. Je suis là, je n'ai d'autres choix que de continuer à y être malgré tout. C'est aussi simple que cela.  Ce monde a besoin d'aide, une aide gratuite et pleine d'espoir. Quelqu'un qui sans contrepartie, vient secourir tous ceux qui en ont besoin. Rétablir l'ordre et la justice en ce bas monde, voilà quelle est la priorité pour sauver Ouroboros. Néanmoins, c'est plus facile à dire qu'à faire. Et personne ne sait comment s'y prendre, il faut que quelqu'un leur montre le chemin ou la voie à suivre. Quelqu'un ou plusieurs individus d'ailleurs, peu importe la façon dont il ou elle va s’y prendre. Le plus important est qu'on agisse, au nom de tous et pour le bien de chacun dans cette ville, mais aussi dans notre pays en perdition. L'acte, la bravoure ainsi additionnées à la justice, voilà qui va donner un cocktail détonnant d'espoir. Ce dont nous avons le plus besoin, c'est de ça pour pouvoir avancer, retrouver une paix intérieure et un sentiment de sécurité. Ce qu'aucune personne ici-bas, ne connait ou ne ressente. Il faut trouver un emblème, ou un personnage qui représente tout ça à la fois, mais où le trouver ? Telle est la question, qui est des plus difficiles à résoudre. Malgré tout, je pense qu’on va mettre du temps à y répondre.  

La vie reprend tranquillement son court quotidien, et je continue d'aller bosser en me demandant quel est le but de ma vie ici, et pourquoi, dans cette ville minable. J'enchaîne les clients et je ne vois pas le temps défiler. Il passe à vitesse fulgurante, je ne m'en suis même pas aperçu. Trois semaines s'écoulent calmement et avec ça, ses lots de problèmes et de criminalité habituels rien de nouveau. Cependant, nous sommes déjà le week-end, et je ne travaille pas ce samedi soir.

Je décide donc d'aller dans un bar pour m'amuser un peu, et surtout me détendre, après encore une semaine bien éprouvante... Le bar en question s'appelle « le Mortifère », un bouge très connu par-ici. Je le connais bien, j'ai souvent mes habitudes là-bas. Et tout le monde me connait également, surtout le personnel. Je m'installe au comptoir tranquillement, en saluant la barmaid et les serveurs au passage. Je commande mon cocktail habituel, une Pinnacolada assez douce, à base de rhum et de liqueur à la noix de coco. J'ai beau être un homme, j'adore tout ce qui est sucré, et cette boisson en fait parti, un breuvage de femme. Ou peut-être ai-je gardé mes goûts enfantins, allez savoir. La barmaid me le prépare tranquillement, pendant que je régle la note. L'intérieur est bondé de monde et d'agitation en tout genre. Tellement de bruit que c'est la cacophonie là-dedans. On ne s'entend plus parler. La musique assez ambiancée, du genre électronique, couvre l'entièreté de la pièce, avec les cris et les discussions environnantes. J'aime vraiment voir tout ce beau monde en cohésion totale, et de bonne humeur. Cela me rempli de joie, voilà pourquoi j'adore venir ici, et que je passe souvent dans le coin pour boire un verre. On a pas l'impression que la ville est sous le joug des criminels et si torturée par le mal-vu d'ici.

Une fois mon rafraîchissement servi, je bois à peine une gorgée que je me tourne vers l'immense écran plat de huit cents centimètres, devant moi. Juste à côté du bar, dans un coin qui prend tout un pan de mur. Il faut bien cela pour une télévision de cette envergure ! Puis, j'observe avec attention les informations diffusées à ce moment-là, je ne sais pas pourquoi, mais le contenu m’est familier. Ils parlent d'une éclipse lunaire et solaire, qui va avoir lieu à vingt-deux heures ce soir. La « Lueur Divine » l'appelaient-il, étrange comme nom, mais ça ne m’étonne guère plus que cela, car tout est bizarre et démesuré dans cette ville. Je n'y prête pas vraiment attention, quand soudain, un ami à moi fait son apparition, et s'assied à côté de moi. Il s'appelle Mike, mais tout le monde l'appelle Miky. Il est assez gras du bide, costaud mais pas très grand. Il est également très bavard et assez pervers sur les bords, il adore faire des blagues salaces et il est très imbu de lui-même. Mais sans manquer cruellement d'humour, c'est son esprit qui lui fait défaut, il n'est ni intelligent, ni cultivé, mais gentil et on peut lui faire confiance. C'est le plus important le concernant, car c'est mon seul ami à Ouroboros. Il me tape dans le dos et me prend par surprise, je suis saisi de peur, car je ne m'y attend pas.

Il commande une bonne bière et on commence à discuter :

« - Alors Phoebus ? Comment ça va ? Je m'inquiète pour toi, ça fait un moment qu’on ne s’est pas vu dis-moi ! Alors quoi de neuf ?

– Salut Miky, ben écoute je vais bien ma foi. Désolé si on n’a pas pu se voir avant, mais je suis super occupé avec mon boulot. Les heures supplémentaires, tu sais ce que c'est. Je bosse pratiquement tous les week-ends, je n’arrête pas. Là, c'est vraiment exceptionnel que je ne travaille pas ce soir, j'en ai profité pour t'inviter à venir boire un petit coup avec moi ! Et toi ça va ?

– Ouais, moi super. Ce n’est pas grave je comprends, ton patron te fait bosser comme un forcené, il sait que tu es le bon pigeon ! Il peut compter sur toi pour travailler à sa place ou celle de tes collègues. Alors toi toujours à boire ta boisson de femmelette à ce que je vois ! Tu me fais bien rire, tu ne changes pas d’un pouce, tu aimes toujours autant le sucré dis-moi ?! Allez buvons un verre, ça va nous déstresser un peu, et te faire le plus grand bien ! Buvons à notre santé ! Et en un instant, il buvait d'une traite la moitié de sa bière.

– Eh oui, comme tu vois les habitudes ça ne s’oublie pas aussi facilement, j’adore toujours autant ça ! Tu as raison ! Détendons-nous et rigolons un peu ! J'ai envie de m’enivrer jusqu'au bout de la nuit !! »

Je fais de même que Miky avec ma Pinnacolada, puis, s'en suit une autre, et une autre, et encore une autre à n'en plus finir... La soirée passe à une vitesse folle, sans encombre, on s'est bien marré avec Miky. Mais, il est tard désormais, je dois rentrer chez moi. Wow, je suis bien enivré mais je tiens encore bien la cadence, mon esprit et ma vision sont encore très claires...

Je suis arrivé sous les coups des dix-huit heures, je n'ai même pas mangé. Et là, il doit être vingt et une heure trente passé, il faut que je parte rapidement. En général, je me couche tôt pour ne pas avoir un rythme de sommeil décalé par rapport à mon poste, car je commence souvent très tôt le matin. Mais heureusement, le lendemain, dimanche, je ne travailles pas non plus. Je fais signe à Miky qu'on devait y aller, il me salue pour me dire au revoir. Nous cheminons un moment ensemble avant que chacun parte de son côté. On se sépare à la lisière d'une forêt, qui n'était pas loin du bar. Elle est un peu isolée, mais rafraîchissante et superbe la nuit. Mon appartement se situe à quinze minutes de là à pied. C’est le raccourci idéal, et le plus rapide que j’ai pour regagner mon foyer.  

J'emprunte le chemin qui remonte et coupe à travers bois pour rentrer, quand soudain j'entends des cris et des appels à l'aide. Je titube tout en me dirigeant en direction des voix, quand tout à coup, je vois une jeune femme d'une vingtaine d'années se faire agresser ! Elle est tenu en échec par trois hommes, Ils ont l'air aussi baraqués les uns que les autres. Je voyais trouble et je marchais de traviole mais j'arrive à réfléchir encore à la situation inconfortable dans laquelle elle se trouve. Ils se permettent de la toucher à des endroits inappropriés. Ils lui tiennent aussi les mains, et l'ont plaquée contre un arbre, pour qu’elle ne puisse pas bouger ou s'enfuir. Elle pleure et crie sans cesse de désespoir, que quelqu'un vienne l'aider plus que jamais ! Elle les supplie et les implore d'arrêter ça et de la laisser partir, qu'elle ne va rien dire à personne.

Ils ont bien choisi l'endroit ces salopards, elle est clairement en danger, faut que je fasse quelque chose et vite... Ici, c'est un lieu isolé, que seuls les habitués de mon coin connaissent. C'est alors que je reconnais les voyous de mon quartier, des dealers sans aucun scrupule ni empathie pour personne. Ils sont connus déjà pour avoir un casier judiciaire long comme un bras, auprès des forces de l'ordre. Cependant, des criminels ça reste des criminels pas vrais ? Peu importe le nombre d'années qu'ils peuvent passer en taule, ça ne leurs sert jamais de leçon, apparemment, comme d'habitude à ces putains de fils de pute ! Je l'entends appeler au secours :

" - Au secours ! Aidez-moi !! Je ne veux pas, non !!!! Pitié, que quelqu'un vienne m'aider, peu importe qui mais que quelqu'un vienne je vous en supplie, tout mais pas ça !!! Je vous en prie, arrêtez, arrêtez !! NON !! NOOOOOOOOOONNNNNNNNNNN !!!!!!!

– Ça ne sert à rien de t'agiter comme ça ma jolie, personne ne viendra te sauver, dans un coin si reculé de la forêt. T'es toute seule maintenant, mais on va bien s'occuper de toi, fais nous confiance, huuummmmmm.... »

Ils arrachèrent soudainement un ou deux boutons de son chemisier avec leur cran d'arrêt. Ils apercevaient son décolleté large et profond, au travers de leurs yeux lubriques et de leurs mains malsaines.  

Elle est en pleurs, traumatisée, et rempli d'effroi, je le vois à travers ses yeux larmoyants. Elle essaye de se débattre, mais est menacée avec un couteau sous la gorge. Elle ne peut rien faire de plus, à part attendre qu'une personne puisse l'aider. Une aubaine que je passe par ici à ce moment-là ! Me suis-je dis. Ni une ni deux, je m'empresse de lui porter secours. Mes jambes, me portent toutes seules dans sa direction. Je fonce aussi vers ces sales rats, mais dans l'état d'ébriété avancée où je suis, je ne sais pas ce que je fais, ni ce que j'espére franchement... Je leurs crie dessus de ma voix la plus féroce, et les insulte de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables qui me viennent à l'esprit. En leurs sommant immédiatement, de la laisser tranquille, ou sinon que ça va être mal barré pour eux ! Ils se mettent à halluciner, au début, puis à se foutre de moi quand j'arrive à leur hauteur. Un combat à mort s'engage alors mais je hurle à la jeune fille de partir, pendant que je fais diversion. Ils ont des armes, un couteau à cran d'arrêt, et un poing américain.

Fort d'une grande gueule criarde, habituelle à toutes celles des mecs bien bourrés, je continu de leur chercher la merde alors que je sens mes jambes flageller... Enfin, mon courage vient de se faire la malle loin d'ici, et m'abandonner lâchement ! Mais je dois le faire, il le faut, peu importe les conséquences...

« - Hé, vous là, bande de pecnots sans scrupules ! Vous n’avez pas honte, de vous en prendre à une jeune femme sans défense et innocente ?! Attaquez-vous en à quelqu'un de votre taille, bande de fils de pute. Bâtards, sales chiens des enfers, pourritures, ordures, sales déchets humains que vous êtes ! Vous êtes que des merdes, les vrais hommes ne s’en prennent jamais aux femmes ! Relâchez là tout de suite où vous allez le regretter amèrement, je vous le garantis ! Je les regarde noir, en leur montrant de magnifiques doigts d'honneur, avec bien évidemment, les bras les accompagnants. Le roi de la provocation, mais qu’est-ce que j’espère à agir ainsi. Moi qui est d’un tempérament calme et introverti. C’est comme si une barrière invisible en moi a cédée, et laisse place à un torrent déferlent de témérité jusque là insoupçonnée. Et à un grain de stupidité, je l’avoue, même si je sais l’issue fatale qui m’attends. Je ne vais pas rester là sans réagir face à la détresse de cette femme.

Je suis à moins de deux mètres d'eux. J'ai très peur, mais il n'y a plus de retour en arrière possible. Je vais devoir assumer mes paroles, et les actes qui s'en suivent, jusqu'au bout...

– Ah, ah, ah. Mais regardez-moi ce petit avorton là, toi tu peux être sûr que ça va être ta fête ! Tu es bien sûr de toi. Tu es tout seul et nous trois, tu espères quoi, hein dis-moi ?! On ne se fout pas de notre gueule et on ne nous insulte pas impunément, sans en payer les conséquences ! C'est toi qui vas le regretter amèrement, occupez-vous de lui les gars ! Et montrez-lui ce que c'est, que d'être un vrai bonhomme ! Tu ne peux pas nous échapper... Ils se dirigent vers moi, prêts à en découdre. Avec Le corps imposant et l'allure menaçante. Ils se désintéressent complètement de la jeune fille d'un coup, et relâchent subitement leur emprise brutale. Leur attention n'est plus portée que sur moi, à présent. Je regarde la femme de loin, pendant qu'ils s'approchaient de plus en plus.

– Allez-y, je vous attends, bande de raclures ! Mais laissez-la partir, elle n'y est pour rien dans cette histoire ! Vas-y vite, enfuis toi, cours pendant qu'il en est encore temps ! » Criais-je à la demoiselle au loin, qui est terrorisée et m'observe avec un regard de remerciement mais empli d'inquiétude tout de même.

Je pense que mon sort l’inquiète plus que le sien. Ils me saisissent avec fermeté et détermination, pour que je ne puisse pas m'échapper également. Je suis devenu leur seule et unique cible. Mais je sais, que je vais prendre la plus grosse dérouillée de toute ma vie. Néanmoins je m'en fous royalement, car mon objectif principal est atteint... Soudainement, ils se jetèrent tous sur moi, avec un aplomb inconsidéré et démesuré ! Comparable à des lions s'abattant sur leur proie ! Je n'ai aucune chance de m'en sortir indemne, c'est sûr. Mais au moins, j'ai pu gagner l'attention que j'attendais. Et, profitant de ce moment de distraction de la part de ses détracteurs, la jeune fille s'enfuit à toute jambe, sans demander son reste. Je la scrute partir rapidement, avec un petit rictus de satisfaction en coin, sur mon visage. Elle me jete un dernier regard mélancolique et désespéré, avant de disparaître dans la nuit noire. Je suis en train de bien me faire casser la gueule, en attendant, moi, pour une fille que je ne connais même pas, quelle effronterie insensée ! Me suis-je murmuré alors, dans mon esprit. Néanmoins, je ne peux clairement pas rester ici, la regardant se faire agresser, sans rien faire pour l'aider. Même si je sais que le dénouement va être malheureux pour moi.

C'est comme ça, c'est dans mes veines depuis tout petit, mais je n'ai jamais eu le courage de sauver quelqu'un jusque maintenant. La peur me paralyse à chaque fois où j'ai essayé, sans succès. Mais cette fois-ci je dois le faire, et je l'ai fait, enfin ! C'est comme si mes jambes ont bougé d'elles-mêmes, sans que je ne m'en rends compte. Bien-sûr, je suis aussi anesthésié par l'alcool, donc je ne sens pas trop les coups s’abattre sur moi avec fracas et vigueur. Cependant, on peut dire que ceux-ci pleuvent, partout sur mon corps. Celui-ci est tuméfié, couvert d'hématomes, de plaies ensanglantées, de boursouflures et d'os brisés en tout genre. Je suis sûr que je fais peine à voir à ce moment précis... Je crache du sang, attendant qu'ils terminent leur sale besogne de criminels à deux balles. Ce qui clairement pour eux, n'est rien d'autre qu'un jeu !

Cependant je m'en fous putain, je n'avais que deux pensées en tête, la première, d'espérer que la femme a pu rentrer saine et sauve chez elle et qu'elle y soit en sécurité. Et la deuxième, que ce supplice se termine vite, car j'ai grave envie de dormir et de rentrer chez moi. Après ce qui me semble durer une éternité, l'un de mes bourreaux, aperçoit l'heure sur sa montre, par inadvertance pendant la baston. Il s'arrête aussi sec lui et ses amis, de me cogner. Il leurs signifie que j'ai ma dose, et que je vais pas me relever de sitôt, que j'ai compris la leçon.

Il était vingt et une heure cinquante-trois, et la "Lueur Divine" va bientôt entrée en scène. Ils doivent tous rentrer sur le champ, car l'éclipse va arriver, et il ne vaut mieux pas être dehors au moment où elle va apparaître de derrière les nuages. Ils ne veulent pas finir à la fois aveugles, et cuits comme du poulet grillé. Ils courent en tout hâte chez eux, me laissant là, abandonné, tout seul, dans un état pitoyable au milieu de nulle part. J'essaye de me relever tant bien que mal, mais c'est impossible, je pense que j'ai un bras et une jambe de cassés à la suite de mon passage à tabac... Et à mon avis, je dois avoir pleins d'autres trucs de cassés ou de perforé au passage, car j'ai mal absolument partout et j'entends mes os craqués à l'intérieur de moi.... Je n'arrive pas à bien respirer et à bouger les côtés de mon corps. Puis, aucun son ne peut sortir de ma gorge, j'ai le souffle court et coupé. Même si je veux crier de tout mon soûl. Je ne peux ni parler, ni appeler à l'aide, car mon téléphone portable se situe dans la poche arrière de mon jean. Je tente de l'atteindre tant bien que mal, en vain. Je suis seul et personne ne sait où je suis, ni dans quel état. Je n'arrive plus à bouger, je suis immobile sur l'herbe verte de ce bois humide.

Allongé sur le dos, raide comme une planche de bois, face à face avec le ciel nocturne, esseulé. Je le regarde profondément, avec les yeux les plus ouverts que je peux maintenant. Mais c'est difficile avec tous les coquards que je me tape... Je me dis qu'à ce moment-là tout est calme et paisible dans l'abîme de cette nuit douloureuse, et que je n'ai certainement pas à regretter de mourir maintenant, même brûlé vif.

Puisque j'ai sauvé une vie, et pour moi, c'est le plus important. Rien d'autre ne compte plus à mes yeux que cela, à cet instant précis. Enfin, c’est également un soulagement grandissant, car je n'ai plus subir les affres de cette vie inutile, je suis en paix avec moi-même, sans aucun regret comme je ne l'ai jamais été auparavant.

La faucheuse n'a plus qu'à venir m'emporter à présent... Je suis on ne peut plus prêt...

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