En entrant dans la petite maison de la forêt, Alana sentit son cœur s'arrêter. Devant elle, Caleb, son compagnon depuis deux ans, était en train d'embrasser passionnément Mila, sa meilleure amie d'enfance. Les mains de Caleb glissaient le long du dos de Mila, s'attardant sur sa taille, alors que Mila lui murmurait quelque chose qu'Alana ne put entendre. Elle resta figée, incapable de détourner le regard, alors que son monde s'effondrait. Caleb, son confident, son roc, venait de la trahir. Et Mila ? La femme qu'elle avait considérée comme une sœur ? Comment avaient-ils osé ? À ce moment, ils ne se doutaient pas que leurs vies allaient prendre une tout autre tournure.
Le crépuscule teintait le ciel d'un mélange d'or et de rose alors qu'Alana avançait d'un pas assuré à travers les sentiers bordant la meute Moonveil. Elle aimait ces moments où la forêt semblait vivante, presque en harmonie avec les battements de son cœur. Ici, elle se sentait chez elle. Elle était respectée, admirée même, malgré son jeune âge et les murmures parfois sceptiques des anciens. Être la Bêta héritière d'une meute aussi puissante n'était pas un rôle à prendre à la légère, mais Alana avait toujours su qu'elle était faite pour ça.
Elle était forte, disciplinée et prête à tout pour protéger son clan.
Sa vie semblait parfaite, ou presque. Son lien avec Caleb, son compagnon depuis deux ans, était un équilibre entre passion et complicité. Ils formaient un couple envié de beaucoup, malgré les critiques sur le statut d'Omega de Caleb. Mais pour Alana, les conventions ne comptaient pas. Elle voyait en lui un homme ambitieux, capable de la soutenir face aux responsabilités qui pesaient sur ses épaules. Elle l'aimait. Et Mila, sa meilleure amie d'enfance, avait été un pilier dans sa vie. Elle était cette présence rassurante, une confidente à qui Alana pouvait tout confier.
Ce soir-là, Alana avait décidé de faire une surprise à Caleb. Ils s'étaient disputés la veille, une de ces querelles banales qui naissent parfois de la fatigue ou du stress. Elle voulait se rattraper, lui montrer qu'elle tenait à lui. La petite maison dans la forêt, un endroit qu'ils considéraient comme leur refuge, semblait parfaite pour une réconciliation.
Elle avait préparé un panier avec des plats qu'il aimait, une bouteille de vin, et même un petit cadeau qu'elle comptait lui offrir. En approchant de la clairière où se trouvait la maison, un sourire flotta sur ses lèvres à l'idée de voir la surprise dans ses yeux. Mais plus elle s'approchait, plus une étrange sensation naissait dans sa poitrine, comme une ombre qu'elle ne pouvait ignorer.
Alana posa une main sur la poignée de la porte, inspirant profondément pour calmer son excitation. Puis, doucement, elle entra.
Elle s'arrêta net.
La vision devant elle fut comme un coup de poignard en plein cœur. Caleb, son Caleb, était là. Mais il n'était pas seul. Mila, sa Mila, celle qu'elle considérait comme une sœur, était dans ses bras. Leurs lèvres se cherchaient, avides, comme si le monde autour n'existait pas. Les mains de Caleb parcouraient le dos de Mila, s'attardant sur sa taille d'une manière trop intime, trop familière. Le panier qu'Alana tenait glissa de ses mains, mais elle ne s'en rendit même pas compte.
Un goût amer lui envahit la bouche tandis qu'elle restait figée, incapable de bouger ou de détourner le regard. Elle se sentit brisée, comme si tout ce qu'elle avait construit venait de s'effondrer en un instant. Caleb murmura quelque chose à Mila, mais ses mots furent noyés dans le bourdonnement assourdissant des pensées d'Alana.
**Pourquoi ? Comment ont-ils osé ?** Ces questions tournaient en boucle dans son esprit. Elle voulait hurler, pleurer, mais elle ne fit rien. Elle se contenta de reculer, ses pieds trébuchant presque sur le seuil de la porte. Mais même en s'éloignant, la scène restait gravée dans sa mémoire comme une brûlure.
Elle se retourna et partit en courant, ses jambes la portant sans qu'elle sache vraiment où aller. Les larmes brouillaient sa vision, mais elle ne s'arrêta pas. Tout ce qu'elle voulait, c'était fuir. Fuir la douleur, la trahison, le chaos de ses émotions.
Elle n'était pas seulement blessée en tant que femme. C'était plus profond que ça. Caleb et Mila n'avaient pas seulement trahi son amour et son amitié ; ils avaient mis en péril son honneur, son statut, tout ce qu'elle avait sacrifié pour prouver qu'elle était digne de son rôle. Que dirait la meute si cette trahison devenait publique ? Elle, la Bêta héritière, trompée par un Omega et sa meilleure amie ? La honte serait insupportable.
Alors qu'elle atteignait le bord d'un sentier, une silhouette familière émergea de l'ombre. Lucian. Le frère aîné de Caleb et Alpha de la meute. Son regard sombre la transperça, et elle sentit immédiatement qu'il avait compris. Lucian n'était pas du genre à poser des questions inutiles. Il observait, analysait, et tirait ses conclusions sans un mot de plus.
"Alana," dit-il finalement, sa voix grave et calme. "Tu sembles... troublée."
Elle s'arrêta, essuyant rapidement ses larmes comme si cela pouvait masquer sa douleur. Mais Lucian n'était pas idiot. Il scruta son visage, et elle sentit ses joues brûler sous son regard. Il n'était pas comme Caleb. Là où Caleb était chaleureux et charmant, Lucian était froid et intimidant. Il était l'Alpha parfait : calculateur, méthodique, toujours maître de lui-même.
"Ce n'est rien," murmura-t-elle, mais sa voix tremblante trahissait ses mots.
Lucian plissa légèrement les yeux, un geste presque imperceptible qui montrait qu'il ne croyait pas une seconde à son mensonge. Il fit un pas vers elle, et Alana sentit son cœur s'emballer, non pas de peur, mais d'une étrange anticipation.
"Quand on essaie de cacher ses blessures, elles ont tendance à s'aggraver," dit-il simplement. "Mais tu le sais déjà, n'est-ce pas ?"
Ses mots la frappèrent plus qu'elle ne l'aurait voulu. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sortit. Lucian ne rajouta rien. Il se contenta de lui adresser un regard qui semblait tout voir, tout comprendre, avant de se détourner.
"Prends le temps qu'il te faut, Alana," dit-il en s'éloignant. "Mais n'oublie pas : on ne peut pas se cacher de la vérité indéfiniment."
Et avec ces mots, il disparut dans la pénombre, la laissant seule avec son chaos intérieur.
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