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Une nuit précédant l'enfer - Tome II

Une nuit précédant l'enfer - Tome II

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Chapitres

En vivant ce qu’il y a de plus beau en ce monde avec Lilly, Nick retrouve l’espoir d’aimer sa nouvelle existence au ranch, soutenu par Drew. Seulement, au-delà de sa propre reconstruction et de son combat incessant et complexe contre lui-même, d’autres ombres indésirables viennent s’abattre sur lui, l’enfermant une fois de plus dans ce cercle oppressant qu’est sa culpabilité. Biographie de l'auteur Née à Bordeaux en 1994, Romane Aranzasti se lance dans l'écriture durant sa scolarité jusqu'à l'obtention de son baccalauréat littéraire. Ses études lui permettent d'acquérir les diverses connaissances nécessaires à la construction d'une histoire, à la fabrication parfois complexe d'un personnage et à la magie des mots. Par la lecture, l'évasion est plus simple. C'est ainsi, enfermée dans son appartement, qu'elle prend la décision d'écrire son propre roman en deux tomes : Une nuit précédant l'enfer.

Chapitre 1 Chapitre I

« Parfois, on croit perdre quelque chose et en fait, on ne sait pas qu’on est en train de gagner infiniment plus. »

Éliette Abecassis-Et te voici permise à tout homme

Quelques heures plus tôt

Mon rendez-vous d’aujourd’hui avec la thérapeute s’est bien déroulé, nous sommes toujours fixés sur les années effectuées en centre de détention à Los Angeles. J’ai pu lui confier que ma ville natale ne me manquait pas, que j’avais tout de même appris en tant que détenu et que mon jugement est devenu une chance à l’heure qu’il est. Je ne me pardonnerai jamais ce drame que j’ai engendré malgré moi, la mort de cet homme restera gravée dans ma mémoire jusqu’à ce que mon cœur cesse de battre, mais je suis aussi réaliste. La prison m’a sauvé, elle m’a mené vers Lilly, vers une nouvelle vie.

Le gang ne m’aurait pas quitté sans cette condamnation, je serai mort sans que personne ne le sache, éradiqué comme un insecte indésirable, sans que personne ne soit dévasté de ma disparition, sans réaliser quelques rêves. Je suis reconnaissant que cette femme me fasse voir mes erreurs ou mes agissements sous un autre angle afin d’avancer avec souplesse. Elle me considère comme un homme qui en vaut encore la peine, tandis que j’en doute encore actuellement. Elle met en évidence des éléments ou bien des réflexions qui ne me seraient jamais venus à l’esprit. Selon elle, je mérite une chance de me reconstruire.

— Elle a raison, tu n’as jamais voulu prendre la vie de quelqu’un malgré la pression évidente du milieu. Tes regrets sont sincères, tu ne recommenceras plus et c’est tout ce qui importe, m’explique Drew

— Ce n’est pas évident de se pardonner. Tu en sais quelque chose, n’est-ce pas ?

— Oui, mais nous ne pourrons jamais remonter le temps, gamin. Ni toi ni moi. Les choses sont ce qu’elles sont. Tes parents seraient fiers de voir ce que tu es devenu.

Ma gorge se noue à l’entente de ses mots. J’essaie tant bien que mal de ne pas y penser afin d’éviter d’avoir davantage le cœur brisé. L’absence de mon père est une souffrance indéfinissable que je supporte avec difficulté depuis sa disparition. Sa mort a été si foudroyante… Je n’ai pas été préparé à lui faire mes adieux. Il a toujours été là pour moi, il m’aimait sincèrement et c’est le même cas de figure pour ma mère, même si elle n’a pas su me le montrer lors de nos dernières paroles échangées. J’aurais aimé ne pas emprunter le mauvais chemin à l’époque, prêt à donner corps et âme pour qu’elle soit près de moi en ce moment et qu’elle puisse constater par elle-même que je suis hors de danger, que je deviens un homme. J’aimerais pouvoir les revoir tous les deux, bien que ce ne soit qu’une notion abstraite de la réalité des choses.

— La psychologue m’a annoncé que les séances deviendraient mensuelles à partir de la semaine prochaine, lui dis-je, les yeux rivés sur le paysage obscur. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi rapide.

— C’est vrai ? C’est une bonne nouvelle, Nick. Huit séances et tu as déjà fait des progrès considérables, tu peux être fier de toi.

— C’est grâce à toi. Je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu as fait pour moi et pour ce que tu fais encore aujourd’hui. Sans ton aide, je ne m’en serai pas sorti. Tu m’as choisi parmi les autres en écoutant ton instinct, tu es quelqu’un de formidable, Drew.

Son visage se tourne vers moi, visiblement surpris que je sois aussi sentimental avec lui. Ce n’est pas dans mes habitudes, mais c’est pour moi une obligation de lui faire part de ma reconnaissance. Après tout, je vis avec lui, il m’a fait entrer dans son univers depuis presque deux mois, dans son intimité et il accepte ma relation avec son enfant unique. Rien ne l’obligeait à donner sa bénédiction. Il me fait tout simplement confiance

— Arrête de me regarder comme ça ! Je peux très bien retirer ce que je viens de dire, le menaçais-je. Contente-toi d’accepter mes remerciements.

— Ce n’est rien. C’est mon rôle, il me semble, mais si tu veux faire quelque chose pour moi, dis à madame Baker de ne pas te donner rendez-vous à dix-neuf heures. Regarde dehors, il fait nuit ! Et je hais conduire lorsqu’il fait nuit, marmonne-t-il.

— Oui, elle n’a pas eu le choix.

Un silence agréable s’installe, alors je décide d’allumer la radio, où Take me home, Country roadsde John Denver passe. Malgré moi, cette chanson me rend heureux. Ces notes et ces paroles me renvoient à des souvenirs imprégnés d’amour.

— Mon père aimait ce morceau.

Je le vois simplement sourire à ma déclaration mais celui-ci est factice. Notre conversation l’a forcé à se remémorer un drame qu’il souhaiterait pouvoir effacer de son esprit. Contre toute attente, ce sourire est vite remplacé par l’angoisse. D’un seul coup, ses traits se modifient brusquement, assaillis par la terreur, une réelle terreur.Que lui arrive-t-il ?

— Drew, qu’est-ce que tu as ?

— Mon Dieu.

Son regard fixe l’horizon, ses mains commencent à serrer le volant sous la fermeté de sa nervosité au point que ses jointures deviennent blanches. Je ne tarde pas à regarder dans la même direction que lui afin de comprendre ce qui peut bien le mettre dans un tel état et je comprends. Tout de suite. Mon cœur s’emballe et tambourine aussitôt à travers ma poitrine en apercevant au loin une immense lueur rougeâtre et orangée se dessiner dans la nuit et dans le ciel. Un incendie et pas n’importe où. Non.

— Le ranch, murmurais-je, le souffle coupé.

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