Depuis des siècles, une trêve fragile unit loups-garous et humains, cimentée par une tradition cruelle : tous les cinq cycles de générations, un mariage forcé doit sceller leur alliance. Lorsqu'Amara, une jeune femme brisée par des années de violences familiales, atteint l'âge adulte, ses parents décident de la vendre comme une simple marchandise. Sa destinée est scellée : elle sera livrée à une puissante meute de loups-garous pour épouser Caelan, leur héritier redouté. Prise au piège, Amara entre dans un monde où le danger rôde dans chaque ombre, et où les sourires cachent souvent des crocs. Caelan, malgré sa réputation impitoyable, s'avère bien plus complexe qu'elle ne l'avait imaginé. Derrière son regard perçant se cache une âme torturée par ses propres démons. Mais leur union, supposée apaiser les tensions entre leurs espèces, est menacée par un passé enfoui : Amara porte un secret qui pourrait déclencher une guerre. Alors qu'elle lutte pour survivre parmi des êtres capables de la déchiqueter en un instant, Amara découvre des vérités glaçantes sur sa propre nature. Et si elle n'était pas qu'une humaine ? Entre trahisons, alliances improbables, et un amour naissant, le destin de leurs deux mondes repose désormais sur leurs épaules. Mais à quel prix ? L'heure du sacrifice approche, et les frontières entre le devoir, la vengeance et le désir se brouillent. **Quand le pacte devient une malédiction, jusqu'où ira-t-elle pour survivre ?**
Chapitre 1 Chapitre 1
La pluie s'abattait sur le petit village, transformant les rues de terre battue en un bourbier impraticable. Amara fixait l'horizon depuis la fenêtre fissurée de sa chambre. Elle connaissait cette atmosphère oppressante, ces murmures étouffés qui flottaient à travers les murs de la maison. Ses parents complotaient à voix basse, mais elle avait appris à reconnaître le ton froid et calculateur de leur conversation. Quelque chose de grave se préparait, et cette fois, elle en était certaine : cela la concernait directement.
Les voix devenaient plus fortes. Elle s'approcha de la porte entrouverte et tendit l'oreille.
- C'est réglé, dit son père d'une voix rauque. Ils paieront une somme généreuse, et en échange, ils la prendront.
- Es-tu sûr que c'est une bonne idée ? répondit sa mère, hésitante.
- Avons-nous vraiment le choix ? Elle n'est qu'un poids mort pour nous. Et puis, ce mariage maintiendra notre sécurité.
Amara sentit son cœur se serrer. **Un mariage ? Avec qui ?** Elle recula doucement pour ne pas se faire entendre, mais le plancher grinça sous ses pieds. Le silence dans la pièce voisine devint soudain palpable.
- Amara ? appela sèchement son père.
Elle n'eut pas le temps de s'éclipser. La porte s'ouvrit brusquement, dévoilant le visage dur et marqué de son père. Sa mère restait en retrait, les bras croisés, évitant son regard.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu nous espionnes maintenant ? gronda-t-il.
Amara ravala sa peur et planta ses yeux dans ceux de son père.
- Vous parliez de moi, n'est-ce pas ? Que m'avez-vous encore préparé ?
Son père esquissa un sourire froid.
- Ce n'est pas à toi de poser des questions. Descends. Maintenant.
Elle n'insista pas. Elle savait qu'il valait mieux obéir pour éviter les coups. Mais son esprit était déjà en alerte, ses pensées tourbillonnaient. Un mariage arrangé. Et cet argent dont il avait parlé. Était-elle devenue une marchandise à leurs yeux ?
En bas, deux inconnus étaient assis dans le salon exigu. Un homme et une femme. L'homme avait une carrure imposante, des cheveux gris soigneusement peignés en arrière, et des yeux perçants qui semblaient sonder son âme. La femme, quant à elle, dégageait une froideur distante, avec son port altier et ses vêtements luxueux qui contrastaient cruellement avec la misère de leur maison.
- Voici Amara, déclara son père, comme s'il présentait un produit à vendre.
L'homme la scruta avec attention, un sourire satisfait étirant ses lèvres.
- Parfait, dit-il simplement.
Amara sentit une vague de dégoût la traverser. Elle voulait fuir, mais ses jambes refusaient de bouger.
- Vous n'avez rien à dire, jeune fille ? demanda la femme d'un ton glacé.
- À qui suis-je censée être mariée ? demanda Amara, rassemblant tout son courage pour défier leur regard.
Un silence gênant s'installa. Puis l'homme se redressa et dit :
- À notre fils, Caelan.
Le nom résonna dans l'esprit d'Amara. **Caelan.** Elle n'avait jamais entendu parler de lui, mais quelque chose dans le ton de l'homme lui donna des frissons.
- Pourquoi moi ? osa-t-elle demander, la voix tremblante.
L'homme esquissa un sourire froid.
- Tu as été choisie. Et ce mariage n'est pas négociable.
Avant qu'elle ne puisse répondre, la porte d'entrée s'ouvrit brutalement. Une silhouette se tenait là, imposante et silencieuse.
- Voici Caelan, annonça l'homme avec un air de triomphe.
Amara se tourna vers la nouvelle arrivée, et son souffle se coupa. Caelan était grand, avec une présence intimidante qui remplissait toute la pièce. Ses cheveux noirs en bataille encadraient un visage anguleux, et ses yeux, d'un vert profond, semblaient briller d'une lueur presque surnaturelle. Il portait une veste sombre, et malgré son apparence calme, il dégageait une énergie contenue, comme une bête prête à bondir.
- Elle ? demanda-t-il d'une voix grave, en posant ses yeux sur Amara.
Elle sentit son cœur s'emballer, à la fois par peur et par une étrange fascination. Il était effrayant, mais quelque chose dans son regard semblait... humain.
- Oui, répondit son père. C'est elle.
Caelan haussa un sourcil, puis s'avança lentement vers Amara. Elle se força à ne pas reculer, bien qu'elle sente une tension presque palpable émaner de lui.
- Quel est ton nom ? demanda-t-il.
- Amara, répondit-elle d'un souffle à peine audible.
Il la fixa un moment, comme s'il cherchait quelque chose au fond de son âme. Puis il hocha légèrement la tête.
- Ce sera suffisant.
Amara sentit un mélange de colère et de désespoir monter en elle.
- Je ne suis pas une marchandise, lança-t-elle soudain.
Les adultes dans la pièce se figèrent. Caelan, lui, esquissa un sourire en coin.
- Non, tu ne l'es pas, répondit-il calmement. Mais tu as un rôle à jouer.
Elle ouvrit la bouche pour répliquer, mais il s'éloigna déjà, se dirigeant vers la porte.
- Nous partons demain, déclara-t-il sans se retourner. Prépare-toi.
Amara regarda ses parents, espérant une once de soutien ou de réconfort, mais ils détournèrent les yeux. La solitude s'abattit sur elle comme une chape de plomb.
Cette nuit-là, elle ne dormit pas. Chaque détail de cette rencontre restait gravé dans son esprit. Qui étaient réellement ces gens ? Pourquoi elle ? Et surtout, que lui réservait l'avenir auprès de cet homme mystérieux et de sa famille ?
Le matin venu, Amara se tenait devant la maison, une petite valise à la main. La pluie de la veille avait laissé place à un ciel gris et menaçant. Caelan l'attendait près d'une voiture noire, les bras croisés.
- Tu es prête ? demanda-t-il simplement.
Elle ne répondit pas. Elle monta dans la voiture sans un mot, le regard fixé sur l'horizon. Alors que le véhicule s'éloignait, elle jeta un dernier coup d'œil à la maison de son enfance. Ce lieu, pourtant empreint de douleur, lui semblait soudain terriblement lointain.
Le silence régna pendant tout le trajet, mais Amara pouvait sentir le regard de Caelan sur elle de temps à autre. Il semblait vouloir dire quelque chose, mais les mots restaient bloqués.
Lorsqu'ils arrivèrent enfin devant une imposante demeure aux allures de château, elle sentit son estomac se nouer. Le portail en fer forgé s'ouvrit lentement, dévoilant un monde qui lui était totalement inconnu.
Caelan sortit de la voiture et lui tendit une main.
- Bienvenue dans ta nouvelle vie, dit-il avec une neutralité qui ne la rassurait pas.
Amara hésita un instant, puis prit sa main. Mais au fond d'elle, une seule pensée la hantait : **Comment survivre dans un monde de loups ?**
Le hall de la demeure où Amara venait d'entrer semblait tout droit sorti d'un autre monde. Les hauts plafonds ornés de lustres en cristal projetaient des éclats lumineux sur les murs couverts de tapisseries anciennes. Chaque détail respirait la richesse et la tradition, mais une froideur impalpable flottait dans l'air, la rendant oppressante.
Le couple d'alpha, que l'on avait brièvement présenté comme Alaric et Seraphina, se tenait au sommet de l'escalier monumental, observant Amara avec une intensité presque inhumaine. Alaric, grand et massif, avait une voix grave qui semblait vibrer dans chaque recoin de la pièce.
- Approche, ordonna-t-il d'un ton autoritaire.
Amara hésita. Sa valise lui semblait soudain ridiculement petite face à l'immensité de cet endroit. Caelan, debout à côté d'elle, lui jeta un regard lourd de sens.
- Ne les fais pas attendre, murmura-t-il.
Elle avança d'un pas, puis d'un autre, gravissant les premières marches de l'escalier. Sa gorge était sèche, et ses mains tremblaient légèrement sous le poids de leur regard scrutateur.
- Amara, c'est ça ? commença Seraphina, sa voix douce mais tranchante. Tu dois comprendre que ta place ici n'est pas simplement le fruit du hasard.
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