L'Âme Révélée** Plonger dans un regard qui efface tout, jusqu'à dévoiler ce que l'on croyait enfoui. Voilà la véritable illusion. Mais comment résister quand tout semble vous attirer ? Un lien interdit, une évidence troublante, une obsession qui dépasse la raison... Ce livre raconte ce qui ne devrait jamais arriver. Pour moi, c'est un hommage à ceux qui ont franchi la ligne, à ceux qui ont osé écouter l'inexplicable. Mais cela reste une fiction. Et pourtant...
Chapitre 1
Anna n'avait pas l'habitude des grandes soirées. Elle préférait l'intimité d'un café sans prétention, ou les soirées tranquilles chez elle, à lire ou à regarder des films en noir et blanc. Mais ce soir-là, elle s'était retrouvée à une soirée mondaine, une de ces soirées où les sourires sont plus faux que le champagne dans les flûtes dorées. Des conversations superficielles, des rires forcés. Tout était trop poli, trop parfait pour elle.
Elle avait accepté l'invitation parce que c'était une forme de politesse. Mais, au fond, elle ne voulait être là. Elle se sentait étrangère dans ce monde où l'argent et les apparences dictaient tout. Elle se déplaçait parmi les invités comme un fantôme, son verre de vin blanc à la main, cherchant désespérément un coin pour échapper à la lumière aveuglante des projecteurs.
C'est alors qu'elle l'a vu.
Il était au centre du salon, entouré de gens qui semblaient l'admirer, pendus à ses lèvres. Mais lui, il ne semblait pas les voir. Ou alors, c'était un regard si froid qu'il ne leur accordait aucune importance. C'était presque comme s'il les ignorait délibérément. Il avait les cheveux d'un brun intense, coupés courts, et un regard perçant, presque douloureux. Ses traits étaient marqués, plus vieux que la plupart des hommes présents, mais il y avait une autorité, une puissance qui irradiait de lui. Ce n'était pas l'âge qui lui donnait cette aura, mais quelque chose de plus... primal.
Un éclat, un choc dans ses yeux. Il l'avait vue. Et, d'une manière presque invisible, il l'avait vue complètement. Pas comme une autre femme parmi les invités, mais comme si elle seule existait à cet instant précis. Une secousse d'air, une tension électrique. Un frisson dans son dos. Elle avait détourné les yeux instinctivement, mais l'image de son regard s'était imprimée dans sa tête. Impossible de l'effacer.
Elle s'était dit qu'il ne la regarderait plus. Qu'il s'agissait d'une illusion, d'un moment qui disparaîtrait aussi vite qu'il était arrivé. Mais non. Un instant plus tard, elle sentit une pression dans la pièce. Et là, elle le remarqua de nouveau. Il la fixait. Pas un regard furtif. Pas un regard en passant. Non, il la fixait comme un prédateur fixe sa proie. Cette fois, c'était lui qui n'avait pas détourné les yeux. Et elle, incapable de bouger, figée dans sa position, sentait la chaleur se propager en elle.
Il s'approcha enfin, sans bruit. Pas une parole échangée encore, mais tout semblait se dire entre eux dans l'espace réduit qui les séparait. Un souffle, une vibration, une onde invisible mais puissante.
- *« Vous êtes Anna, n'est-ce pas ? »* Sa voix n'était pas douce, ni trop forte. Juste ferme, comme s'il savait exactement où il voulait en venir.
Elle avait un instant d'hésitation. Il connaissait son prénom. Peut-être l'avait-il vu ailleurs. Peut-être un ami commun, ou un partenaire d'affaires, comme il en avait l'air. Mais non, il n'avait pas l'air de connaître la moindre personne ici. Et cette façon qu'il avait de l'observer, c'était autre chose. C'était une reconnaissance plus profonde, plus troublante.
- *« Oui... c'est bien ça. Et vous êtes... ? »*
Elle avait presque chuchoté. Elle n'avait jamais été bonne pour maintenir des conversations superficielles, surtout avec des inconnus. Mais avec lui, c'était différent. Il y avait quelque chose dans son regard qui l'empêchait de jouer à ce jeu. Elle se sentait désarmée. Elle aurait voulu dire quelque chose d'intelligent, mais tout ce qui lui venait à l'esprit, c'était une question muette : *Pourquoi me regarde-t-il ainsi ?*
- *« Raphaël. »* Il avait souri légèrement, un sourire aussi subtil qu'un piège. *« Je vous ai remarquée dès que vous êtes entrée dans la pièce. »*
Elle sentit un choc au fond de son estomac, comme si ses paroles avaient été une claque invisible. Il l'avait vue. Pas de la même manière que les autres. Non, lui la voyait autrement. Et quelque part, elle avait l'impression d'être totalement exposée sous ce regard.
- *« Je... Je ne vous ai pas vu avant... »* Elle tenta de s'en sortir avec une phrase banale, mais sa voix tremblait. Elle se détestait pour ça. Pour cette vulnérabilité qu'il réveillait en elle avec une facilité déconcertante.
Il haussait à peine les épaules, comme si cela n'avait aucune importance. Ce n'était pas un homme qui avait besoin d'expliquer quoi que ce soit. Sa présence seule suffisait. Un pouvoir silencieux, insidieux. Mais, d'une manière ou d'une autre, cela la mettait dans une position étrange, presque fragile.
- *« Il y a des regards qui ne trompent pas. »* Il avait dit cela calmement, et elle n'avait pas su comment répondre. Elle s'était sentie démunie, réduite à la seule importance de ce qui se passait entre eux à cet instant précis. Un moment suspendu, lourd de significations non dites. Un équilibre fragile qui menaçait de se briser à tout moment.
Le silence entre eux s'étira. Il n'y avait pas besoin de mots, ni de gestes. Juste un jeu de regards, d'intentions muettes qui bouillonnaient à la surface. Il n'avait pas besoin de la toucher pour qu'elle sente le poids de sa présence. Il suffisait qu'il soit là, et tout le reste semblait dérisoire.
Elle avait l'impression de suffoquer. La foule autour d'eux semblait disparaître peu à peu. Tout devenait flou, comme si le temps s'étirait pour eux seuls. La distance, pourtant si courte, semblait infinie. Elle voulait parler, mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Il n'y avait rien à dire. Pas ici. Pas maintenant. Ils savaient. Tout était déjà dit dans cet échange silencieux.
Quand enfin, il se tourna pour s'éloigner, elle sentit une pression dans sa poitrine, un vide, un manque. Comme un appel qu'elle n'aurait pas su refuser. Elle n'avait pas voulu qu'il parte. Elle n'avait pas voulu que cette rencontre se termine aussi vite. Mais il était déjà trop tard. Son regard, ses paroles, tout cela était inscrit dans sa peau désormais. Il y avait une évidence qu'elle ne pouvait pas ignorer.
Elle s'éloigna, mais quelque part, elle savait qu'il reviendrait. Ce n'était pas une question de si, mais de quand. Et peut-être, surtout, pourquoi.
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