Synopsis : Léna n'a jamais cru aux légendes. Pour elle, loups-garous, vampires et autres créatures surnaturelles n'existaient que dans les contes pour effrayer les enfants. Mais tout bascule lorsqu'elle croise la route d'Adam, un jeune homme aussi énigmatique qu'irrésistible. Dès leur première rencontre, d'étranges phénomènes se produisent autour d'elle, troublants et inexplicables. Léna sait qu'Adam et son entourage lui cachent quelque chose. Il y a cette lueur sauvage dans son regard, cette aura indéfinissable qui l'attire autant qu'elle l'effraie. Et puis, il y a cette connexion entre eux, aussi intense qu'incompréhensible, qui semble défier toute logique. Plus elle cherche à comprendre, plus elle s'enfonce dans un monde dont elle ignorait l'existence... un monde où les créatures des légendes sont bien réelles. Et si sa rencontre avec Adam n'était pas due au hasard ?
La pluie tombait en fines gouttelettes sur le pavé, enveloppant la ville d'un voile brumeux. Les lampadaires vacillaient sous les assauts du vent, projetant des ombres tremblantes sur les façades anciennes. Léna serra son écharpe autour de son cou, frissonnant sous l'air humide de la nuit. Elle avait toujours aimé ces instants où la ville semblait suspendue entre deux mondes, où les rues désertes donnaient l'impression que quelque chose d'invisible observait, caché dans l'obscurité.
Ce soir-là, pourtant, une étrange sensation l'habitait. Comme si quelqu'un – ou quelque chose – la suivait. Elle accéléra le pas, son souffle se faisant plus court. Les bruits de la ville s'atténuaient derrière elle, ne laissant plus que le son de ses propres pas résonner dans la ruelle. Une ombre glissa dans son champ de vision, fugace, insaisissable. Son cœur manqua un battement.
Elle se força à ne pas paniquer. Son imagination lui jouait sûrement des tours. Ce n'était pas la première fois qu'elle se sentait épiée ces dernières semaines. À plusieurs reprises, elle avait eu cette sensation étrange, cette impression d'être observée, même en plein jour. Pourtant, chaque fois qu'elle se retournait, il n'y avait jamais rien. Rien d'autre que le vide et le silence oppressant.
Arrivée devant la porte de son immeuble, elle s'arrêta un instant pour reprendre son souffle. L'ombre qu'elle avait cru voir avait disparu. Elle inspira profondément et poussa la porte, s'engouffrant dans le hall faiblement éclairé. Ses pas résonnèrent sur le sol carrelé tandis qu'elle se dirigeait vers l'escalier. L'ascenseur était en panne, comme d'habitude. Elle grimpa lentement les marches, laissant son esprit vagabonder.
Ces derniers jours, des choses étranges s'étaient produites autour d'elle. Des objets déplacés sans raison apparente, des éclats de lumière fugaces dans son champ de vision, des frissons qui la parcouraient sans explication. Et puis, il y avait ce rêve... Toujours le même. Une forêt dense, baignée d'une lueur irréelle, et cette silhouette indistincte qui l'appelait par son nom.
Léna n'en avait parlé à personne. Pas même à Maëlys, son amie la plus proche, qui aurait sûrement balayé ses inquiétudes d'un rire moqueur. Mais au fond d'elle, elle savait que quelque chose n'allait pas. Ce n'étaient pas de simples coïncidences. Quelque chose de plus grand, de plus ancien, semblait peser sur elle.
Lorsqu'elle atteignit son appartement, elle poussa un soupir de soulagement. Ici, au moins, elle se sentait en sécurité. Elle verrouilla la porte derrière elle, alluma les lumières et se dirigea vers la fenêtre. Dehors, la pluie continuait de tomber en un murmure apaisant. Elle s'autorisa enfin à relâcher la tension accumulée.
Mais au moment où elle baissa les yeux vers la rue, son cœur se figea.
Là, en bas, debout sous un réverbère vacillant, une silhouette sombre la fixait. Immobile, silencieuse, presque irréelle.
Léna sentit un frisson glacé parcourir son échine. Elle cligna des yeux, une fraction de seconde.
Et la silhouette avait disparu.
La pièce semblait soudain trop silencieuse, trop oppressante. Léna resta figée quelques instants devant la fenêtre, le regard rivé sur la rue vide. L'ombre avait disparu aussi vite qu'elle était apparue, comme un mirage né de son imagination. Pourtant, elle ne pouvait ignorer cette sensation lancinante dans son ventre, cette certitude qu'elle n'était pas simplement victime d'une illusion.
Elle s'éloigna lentement de la fenêtre, un frisson lui parcourant la nuque. Sa respiration était encore erratique, et son cœur battait à un rythme bien trop rapide. Elle secoua la tête, tentant de chasser l'angoisse qui menaçait de la submerger. Il fallait qu'elle se ressaisisse. Ce n'était sans doute rien. Juste un inconnu, un passant qui s'était arrêté sous le réverbère au mauvais moment.
Elle tenta de se convaincre de cette explication rationnelle, mais au fond d'elle, elle savait. Quelque chose clochait.
Le bruit du vent contre la fenêtre la fit sursauter. Agacée par sa propre nervosité, elle se dirigea vers la salle de bain. Une douche chaude lui ferait du bien. L'eau coula sur sa peau, apaisant un peu les tensions qui nouaient ses muscles. Elle ferma les yeux un instant, laissant la chaleur la détendre.
Mais à peine quelques minutes plus tard, une étrange sensation l'envahit à nouveau. Comme si quelqu'un était là. Tout près.
Elle ouvrit les yeux brusquement et fixa son reflet dans le miroir embué. Son propre regard lui parut étrangement trouble, comme si une ombre s'y était glissée.
Un coup sourd résonna dans l'appartement. Léna sursauta violemment, son cœur tambourinant dans sa poitrine. Elle éteignit rapidement l'eau, enroula une serviette autour d'elle et sortit précipitamment de la salle de bain.
Le silence régnait dans l'appartement. Mais quelque chose avait changé. Elle le sentait.
Elle avança prudemment, scrutant chaque recoin, tentant d'ignorer la peur grandissante qui se tordait en elle. Son regard se posa sur la table basse du salon, et son souffle se coupa.
Un livre qu'elle n'avait jamais vu auparavant trônait au milieu de la table, ouvert à une page bien précise.
Ses doigts tremblants effleurèrent les pages jaunies. Les mots semblaient danser sous ses yeux, comme animés d'une énergie propre.
« Le sang des élus forge les destins. Une promesse brisée, une vengeance scellée. »
Un frisson glacé lui parcourut l'échine. Ce livre n'était pas à elle. Il n'avait jamais été là auparavant. Quelqu'un était entré chez elle.
Et ce quelqu'un voulait lui laisser un message.
Léna recula lentement, son souffle court. L'appartement lui semblait soudain étranger, comme si une présence invisible s'y attardait encore, tapie dans l'ombre. Son regard restait fixé sur le livre, ses pages jaunies frémissant légèrement sous un courant d'air imperceptible.
Ses doigts tremblaient lorsqu'elle referma brusquement l'ouvrage. Elle tenta de se convaincre que ce n'était qu'une mauvaise blague, un objet oublié par un ancien locataire... mais une voix sourde en elle refusait cette explication. Quelqu'un était entré ici. Quelqu'un savait.
Elle scruta la pièce, à l'affût du moindre bruit, de la moindre trace anormale. La porte était toujours verrouillée. Aucune fenêtre n'avait été forcée. Et pourtant...
Un frisson la parcourut alors qu'elle remarquait un détail qui lui avait échappé. Sur le rebord de la table basse, une fine traînée de poussière avait été déplacée, comme si des doigts avaient effleuré la surface. La marque était récente. Elle n'était pas seule.
Léna sentit une montée d'adrénaline foudroyante lui nouer l'estomac. Elle recula précipitamment, manquant de trébucher contre le canapé. Son regard cherchait une issue, un refuge. Mais où fuir ?
Le silence de l'appartement était oppressant. Elle attrapa son téléphone d'une main fébrile, hésitant sur la marche à suivre. Appeler Maëlys ? La police ? Non. Elle ne pouvait pas expliquer ce qu'elle-même ne comprenait pas.
Un craquement retentit alors dans la pièce voisine.
Léna se figea, la gorge serrée. Son sang se glaça dans ses veines.
Le bruit provenait de sa chambre.
Elle se força à avancer, chaque pas pesant comme du plomb. Son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il résonnait dans tout l'appartement. Lorsqu'elle atteignit la porte, elle hésita. Son souffle était erratique, ses mains moites sur la poignée.
Un autre bruit, plus subtil cette fois. Comme un murmure... ou un souffle.
Elle prit une inspiration tremblante et poussa lentement la porte.
Sa chambre était plongée dans l'obscurité, la seule lumière provenant des lampadaires de la rue filtrant à travers les rideaux. Tout semblait normal. Et pourtant, une angoisse viscérale lui nouait le ventre.
Elle scruta la pièce, cherchant la source du bruit. Puis son regard se posa sur la fenêtre.
Elle était entrouverte.
Elle était certaine de l'avoir fermée avant de partir.
Le froid de la nuit s'infiltrait dans la pièce, soulevant légèrement les rideaux. Elle s'approcha prudemment et, du bout des doigts, poussa l'ouvrant pour regarder dehors.
La ruelle en contrebas était vide. Seul le silence nocturne régnait.
Mais alors qu'elle s'apprêtait à refermer la fenêtre, un détail attira son attention.
Sur le rebord, en équilibre fragile sur le bois humide, un objet était posé.
Une bague en argent, ornée d'un symbole ancien gravé dans le métal.
Léna sentit son cœur rater un battement.
Ce n'était pas à elle.
Mais quelqu'un voulait qu'elle la trouve.
Léna tendit la main, hésitante, avant de saisir la bague du bout des doigts. Le métal était glacé, presque brûlant contre sa peau. Un étrange frisson parcourut son échine au moment où elle referma la paume sur l'anneau, comme si une énergie sourde émanait de l'objet. Elle l'observa sous la lumière tamisée, détaillant les motifs gravés. Un entrelacs de lignes anciennes, comme un symbole oublié d'une époque révolue.
Elle n'avait jamais vu cette bague auparavant. Mais une chose était certaine : elle n'était pas là par hasard.
Un bruit derrière elle la fit sursauter. Son souffle se bloqua.
Un courant d'air glissa sur sa nuque, glacé, presque tangible. Comme un murmure imperceptible contre sa peau.
Elle se retourna brusquement.
La chambre était vide.
Mais l'atmosphère avait changé. L'air semblait plus dense, plus lourd. Son cœur battait à tout rompre alors qu'elle tentait de contrôler sa respiration erratique. Elle savait qu'elle ne rêvait pas. Quelqu'un... ou quelque chose... était venu ici, lui avait laissé ce message silencieux.
Et cette bague en était la clé.
Elle referma précipitamment la fenêtre, verrouilla la serrure et recula jusqu'à son lit, incapable de détacher son regard de l'anneau qu'elle tenait toujours. Devait-elle la jeter ? La garder ? Et pourquoi une angoisse viscérale s'insinuait-elle en elle à l'idée de s'en débarrasser ?
Elle secoua la tête, essayant de rationaliser la situation. Peut-être qu'un voisin l'avait fait tomber et que quelqu'un l'avait déposée là ? Non... C'était absurde. Elle n'était pas tombée par accident. Elle avait été placée ici. Pour elle.
Un coup d'œil à l'horloge lui apprit qu'il était presque trois heures du matin. Le sommeil lui semblait impossible, mais elle n'avait pas d'autre choix que d'essayer de se reposer. Elle glissa la bague sur sa table de chevet, comme si elle pouvait ainsi la maintenir à distance, puis se glissa sous les couvertures en serrant les paupières.
L'inquiétude et l'adrénaline s'effacèrent peu à peu, remplacées par une fatigue sourde qui la happa dans un sommeil agité.
Mais alors que l'obscurité l'enveloppait, un rêve s'imposa à elle.
Une forêt dense, noyée dans un brouillard spectral. L'odeur humide de la terre après la pluie. Et une silhouette, à moitié dissimulée dans l'ombre des arbres.
- Léna...
La voix était un murmure, profond, vibrant d'une intensité qui fit frissonner chaque fibre de son être.
La silhouette s'approcha lentement. Un homme aux traits indistincts, presque irréels, mais dont la présence était écrasante.
- Tu n'aurais pas dû prendre la bague.
Elle voulut répondre, mais aucun son ne franchit ses lèvres.
Le regard de l'inconnu s'ancra dans le sien, et tout son corps fut parcouru d'un frisson glacial.
Puis, d'un seul coup, elle se réveilla en sursaut.
Son cœur battait à tout rompre. La sueur perlait sur sa peau.
Et, sur la table de chevet, la bague semblait briller d'un éclat spectral dans la pénombre.
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