La quête de l'âme égarée Lysandra Valen, 28 ans, a passé sa vie à manipuler et à intriguer, façonnant un monde à son image. Née dans l'ombre d'une famille déchue, elle a appris à se nourrir de la douleur des autres pour se protéger de ses propres démons. Mais après avoir causé la perte d'un homme innocent, Lysandra décide de fuir, choisissant de s'exiler dans un endroit où personne ne la connaît. Sa soif de pouvoir a laissé un vide qu'aucun artifice ne saurait combler. Peut-elle redevenir humaine après avoir trop trahi pour revenir en arrière ? Sa quête de rédemption l'amène à s'interroger : la cruauté peut-elle être guérie par la bonté, ou la chaleur de l'âme se fane-t-elle à jamais ?
Chapitre 1 Chapitre 1
Chapitre 1
Lysandra Valen savait que la vie était une question de pouvoir et d'apparences, et jusqu'à présent, elle n'avait jamais hésité à jouer le jeu. Après tout, c'était ce qui l'avait amenée là où elle se trouvait. À la tête de l'une des plus puissantes entreprises du pays, respectée et crainte dans le monde entier. Ses rivaux, aussi forts et charismatiques qu'ils fussent, n'étaient rien de plus que des pièces sur un échiquier, des pions à sacrifier si le prix en valait la peine.
Le plan qu'elle avait conçu était parfait. Tout était calculé, prévisible. D'abord, l'isolement : ses informateurs avaient suivi ses cibles pendant des semaines, collectant chaque détail de leurs habitudes, leurs points faibles, jusqu'au moindre des gestes quotidiens. Puis, une fausse rumeur lancée habilement parmi les bonnes oreilles, un piège tendu sur le terrain qu'il ne pourrait éviter. Ce rival, ce jeune homme nommé Théo Dumas, un héritier trop sûr de lui, pensait être invincible. Ce soir, il allait tomber, et elle se ferait un plaisir de l'éliminer.
Elle attendait dans son bureau, observant les lumières de la ville se refléter dans la baie vitrée. Le vent soufflait légèrement, apportant avec lui des murmures de la rue. Son reflet dans le verre était impassible, son regard dur comme l'acier. Quand on était dans son monde, les émotions étaient un luxe dont on ne pouvait se permettre le confort. La puissance, l'influence, c'était tout ce qui comptait. L'empathie était une faiblesse, une porte ouverte aux attaques. Et Lysandra n'avait pas le temps de faiblir.
Le téléphone vibra sur son bureau, la vibration nette et froide comme la promesse d'un événement inéluctable. Le message qui apparut à l'écran confirma ce qu'elle savait déjà : Théo Dumas avait mordu à l'hameçon. Il se rendait exactement à l'endroit qu'elle avait prévu, une ruelle déserte à la périphérie de la ville, là où personne ne pourrait entendre ses cris. Là où la fin de sa carrière se jouerait.
Mais alors qu'elle se levait pour quitter son bureau, un frisson étrange parcourut son échine. Quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas le genre de doute qui la traversait habituellement. Lysandra était une femme de contrôle, et ses décisions étaient irrévocables. Mais cette fois, il y avait quelque chose de déstabilisant, comme si, en ce moment précis, elle venait de franchir une ligne invisible.
Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions. La voiture l'attendait dans le garage. L'instant d'après, elle se retrouvait sur le siège arrière, entourée de l'ombre de la ville. Le trajet se fit dans un silence oppressant, ses pensées battant la mesure d'une mélodie morne, chaque coup de frein, chaque virage la menant inexorablement vers l'inévitable.
Quand elle arriva à destination, l'air froid de la ruelle la frappa comme un coup de fouet. Les bruits de la ville semblaient lointains, étouffés par l'isolement du quartier. Lysandra attendit dans l'ombre, une silhouette se dessiner lentement à l'autre bout de la rue. Théo Dumas avançait, confiant, comme prévu, comme elle l'avait anticipé. Ses pas résonnaient sur le pavé humide, incertains mais sûrs de leur but.
Lysandra observa, son cœur battant plus fort à mesure qu'il se rapprochait. Il n'avait aucune idée du piège qu'il s'apprêtait à déclencher. Le son du moteur d'une autre voiture se fit entendre, faible d'abord, puis plus fort à mesure qu'elle se rapprochait. La voiture noire, discrète, fit une pause. Un homme en descendit, vêtu d'une veste en cuir sombre. Il attendait le signal.
Lysandra se redressa, prête à envoyer le message. Mais, alors qu'elle s'apprêtait à le faire, son regard se posa sur Théo. Il n'était pas seul. Une silhouette fragile le suivait, une jeune femme, à peine plus âgée que lui. Elle avait les yeux écarquillés, presque terrifiés, comme si elle avait été forcée de venir ici.
Un sentiment étrange s'installa dans le ventre de Lysandra. L'hésitation qu'elle avait ressentie plus tôt refit surface, mais cette fois, elle était plus tangible, plus forte. Qui était cette jeune femme ? Pourquoi Théo la tenait-il près de lui, presque comme un bouclier humain ? Ce n'était pas dans ses habitudes de s'accompagner de quelqu'un. Il était un homme d'affaires. Tout ce qu'il avait fait, il l'avait fait seul, ou du moins en contrôlant les événements.
Lysandra ne le comprenait pas. Mais l'instant d'après, la silhouette de la jeune femme s'effondra soudainement. Un cri perça la nuit, brisé, étouffé. La voiture noire démarra en trombe, filant à toute vitesse, laissant derrière elle une scène qu'elle ne pouvait ignorer.
La jeune femme gisait sur le sol, à moitié consciente, mais son regard croisa celui de Lysandra. Et alors, quelque chose se brisa en elle.
« Non, » murmura-t-elle, comme si la vérité venait de la frapper en plein cœur. Théo s'effondra à son tour près de la jeune femme, son visage déformé par la douleur. « Non, ce n'était pas prévu... »
Un cri de rage s'échappa de ses lèvres. L'instant d'après, Théo se retourna, essayant de fuir, mais une main ferme l'attrapa par le col, le soulevant du sol. Il n'avait pas le choix. C'était elle qui décidait maintenant.
« Qui est-elle ? » demanda Lysandra d'une voix tranchante, sans détour. Elle connaissait les règles, mais tout avait basculé. Elle ne pouvait plus ignorer ce qui venait de se produire.
Le regard de Théo était embué, la douleur lisible sur son visage. « Ma sœur, Lysandra... ma sœur... »
Un coup de poing dans l'estomac la fit plier, mais son esprit se focalisa sur un seul point : « Elle n'a rien à voir avec tout ça ! »
« Elle a tout à voir avec ça, » répondit Lysandra, la voix soudainement cassée. Le poids de la culpabilité l'étreignait, chaque respiration devenant plus lourde, chaque pensée plus confusément entremêlée. « J'ai détruit une vie innocente. Pour quoi ? Pour du pouvoir ? Pour quoi... ? »
Les mots restèrent suspendus dans l'air, lourds de conséquences. Théo, ce qu'il représentait, tout cela était devenu trop lourd à porter. La souffrance qu'elle venait de créer, l'innocence sacrifiée pour atteindre ses propres objectifs, tout cela ne pouvait plus être ignoré.
Lysandra se détourna, sentant les larmes lui monter aux yeux. Elle n'avait jamais pleuré pour ses victimes. Mais aujourd'hui, elle ne pouvait plus fuir. Elle n'avait jamais voulu tuer un innocent.
Les images défilaient dans sa tête. Les gens qu'elle avait trahis, ceux qu'elle avait écrasés sans état d'âme, pensant que le pouvoir seul suffisait. Mais aujourd'hui, face à cette fille et ce regard plein d'espoir, elle se rendait compte qu'elle avait perdu quelque chose qu'elle ne pourrait jamais retrouver. La paix. L'innocence. La possibilité d'aimer.
Lysandra ne se tourna pas lorsque Théo l'appela. Elle s'éloigna dans la nuit, abandonnant son empire, abandonnant tout ce qui l'avait façonnée. Elle disparut, emportant avec elle une part d'elle-même qu'elle ne retrouverait jamais.
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